Novembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Chaozhou, capitale de la porcelaine de Chine (II)

ZHANG HONG

Une anecdote qu’on dit authentique circule à propos de la porcelaine. Un jeune Chinois d’outre-mer cherchait à savoir pourquoi, en Occident, la porcelaine portait le mot « chine » tout comme le nom du pays. La réponse : à l’époque, le prix de la porcelaine de Chine exportée était aussi élevé que celui de l’or. Pour cette raison, les Occidentaux ont appelé la Chine le pays de la porcelaine.

Chaozhou, une ville à la longue histoire, a hérité de ce métier et de cet art traditionnel et est aujourd’hui la plus grande base d’exportation et de production de porcelaines artisanales et d’usage courant. Sa capacité de production et de vente lui a acquis le titre de « capitale de la porcelaine de Chine ». En juin dernier, des produits bien choisis ont été présentés à la foire des articles de porcelaine à Beijing. La porcelaine de Chaozhou présentait alors son art au monde.

La longue histoire de l’industrie porcelainière

M. Hu Peng, originaire de Kunming, capitale du Yunnan, assume des fonctions au bureau municipal de la planification de Chaozhou. Sur son bureau de travail, est posée une petite assiette de porcelaine céladon. Sa couleur n’est pas très resplendissante et le dessin à grands traits représente simplement un motif de fleur. Toutefois, ce produit est sorti du four populaire local de la dynastie des Ming (1368-1644), il y a plus de 600 ans, et il ajoute une touche artistique au conservatisme d’un bureau d’administration.

La porcelaine céladon est bien appréciée à Beijing, mais surtout dans les marchés d’antiquités et de brocante, et à Chaozhou, on en trouve partout : elle n’est pas considérée comme un objet rare.

Par la fenêtre du bureau de Hu Peng, on peut voir la belle route de Chaozhou, large de 50 m. En regardant vers l’est, c’est le pont Guanji, un des quatre ponts chinois les plus célèbres. En traversant ce pont, on arrive au pied du mont Bijia (porte-plume), berceau de la porcelaine de Chaozhou.

En 1922, par hasard, on y a découvert quatre statues de bouddha et un socle en porcelaine blanche des Song. Ce sont des objets précieux sans pareils en Chine. Depuis lors, des archéologues portent l’attention voulue au mont Bijia, y font des investigations sur place et y procèdent à l’excavation.

Bijia est le surnom que porte le mont Hanshan en raison de sa forme à trois pics dressés parallèlement comme un porte-plume. Depuis la dynastie des Song du Nord (960-907), il est une base importante de production porcelainière en Chine du Sud. En 960, après deux mois de navigation en mer, le commerçant indochinois Li Pu Hai allait y acheter des porcelaines en apportant quantité d’aromates, de cornes de rhinocéros et de défenses d’éléphant.

L’histoire de la porcelaine de Chaozhou est aussi longue que celle de Jingdezhen du Jiangxi, ville porcelainière très connue en Chine. Chaozhou est riche en kaolin. Aux époques des Tang (618-907) et des Song, sur une étendue de 15 km2, les fours parsemaient un peu partout, et le groupe de fours du mont Bijia s’étirait sur deux kilomètres. On l’appelait le « village aux cent fours ».

Dès 1953, 11 fours ont été découverts au mont Bijia, dont un qui mesure 79,5m. C’est le plus long four des Song découvert en Chine. Ce four s’adosse au mont. Il ressemble à un long tuyau de poêle qui traînerait sur le versant, ce qui permet à la température à l’intérieur du four de monter ou de descendre rapidement. Il produit deux fois par mois et à chaque fois, de 50 000 à 100 000 articles sortent..

Durant les Tang et les Song, la situation politique était stable, l’économie prospérait, les gouvernements encourageaient le commerce avec l’extérieur. D’après les documents historiques, plus de 50 pays entretenaient des relations commerciales avec les Song du Sud, et la porcelaine comptait alors parmi les meilleures marchandises exportées de Chine. D’après des recherches, à cette période, plus de la moitié de la porcelaine exportée provenait des fours du Fujian et du Guangdong. La porcelaine de Chaozhou en représentait une proportion importante, et sa qualité était la meilleure. Les fours du mont Bijia produisaient plusieurs dizaines de millions d’objets par an.

Au Moyen Âge, en Europe, en Afrique et en Asie, beaucoup de gens aimaient la porcelaine de Chine. Non seulement les nobles de différents pays la collectionnaient à la cour, mais aussi le peuple l’utilisait dans la vie courante. La plupart des vestiges des fours des Song qui ont été découverts sont situés près du fleuve Hanjiang, considéré comme le fleuve mère de Chaozhou. Le cours inférieur du fleuve Hanjiang donne accès à la mer de Chine méridionale, ce qui facilitait le transport de la porcelaine vers l’extérieur.

La fabrication de la porcelaine à Chaozhou

M. Cor De Waal, un Hollandais, vient à Chaozhou au moins deux fois par année. Chaque fois, il prend un pousse-pousse pour se faire promener dans la zone Fengxi, qui se trouve en banlieue de Chaozhou. C’est là où se produit principalement la porcelaine d’usage courant. On appelle l’endroit la « capitale de la porcelaine du Sud ». Dans cette zone, il y a une profusion d’étals où l’on peut trouver services à thé, vaisselle de toutes sortes, tant de styles chinois, que japonais et occidental, et objets d’art en porcelaine. Ce Hollandais fait son choix et passe des commandes pour sa société qui œuvre dans le domaine de la porcelaine et des objets d’art. Chaque année, la quantité de porcelaine qu’il importe de Chaozhou représente 70 % de son chiffre d’affaires. Par l’intermédiaire de cette société, des porcelaines de Chaozhou entrent en Europe et dans des pays d’autres continents.

En 1995, l’industrie porcelainière de Chaozhou avait atteint à peu près la même envergure que celle de Jingdezhen. En 2000, ses 10 000 fabriques avaient atteint une forte capacité de production grâce à la standardisation des matières premières, à la propreté du combustible, à l’automatisation de la production, à sa spécialisation et à la qualité supérieure de ses produits. Sa production de porcelaines sanitaires avait atteint 34 millions de pièces (en série), soit 57 % de la quantité totale produite au pays, dont la moitié est exportée. La porcelaine liée au secteur de l’électricité comptait pour 120 milliards de pièces, soit 70 % de la production du pays et 50 % de celle du monde. Une fois les capitaux rassemblés, la chaîne de production se forme rapidement. Maintenant, Chaozhou a une production diversifiée : porcelaines d’art, d’usage courant, sanitaires, à l’imitation d’objets antiques, pour isolant électrique, etc.

Célèbre pays des Chinois d’outre-mer, Chaozhou possède également une tradition de commerce bien rodée et un groupe d’entrepreneurs. Les bons salaires offerts permettent à Chaozhou d’attirer de grands maîtres porcelainiers; il y en a même du Japon qui y ouvrent un atelier de travail.

M. Cai Beiqiang travaille au bureau municipal pour l’économie et le commerce de Chaozhou et a participé à la foire de la porcelaine de Chaozhou qui s’est tenue à Beijing. Aujourd’hui, quand il parle de cette participation, il affirme, tout joyeux: « Des étudiants qui font des études à l’étranger m’ont confirmé que jamais il n’aurait cru que le « Fabriqué en Chine » apposé sur la porcelaine provenait de Chaozhou. »

Rejoindre le monde

En 1996, Fengxi de Chaozhou a, pour la première fois, rassemblé des entreprises pour organiser un salon de la porcelaine de Fengxi à la Foire des articles chinois d’exportation de Guangzhou, laquelle est reconnue comme un tremplin pour s’ouvrir au monde. Dès lors, cette Foire a rapidement édifié un réseau de marchés internationaux pour les entreprises porcelainières de Chaozhou. Leur chiffre d’affaires pour l’exportation augmente chaque année.

Pour vérifier la qualité de la porcelaine de Chaozhou, les Allemands possèdent le critère le plus strict du monde. « C’est la norme la plus élevée », nous a confirmé le directeur général de la SARL de porcelaine Songfa de Chaozhou, M. Li Daofan.

La SARL Songfa est l’une des entreprises d’envergure en matière de porcelaines d’usage courant. Le jour où nous nous y sommes rendus, on avait chargé un conteneur marqué « Objets fragiles », et le directeur a accompagné ses clients pour choisir les marchandises. Des Allemands vérifiaient les marchandises commandées. Le contrôle se faisait en éclairant, en calibrant, en pesant et par d’autres méthodes. La sévérité du contrôle garantit la qualité supérieure de la porcelaine de Chaozhou.

S’ouvrir au monde et créer la meilleure qualité constituent un objectif de l’industrie porcelainière de Chaozhou.. Un homme d’affaires australien en a fait la preuve. Il a envoyé un échantillon, et trois jours plus tard, il avait reçu un exemplaire de la porcelaine commandée.

Grâce à la Foire des articles chinois d’exportation de Guangzhou, les entreprises porcelainières de Chaozhou prennent de l’expansion et ne laissent jamais passer une occasion de présenter leurs produits. Chaque année, la SARL Sitong du Guangdong, une entreprise porcelainière clé de Chaozhou, ne rate pas la Foire internationale de la porcelaine d’art. En parlant de l’exploitation de ses nouveaux produits, le directeur général Cai Zhengcheng a exprimé, avec satisfaction : « Sitong sort de nouveaux produits quasiment tous les jours, prend part à la Foire de Guangzhou chaque année, et 70 % des articles présentés sont nouveaux. »

L’industrie de la porcelaine de Chaozhou sait réagir rapidement aux nouvelles tendances sur le marché international de la porcelaine et présente de nouveaux produits qui s’y conforment. Ce qui surprend, ce n’est pas seulement la rapidité, mais aussi la grande variété des produits. Un producteur de porcelaine de Fengxi de Chaozhou a exprimé avec fierté : « Tout ce qui concerne la porcelaine, on peut le trouver facilement à Chaozhou. »

Aujourd’hui, les porcelaines de Chaozhou sont très demandées dans plus de 160 pays. Les hommes d’affaires y viennent pour acheter, des agents ou des représentants de la porcelaine de cette ville sont présents dans les grandes villes du monde, et il y a plus de 20 000 hommes d’affaires étrangers qui entretiennent des relations commerciales avec Chaozhou

La foire de la porcelaine fait remarquer celle de Chaozhou

En avril 2004, Chaozhou a remporté le titre de capitale de la porcelaine de Chine. Huang Xinghong, juge de l’Association de l’industrie porcelainière de Chine, a déclaré : « Je m’occupe de porcelaine depuis 20 ans, je ne croyais pas qu’on pouvait faire une percée avec la porcelaine de Chine ; pourtant, après quelques jours d’inspection à Chaozhou, je suis enthousiaste. » Je peux dire que j’ai vu l’espoir de la porcelaine chinoise à Chaozhou. 

Cet espoir naît des éléments suivants : en 2003, l’industrie de la porcelaine de Chaozhou est devenu un groupe intégré en porcelaine de Chine, avec une valeur annuelle de 11,68 milliards de yuans et une valeur d’exportation de 643 millions de dollars US. Aujourd’hui, Chaozhou est connue comme une des plus grandes zones de production porcelainière et celle ayant la quantité la plus élevée de produits exportés; on la considère également comme la plus grande base de production de porcelaines sanitaires, la plus grande base de production d’isolant électrique en porcelaine, comme la ville ayant les plus nombreux titres honorifiques liés à la porcelaine et la gamme la plus complète en Chine.

Pour présenter la puissance d’ensemble de cette industrie, en juin dernier, à la foire de la porcelaine de Chaozhou du Guangdong, tenue à Beijing, on a présenté des objets précieux, ce qui a attiré 150 000 visiteurs; en outre, en quelques jours, 173 accords de coopération économique et commerciale ont été signés, pour une somme atteignant 5,7 milliards de yuans.

À la foire, les objets étaient tous en étalage, et les visiteurs demandaient tout de suite les prix. Un responsable de Chaozhou a avoué que, à part les choses qui ne pouvaient être vendues, tous les objets exposés l’avaient été.

Des diplomates de plus de 80 pays, se sont arrêtés longuement devant ces objets de Chaozhou, et ils ne cessaient de les admirer.

L’industrie de la porcelaine de Chaozhou accuse une croissance annuelle de 30 %. En 2003, il y avait près de 6 000 entreprises porcelainières à Chaozhou, et son personnel avait atteint 150 000 personnes. Dans la zone Fengxi, la valeur de l’industrie porcelainière représente plus de 6 milliards de yuans, et les devises reçues comptent pour 260 millions de dollars US.

Dans ce contexte favorable, M. Jiang Hong, secrétaire du comité municipal du Parti de Chaozhou garde toujours un esprit lucide. Maintes fois, il répète que le titre de capitale de la porcelaine de Chine n’est pas éternel. Au sein de la concurrence acharnée, il sait qu’il faut faire valoir ses points forts et remédier à ses points faibles. Il connaît bien l’influence de cette économie particulière sur l’avenir de Chaozhou, et prend des décisions éclairées. Dès son entrée en fonction, il a décidé de renforcer l’image de cette capitale de la porcelaine de Chine, et de faire de Chaozhou un centre de fabrication des objets en porcelaine au pays, un centre de recherche et d’exploitation et un centre de distribution des produits de porcelaine.

Interview de Jiang Hong, secrétaire général du comité municipal du Parti de Chaozhou (I)
Chaozhou, capitale de la porcelaine de Chine (II)
La culture, une des particularités de Chaozhou (III)
Chaozhou se ramifie dans le monde entier  (IV)