CHINAHOY

28-November-2013

Mettre en valeur le rôle décisif du marché

 

Les locomotives des trains Harmonie CRH3 peuvent atteindre une vitesse de 350 km/h.

 

LU RUCAI, membre de la rédaction

La troisième session plénière a été l'occasion de souligner les réformes cruciales à accomplir pour le développement durable de la Chine, en insistant sur une ouverture élargie et un rôle plus grand pour le secteur privé.

« Le développement reste la clé pour résoudre tous les problèmes en Chine. Il faut centrer tous les efforts sur l'édification économique, mettre en valeur le rôle moteur de la réforme du système économique, harmoniser les rapports de production avec les forces productives et adapter la superstructure à l'infrastructure économique, accélérer le développement économique et social de manière durable et saine. » La troisième session plénière du Comité central du PCC a ainsi réaffirmé l'attention accordée à l'édification économique. Aux yeux de Wang Jun, directeur adjoint de la section de consultation et d'études relevant du Centre des échanges économiques internationaux de Chine, ceci vise à répondre aux enjeux de la société. À la lumière du succès enregistré par la réforme et l'ouverture depuis 35 ans, il est très important de réaffirmer le développement comme première priorité et de souligner le rôle moteur de la réforme pour le développement.

L'accent mis sur la réforme du système économique est nécessaire à l'étape de développement actuelle de la Chine. Depuis l'avènement de la réforme et l'ouverture il y a 35 ans, la Chine est devenue la deuxième économie du monde. Cependant, elle est confrontée à des problèmes économiques qu'il faut résoudre pour l'étape suivante : le système du marché est loin d'être parfait, l'impulsion endogène doit être renforcée, et le rythme de croissance ralentit.

« La main visible » cède la place à « la main invisible »

L'équipe dirigeante chinoise estime que la réforme du système économique est primordiale pour l'approfondissement global de la réforme chinoise. Le problème clé consiste à bien concilier la relation entre le gouvernement et le marché, afin que le marché joue un rôle décisif dans la répartition des ressources et que le rôle du gouvernement soit mis en valeur. Le premier ministre Li Keqiang a ainsi déclaré que « le marché est une main invisible, le gouvernement, une main visible. Nous ne pouvons pas laisser la main visible devenir une main manipulatrice. »

En 1978, la Chine a positionné les deux types d'économies comme « l'économie planifiée en premier lieu et l'économie de marché en second lieu. » En 1992, elle a déclaré vouloir « mettre en valeur le rôle fondamental du marché dans la répartition des ressources sous le macrocontrôle d'un pays socialiste. » Cependant, « si le marché joue un rôle fondamental dans la répartition des ressources, le gouvernement peut, quelquefois, intervenir sur les prix en macroéconomie », explique Shi Hongxiu, professeur du département d'économie de l'École nationale d'administration.

En 2013, plus de 300 formalités administratives ont été annulées ou confiées aux instances inférieures, afin d'élever le rôle du marché dans la répartition des ressources. « Dans le futur, le prix des ressources sera décidé par le marché dans des domaines tels que l'électricité, le charbon, les ressources minérales, l'eau à usage public, le traitement des eaux usées et les services publics », a indiqué Shi Hongxiu.

La marchéisation du prix des ressources a été accélérée en 1993 en Chine. Le prix du charbon a été marchéisé en premier. Aujourd'hui, le prix du pétrole brut est déterminé par le marché, et les prix de détail du gaz et du gasoil ont été mis sous indication gouvernementale. La réforme expérimentale des tarifs échelonnés pour l'électricité des ménages et l'achat direct de l'électricité par les abonnés importants a été élargie. Des tarifs échelonnés pour le gaz naturel et l'eau seront bientôt mis en place.

En soulignant le rôle décisif du marché, la Chine accorde une grande importance à « une meilleure mise en valeur du rôle du gouvernement ». Selon Pan Jiahua, directeur de l'Institut du développement et de l'environnement urbains relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine, « dans la réforme, il faut réduire ou même supprimer la discrétion abusive du gouvernement ». Le gouvernement prend en charge le contrôle et l'application, sans dépasser la limite de son pouvoir, afin d'assurer le fonctionnement normal de l'économie de marché.

La recherche du développement du secteur privé et du secteur public

La troisième session plénière a suggéré que « le système économique fondamental, axé sur la propriété publique et favorisant le développement simultané des autres formes de propriété, est un soutien important du socialisme à la chinoise et la base du système d'économie de marché socialiste. » Il a souligné l'importance de « stimuler la vigueur et la créativité dans le secteur privé ».

Actuellement, les entreprises d'État jouent un rôle primordial dans l'économie chinoise. 89 entreprises de la partie continentale et de Hong Kong figurent parmi les 500 sociétés listées par Fortune Global en 2013. 67 d'entre elles sont des entreprises d'État, dont 45 dépendant des autorités centrales et 22 des autorités locales. Selon les données du ministère des Finances, à l'exception des entreprises d'État du secteur financier, les autres entreprises d'État ont versé des impôts d'un montant de 2 694 milliards de yuans au cours des trois premiers trimestres de l'année, soit un tiers des recettes fiscales du pays sur la période.

En ce qui concerne les progrès réels de la marchéisation des entreprises d'État ces dernières années, selon les données fournies par la Commission de contrôle et de gestion des biens publics, le nombre d'entreprises d'État centrales a été réduit à 112 après une réorganisation. Elles sont principalement concentrées dans les secteurs relatifs à la sécurité et l'économie nationales, à savoir l'industrie militaire, l'énergie, les télécommunications et les transports. Plus de 90 % des entreprises d'État non financières ou des entreprises non financières dans lesquelles l'État détient la majorité des parts ont été transformées en sociétés par actions. Le changement de type de propriété a été réalisé dans 89 % des entreprises d'État centrales sous l'administration de la Commission de contrôle et de gestion des biens publics, ainsi que de leurs filiales. Fin septembre, les capitaux privés ont été introduits dans 57 % des entreprises d'État centrales et leurs filiales.

La gestion des entreprises d'État est marchéisée et internationalisée. Actuellement, 52 d'entre elles et une partie des entreprises d'État locales ont établi un conseil d'administration sous forme réglementée. Le recrutement public à l'échelle mondiale a été lancé pour 141 postes de cadres supérieurs dans les entreprises d'État centrales. Parmi les gestionnaires de divers échelons, 600 000 assument leurs fonctions grâce à un système de concurrence à l'aide du recrutement public.

D'après Zhang Chunxiao, membre du groupe d'experts de la Commission de contrôle et de gestion des biens publics et chercheur de l'École nationale d'administration, il faut trouver une solution pour introduire des investisseurs stratégiques non gouvernementaux dans la chaîne industrielle de façon et sous forme marchéisées, à l'exception des domaines touchant à l'économie nationale, la vie du peuple, la sécurité nationale, les infrastructures et les ressources naturelles importantes.

En ce qui concerne la réforme dans les secteurs financier et budgétaire, la Chine a établi des mesures telles que la libéralisation du taux d'intérêt minimum de prêt, la transformation de l'impôt sur le chiffre d'affaires en TVA, la réduction et l'annulation des impôts des petites et micro entreprises. Ceci fournira des opportunités de développement à des milliers d'entreprises privées chinoises.

Chercher la motivation du développement économique

Le développement déséquilibré des villes et campagnes entrave l'intégration du développement urbain et rural. L'urbanisation des villages a été considérée comme une percée de la croissance économique. Selon Li Yang, vice-président de l'Académie des sciences sociales de Chine, cette session a formulé le concept d'« intégration urbaine-rurale » qui englobe l'urbanisation, l'égalisation des services publics, la modernisation agricole, etc. Il s'agit d'un concept plus mature que celui de l'urbanisation. « Si l'on continue à parler d'urbanisation, il est probable que nous nous concentrerons sur la construction de villes, au détriment des intérêts des paysans. Cependant, il est difficile de résoudre le problème et d'améliorer l'efficacité de l'utilisation des terres. Mais avec l'intégration urbaine-rurale, ce problème a été bien défini et pourra être mieux résolu. »

En outre, la session a proposé de créer un marché foncier unifié dans la construction de villes-campagnes et donner aux paysans plus de droits de propriété. Ces politiques influenceront la répartition des revenus des paysans, ainsi que leur pouvoir d'achat. À l'heure actuelle, la terre cultivée et forestière est la source principale de revenu des paysans. Il faut accélérer le processus de définition du droit de proriété de la terre, et augmenter la valeur de la propriété des paysans avec le transfert de terres et d'autres solutions plus orientées vers le marché. Il s'agit non seulement d'améliorer les conditions de vie des paysans, mais aussi d'exploiter les potentialités du marché rural et de maintenir la croissance durable du pays.

Au même moment, le secteur du commerce en ligne a attiré une attention mondiale avec ses records de vente à l'occasion des soldes de la fête des célibataires le 11 novembre. Le 31 octobre, le premier ministre Li Keqiang a organisé le 3e colloque sur la situation économique du pays depuis son entrée en fonction, et les grands patrons du secteur comme Jack Ma y ont participé. Pendant ce colloque, M. Li a salué l'initiative des soldes conduite par Jack Ma pour son rôle positif sur la consommation en Chine.

En 2009, Jack Ma a inauguré les soldes du 11 novembre sur son site Tmall. En un jour, le site a réalisé 52 millions de yuans de ventes. En 2013, ce chiffre a atteint 35 milliards de yuans, soit 50 % de plus que la moyenne journalière des ventes au détail au mois de septembre dans tout le pays. Ces soldes ont aussi été organisées sur d'autres sites d'e-commerce comme Jingdong, Dangdang et Suning. Même les magasins de Suning et Gome ont ajusté leurs prix pour préserver leur compétitivité.

Le site Taobao compte déjà 9 millions de commerçants, dont 3 millions très actifs. Selon Jack Ma, le total des ventes de Taobao devrait représenter 10 % des ventes de biens de consommation en Chine sur l'année 2013. Selon lui, les soldes du 11 novembre ne sont pas une compétition entre les commerçants en ligne, mais plutôt un signe de la transition économique du pays, soit un passage du modèle commercial traditionnel au nouveau modèle commercial. Beaucoup d'usines des deltas du fleuve Yangtzé et de la rivière des Perles travaillent exclusivement pour les entreprises d'e-commerce. Ces dernières achètent au fil des commandes et n'ont pas besoin de stocks. La chaîne d'approvisionnement a ainsi été raccourcie. Les commandes individuelles des consommateurs ordinaires sont aussi rendues possibles grâce à la plateforme d'e-commerce.

Durant la session, on a fait vœu d'accélérer le changement du mode de développement économique. La consommation, qui a toujours été considérée comme l'un des grands moteurs potentiels de la croissance économique de la Chine, n'a pas encore pleinement réalisé sa contribution. C'est pourquoi l'économie représentée par Internet attire tant l'attention.

L'ouverture pour des bénéfices communs

Durant la session, il a été souligné que pour s'adapter au nouveau contexte d'économie mondialisée, la Chine doit promouvoir l'ouverture interne et externe, l'accueil d'entreprises étrangères et l'internationalisation des entreprises chinoises, la répartition efficace des ressources et la fusion des marchés chinois et étrangers, afin d'accélérer la participation et la coopération économique internationale et de promouvoir la réforme par l'ouverture. En outre, il faudra élargir l'accès de l'investissement et accélérer la construction de la zone de libre-échange, ainsi qu'élargir l'ouverture des frontières intérieures.

Selon M. Hu Angang, directeur de l'Institut de recherche sur la situation nationale de l'Université Tsinghua, cette décision a montré que la réforme et l'ouverture sont entrées dans une nouvelle ère. Il a indiqué que durant ses 35 ans de réforme et d'ouverture, la Chine a pratiqué une politique visant à attirer les investissements étrangers. C'est la raison pour laquelle la Chine est devenue le pays en développement qui attire le plus grand nombre d'investissements étrangers au monde. Mais si les entreprises chinoises veulent une meilleure croissance, elles devront s'internationaliser.

En 2012, la Chine a réalisé un volume brut d'import-export de 3 866,76 milliards de dollars, dont 2 048,93 milliards de dollars d'exportations et 1 817,83 milliards de dollars d'importations. Selon le Rapport sur l'investissement dans le monde en 2013 de UNCTAD (United Nations Conference on Trade and Development) publié en juin 2013, durant l'année 2012, la Chine a attiré 121 milliards de dollars d'investissements étrangers, soit 2 % de moins qu'en 2011. Mais le pays a réalisé un investissement direct de 84 milliards de dollars à l'étranger, un nouveau record dans son histoire. Grâce à cette performance, la Chine est devenue le troisième plus grand investisseur à l'étranger.

Le 29 septembre, la zone de libre-échange de Shanghai a fini son premier mois d'essai. En un mois, elle a accueilli 21 entreprises étrangères avec un capital social moyen de 25 millions de dollars, soit sept fois plus que l'année dernière. Dans cette zone, on permet les importations avant la déclaration en douane pour réduire les coûts. On a également élargi l'ouverture de six domaines du secteur des services, y compris l'industrie financière. Tous ces éléments attirent fortement les entreprises étrangères.

Hu Anshan a jugé que si l'essai de la zone de libre-échange de Shanghai est couronné de succès, on pourra aussi établir une zone de libre-échange à Urumqi, à Chongqing et à Chengdu. Les expériences de la zone de Shanghai pourront être partagées par les autres régions. En outre, cette année, la Chine a signé un accord de libre-échange avec l'Islande et la Suisse, et des négociations sont en cours avec l'Australie, la Corée du Sud, et de manière trilatérale entre la Chine, le Japon et la Corée du Sud. En septembre, la Chine a entamé la construction de la nouvelle ceinture économique sur la Route de la Soie. En octobre, il a été décidé de mettre à niveau la zone de libre-échange Chine-ASEAN. Toutes ces politiques ont pour but d'élargir l'ouverture et de renforcer la coopération économique avec le monde. Dans les trois premiers trimestres de 2013, le volume d'import-export a augmenté de 17 % entre la Chine et les 9 pays avec qui elle a signé un accord de libre-échange, un chiffre supérieur de 9 points de pourcentage à la croissance du volume total à la même période de l'année dernière.

L'ouverture de la Chine est non seulement l'occasion de saisir de nouvelles opportunités de coopération et de développement économique, elle constitue aussi un bon choix pour la réforme du pays.

 

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