CHINAHOY

6-April-2017

Les relations sino-japonaises en phase d’amélioration

 

Cheng Yonghua

 

CHEN JING, membre de la rédaction

 

La Chine a toujours placé ses relations avec le Japon, voisin d'importance en Asie, au rang de priorité dans ses actions diplomatiques. Pourtant, ces dernières années, les relations sino-japonaises sont tombées à un niveau très bas suite aux différends reposant sur des questions historiques et sur les îles Diaoyu. Mais depuis peu, les relations entre les deux pays entrent progressivement dans une phase d'amélioration, caractérisée par des échanges plus dynamiques entre les deux peuples.

 

En mars dernier, Cheng Yonghua, ambassadeur de Chine au Japon, nous a accordé une interview exclusive.

 

Une volonté des dirigeants d'améliorer les relations

 

L'année 2017 marque le 45e anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon. M. Cheng estime qu'il s'agit d'une date importante qui doit être synonyme de progrès des relations sino-japonaises. Il faut que les deux pays tiennent à cette occasion des activités de commémoration pour promouvoir le développement des relations sur tous les plans. D'après lui, le président chinois Xi Jinping et le premier ministre japonais Shinzo Abe ont chacun évoqué ce sujet lors de leur rencontre à Hangzhou en 2016. Le président Xi Jinping a déclaré que les relations sino-japonaises se trouvent à une période critique, où il est nécessaire de pousser les relations bilatérales vers l'avant pour qu'elles ne reculent pas.

 

Selon M. Cheng, ce 45e anniversaire des relations diplomatiques sino-japonaises offre également l'opportunité de stabiliser les relations entre les deux pays. « Xi Jinping a aussi rappelé, lors de cette rencontre, que la Chine et le Japon sont voisins depuis toujours et pour toujours, et qu'à ce titre, ils doivent s'efforcer de multiplier les facteurs positifs et de diminuer les facteurs négatifs. Shinzo Abe a directement soutenu le point de vue du président chinois. Ce consensus montre bien la volonté des hauts dirigeants des deux pays d'aborder un rapprochement. À présent, les gouvernements et la communauté civile doivent se donner les moyens de concrétiser ce souhait », a-t-il affirmé.

 

Selon M. Cheng, les deux pays doivent réfléchir à tout ce que cette normalisation des relations diplomatiques convenue il y a 45 ans a apporté à la Chine et au Japon d'aujourd'hui. Cette décision n'a pas été prise à la légère. Les deux parties ont mené des discussions sur nombre de questions majeures avant de définir des principes et des règles devant être respectés par chacun des pays. Au cours de leurs 45 ans de relations, la Chine et le Japon ont ensemble élaboré quatre grands textes politiques, à commencer par la Déclaration conjointe de 1972. Par ailleurs, en 2014, les deux parties sont parvenues, après des négociations, à un consensus en quatre points portant sur les problèmes survenus ces dernières années. Il s'agit là de règles fondamentales qui régissent le développement des relations entre les deux pays et qui sont propices aux contacts bilatéraux.

 

Cheng Yonghua a expliqué que, en cas de différend, les deux parties sont tenues d'en discuter pour trouver des solutions et d'observer les règles y afférentes. « Actuellement, il faut empêcher certains individus, notamment du côté japonais, de semer le trouble ou d'envenimer des problèmes existants dans leur intérêt personnel, des actes qui mettent en péril les règles établies », a-t-il décrit.

 

M. Cheng a reconnu que les relations sino-japonaises affrontent des temps difficiles ces dernières années. Une période complexe criblée de problèmes fréquents, qui a conduit à un désamour progressif des deux peuples, chacun ayant une opinion de moins en moins favorable l'un envers l'autre. Cette question mérite d'être traitée avec attention : « Il est urgent de promouvoir les échanges directs entre les différents milieux de la société afin de renforcer la compréhension mutuelle entre les deux populations, laquelle servira de socle à l'amélioration des relations entre les deux pays. »

 

La fermeté face aux fauteurs de troubles

 

Les revendications territoriales demeurent un thème sensible dans les relations sino-japonaises, qui exigent une certaine précaution. À ce sujet, Cheng Yonghua a rappelé que les dirigeants des deux pays ont évoqué les questions sur la mer de Chine orientale, y compris celle concernant les îles Diaoyu, dans la Déclaration conjointe publiée en 1972. À l'époque, la Chine et le Japon étaient parvenus à un accord tacite sur ce différend et avaient déterminé l'orientation à suivre pour régler ce problème. Puis, les deux parties avaient également abordé cette question lors de la ratification du Traité de paix et d'amitié sino-japonais de 1978. Mais dernièrement, il en est qui, délibérément, cherchent à faire du tapage autour de cette affaire pour attiser les problèmes.

 

« Nous ne laisserons pas certains individus jouer les fauteurs de troubles et défendrons résolument la souveraineté territoriale de notre pays, a assuré M. Cheng. Les îles Diaoyu font partie intégrante du territoire chinois. Nous disposons de preuves irréfutables pour le justifier. Le Japon s'est emparé illégalement de ces terres en 1895 et de fait, nous ne reconnaissons pas le soi-disant contrôle que le Japon exerce sur les îles Diaoyu. Sur fond de ce différend, les deux parties ont atteint, en 2014, un consensus de principe en quatre points, le troisième point concernant le dialogue autour des îles Diaoyu et les litiges en mer de Chine orientale, ainsi que l'instauration de nouvelles règles directrices. Deng Xiaoping avait préconisé, longtemps avant, de mettre de côté ce différend pour le traiter plus tard. Aujourd'hui, nous devons redoubler de vigilance sur ces problèmes. Nous ne pouvons laisser des politiciens japonais ou d'autres individus créer du tumulte en rabâchant ces controverses et en exacerbant les désaccords, voire en colportant la soi-disant théorie de la menace chinoise. Nous devons absolument prévenir et mettre un terme à ces agissements qui visent à saboter les relations sino-japonaises. »

 

Des échanges directs fort utiles

 

En dépit de ces différends historiques et territoriaux qui persistent entre la Chine et le Japon, le gouvernement chinois ne ménage pas d'efforts pour multiplier les échanges et renforcer l'amitié entre les deux peuples. Selon les données fournies par Cheng Yonghua, le nombre de voyageurs chinois au Japon augmente d'année en année. Il s'élevait à 6,37 millions en 2016, et sur janvier 2017, affichait une hausse de l'ordre de 30 %. Favoriser le tourisme est ainsi un bon moyen de promouvoir les échanges directs entre les deux peuples et de renforcer la compréhension mutuelle.

 

L'ambassade de Chine au Japon a organisé une variété d'activités pour aider la population japonaise à mieux comprendre les véritables valeurs de la Chine. L'ambassadeur Cheng en personne et d'autres hauts diplomates chinois se sont rendus dans les amphithéâtres d'universités japonaises et y ont tenu des discours devant des centaines, parfois un millier, d'étudiants. En outre, l'ambassade de Chine au Japon œuvre activement à promouvoir la communication entre les collectivités locales des deux pays. Grâce à ce travail, les liens entre les villes jumelles ont connu un développement substantiel ces dernières années : se définissant au début par des visites et des échanges entre les gouverneurs de province chinois et les préfets japonais, ils se traduisent aujourd'hui par de multiples projets de coopération mutuellement bénéfiques dans divers domaines. Cette situation profite directement au développement socio-économique local, en Chine comme au Japon.

 

Quant au Japon, il invite chaque année des jeunes chinois, quel que soit leur parcours, à y venir un certain temps, l'objectif étant de soutenir les échanges entre les jeunes des deux pays. De même, ces dernières années, l'ambassade de Chine au Japon organise régulièrement des voyages en Chine s'adressant aux étudiants japonais. À leur arrivée en Chine, ces jeunes japonais peuvent constater de leurs propres yeux le développement tous azimuts que connaît la Chine, arpenter les lieux pittoresques sur le territoire et visiter les monuments historiques. La plupart d'entre eux découvrent que la Chine est en réalité bien différente de l'image qu'ils en avaient avant de venir, et témoignent un profond intérêt pour l'histoire et la culture chinoises. « Selon moi, ces échanges directs sont fort utiles pour maintenir les relations sino-japonaises et j'espère qu'ils se multiplieront à l'avenir », a résumé M. Cheng.

 

Un développement durable et stable à préserver

 

Cheng Yonghua est, pour l'heure, celui qui a exercé ses fonctions le plus longtemps parmi les onze ambassadeurs de Chine au Japon qui se sont succédés depuis la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Interrogé sur l'avenir des liens Chine-Japon, il a indiqué que le consensus en quatre points négocié par les deux parties en 2014 a permis de remettre les relations bilatérales sur la voie de l'amélioration. Cependant, malgré cette avancée, il existe encore un grand nombre de sujets complexes et sensibles.

 

Comme cette année marque le 45e anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon, l'ambassadeur Cheng souhaite que les deux parties, en cette année riche en commémorations, travaillent à favoriser les échanges entre les deux pays dans un éventail de domaines et à accélérer le progrès de leurs relations.

 

Sur le plan économique, l'ambassadeur Cheng est d'avis que les capacités industrielles de la Chine se sont perfectionnées dans l'ensemble, approchant désormais le niveau japonais. Dans ce contexte, les deux parties peuvent plus aisément développer leur coopération et leur complémentarité. Par exemple, la Chine peut s'inspirer de l'expérience japonaise pour vaincre certaines de ses difficultés ; dans le même temps, l'essor de l'économie chinoise ouvre de nouvelles opportunités de développement à l'économie japonaise.

 

Dans le secteur culturel, le rapprochement des deux pays est également très prometteur. Rappelons que le Japon continue d'utiliser les caractères chinois pour écrire sa propre langue et reconnaît la valeur de la culture traditionnelle chinoise. Il faut donc multiplier les échanges culturels et conforter la compréhension mutuelle entre les citoyens chinois et japonais. Il importe également d'intensifier la communication entre les deux peuples pour qu'ils apprennent à mieux se connaître et deviennent même bons amis, une base nécessaire à l'amélioration des relations Chine-Japon.

 

 

La Chine au présent

 

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