CHINAHOY

28-September-2010

À la rencontre de José Frèches

SANDRA CHAN-SENG et YAN WEIJUAN

Commissaire général du pavillon de la France, l’écrivain José Frèches enrichit sa passion pour la Chine et sa culture. Porte-parole, homme de culture, les rôles s’entremêlent lorsqu’il s’agit de cette collaboration sino-française. Découvrez l’homme et l’univers du plus chinois des auteurs français.

José Frèches et le président Nicolas Sarkozy    Photo fournie par José Frèches

NÉ le 25 juin 1950 dans les Landes, en France, le jeune José Frèches a la chance de parcourir le monde dès son plus jeune âge grâce à la profession de son père : professeur de lycée puis d’université. La première motivation du jeune homme pour l’empire du Milieu vient de la bande dessinée Tintin et le Lotus bleu d’Hergé. Par la suite, son parcours a été pour le moins varié. Titulaire d’une licence en histoire, en histoire de l’art et en chinois, José Frèches se constitue un bagage complet pour entamer une carrière dans les secteurs culturel, audiovisuel et politique.

Curiosité, connaissances et expériences l’amènent dans les établissements les plus prestigieux de France, comme le célèbre Musée du Louvre. Non content de ses premiers accomplissements, il décide d’intégrer l’ÉNA (École Nationale d'Administration), ce qui le mènera à la Cour des comptes, en 1978. En 1982, il rencontre Jacques Chirac, qui est à ce moment-là maire de Paris, et il y devient le directeur adjoint de la communication. Il sera à l’origine de la câblodistribution en France et de la Vidéothèque de Paris.

De la section Chine du Musée Guimet au cabinet du premier ministre (de 1986 à 1988), en passant par la Vidéothèque de Paris, José Frèches est réellement un « homme à tout faire ». En 2003, il revient à sa passion pour la Chine en créant, à Montpellier, la première Biennale internationale d’art contemporain chinois.

L’auteur et son univers

Tout comme un ambassadeur, José Frèches sert d’intermédiaire entre deux pays, deux cultures et deux histoires. La Chine et la France, deux nations séparées par leurs coutumes et par leurs langues, mais si proches par leur sens des valeurs, des traditions et du respect de l’autre. À son actif, on compte notamment le livre Quand les Chinois cesseront de rire, le monde pleurera (2008, édition People Daily Press). Sur la couverture de ce livre sont citées des paroles du premier ministre Wen Jiabao, prononcées lors d’un point de presse à l’occasion des sessions 2008 de l’Assemblée populaire nationale et de la Conférence consultative politique du peuple chinois : « J’ai confiance que les sourires qu’adressent au monde 1,3 milliard de personnes vont recevoir en retour les sourires des peuples du monde. »

Les compétences de José Frèches lui permettent de créer des œuvres destinées aussi bien aux initiés qu’aux amateurs, et il jongle constamment entre sa casquette de spécialiste et celle de guide culturel.

On qualifie cet auteur d’« érudit » et d’« habile conteur au style limpide »; les voix sont unanimes pour lui décerner la palme du meilleur auteur français sur la Chine.

L’historien français est une vraie perle pour les éditeurs de l’Hexagone en matière de romans historiques sur la Chine. Prolifique, il est à l’origine de plusieurs séries de livres qui se passent en Chine, notamment : Le disque de Jade (2002), L’Impératrice de la soie (2003) et L’Empire des larmes (2006) [toutes publiées chez XO Editions]. La trilogie Le disque de Jade, dont l’histoire tourne autour d’un personnage nommé Poisson d’Or, a été tirée à plus de 500 000 exemplaires et a été un livre à succès. Coup de cœur du grand public et des professionnels, les (bonnes) critiques et témoignages des lecteurs pleuvent sur le site Internet officiel de l’auteur. Du côté des critiques littéraires, on retrouve des revues françaises réputées telles que Le Parisien, ELLE ou encore Le Figaro. L'auteur est salué pour son talent, sa plume et son savoir, et ces qualités font de lui un auteur à succès. Chaque nouvel ouvrage est très attendu par son public.

Des différences qui rassemblent, voilà l’idée maîtresse de l’œuvre de l’écrivain français. Touchant aussi bien le lectorat chinois que français, les œuvres de José Frèches invitent dès la première page à entrer dans un univers captivant. Mélangeant histoire, romance et suspense, les genres se confondent pour mieux s’appréhender. Amours contrariés, ambition démesurée, guerre d’indépendance, choc de la rencontre Orient-Occident : voilà des exemples des thèmes de prédilection de José Frèches.

La discipline qu’est l’histoire n’apparaît plus rébarbative et sans intérêt; on la trouve désormais bien actuelle et universelle. Par exemple, pendant qu’on lit l’Empire des larmes, on se passionne pour les stratagèmes et complots orchestrés au début du XIXe siècle.

Une promenade plaisante dans le pavillon de la France  DONG NING

Leçon d’histoire, leçon de vie

Lire des les romans de José Frèches est synonyme d’immersion dans l’univers de l’homme. Qui mieux que lui-même peut parler de José Frèches?

Qu’est-ce qui le fait vibrer?

La rencontre avec les autres, les belles choses et ceux qui les font, l’opéra, être surpris…

Quelle est sa philosophie?

Une des leçons de ma vie, c’est que les regrets ne servent à rien, les choses sont faites quand elles doivent être faites. Je ne suis pas un homme tourné vers le passé, mais un homme d’action et de désir, surtout préoccupé par ce qui va advenir.

Au-delà de sa passion pour l’histoire et la Chine, la flamme qu’il entretient pour la vie et l’humanité est l’une des raisons de sa notoriété internationale. Grâce à ses romans, on s’évade pour se divertir, mais aussi pour apprendre. Leçons d’histoire et leçons de vie, les livres de José Frèches sont indispensables dans toute bibliothèque.

Homme d’histoire, José Frèches n’en reste pas moins un homme d’actualité, bien ancré dans le présent. Dans le pavillon de la France à Shanghai, conçu par Jacques Ferrier et parrainé par l’acteur Alain Delon, la présence du sinologue est une véritable carte maîtresse, compte tenu de son impressionnant curriculum vitae.

Le dernier roman à ce jour, Les dix mille désirs de l’empereur, publié en 2009, est unique et il n’est pas une saga. Fidèle à son univers sensuel et sensible, il arrive à nous déconnecter de la véritable réalité pour nous perdre dans la sienne.

Rencontre avec l’auteur à Shanghai

Preuve de son engagement profond dans la promotion de l’Expo universelle de Shanghai auprès des médias, José Frèches a prononcé le discours d’introduction lors d’une table ronde organisée au pavillon de la France. En tant qu’« ami de la Chine » de longue date, il a été le témoin de l’incroyable évolution de la nation chinoise, qui est, selon lui, un « exemple de construction économique harmonieuse ». Bien que « tous sur le même bateau » dans le développement économique mondial, l’historien a rappelé le rôle pionnier et essentiel de la Chine, notamment dans le contexte des enjeux humanitaires.

José Frèches a gentiment accepté de nous consacrer un peu de son temps pour répondre à quelques questions. La consigne pour l’interview : ne parler que de l’Exposition de Shanghai!

D’après vous, pourquoi le président de la République française, M. Nicolas Sarkozy, vous a-t-il choisi comme commissaire général de la France à l’Expo de Shanghai? Et pourquoi avez-vous accepté cette tâche?

Je connais le président Sarkozy depuis près de trente ans. Ma passion pour la Chine a fait le reste. Lorsqu'il m'a proposé d'être le commissaire général de la France à l'Exposition universelle de Shanghai, je n'ai pas hésité une seconde à accepter un tel honneur.

Jusqu’à maintenant, qu’est-ce qui vous a le plus impressionné à l’Expo?

Ce qui m'impressionne le plus à l'Expo, c'est l'organisation de l'événement lui-même. Il y a tant de paramètres dont il faut tenir compte! Le résultat est là : impressionnant et gigantesque. Surtout la nuit, lorsque les pavillons sont éclairés, c'est vraiment féerique.

Quelles étaient vos attentes par rapport à l’Expo? Êtes-vous satisfait jusqu’à maintenant?

Mon but initial a toujours été de faire en sorte que le pavillon de la France plaise à un maximum de visiteurs. Nous sommes l'un des pavillons les plus visités. De ce point de vue tout au moins, mes attentes sont amplement satisfaites.

Si vous aviez à présenter, en une seule phrase, le pavillon de la France aux visiteurs, que diriez-vous?

Une promenade plaisante dans la France romantique.

Pour vous, que signifie le thème de l’Expo « Meilleure ville, Meilleure vie »?

Ce thème est essentiel pour les années à venir : faire en sorte que la vie dans les villes soit vivable, que les habitants des villes vivent en harmonie et soient heureux. C'est l'un des grands défis du monde à venir.

Quel rôle accordez-vous à l’Expo dans les relations sino-françaises?

L'effort consenti par le gouvernement français pour réaliser ce beau pavillon est une preuve concrète de l'importance que la France accorde au peuple chinois. C'est un geste fort. Le public le sait, et c'est ça qui est le plus important. Cela conforte la relation sino-française qui est ancienne et profonde, imprégnée de respect et d'admiration mutuels.

 

 

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