CHINAHOY

28-September-2017

En réponse au changement climatique global, la Chine développe l'économie verte

 

FAN XING*

 

Le changement climatique est un problème global auquel fait face toute l'humanité. Résultat de la croissance explosive des émissions de CO2 occasionnées par la consommation accrue de combustibles fossiles, le changement climatique devient un frein au développement durable aux niveaux économique, social et environnemental sur notre planète, tout en imposant aux différents pays de convertir leur mode de développement au bas carbone. Ainsi est-il évident qu'économie bas carbone et lutte contre le changement climatique sont deux idées étroitement liées. Dès lors que l'existence du phénomène de changement climatique a été prouvée scientifiquement et que l'importance ainsi que l'urgence des enjeux associés ont été largement reconnues, le concept de développement bas carbone s'est diffusé très rapidement partout dans le monde, avant d'être majoritairement admis et pris au sérieux par la communauté internationale. La réponse au changement climatique est aujourd'hui le moteur encourageant le plus le développement bas carbone, solution ultime au problème.

 

La route verte Tianfu de Chengdu, dont la construction a commencé le 2 septembre.

 

Les efforts gouvernementaux pour encourager l'économie verte

 

Le développement vert sobre en carbone est non seulement un impératif stratégique pour la Chine si elle veut assumer sa part de responsabilité dans la lutte conjointe face au changement climatique global, mais aussi un besoin interne pour parvenir au développement durable du pays. La Chine remplit déjà certaines conditions indispensables à l'émergence de l'économie verte, au regard de son orientation politique, de ses garanties institutionnelles et de ses expériences pratiques. Elle voit cette urgence de répondre au changement climatique et de développer l'économie basse carbone comme une vive opportunité d'accélérer le changement de son mode de développement économique et de procéder à une restructuration économique. Dans le même temps, elle la hisse au rang d'initiative nationale pour hâter l'édification d'une civilisation écologique.

 

Conformément à son XIIIe Plan quinquennal pour le progrès social et le développement économique, la Chine va restreindre de son propre chef ses émissions de gaz à effet de serre et envisager l'établissement d'un système de « double contrôle » pour limiter l'intensité carbone et le volume global des émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2007, un mécanisme de travail dédié à la lutte contre le changement climatique est en place dans l'ensemble du pays. Au sein de ce mécanisme placé sous la direction unifiée du Groupe national dirigeant de lutte contre le changement climatique, la gestion administrative est assurée par la Commission nationale du développement et de la réforme, alors que les départements concernés de l'autorité centrale et les collectivités locales se chargent du travail concret en mobilisant la participation de toute la société. Les droits et les responsabilités entre les différents départements et les collectivités locales ont été clairement définis via la mise en place d'un système énonçant des objectifs chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

 

À ce jour, la Chine a déjà réalisé des progrès non négligeables en matière d'intensité carbone. En 2015, la quantité de CO2 émise par unité de PIB a baissé de 38,6 % par rapport au niveau de 2005, et de 21,7 % par rapport au niveau de 2010 (voir le tableau). Parallèlement, la Chine est parvenue à des résultats notables dans le contrôle des émissions de gaz à effet de serre. En 2015, les énergies non fossiles en Chine représentaient une part de 12 % dans la consommation d'énergie primaire, de telle sorte que l'objectif de 11,4 % fixé dans le XIIe Plan quinquennal a été atteint sans heurt. Sur de nombreux plans (conception globale, création de mécanismes, renforcement des bases existantes, amélioration des capacités, conduite de projets pilotes, etc.), la Chine a profondément promu le travail de transition au bas carbone afin de jeter des bases concrètes et solides pour le développement bas carbone tous azimuts et la lutte contre le changement climatique.

 

La voie de navigation des Trois Gorges à Yunyang, avec
l'idée de « priorité à l'écologie et développement vert »

 

Le développement bas carbone : entre opportunités et défis

 

L'expérience des pays industrialisés, comme l'Allemagne et le Royaume-Uni, nous apprend que le développement bas carbone remonte aux premières réflexions sur l'enjeu du développement durable dans le contexte d'édification d'une civilisation industrielle. Aussi les gens se sont-ils employés à réduire le niveau excessivement élevé d'émissions de gaz à effet de serre par différents moyens, tels que des techniques et des systèmes novateurs, des modes de production et de consommation revus et corrigés ou l'exploitation de nouvelles énergies moins polluantes, entre autres. Pour ce qui est des pays en voie de développement, d'une part, ils doivent éviter de suivre la voie de développement classique que les pays développés avaient empruntée au cours de leur industrialisation, autrement dit celle caractérisée par un haut niveau de consommation, un haut niveau de rejet de gaz à effet de serre et un haut niveau de pollution. D'autre part, ils doivent tenir compte de l'équilibre nécessaire entre croissance économique, progrès social et protection environnementale. C'est un modèle de développement durable qu'ils ont à explorer afin de poursuivre une modernisation à faibles émissions. Comparés aux pays industrialisés, les pays en développement, en particulier la Chine, affichent un énorme potentiel d'innovation et de réforme dans le domaine du développement économique bas carbone, mais ils font face du même coup à de multiples tâches et défis.

 

À l'heure actuelle, au vu de la tendance générale de développement dans le monde, de l'orientation de la stratégie nationale dans son ensemble ou des nouvelles caractéristiques de l'urbanisation dans le pays, d'excellentes conditions sont réunies pour que la Chine mette en œuvre une stratégie basse carbone. Primo, d'un point de vue mondial, la tendance de transition verte observée dans le monde booste le développement bas carbone en Chine. La signature de l'Accord de Paris en 2015 a confirmé cette aspiration globale à s'orienter vers une économie verte sobre en carbone, puisqu'elle marque le consensus le plus large atteint jusqu'ici par la communauté internationale sur la question du changement climatique. La conversion à l'économie verte sobre en carbone est une tendance de développement mondiale irréversible. Toutes les parties doivent intensifier les efforts pour suivre ce mouvement et promouvoir plus fermement l'économie verte, circulaire et bas carbone.

 

Secundo, du point de vue de la stratégie nationale de la Chine, le projet de bâtir une civilisation écologique, défini comme stratégie générale, souligne clairement l'orientation vers un développement bas carbone. En effet, dans le rapport du XVIIIe Congrès du PCC, l'édification de la civilisation écologique est intégrée dans un ensemble, en cinq volets, de dispositions cohérentes aux couleurs chinoises. Le document l'incorpore dans tous les aspects et tout le processus liés à la construction, que ce soit dans les sphères économique, politique, culturelle et sociale. En faisant progresser le développement bas carbone dans le cadre de cette stratégie globale d'édification d'une civilisation écologique, l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre par contrôle de leur volume global pourra jouer son rôle directeur et déterminant, et la force motrice intrinsèque de l'édification écologique sera renforcée. À ce moment-là, il sera possible d'instaurer un mode de production et de consommation bas carbone, d'optimiser la structure industrielle et le mix énergétique, ainsi que d'améliorer activement l'efficacité énergétique. L'effet de synergie entre le développement bas carbone et la protection environnementale prendra alors de l'ampleur, ce qui permettra d'atteindre de nouveaux sommets dans l'édification d'une civilisation écologique.

 

Tertio, du point de vue du développement envisagé pour les zones urbaines, l'urbanisation de type nouveau sert de nouvel appui au développement bas carbone en Chine. En passant en revue l'histoire de l'urbanisation chinoise, on constate qu'elle est marquée à l'évidence par un haut taux de rejet de CO2. Actuellement, les émissions de gaz carbonique d'origine urbaine représentent 90 % du volume total des émissions du pays. Par conséquent, l'idée de développer une urbanisation de type nouveau ouvre de belles occasions d'abaisser la consommation énergétique dans les villes et de réduire l'empreinte carbone dans la construction urbaine. Au cours de la période du XIIe Plan quinquennal, en accord avec les grandes lignes et les objectifs de l'urbanisation de type nouveau, la Chine a mené un vaste travail expérimental dans les provinces, villes, bourgs, parcs industriels et éco-quartiers, et lancé des projets pilotes bas carbone dans des secteurs vivement concernés (comme les communications). Toutes ces démarches ont joué un rôle positif dans la promotion de la lutte contre le changement climatique et du développement bas carbone à l'échelle du pays.

 

À l'heure actuelle, la Chine se trouve dans une période de « double accélération » : accélération de l'urbanisation et accélération du développement bas carbone. Les failles du développement à forte intensité de carbone ont suffisamment été démontrées, mais l'adoption d'un modèle durable de développement bas carbone se heurte à un certain nombre de défis. Premièrement, il est extrêmement difficile d'éliminer les effets de verrouillage au profit des secteurs à forte intensité de carbone. Dans le secteur industriel en Chine, six industries gourmandes en énergies (par exemple l'industrie de raffinage du pétrole, de cokéfaction et de traitement de combustibles nucléaires ; l'industrie de traitement des matières premières chimiques et de fabrication des dérivés, l'industrie des produits miniers non métalliques) ont longtemps contribué à la valeur totale de production du secteur industriel à hauteur d'un tiers, pour une consommation énergétique qui représentait les trois quarts du total. L'effet de verrouillage qui s'est formé autour de ces industries à forte intensité de carbone et des infrastructures connexes ne peut être effacé du jour au lendemain. En outre, avec la marche accélérée de l'urbanisation et l'amélioration du niveau de vie de la population, la part des émissions de gaz à effet de serre résultant de la construction d'infrastructures en milieu urbain ainsi que la part des émissions domestiques produites par les habitants continueront de croître un certain temps.

 

Deuxièmement, il est nécessaire d'instaurer et de perfectionner un cadre légal propice au développement bas carbone. L'expérience internationale en la matière nous enseigne que le développement bas carbone est une stratégie de développement sur le long terme visée par un pays. Ainsi s'impose une législation connexe qui servira de garantie institutionnelle fondamentale pour promouvoir le développement bas carbone. Or, un tel système juridique de calibre national fait aujourd'hui défaut en Chine. Par ailleurs, la force contraignante juridique des réglementations industrielles en vigueur doit encore être renforcée. Il est nécessaire de constituer un système politique favorable au développement bas carbone qui fait office de support institutionnel pour son développement futur.

 

Troisièmement, les connaissances vis-à-vis du développement bas carbone restent à consolider. Qu'il s'agisse des collectivités locales ou des entreprises, elles n'ont pas assez conscience du caractère urgent et majeur du développement bas carbone et se font de fausses idées à son sujet. Elles estiment, à tort, que le développement bas carbone dresse un obstacle à la croissance économique, particulièrement lorsque celle-ci est limitée ou ralentie. Côté grand public, la majorité des consommateurs, fidèles aux idées d'antan, aspirent au luxe et n'ont pas encore pour habitude d'opter prioritairement pour une consommation bas carbone. De cette attitude résulte généralement une consommation de produits hautement polluants et énergivores. En bref, des efforts restent à fournir pour sensibiliser l'opinion publique à cette question.

 

La promotion du développement bas carbone aura une incidence sur le bien-être du peuple et l'avenir de la nation. Il s'agit d'un impératif stratégique pour la réalisation des objectifs des « deux centenaires » que cible la Chine, et aussi d'une grande opportunité pour hâter la transformation de son mode de développement économique, réajuster la structure de son économie et faire advenir une nouvelle révolution industrielle. La Chine est le plus grand pays en développement au monde. À ce titre, elle est investie de nombreuses missions, comme le développement économique, la réduction de la pauvreté, l'amélioration du bien-être du peuple, la protection de l'environnement, la réponse au changement climatique, etc. Quels que soient les difficultés et les défis qu'elle rencontrera sur son chemin vers le développement bas carbone, tout comme le président Xi Jinping l'a affirmé, le gouvernement chinois mettra en œuvre sans relâche sa stratégie de développement durable, insistera sur le principe d'économie verte et circulaire, et s'en tiendra à la politique nationale fondamentale en matière de conservation des ressources et de protection de l'environnement. À grand renfort d'actions concrètes, le pays continuera à faire progresser le développement vert sobre en carbone et apportera, en coopération avec la communauté internationale, sa contribution au développement durable dans le monde.

 

*FAN XING est chercheur adjoint au Centre national d'étude stratégique et de coopération internationale pour la lutte contre le changement climatique.

 

 

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