SEPTEMBRE 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

La citerne de secours
Lutter contre la pauvreté
Changer des vies, une communauté à la fois

Changer des vies, une communauté à la fois

L’Institut du développement du Yunnan s’attaque au problème de la pauvreté dans cette province, l'un des plus pauvres de Chine

JENNY LEAL

 

Ben Nixon a une décennie d’expérience de travail au sein des O.N.G. dans les pays en développement, mais il dit que son année de travail à l’Institut de développement du Yunnan est celle ayant été la plus enrichissante jusqu’à maintenant.

Durant sa période de volontariat, cet Australien, titulaire d’un diplôme en développement rural et d’une maîtrise en développement communautaire, a principalement aidé l’Institut à fonder huit établissements préscolaires dans les villages isolés des ethnies minoritaires afin de préparer les enfants à l’école primaire.

Le Yunnan est l’une des provinces les plus pauvres de Chine, et la mise en place d’établissements préscolaires dans la région de Daxi est seulement l’un des nombreux projets de l’Assistance à l’enfance de l’Institut, lesquels ont pour but d’améliorer la vie des enfants en améliorant leur environnement global. C’est la clé pour changer les piètres conditions dans la région où le projet est implanté : les districts montagneux éloignés de Eshan et de Xinping.

Il n’y a pas de routes ou de transports en commun acceptables, il n’y a qu’un seul téléphone au comité du village, et les postes de télévision et de radio sont chose rare. Les gens du village sont des Shansu, une branche peu importante des Yi, et 90 % de la population ne peut parler que sa propre langue. La plupart des jeunes sont illettrés et ne communiquent que très rarement avec des gens de l’extérieur de leur communauté, un obstacle important à l’amélioration de leur vie et à leur enrichissement.

Les villageois invitent les volontaires à goûter de l'eau puisée de la citerne.

Mais grâce à la mobilisation et à l’édification des capacités des gens de l’endroit pour trouver des solutions durables à la pauvreté, aux soins de santé inadéquats, à l’illettrisme et à la destruction de l’environnement, l’Institut, bien qu’à ses tout débuts, travaille avec l’aide de volontaires comme Ben, une étape à la fois, à améliorer des vies.

« Je trouve que mon temps est employé efficacement à l’Institut, dit Ben, car ce projet, comme la plupart des autres, a été mené avec des fonds limités, tout en s’en remettant fortement à la mobilisation communautaire. »

Par exemple, pour les huit établissements préscolaires, les édifices ont été achetés et réparés, on a trouvé des enseignants dans les villages et on les a formés avec un budget de moins de 3 000 dollars australiens, incluant les salaires des enseignants, pour la première année.

« Ce qui est le plus encourageant, c’est qu’à la suite de la période de soutien de 12 mois, les villageois assument maintenant la responsabilité financière et de gestion des établissements préscolaires », déclare Ben.

Pour sa part, la professeur et coordonnatrice de projet, Élisabeth Axelsen, du Danemark, dit que ces écoles sont encore dans une période de transition par rapport à une participation communautaire accrue, et c’est ce qui rend l’Institut unique et efficace. Son objectif est de faire en sorte que les projets soient exploités indépendamment à court terme, et de ne mener que les projets que les villageois jugent nécessaires.

Le projet de l’école était un besoin évident, car au Yunnan, il y a beaucoup de décrocheurs scolaires en raison de leur faible maîtrise du chinois et des piètres compétences sociales; toutefois, Élisabeth dit que les autorités ont fait un bon travail pour rendre l’école accessible aux enfants. Avec l’ouverture des écoles, les enfants d’âge préscolaire sont maintenant entrés en 1re, 2e et 3e années, et ils sont beaucoup plus sociables et vifs; ils apprennent le chinois rapidement et sont plus serviables, disent leurs parents.

Selon les dires d’Élisabeth, une autre méthode employée pour réduire la pauvreté a été de suggérer aux femmes de coudre des petits sacs qu’elles vendent ensuite. Les femmes étaient réticentes au début, puis elles ont été surprises lorsqu’elles ont reçu de l’argent pour la première fois et qu’elles ont eu d’autres commandes. De plus, on a essayé d’enseigner aux paysans les façons de gagner de l’argent autrement qu’en produisant du tabac, en leur donnant des séminaires de formation sur la culture des noyers.

Il y a aussi des projets pour améliorer l’environnement : par exemple, dans les régions sensibles aux glissements de terrain. L’hygiène est aussi un autre gros problème dans les régions rurales du Yunnan, et beaucoup d’écoles, et parfois des villages entiers, n’ont pas de WC. Lorsque l’équipe de l’Institut a suggéré d’en construire, selon les dires d’Élisabeth, les villageois ont d’abord pensé qu’ils étaient cinglés et n’en voyaient pas la nécessité.

L’objectif ultime de chaque projet consiste à rendre les gens de la communauté capables d’améliorer eux-mêmes leurs conditions d’ici à trois ans. « Ils ne seront jamais riches, mais si nous pouvons améliorer des vies, si les enfants peuvent recevoir une éducation, ce sera super », déclare Élisabeth.

Cette dernière travaille avec l’Institut depuis deux ans, et avec son partenaire, International Humana People to People, depuis sa fondation en 1978. Assistance à l’enfance est un projet de Humana qui compte actuellement 26 projets de la sorte dans le monde.

L’Institut n’a que deux ans et demi, mais il est reconnu par le département de l’éducation du Yunnan. Il a été établi au titre d’une coopération sino-étrangère en éducation entre le Collège de formation des enseignants de Yuxi et le TG Asian Institute; il travaille en étroite collaboration avec les autorités locales de Yuxi, ainsi qu’avec celles des districts ruraux qui en relèvent. Il y a deux Danois qui travaillent à temps plein au projet et les autres sont Chinois.

Les volontaires d’un peu partout dans le monde sont toujours les bienvenus et nous avons besoin d’eux; selon Élisabeth, un autre aspect unique et intéressant de l’organisation est que quiconque peut « participer tel qu’il est », la seule chose qu’on exige des volontaires étant qu’ils aient plus de 18 ans.

Les volontaires passent les premiers six mois à apprendre des notions sur le développement et sur la manière de l’enseigner, à acquérir de l’expérience en gestion, en direction et en coopération. Les six mois de travail consacrés au projet se passent au Yunnan, en travaillant avec les gens locaux sur la manière d’améliorer leur vie de différentes façons. Les deux derniers mois du programme sont consacrés à du travail d’information dans un sens large. « Les compétences théoriques ne suffisent pas, dit Élisabeth. Ainsi, la moitié de l’éducation à l’Institut concerne des expériences pratiques.

Une équipe a commencé son travail en juillet, l’autre, ce mois-ci. Les volontaires doivent amasser leurs frais de scolarité eux-mêmes Ils sont de 9 800 RMB pour les Chinois, et de 2 000 $US pour les étrangers. Jusqu’à maintenant, personne n’a eu de problème à trouver cette somme. La nourriture et l’hébergement sont chargés en sus, mais ils sont bon marché au Yunnan.

Cette expérience ne s’adresse pas seulement à des jeunes, dit Élisabeth, mais aussi à tous ceux qui aimeraient changer de carrière et faire quelque chose pour aider la Chine. À l’heure actuelle, l’Institut acquiert de plus en plus de notoriété, et les gens du Yunnan l’apprécient, car ils constatent que leur vie est en train de changer.

Le site Web de l’Institut du développement du Yunnan offre davantage d’informations : www.volunterrchina.org

Jenny Leal est une consultante étatsunienne en langue anglaise auprès de l’Agence de presse Xinhua.