CHINAHOY

3-May-2017

La rencontre Xi-Trump fixe le ton pour les relations sino-américaines

 

Rencontre entre les dirigeants chinois et américain, à Mar-a-Lago, en Floride Dans les médias chinois

 

JIA XIUDONG*

Les 6 et 7 avril derniers, les présidents chinois et américain Xi Jinping et Donald Trump se sont entretenus à Mar-a-Lago, en Floride, aux états-Unis. Une rencontre couronnée de succès qui a insufflé plus de certitude dans les relations sino-américaines remplies depuis quelque temps d'incertitudes. Elle a atteint ses objectifs, fixant le ton, la direction, le cadre et l'itinéraire des relations sino-américaines pour la période à venir.

Ce sommet a permis aux deux présidents de parvenir à d'importants consensus généraux. Cette rencontre était de nature stratégique et il ne s'agissait pas d'une négociation sur des problèmes précis. La question n'était donc pas de l'emporter ou non sur l'autre. Le face-à-face s'est déroulé dans une ambiance amicale et l'interaction entre les deux chefs d'État était bonne. Lors du point de presse, les chefs de la diplomatie chinoise et américaine ont tous deux déclaré que ce sommet était fructueux, qu'il avait fixé un ton positif et constructif pour les relations bilatérales. Et d'ajouter qu'on y avait défini la direction vers laquelle les efforts des deux parties devraient tendre à l'avenir, que les deux chefs d'État ont établi de bonnes relations de travail et ont créé de bons liens personnels. Le président Xi a souligné que mille raisons invitaient les deux pays à faire progresser les relations sino-américaines, tandis qu'aucune ne les poussait à saborder celles-ci. Selon lui, la coopération est le seul choix juste pour la Chine comme pour les États-Unis. Les deux pays ont vocation à devenir de bons partenaires. De son côté, le président Trump a affirmé que les États-Unis et la Chine, deux puissances mondiales, avaient de lourdes responsabilités ; qu'ils devraient maintenir leur communication et leur coordination sur des questions importantes ; qu'ils pourraient accomplir de grandes choses ensemble. Il a ajouté que son pays coopérerait avec la Chine pour y dissiper les facteurs et problèmes pouvant porter atteinte aux relations bilatérales, en vue d'un plus grand développement, et que les relations américano-chinoises ne pourraient que connaître un meilleur développement à l'avenir.

Le sommet a produit des résultats positifs et tangibles. Les deux parties ont convenu que le président Trump effectuerait une visite d'État en Chine d'ici à la fin de l'année. Elles ont aussi mis sur pied un mécanisme dit du « dialogue général sino-américain », que les deux chefs d'État prendront en charge personnellement. C'est là un aboutissement plus important de ce face-à-face. Ce nouveau cadre de dialogue bilatéral se compose de quatre mécanismes de dialogue à haut niveau, soit celui sur la diplomatie et la sécurité, un autre sur l'économie générale, un troisième chargé de l'application de la loi et de la cybersécurité, et enfin le dialogue sur les questions sociales et humaines. Les deux premiers mécanismes ont été lancés dès ce sommet, avec des discussions principalement centrées sur leur mode de fonctionnement et les priorités de travail. En ce qui concerne les deux autres, il a été annoncé que les travaux de mise en place démarreraient au plus tôt. De plus, des contacts ont été pris afin d'établir dans d'autres domaines des dialogues de niveaux différents, encourageant les divers départements à renforcer leurs échanges et leur coopération. Les deux présidents se sont mis d'accord pour approfondir la coopération pragmatique dans les domaines du commerce et de l'investissement, pour traiter de façon appropriée les frictions économiques et commerciales, afin d'obtenir un résultat mutuellement bénéfique. Enfin la liste des résultats de cette rencontre comporte un « plan de cent jours » qui concerne les discussions sur le commerce et l'investissement, où sont fixés les plus importants objectifs et points de calendrier.

Ce face-à-face montre l'efficacité de la stratégie chinoise du sang-froid vis-à-vis des États-Unis. Après l'élection de M. Trump, beaucoup supposaient que la Chine s'inquiétât de l'avenir des relations sino-américaines avec son arrivée au pouvoir aux États-Unis. En réalité, confiante dans la tendance des relations bilatérales, la Chine a fait preuve de patience et de sang-froid sur le plan stratégique. Certes, elle savait avec lucidité les incertitudes que M. Trump apporterait aux relations entre les deux pays et qu'il faudrait éviter une évolution en dents de scie. Faire preuve de sang-froid et de patience ne signifie pas se laisser faire.

Les faits ont montré que, loin de s'interrompre, les échanges de points de vues à différents niveaux et par des moyens différents entre la Chine et les États-Unis se sont intensifiés. La Chine a dynamisé sa manière d'interagir avec les États-Unis et cela a produit des résultats évidents. De même, les États-Unis avaient besoin de donner des signes positifs vis-à-vis des relations sino-américaines et souhaitaient assurer une rencontre réussie entre les deux chefs d'État, car personne n'a d'intérêt à les voir échouer.

La rencontre des deux dirigeants montre aussi que le « leadership des dirigeants » joue un rôle particulier dans le développement des relations sino-américaines. La Chine et les États-Unis sont deux puissances mondiales mais avec des réalités très différentes. Leurs agendas majeurs intérieurs influent sur les relations entre les deux parties, et sur le monde entier. Dans des circonstances internationales changeantes, les deux pays ont besoin de réagir à temps. Si l'un d'entre eux prenait ses décisions sans coordination avec l'autre, cela pourrait créer des tensions. Dans ce contexte, les relations bilatérales ne peuvent se développer que lorsque les chefs des deux États en prennent l'initiative et en fixent le ton. C'est pourquoi ces entretiens sont de nature stratégique, directive et même décisive. Ce genre de rencontres ne doit pas forcément s'organiser dans le cadre d'une visite officielle. Tout modèle d'interaction entre dirigeants, du moment qu'il soit créatif, revêt une signification importante pour qu'ils établissent de bons liens de travail et personnels, et poussent les relations bilatérales dans une direction positive.

Cette rencontre à Mar-a-Lago a conforté les relations sino-américaines, mais il est trop tôt pour affirmer que tout ira bien. La période de rodage après l'arrivée au pouvoir de Trump n'est pas terminée. Ce premier sommet n'est qu'un nouveau round de matchs entre les deux pays qui se font de plus en plus subtils. Les relations sino-américaines n'ont jamais été sans nuage. Actuellement, des questions économiques et commerciales, celles de Taiwan, de la mer de Chine méridionale, le dossier nucléaire nord-coréen et d'autres sont épineux et appellent à la vigilance. La partie américaine a annoncé souhaiter établir des relations sino-américaines constructives et « orientées vers les résultats », et place beaucoup d'espoirs dans le « plan de cent jours ». Ils souhaitent que les relations sino-américaines produisent le plus vite possible des résultats concrets visibles, ce qui n'est pas une mauvaise chose. La question est celle de leur définition du terme « résultat ». Le résultat qu'envisage la partie chinoise est une issue positive, le gagnant-gagnant, obtenu à travers la négociation et de bonnes interactions. L'administration Trump a récemment souligné l'importance de l' « équité » et de la « justice » dans le commerce, ce qui laissait entendre que le commerce sino-américain est déséquilibré, qu'il est injuste envers les États-Unis, et que les États-Unis sont perdants dans cette transaction. La réalité est que les relations économiques et commerciales entre nos deux pays produisent des avantages mutuels. Les deux parties devraient dépenser leur énergie à faire croître le gâteau de leurs intérêts communs plutôt que rechercher sans cesse un moyen d'en obtenir une plus grande part. Dans leur recherche de résultats tangibles, les deux pays doivent distinguer les intérêts à court terme de ceux à long terme, les aspects partiels et les aspects généraux, et les différents domaines dans lesquels ils s'inscrivent.

Les éléments susceptibles d'entraîner un conflit entre la Chine et les États-Unis sont peut-être nombreux, mais personne ne doit laisser ces éléments donner lieu à un déraillement des relations sino-américaines. Les deux pays ne doivent pas se laisser emporter par l'émotion d'un différend ou d'une question épineuse, mais au contraire, ils doivent minimiser les facteurs négatifs en multipliant les facteurs positifs et s'efforcer d'étendre les surfaces de convergence des intérêts communs.

La rencontre de Mar-a-Lago a lancé les relations sino-américaines sur un nouveau départ. Reste aux deux pays de les promouvoir.

 

*JIA XIUDONG est chercheur spécialisé à l'Institut des études internationales de Chine.

(Article publié initialement sur china.org.cn le 10 avril 2017)

 

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