CHINAHOY

8-December-2009

L’œil dans les nuages,Alan Ross, photographe américain

En novembre dernier, le photographe américain Alan Ross a été l’invité spécial du XIIe Festival international de la photographie de Huangshan (Anhui). Rencontre avec un artiste amoureux de la nature et de la Chine.

Les monts Huangshan

«LES nuages me rendent heureux », confie Alan Ross, ébloui par la mer de brumes des monts Huangshan. Béret vissé sur la tête, trépied à l’épaule et caméra à la main, il prend son temps pour s’imprégner de l’esprit du lieu. L’œil alerte, il scrute l’horizon. Soudain, son regard s’éclaire : il a trouvé la scène idéale. Plantant son trépied, il déplie le soufflet de sa chambre photographique (modèle Arca Swiss) et cache sa tête sous un pare-soleil de tissu blanc. Cette attitude insolite surprend les visiteurs qui dégainent aussitôt leur appareil photo.

Objet d’attraction, l’homme ne se laisse pas déconcentrer pour autant. Son esprit est focalisé sur le ciel. « C’est une expérience physiquement incroyable que de contempler les monts Huangshan. Les nuages sont comme des mariées en robe blanche accouplées avec le ciel. » Alan Ross aime les images, même dans les mots. Pour lui, la photographie reflète une autre réalité. Dans cette perspective, le choix exclusif du noir et blanc est essentiel. « Les photos en noir et blanc font ressortir davantage les sentiments. C’est pourquoi, je me sens proche du style des peintres chinois. Comme eux, je recherche la simplification, la distillation de la réalité. Je tente d’extraire l’essence de ce qui est, plutôt que de montrer ce qui apparaît. » À l’image des maîtres du lavis, il prend son temps avant de passer à l’action. Peu lui importe la quantité. De son périple dans les monts Huangshan, il ne ramènera que cinq clichés.

Le village de Hongcun

Tout comme les peintres chinois, Alan Ross, 60 ans, a suivi les traces de son maître. Pendant plus de vingt ans, il a été l’assistant du grand photographe américain Ansel Adams (1902-1984), célèbre pour ses paysages de l’Ouest américain. À l’instar de l’œuvre de son aîné, ses photos se veulent un hymne à la nature. Le disciple a appris à transformer son regard. « Selon Ansel Adams, il valait mieux répondre ouvertement et spontanément aux émotions plutôt que de les intellectualiser. Les sentiments ne sont pas parfaits. Certains accordent trop d’importance aux détails techniques, si bien qu’ils en oublient le sens esthétique. Sa phrase fétiche était : La perfection est l’ennemie de la beauté. » L’élève a bien retenu la leçon. Au moment de déclencher la photo, il laisse ses sentiments le guider. « Tout ce que je fais, je ne le pense pas, je le ressens tout simplement, c’est intégré en moi, c’est inconscient. Mes mains font ce qu’elles veulent. »

Les monts Huangshan

Installé à Santa Fe dans le Nouveau Mexique, le photographe n’en est pas à son premier séjour dans l’empire du Milieu. « Lorsque j’étais enfant, le meilleur ami de mon père était Chinois. Le pays m’attirait déjà à l’époque. Quand j’ai eu la chance de visiter la Chine pour la première fois en 1981, j’ai été tellement impressionné par la beauté des paysages que je suis revenu l’année suivante. Actuellement, c’est mon cinquième voyage en Chine, et j’espère pouvoir revenir l’année prochaine, et encore après. »

Invité spécial du XIIe Festival international de la photographie de Huangshan en novembre dernier, Alan Ross commence à asseoir progressivement sa notoriété dans l’empire du Milieu. Amoureux de la Chine, il l’est encore plus de sa femme Juliette. Depuis plus de vingt ans, elle l’accompagne dans ses déplacements, l’assiste et l’aide à transporter son matériel qui pèse plus d’une dizaine de kilos. « Elle n’est pas jalouse. Elle aussi est heureuse quand je vois des nuages. »

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