Novembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Une nouvelle zone urbaine de Chaozhou.

La culture, une des particularités de Chaozhou (III)

Le pont Guangji.

« ON a beau avoir visité le Guangdong, si on ne s’est pas rendu à Chaozhou, on n’a rien vu» Les échanges de longue date avec l’extérieur, la fusion des cultures chinoise et occidentale et la fusion de la culture de la Plaine centrale avec la culture maritime ont permis à la culture locale de Chaozhou de former une culture régionale particulière : la culture de Chaozhou. Les nombreuses particularités de cette ville, dont son dialecte, sa cuisine, son thé gongfu, ses grands gongs et tambours et son opéra, constituent des ressources culturelles qui lui sont propres. Centre politique, économique et culturel de l’est du Guangdong, Chaozhou regroupe plus de 700 sites archéologiques qui sont autant de fenêtres permettant de présenter la culture de Chaozhou.

La résidence d’un citoyen de Chaozhou.

Concert de gongs et de tambours de Chaozhou. La sculpture sur bois laqué doré de Chaozhou.

Le pont Guangji de Chaozhou, dont la construction a commencé sous les Song du Sud (1127-1279), est l’un des quatre grands ponts de la Chine antique; on le qualifie de premier pont mobile en pierre du monde. Le temple Kaiyuan, construit  sous les Tang (618-907), est le centre des activités bouddhiques dans l’est du Guangdong. C’est dans les monts Bijia que l’on trouve les ruines du plus long four des Song de Chine. La résidence de Fuma (le gendre de l’empereur) est un type d’édifice des Song que l’on voit rarement à l’intérieur du pays. Pour sa part, le temple des ancêtres de Huang Gong représente la quintessence de la sculpture sur bois de Chaozhou.

Si l’on ne se rend pas dans cette région, on ne peut constater l’ingéniosité et l’habileté des habitants de cet endroit. La broderie de Chaozhou constitue une branche de celle du Guangdong, l’une des quatre grandes broderies de Chine. La sculpture sur bois de Chaozhou fait partie des deux grands procédés de la sculpture sur bois de Chine. À Chaozhou, les activités courantes telles que boire du thé, prendre un repas et broder sont imprégnées d’un charme particulier. « Distinguée, raffinée et harmonieuse sont des qualificatifs qui caractérisent bien la culture de Chaozhou », comme le résume Zeng Chunan, vice-directeur de l’Association chinoise de Han Yu.

Le thé gongfu, un trait particulier

Partout où vous allez, s’il y a des gens de Chaozhou, il y a du thé gongfu.  Bien qu’il soit difficile de trouver une vraie maison de thé dans les rues de cette ville, on voit souvent de ses habitants en train de boire du thé : durant un festin, lors d’une activité de loisir ou à la maison, sous les tonnelles ou devant un étalage.

Au moment de boire du thé, pour faire bouillir l’eau, les habitants de Chaozhou qui sont attachés aux traditions vont à coup sûr allumer un four fait d’argile et chauffé au charbon du bois. Lorsque l’eau est prête, ils réchauffent minutieusement les verres et infusent le thé. Alors, tout naturellement, ils prennent une petite gorgée de thé et la dégustent soigneusement.

La plupart du temps, le thé gongfu est préparé avec le thé fenghuang (phénix), un produit local. Les meilleurs théiers sont âgés de 600 ans, et leur production se vend au prix le plus élevé parmi tous les thés produits au pays.

L’eau qui sert à préparer le thé a elle aussi son importance. Il y a une expression pour la décrire : « L’eau de source est supérieure; l’eau du fleuve arrive en seconde place; et l’eau de puits est de moindre qualité» On dit que la meilleure eau, c’est la rosée; il faut toutefois la cueillir sur les feuilles des plantes avant qu’elle ne s’évapore au soleilAutrefois, dans la ville de Chaozhou, il y avait des boutiques spécialement réservées à la vente d’eau de source venant de l’extérieur de la ville et d’eau du fleuve Hanjiang.

Le service à thé de Chaozhou est lui aussi typique. Que ce soit pour le four en argile, la théière ou les verres, l’apparence exprime toujours subtilité et raffinement. La théière est souvent fabriquée en grès pourpre ou en argile rouge, alors que les verres sont en fine céramique blanche produite localement. Un service à thé complet était auparavant composé de 28 pièces; il n’en compte que quatre ou cinq aujourd’hui.

La technique de préparation du thé gongfu compte dix étapes. En général, trois personnes utilisent deux verres et quatre personnes, trois verres; il doit toujours manquer un verre. C’est ainsi que les personnes des générations plus jeunes doivent offrir à boire aux gens plus âgés, et que le maître fait de même pour ses invités. Le rituel de dégustation du thé consiste d’abord à examiner sa couleur, puis à humer son parfum, et enfin, à le boire lentement.

Pour boire du thé gongfu, il vaut mieux se trouver dans une ambiance lumineuse et nette ; dans la pratique, il en va toutefois tout autrement. Par exemple, dans un défilé de manifestations folkloriques, sous l’accompagnement des gongs et des tambours, tout en marchant et en chantant et en jouant des instruments de musique, les artistes n’oublient pas de prendre le temps de bien se désaltérer avec du thé gongfu, préparé par leurs aides.

Zeng Chunan a ainsi caractérisé le thé gongfu : il est affable, respectueux, raffiné et joyeux. Selon lui, l’affabilité et le respect désignent la vertu et l’esprit global du thé, tandis que le raffinement est sa qualité intrinsèque et que la joie exprime son âme.

La cuisine de Chaozhou : tout en raffinement

Une simple petite olive peut se transformer en 50 plats différents. Même les feuilles de patates, que l’on donne souvent à manger aux porcs, peuvent être servies dans un banquet à Chaozhou. Un plat local célèbre est appelé « Xianren Zhilu » (L’esprit céleste indique le chemin). Sa préparation consiste à vider un germe de soja et à le farcir d’ailerons de requins. N’est-ce pas là l’exemple parfait du raffinement des habitants de Chaozhou ?

Parmi les mets délicieux de Chaozhou, les fruits de mer sont le premier choixEn Chine du Nord, quand ils mangent des fruits de mer, les habitants des côtes aiment cuisiner de la façon la plus simple possible pour savourer le goût au naturel. À Chaozhou, les habitants préfèrent plutôt cuisiner avec ingéniosité, en ajoutant toutes sortes d’ingrédients. Les fruits de mer ainsi préparés sont doux, mais pas insipides, délicieux, mais sans odeur relevée.

De nombreux ingrédients servent à préparer les plats de Chaozhou, et leur variété peut se regrouper sous trois types : les produits aquatiques, les plats maigres et les plats sucrés. La patate, le taro, la citrouille et le ginkgo sont souvent utilisés au naturel; même le gras de porc peut être transformé en plats de qualité supérieure.

Le temple Kaiyuan.

Dans cette ville, il y a un plat appelé Dingbian. Il est fabriqué avec des blocs d’un liquide visqueux extrait de riz rôti. La légende raconte que c’était un plat impérial, ainsi nommé par Li Zicheng (1606-1645), roi Chuang, lorsqu’il est monté sur le trône. Pour préparer ce plat, il faut d’abord produire un liquide visqueux à partir d’un riz que l’on a conservé au moins trois ans et moulu par la suite. Ce liquide est ensuite versé le long des rebords d’une marmite de manière à former une couche mince. Après l’avoir bien cuite, on retire cette couche de la marmite et on la fait sécher. Le Dingbian est lisse et agréable au goût. On peut aussi y ajouter d’autres ingrédients tels que des fleurs d’hémérocalle séchées, de petites huîtres et de l’auricularia. Ce plat est encore plus parfumé et délicieux s’il est accompagné de la soupe mijotée à base de chanos.

Les boulettes de bœuf de Chaozhou sont très connues en Chine. Même si elles sont fort simples en apparence, leur préparation demande du temps. Il faut d’abord enlever tous les tendons d’un morceau de bœuf frais. Puis, on bat le morceau pendant plus d’une heure avec deux bâtons de métal pour le transformer en une pâte liquide. Ce n’est qu’après cette préparation inusitée que l’on peut confectionner de délicieuses boulettes.

Le temple Kaiyuan : un modèle d’harmonie

En Chine, Chaozhou et Shantou du Guangdong sont toujours deux endroits où les fidèles bouddhistes affluent en grand nombre. Parmi les temples qui attirent des fidèles de tous les coins du pays, le temple Kaiyuan de Chaozhou est le plus prospère. L’harmonie est un état recherché par le bouddhisme.

En 738, dans chacun des dix grands départements de la Chine d’alors, l’empereur des Tang fit construire un temple portant le nom de son règne, c’est-à-dire « Kaiyuan »; parmi ceux-ci, on trouve le temple Kaiyuan de Chaozhou. Les temples célèbres sont pour la plupart situés au pied d’une montagne et près d’une rivière, alors que le temple Kaiyuan de Chaozhou se trouve dans un quartier animé de la ville.

En Chine, parmi les édifices antiques à structure de bois, le palais Tianwang (Roi céleste) de ce temple est un chef-d’œuvre. Tout le palais a été construit avec le meilleur bois de l’époque. L’assemblage des composantes ne présente aucune trace de coups de marteau et de clou; c’est ainsi que le palais n’a toujours pas de fissure, malgré l’influence climatique.

Le Grand Temple de l’Est, à Nara au Japon, est surnommé le « premier édifice avec structure en bois du monde » ; toutefois, on ne connaît toujours pas son origine. Étant venu à Chaozhou, Lu Bingjie, professeur du département d’architecture de l’université Tongji de Shanghai, a remarqué que la disposition de base du Grand Temple de l’Est ressemblait à celle du palais Tianwang du temple Kaiyuan de cette ville.

Ce temple Kaiyuan conserve  80 volumes du « canon Huayan », écrit avec du sang provenant de la langue de son ancien supérieur. Tous les étés, les moines organisent une cérémonie de séchage du Tripitaka, canon classique et trésor du temple.

Un aérolithe est tombé dans la région de Chaozhou en 1325. À même ce météorite, les artisans locaux ont sculpté un brûle-parfum pesant 475 kg ; celui-ci est conservé dans le temple. Malgré les flammes ardentes, nul danger de se brûler les cheveux à l’extérieur du brûle-parfum. Celui-ci est resté intact bien que l’encens y brûle depuis plus de 600 ans.

Interview de Jiang Hong, secrétaire général du comité municipal du Parti de Chaozhou (I)
Chaozhou, capitale de la porcelaine de Chine (II)
La culture, une des particularités de Chaozhou (III)
Chaozhou se ramifie dans le monde entier  (IV)