Sommaire du Juillet 2001
 
 
Zhang Yimo tâte maintenant du ballet

" C'est un spectacle de ballet très intéressant et très typique ", a dit Zhang Yimo, réalisateur renommé, lors de la présentation du ballet Les lanternes rouges dont il est à la fois le metteur en scène, le scénariste et le directeur artistique.
Après avoir réalisé avec succès des films comme Le Sorgho rouge, Qiu Ju, une femme chinoise, Jüdou, le sang du père, To live, et obtenu des prix internationaux, Zhang Yimo est considéré comme un machine à nouvelles par les médias, comme une mine d'or par les hommes d'affaires et comme un grand maître qui peut livrer cent batailles et remporter autant de victoires. D'autres domaines artistiques, hors le cinéma, sont devenus des secteurs d'intérêt pour Zhang Yimo. Par exemple, il a mis en scène l'opéra italien Turandot, il a réalisé le film publicitaire pour la candidature de Beijing aux jeux Olympiques de 2008, ainsi qu'un clip à saveur patriotique pour célébrer le 50e anniversaire de la fondation de la Chine nouvelle. Récemment, il a mis en scène le ballet Les Lanternes rouges pour la Troupe centrale de ballet chinois. Si ces essais n'ont pas permis à Zhang Yimo d'acquérir une renommée spéciale, hors de celle de réalisateur de cinéma, c'est que ces essais ne se sont pas complètement affranchis des caractéristiques cinématographiques. Ce qui est décevant, c'est que Zhang Yimo n'a pas fait de grands progrès lors du tournage d'autres films, après avoir touché d'autres formes artistiques.
La Ttroupe centrale de ballet chinois a choisi Zhang Yimo comme metteur en scène de son ballet Les Lanternes rouges, dans le but d'attirer l'attention des gens par le nom de ce grand réalisateur. Les Lanternes rouges est tirée du film de Zhang Yimo Épouses et Concubines, mais l'intrigue est plus simple que dans le film. Dans le ballet, la troisième concubine et un jeune acteur d'une troupe théâtrale étaient des amoureux avant le mariage de celle-ci avec un riche mari, Un jour, le mari, accompagné de son épouse et de ses concubines, assistent à un opéra, et la troisième concubine revoit son ancien amoureux. Ils prennent rendez-vous en secret, lorsque le mari et des membres de la famille jouent au mah-jong. Ils sont battus à mort par le mari, suite à la dénonciation de la deuxième concubine.
Selon les dires de Zhang Yimo : " Le ballet est imprégné d'amour. Il touche le thème de l"oppression de la société féodale envers les femmes et les luttes de celles-ci, ce qui permet à ce ballet ballet chinois d"exprimer la recherche de l'amour et de la liberté. "
Cependant, les spectateurs ne sont pas tous de cet avis. D'après certains spectateurs, Jiang Qing, épouse du président Mao Zedong, fit répéter au cours de la grande révolution culturelle, le ballet La fille aux cheveux blancs montrant l'histoire de la lutte d'une jeune fille opprimée contre le propriétaire foncier, ainsi que le ballet Détachement rouge de femmes reflétant la lutte d'une troupe de femmes contre un tyran local. Ces deux pièces montrent que les femmes luttaient contre l'oppression et cherchaient à s'émanciper, alors que le ballet de Zhang Yimo reflète des femmes qui entretiennent des relations adultères. D'autres estiment que c'est un ballet montrant les côtés sombres de la vie et que cela est contraire au principe du ballet qui doit exprimer beauté et clarté.
En réalité, l'intrigue de la pièce n'est pas importante pour les spectateurs. Ces derniers s'intéressent beaucoup à la manière dont Zhang Yimo utilise la forme artistique du ballet pour raconter une histoire. En réponse aux critiques, Zhang Yimo a déclaré à maintes reprises aux médias: " Pour ce qui est de la danse, je n'y connais rien. " À la conférence de presse avant la première, Zhang Yimo a aussi dit : " Je ne sais pas danser, je n'ai donné que des idées sous l'angle des principes de la mise en scène, et pour les danseurs, cela a apporté des difficultés. Lors des répétitions, je suis comme un simple spectateur. Mais il y a un tableau de 30 secondes environ que j'ai mis en scène personnellement. Dans ce tableau, il n'y a pas de danse. "
Zhang Yimo a aussi déclaré qu'il ne connaissait pas l'opéra moderne, lors de sa mise en scène de l'opéra Turandot. Cette fois-ci, il a essayé de mettre en scène un ballet ayant les caractéristiques du cinéma et le style de Zhang Yimo. Il a emprunté le procédé visuel du cinéma pour présenter un ballet. Par exemple, lors du premier lever de rideau, on voit 44 grandes lanternes rouges sur la scène ; lorsque la troisième concubine et son amant sont battus à mort, apparaît un mur blanc sur la scène et des exécutants frappent le mur blanc avec un bâton, faisant apparaître des marques de sang. C'est une façon indirecte de suggérer l'exécution. Ces procédés artistiques ont suscité l'admiration. En outre, Zhang Yimo a utilisé le laser pour faire ressortir les changements psychologiques des personnages et faire illustrer le déroulement de l'intrigue.
Zhang Yimo a combiné l'opéra de Pékin traditionnel et le ballet introduit de l'étranger. Lors du lever du rideau, il a adapté l'air de huadan, un rôle de jeune fille dans l'opéra de Pékin, et employé le wusheng, le rôle du jeune premier militaire dans ce même opéra, comme accessoire mobile d'un duo, afin de faire ressortir la danse exécutée en solo. Au cours du ballet, on voit des femmes portant la qipao, robe chinoise traditionnelle, et on entend le bruit des pièces du jeu de mah-jong. Cela montre bien que Zhang Yimo a usé de toute son ingéniosité pour créer un ballet à la chinoise. En fait, son objectif ultime consiste à attirer l'attention des Occidentaux. (Le ballet sera présenté en tournée partout dans le monde.)
Zhang Yimo a choisi certains collaborateurs de l'étranger. Par exemple, Cheng Qigang, musicien français d'origine chinoise, est très connu dans les milieux de la musique moderne en Europe et ses œuvres sont diffusées partout dans le monde ; Wang Xinpeng, chorégraphe allemand d'origine chinoise, a obtenu la renommée grâce à ses chorégraphies pour des compagnies de ballet d'Europe ; Zeng Li, qui était chargé des décors de Turandot de l'édition de Florence, a été chargé cette fois-ci également de la décoration scénique. En outre, il a invité un styliste et un éclairagiste, deux Français très connus dans leur profession. Cela donne au ballet une couleur internationale.
Toutefois, les spectateurs qui ont vu la première à Beijing ont émis des commentaires mitigés. Les critiques s'adressent surtout à Zhang Yimo. Certains ont dit que le ballet était un melting-pot combinant l'opéra de Pékin, le théâtre d'ombres, la danse moderne, les représentations de dessins animés, la gymnastique d'ensemble et le théâtre moderne. D'autres, que la pièce n'avait pas de charme artistique particulier, sauf la surprise. Ce sont les spécialistes qui ont été le plus virulents à son égard. D'après eux, dans un ballet c'est le langage corporel qui doit faire ressortir le caractère des héros et faire avancer l'intrigue. Mais Zhang Yimo ne peut guère éviter de commettre des erreurs au plan du ballet, puisqu'il ne connait rien à cet art. Jiang Zuhui, ancienne chef de la Troupe centrale de ballet a dit : " Le procédé artistique est très réaliste. Les jeux de l'opéra de Pékin sont nombreux. Le caractère des personnages n'est pas clair. Les numéros en duo, importants dans cette pièce, ne se manifestent pas pleinement. Le sens du ballet n'est pas totalement présenté. En un mot, je n'aime pas ce ballet. " Liu Ying, chef de la Troupe de ballet de Tianjin, a exprimé pour sa part : " La gestuelle n'est pas très claire, le paroxysme ne se manifeste pas, on a emprunté totalement au théâtre pour faire ressortir l"action sur la scène. Ainsi, la danse ne peut exprimer le climax du ballet dans la finale, on utilise plutôt des flocons de neige pour faire ressortir l'effet scénique. Ce n'est pas un véritable plaisir que de voir ce ballet "
La musique et la chorégraphie du ballet ont été hautement appréciées. La musique est riche en couleur populaire et moderne. Elle est inspirée des airs de l'opéra de Pékin, des chants populaires et folkloriques, de la musique à percussion folklorique, ainsi que de la musique moderne. On peut y entendre des musiques fort mélodieuses en accompagnement des duos de danse, des solos de suona, le hautbois chinois, de sheng, un orgue à bouche, pour imiter les bruits du jeu de mah-jong, des duos musicaux de erhu, un violon chinois à deux cordes, et de violoncelle. Ces trouvailles musicales forment la musique particulière de ce ballet chinois. La chorégraphie est magnifique. La couleur et le style des qipao sur scène laissent une impression profonde. Les 44 lanternes rouges sont richement décorées.

LI XIA
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