Novembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La place du Peuple de Chaozhou.

Chaozhou se ramifie dans le monde entier  (IV)

M. Rao Zongyi (au centre) est un sinologue de renommée internationale. M. Li Ka-Sheng (à dr.) a financé la construction de l’hospice de vieillards de Jinshan de Shanghai. Sur la photo : M. Li Ka-Sheng et Mme Chen Tiedi, présidente de la fondation philanthropique de Shanghai, inaugurent conjointement cette construction.

Chaozhou est une ville côtière de la Chine du Sud-Est qui a été l’un des berceaux de la « route maritime de la Porcelaine » ainsi que son point de départ. Cette route menait aux pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe en traversant respectivement les ports anciens de Guangzhou, de Yangzhou, de Wenzhou et de Quanzhou.

La province du Guangdong est le pays natal renommé de plus de deux millions de Chinois d’outre-mer et de compatriotes de Taiwan, de Hongkong et de Macao (dont le tiers proviennent de Chaozhou).  Depuis la dynastie des Song (960-1279), les hommes d’affaires de Chaozhou ont laissé leur marque dans une quarantaine de pays du monde, surtout en Asie du Sud-Est. 

À Chaozhou, presque toutes les familles ont des relations outre-mer. En s’appuyant sur leur civilisation, leur dialecte s’est transmis aux quatre coins du monde.  
Lutter durement pour édifier une entreprise

M. Yang Ximing, autrefois deuxième secrétaire de l’ambassade de Chine, accrédité en Thaïlande, est aujourd’hui le directeur du Bureau des affaires étrangères des ressortissants chinois de Chaozhou. À une réception qui avait été organisée par le gouvernement chinois à Bangkok pour célébrer la Fête nationale de la République populaire de Chine, il a rencontré un commerçant indien qui parlait couramment le dialecte de Chaozhou, et il a été surpris de l’étendue de son savoir. Après s’être informé davantage, il a appris que ses relations fréquentes avec des commerçants de Chaozhou lui avaient beaucoup apporté.

Embrassée par les monts, Chaozhou est une ville qui est bordée par la mer, à l’est. Dans l’Antiquité, en raison de forte population de la ville et de la pénurie de terres, les ancêtres ont vécu dans la pauvreté. À l’époque des Ming (1368-1644), l’application de la loi martiale en mer a poussé des groupes d’hommes d’affaires des régions de Chaozhou et de Shantou à tenter leur chance en Asie Sud-Est. Ils sont ainsi devenus les premiers immigrés dans ces régions.

Vivant depuis des générations dans cette région côtière, les habitants de Chaozhou aiment les aventures. Ils sont travailleurs et aptes à supporter les difficultés et les privations. Autrefois, des immigrés n’ayant pas un rond ont mené une vie dure en terre étrangère. Ils ont d’abord travaillé comme coolie, puis comme pêcheur ou comme travailleur de la saline. En s’appuyant sur un morceau de toile imperméable d’une superficie de 50 cm × 100 cm, ils ont lutté durement pour édifier leur entreprise.

Dans le monde, les hommes d’affaires de Chaozhou jouissent toujours d’une grande réputation pour leur réussite économique. Dans le numéro 6 de la revue Zibenjia (Capitaliste) de Hongkong, la liste des Chinois riches de l’île démontre la grande puissance économique des hommes d’affaires de Chaozhou.  Ces derniers sont doués pour le commerce. Dans les milieux financiers thaïlandais, plus de 20 des 25 entreprises privées sont financées par des hommes d’affaires de cette ville.

Harmonisant bien les civilisations chinoise et étrangère, les succès obtenus par les Chinois d’outre-mer de Chaozhou révèlent leur style confucianiste en affaires. Après les dynasties des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911), le développement du commerce de Chaozhou a offert des débouchés aux personnalités locales. Acheter auprès des dignités locales a permis à certains hommes riches d’embrasser la carrière officielle.

Dans le commerce, l’esprit confucianiste traditionnel préconise la « juste raison ». Cette tradition du bon sens s’est transmise de génération en génération au sein des Chinois d’outre-mer de Chaozhou.

Travailler honnêtement

D’après des études, les hommes d’affaires du Shanxi et de l’Anhui jouissent d’une grande réputation dans l’ensemble de la Chine. Pour vivre, les hommes d’affaires de Chaozhou ont toujours respecté la bonne tradition de leurs ancêtres et s’unissent étroitement autour de leur Foyer de l’Association des compatriotes.  Pendant de longues années extrêmement difficiles, ils ont toujours gardé leur accent et la nostalgie de leur province. Un sinologue français a dit : « Les hommes d’affaires de Chaozhou sont toujours fidèles à leur parole. »   

M. Rao Zongyi, sinologue de renommée internationale originaire de Chaozhou, estime que les hommes d’affaires de Chaozhou ont maintenu l’« honnêteté » de leurs ancêtres en édifié une éthique commerciale élevée. Ainsi,  l’« honnêteté » est le point qui leur a permis de bâtir leurs succès.

En Thaïlande, le Foyer de l’Association des compatriotes de Chaozhou est un bâtiment à cinq étages. Cette construction luxueuse de style palais est équipée aussi d’installations de parking, d’un théâtre, d’une salle de réunion et d’une salle de banquet de grande dimension. Se considérant comme une grande famille, de génération en génération, plus de 4 millions de Chinois d’outre-mer vivant en Thaïlande nourrissent l’attachement à leur lieu d’origine en se basant sur leur nom de famille, leurs liens du sang et leurs croyances. 

Ne jamais oublier le pays natal

À Chaozhou, les échanges avec l’extérieur ne se faisaient pas que par l’intermédiaire des marchands, mais aussi par les Chinois d’outre-mer qui s’expatriaient un temps, mais qui n’oubliaient jamais leur pays natal qu’ils assistaient financièrement. En outre, ils aimaient souvent y revenir passer la fin de leur vie.  Ainsi, plusieurs Chinois d’outre-mer sont rentrés dans leur lieu d’origine où ils ont fait des dons en argent pour construire des sanctuaires à leurs ancêtres, des digues, des routes et des services de bien-être.

M. Li Ka-Cheng, l’homme le plus riche en Asie, est né dans une petite ruelle de Chaozhou. Ayant débuté en fabriquant des fleurs en plastique, il a édifié un groupe financier possédant quantité de sociétés. Important pilier économique de Hongkong, son groupe a investi plus de 60 milliards de yuans pour soutenir l’œuvre éducative de sa patrie. Dans sa ville natale, il a financé la construction de l’université de Shantou, de deux hôpitaux et de 70 écoles primaires. En un peu plus de vingt ans, les Chinois d’outre-mer de Chaozhou ont versé 500 millions de yuans pour la construction de plus de 600 écoles primaires.

Ces Chinois résident en France, aux États-Unis et au Canada ; ils sont hautement appréciés par le gouvernement local pour leurs succès dans les milieux industriel et commercial. En 2003, le Teochew International Convention a organisé une soirée amicale. À cette occasion, le président français Jacques Chirac avait adressé des félicitations par écrit : « Vous êtes une colonie qui est fière des glorieuses traditions de la civilisation chinoise. En France, vous avez établi des relations entre l’Occident et l’Asie. » Aujourd’hui, les Chinois d’outre-mer de Chaozhou sont suivis de près par les peuples du monde, car ils constituent une fenêtre permettant aux étrangers de connaître la Chine actuelle.

Interview de Jiang Hong, secrétaire général du comité municipal du Parti de Chaozhou (I)
Chaozhou, capitale de la porcelaine de Chine (II)
La culture, une des particularités de Chaozhou (III)
Chaozhou se ramifie dans le monde entier  (IV)