Les Daur et Les Ewenki
Les membres de l'ethnie daur vivent principalement
dans région autonome de la Mongolie intérieure et
dans la province du Heilongjiang et leur nombre atteint plus de
121 000 personnes. La plus grosse communauté vit dans la
région de la rivière Nenjiang au Heilongjiang, une
zone de riche pâturage et de culture. On en trouve aussi quelques-uns
au Xinjiang. Ils sont les descendants des Daur qui se sont déplacés
dans les régions occidentales de la Chine sous la dynastie
des Qing (1644-1911). Les Daur parlent une langue qui ressemble
au mongol et, durant la dynastie des Qing, ils utilisaient le mandchou
comme écriture. Depuis 1911, la langue chinoise commune a
remplacé le mandchou.
Histoire
On croit que les Daur seraient les descendants des nomades Khitan
qui ont fondé la dynastie des Liao (916-1125). À l'origine,
ils habitaient les rives inférieures du fleuve Heilong. Durant
la dynastie des Qing, leur économie était diversifiée
et comprenait la pêche, la chasse, la culture et l'élevage.
Les Daur ont souvent servi dans les armées impériales
des Qing, entre autres pour repousser les Cosaques en 1643 et en
1651 et, sous la République, pour repousser les Japonais
en 1931.
Coutumes
La monogamie était généralement d'usage, et
les mariages étaient organisés par les parents. Un
homme d'un clan différent peut aller vivre dans la famille
de sa femme, mais ne pourra jamais réclamer la propriété
familiale. Les liens les plus étroits sont ceux qui se tissent
entre les beaux-frères. Lors de toutes les célébrations
importantes, la présence des beaux-frères est requise,
de même que celle de leur famille.
Les Daur croyaient au chamanisme, alors que certains autres étaient
adeptes du bouddhisme tibétain. Leur plus grande fête
de l'année se célébrait en mai, alors qu'on
sacrifiait des porcs et des bufs aux dieux pour assurer la
prospérité durant l'année à venir. À
la fête du Printemps, on offrait des sacrifices aux ancêtres.
Les personnes décédées étaient enterrées
en fonction de la descendance familiale et l'on enterrait des ornements,
des pipes, des ustensiles et parfois des chevaux.
La tradition des Daur était de faire passer une pipe aux
visiteurs, hommes et femmes, en signe de respect. Les filles fabriquaient
des blagues à tabac fort élaborées et les glissaient
dans les poches des jeunes hommes qu'elles voulaient séduire.
La lutte, la course de chevaux et le tir à l'arc sont des
sports populaires parmi les Daur. Ils pratiquent également
une sorte de football avec un ballon fabriqué de poils de
buf. Les villages des Daurs sont propres, habituellement bâtis
à flanc de montagnes et face à des cours d'eau, et
les maisons ont des cours entourées de clôtures en
vannerie.
Les femmes ont toujours été renommées pour
leur travail à l'aiguille qui décore leurs vêtements
de motifs délicats. Les hommes portent des chapeaux de paille
en été ou nouent tout simplement une pièce
de tissu blanc autour de leur front. En hiver, ils portent des chapeaux
de cuir. En été, les femmes portent des chaussettes
blanches et des souliers avec motifs, des bottes de cuir et de longues
tuniques en hiver.
L'alimentation typique des Daur se compose de nouilles de millet
ou de sarrasin mêlées à du lait, des gâteaux
de sarrasin ou des flocons d'avoine cuits avec des fèves
de soja. La venaison occupe une place importante, particulièrement
la viande de cerf, de faisan et de canard. Ils cultivent une grande
variété de légumes.
Une inséparable de la vie des Daur : la leleche, une charrette
à grosses roues tirée un boeuf.
Vie culturelle
Les Daur possèdent un riche répertoire
de danses folkloriques qu'ils aiment présenter lors des fêtes.
Les femmes chantent en groupe et la plupart excellent à jouer
d'un instrument appelé mukulian. Les hommes en jouent également
mais les femmes leur sont supérieures dans le domaine. La
littérature daur se base surtout sur l'observation de la
nature, mais elle comporte aussi un grand nombre de fables et de
légendes. L'une des histoires les plus populaires s'appelle
: Le Jeune Stalwart et Dai Fu. Elle racontre les luttes des Daur
contre l'oppression des dirigeants durant la dernière moitié
du XIXe siècle. Les uvres contemporaines les plus célèbres
sont celle d'un écrivain daur nommé Qin Tongpu. Les
Daur ont un amour particulier de la poésie et leur littérature
orale s'enrichit de nombreux proverbes. Leur artisanat touche la
fabrication de jouets, la broderie et le papier découpé.
Les Ewenki
Cette
ethnie a une population d'un peu plus de 26 000 personnes, vivant
surtout dans sept bannières de la région autonome
de la Mongolie intérieure et dans un district du Heilongjiang.
Les Ewenki n'ont pas d'écriture mais une langue parlée
formée de trois dialectes. On parle le Mongol dans les zones
pastorales et le chinois commun dans les zones agricoles. Les communautés
les plus compactes d'Ewenkis sont situés dans la chaîne
montagneuses des Grand Hinggan.
Histoire
Les ancêtres des Ewenki gagnaient leur vie en pêchant,
chassant et en s'occupant de la reproduction des rennes dans les
forêts situées au nord-est du lac Baikal et le long
du cours supérieur du fleuve Heilong. Par la suite, ces gens
se sont déplacés vers le cours moyen du Heilong. Durant
la dynastie des Yuan (1279-1368), les Ewenki étaient appelés
le " peuple des forêts " et durant les Ming (1368-1644)
le peuple " qui se déplace à dos de rennes ".
Durant les Qing (1644-1911), ils ont été appelés
les Kemunikans, ceux qui savent utiliser les rennes. En 1635, les
Kemunikans passèrent sous la domination des Mandchous. En
1732, 1 600 Ewenki furent appelés à remplir des fonctions
de gardiens aux frontières des steppes Hulun Buir. Leurs
descendants forment aujourd'hui la Bannière autonome des
Ewenki. Un groupe d'aide appelé nimoer, formé de quelques
familles, parfois jusqu'à dix, était habituellement
formé par les Ewenki pour faire paître les troupeaux.
Les membres du groupe appartenaient tous au même clan. Au
fil de l'histoire, ce système n'a pas toujours été
juste et égalitaire mais a été souvent dominé
par des seigneurs féodaux. Durant les Qing, les Ewenki ont
frôlé l'extinction à cause des guerres. Pendant
l'occupation japonaise, certains Ewenkis ont été entraînés
à fumer de l'opium et certains autres ont été
utilisés comme cobayes lors d'expériences bactériologiques
des Japonais. Si l'on ajoute les épidémies de diverses
maladies qui ont alors sévi, la population de cette ethnie
a subi une diminution draconnienne. En 1945, il en restait moins
de 1 000. Avec le développement de la production, les conditions
de vie des Ewenki se sont améliorées et en 1958, la
Bannière autonome des Ewenki fut établie. Depuis lors,
les Ewenkis sont surtout actifs dans l'élevage, la culture
du fourrage, les services vétérinaires. L'industrie
est surtout centrée sur la machinerie de ferme, les outils
et l'habillement. Il y a encore beaucoup d'Ewenki qui s'occupent
de chasse, mais ils se sédentarisent de plus en plus et diversifient
leurs sources de revenus.
Économie
et mode de vie
Dans le passé, la dispersion des Ewenki a donné un
développement social très inégal parmi les
membres de cette ethnie : certains étaient des nomades, d'autres,
fermiers, d'autres encore, fermiers-chasseurs. Ceux qui demeurent
dans la Bannière autonome des Ewenki sont des nomades qui
se déplacent avec leurs troupeaux à la recherche de
bons pâturages et d'eau. Les Ewenki excellent à l'équitation.
Dès qu'ils ont six ou sept ans, les garçons et les
filles apprennent à monter à cheval; les filles apprennent
à traire les vaches et à participer à des courses
de chevaux autour de dix ans et un peu plus tard, à manier
le lasso.
La fête du Mikuole est une fête traditionnelle de cette
ethnie et se tient en mai. Les familles se parent de leurs plus
beaux atours et partagent du vin, des mets plus raffinés
et d'autres délices préparés pour l'occasion.
C'est le temps où les nomades comptent leurs agneaux et prennent
connaissance de leur richesse, et pour les jeunes, de démontrer
leur adresse au lasso pour attraper les chevaux et les castrer.
Les Ewenki sont des gens honnêtes, chaleureux et hospitaliers.
Dans les régions pastorales, les invités sont souvent
accueillis avec du tabac, du thé au lait et de la viande
mijotée. On offre généreusement de la viande
de renne, de la venaison et des saucissons faits de museau d'élan.
Lorsque les Ewenki partent en longue tournée de chasse, ils
laissent ce qu'ils ne peuvent pas apporter avec eux-aliments, vêtements
et outils-dans des dépots non verrouillés en forêt.
D'autres chasseurs dans le besoin peuvent ainsi prendre ces choses
sans demander la permission à leur propriétaire. Ces
choses "empruntées " seront remises plus tard lorsque
le chasseur rencontrera le propriétaire.
La monogamie est pratiquée. Les membres d'un même clan
n'ont pas le droit de se marier entre eux. Un mariage ewenki est
une occasion pour danser et faire la fête. Les danses folkloriques
ewenki sont simples et sans retenue. Les mouvements des pieds sont
vigoureux et très rythmés, ce qui caractérise
bien l'honnêteté, le courage et l'optimisme de cette
ethnie.
Mythes, fables, ballades et devinettes forment la littérature
orale. Broderies, gravures et peintures font partie des décorations
que l'on trouve souvent sur les ustensiles. Les Ewenki sont également
habiles à graver l'écorce de bouleau et à découper
toutes sortes de formes d'animaux pour en faire des jouets pour
enfants.
La plupart des Ewenkis sont animistes; ceux des zones pastorales
sont des adeptes du bouddhisme tibétain, et quelques-uns,
de l'église orthodoxe orientale. Les Ewenkis vénèrent
également leurs ancêtres décédés,
et parmi certains chasseurs ewenkis, ont retrouve aussi une vénération
envers l'ours. Après avoir tué un ours, les Ewenki
vont effectuer une série de rituels : on rassemble en paquet
la tête, les os et les entrailles de l'ours et on les dépose
dans de l'écorce de bouleau ou de l'herbe séchée,
puis on suspend le tout dans un arbre pour donner une inhumation
éolienne à l'ours. Les chasseurs pleurent et se prosternent
et offrent du tabac à l'animal mort. Auparavant, on organisait
aussi une inhumation éolienne pour les morts, mais celle-ci
est maintenant remplacée par l'enterrement. Dans certaines
régions, chaque clan a son totem, un canard ou un cygne,
en guise d'objet de vénération. On ne peut tuer aucun
de ces deux animaux.
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