CHINAHOY

6-April-2017

La Chine poursuit son ouverture

 

Chen Jian

 

ZHANG XIAO, membre de la rédaction

 

Dans le contexte du ralentissement de l'économie mondiale et de la dégringolade du commerce international, aggravés par la montée du mouvement antimondialisation et du protectionnisme commercial, la décélération de la croissance économique de la Chine est devenue un sujet de préoccupation majeure pour le monde extérieur, qui craint que le pays n'adopte une politique protectionniste.

 

Le 6 mars, Chen Jian, ancien vice-ministre du Commerce, a donné une interview à notre journaliste. Dans ses propos, il a souligné que la Chine demeure au palmarès des économies connaissant la plus forte croissance dans le monde et assuré que la politique de l'ouverture chinoise restera inchangée.

 

L'une des économies les plus dynamiques

 

Certains analystes étrangers parlent de la « récession » ou du « déclin » de l'économie chinoise. En réponse à ces mots durs, Chen Jian a déclaré : « À l'image de bien des choses, le progrès économique suit une évolution en dents de scie. La transition d'une croissance à plein régime vers une croissance moyennement rapide demande nécessairement un temps d'adaptation. Ce qu'il faut voir avant tout, c'est qu'une puissance économique aussi imposante que la Chine arrive à maintenir un taux de croissance au-dessus de 6 %, ce qui relève déjà de l'exploit. »

 

Ces dernières années, l'économie chinoise est entrée dans une ère de « nouvelle normalité ». Malgré un léger ralentissement, elle maintient une croissance moyennement rapide. Le 5 mars dernier, le premier ministre Li Keqiang a présenté le Rapport d'activité du gouvernement, précisant qu'en 2016, la Chine a vu son activité économique ralentie se stabiliser et afficher une tendance à l'amélioration. Le PIB chinois s'est établi à 74 400 milliards de yuans, soit une augmentation de 6,7 % sur un an. La Chine a ainsi contribué à l'essor de l'économie mondiale à hauteur de plus de 30 %. Ces agrégats impressionnants, cette croissance soutenue et cette forte contribution au développement mondial sont devenus les caractéristiques de l'économie chinoise sur le plan international.

 

Dans le même temps, le Rapport d'activité du gouvernement fixe l'objectif de croissance économique pour 2017 autour de 6,5 % à 7 %. Dans la conjoncture macroéconomique en proie à la pression à la baisse de l'économie chinoise et au marasme de l'économie mondiale, ce taux rassure la communauté internationale. Selon la plupart des observateurs internationaux, cette croissance économique avançant à un rythme raisonnable émet le signal que l'économie chinoise tend à progresser à pas assurés et que le gouvernement chinois continuera à promouvoir la réforme. D'après un article publié sur le site Internet de l'hebdomadaire allemand Die Zeit, ce chiffre de 6,5 % correspond au taux de croissance économique le plus faible enregistré par la Chine ces 26 dernières années ; toutefois, il va sans dire que la Chine, aujourd'hui deuxième puissance mondiale, demeure l'une des économies les plus dynamiques au monde.

 

Cap sur l'élargissement et l'approfondissement de l'ouverture

 

Souhaitant rassurer le monde qui redoute que la Chine freine le rythme de l'ouverture et prenne des mesures protectionnistes, Chen Jian a expliqué : « Bien que la mondialisation soit la grande tendance, il est tout à fait normal que ce processus connaisse des hauts et des bas. La poursuite de la mondialisation soulève notamment des inégalités que tous les pays s'emploient à réajuster par étapes. La Chine appelle toujours chaque pays à explorer sa propre voie de développement, en accord avec sa situation réelle. Comme l'a indiqué le président Xi Jinping, la mondialisation économique constitue une exigence objective pour le développement des forces productives, ainsi que le résultat inévitable des progrès scientifiques et techniques. La Chine ne reviendra donc pas sur sa politique d'ouverture. »

 

Selon Chen Jian, tout comme l'a avancé le premier ministre Li Keqiang dans sa présentation du Rapport d'activité du gouvernement, face aux mutations récentes du climat international et aux besoins nationaux en développement, la Chine va parfaire sa configuration stratégique en matière d'ouverture, accélérer la mise en place d'un nouveau système économique plus ouvert, et promouvoir l'approfondissement de l'ouverture pour la porter à un plus haut niveau. « Bien sûr, nous devons tenir compte des enjeux et des contradictions accumulés dans la marche économique actuelle, et les régler à travers la réforme du côté de l'offre. Nous sommes convaincus que ces problèmes pourront être résolus si nous persévérons dans l'ouverture et croyons fermement en notre système », a-t-il affirmé.

 

Quant aux propos prétendant que l'environnement d'investissement se détériore et que des fonds étrangers sont retirés de Chine, Chen Jian a répondu : « Ce n'est pas la réalité. Je ne trouve pas que l'environnement d'affaires se dégrade en Chine ; d'ailleurs, le volume des investissements étrangers enregistrés en Chine n'a pas diminué. »

 

Il a avoué néanmoins qu'une partie des capitaux étrangers est sortie de Chine. « Cela résulte d'un phénomène de déplacement progressif de certaines industries. Par exemple, au début de la réforme et de l'ouverture, la Chine a introduit bon nombre d'entreprises à forte densité de main-d'œuvre. Or, de nos jours, dans beaucoup de pays, le coût du travail est bien moins élevé qu'en Chine. Par conséquent, les entreprises de ce type délocalisent vers ces pays moins chers, en vertu des lois du marché. À l'heure actuelle, la Chine met l'accent sur l'accueil d'industries de haute technologie, car le secteur industriel chinois s'inscrit encore dans le moyen de gamme, et non dans le haut de gamme. Ainsi, les industries bas de gamme partent alors qu'arrivent les industries haut de gamme. Voilà pourquoi on constate un changement d'environnement des investissements étrangers en Chine. »

 

Chen Jian a ajouté : « Aujourd'hui, le volume des investissements chinois à l'étranger est énorme, mais nous devons continuer d'attirer les investissements étrangers chez nous. Considérer que nous n'avons plus besoin de capitaux étrangers au vu de notre impressionnante réserve de change serait un jugement arbitraire. »

 

Pour Chen Jian, la Chine a encore quelques cartes à jouer pour capter les investissements étrangers, par exemple : faire bénéficier les entreprises étrangères du traitement national, faciliter l'accès des capitaux étrangers au marché chinois et réduire encore le coût de production sur le territoire chinois. Le coût bas est l'un des éléments qui séduisent le plus les investisseurs étrangers. En dépit de la légère hausse du coût de la main-d'œuvre en Chine, notre pays possède d'autres avantages.

 

Par ailleurs, la Chine ne cesse d'ajuster son cadre juridique. « Tout comme l'a mentionné le premier ministre Li Keqiang dans le Rapport d'activité du gouvernement, améliorer l'environnement d'affaires pour l'accueil des investissements étrangers reste l'une des priorités de 2017 », a-t-il fait remarquer.

 

La « sortie des frontières », indicateur majeur du niveau d'ouverture

 

Pour les entreprises chinoises, « sortir des frontières » est un passage obligé dans le développement de l'économie orientée vers l'extérieur, mais aussi une condition nécessaire pour prendre part à la concurrence internationale, dès lors qu'elles sont devenues assez puissantes. Il s'agit là d'un indicateur majeur du nouveau niveau atteint par l'ouverture chinoise et d'un préalable requis si la Chine veut s'impliquer dans la mondialisation économique.

 

Chen Jian a toujours accordé de l'importance à l'internationalisation des entreprises chinoises. « La politique chinoise de la réforme et de l'ouverture, depuis ses débuts, comporte deux grands volets : "l'assimilation des atouts et talents étrangers" et "la sortie des frontières". Dans cette stratégie dite de "sortie des frontières", nous avons obtenu des résultats majeurs », a-t-il estimé. Selon lui, les entreprises chinoises qui ont franchi les frontières nationales ont pu acquérir un accès aux marchés étrangers, des ressources, des technologies ainsi que des réseaux de vente. En optant pour cette stratégie, elles ont élargi la marge de manœuvre dont bénéficie la Chine et favorisé le développement économique du pays. Parallèlement, les entreprises chinoises soutiennent, à travers leurs investissements et leurs activités commerciales à l'étranger, certains pays qui présentent un fort potentiel de développement économique mais qui manquent de fonds pour le libérer. Elles aident ces pays à résoudre les enjeux liés à l'emploi et à la fiscalité, tout en stimulant leur développement économique.

 

L'initiative des Nouvelles Routes de la Soie a accéléré la marche des entreprises chinoises vers l'internationalisation. Selon Chen Jian, afin de promouvoir cette initiative, le président Xi Jinping a avancé cinq axes : la communication politique, la connectivité des infrastructures, la fluidité des échanges commerciaux, la circulation des capitaux et la communion d'esprit entre les populations. Ces propositions reposent sur les principes de consultation commune, de construction conjointe et de partage. Il faut favoriser le développement de chaque pays en prenant pleinement en considération leurs intérêts respectifs, dans le but d'encourager le développement sain des échanges commerciaux régionaux par la voie des négociations et des échanges de vues entre les différentes parties. En bref, ces cinq axes plaident en faveur de l'ouverture.

 

Pour Chen Jian, ces cinq propositions renferment de grandes et belles idées, qui devraient avoir de profonds effets positifs sur le développement futur de la mondialisation. « Avec l'internationalisation accélérée des entreprises chinoises les plus performantes, les facteurs de production et les projets chinois prendront racine dans les pays d'accueil et deviendront une nouvelle force à même de promouvoir la coopération économique et commerciale sino-étrangère et de redynamiser l'économie mondiale », a conclu Chen Jian, confiant dans cette perspective.

 

 

La Chine au présent

 

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