Novembre 2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Les jeux Olympiques de Beijing gagneront

ou perdront de l’argent

Wang Qishan, maire de Beijing, reçoit le drapeau des jeux Olympiques. Dix premiers magasins autorisés à vendre des articles spéciaux des jeux Olympiquesde Beijing.
Les marionnettes de vedettes sportives se vendent bien à Nanjing (sur la photo : Yao Ming, basketteur chinois). Le stade des sports en forme de nid d’oiseau est l’un des travaux des jeux Olympiques de 2008.

Presque tout le monde estime que les jeux Olympiques gagnent de l’argent, mais la réalité prouve que ce n’est pas exact. Lors des jeux Olympiques de Los Angeles, personne ne voulait louer un bureau au comité d’organisation des JO, de peur qu’il ne soit capable de payer le loyer. Les jeux Olympiques de Montréal en 1976 ont accusé une perte de plus de 1 milliard de dollars américains. Les quinze jours des Jeux ont rendu cette ville lourdement endettée pendant vingt ans. Par conséquent, certains pays qui étaient en train de demander l’organisation des jeux Olympiques à ce moment-là se sont retirés volontairement de la candidature. On peut voir par là que l’échec économique est l’obstacle qui empêche le développement des jeux Olympiques.

L’histoire de la perte de l’argent a pris fin aux jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. Sans aucune aide financière du gouvernement, les jeux de cette fois-ci ont gagné 225 millions de dollars US.

Les jeux Olympiques de Los Angeles ont redonné aux pays candidats l’espoir de gagner de l’argent. Mais les jeux d’Athènes ont reconnu des pertes à cause des dépenses de toutes sortes s’élevant à dix milliards d’euros, ce qui inquiétera les Chinois qui organiseront les 29e jeux Olympiques en 2008.

Athènes : exemple ou leçon ?

Lors des jeux Olympiques d’Athènes, on ne voyait  que des paroles de salutation sélectionnées par le comité d’organisation des jeux sur les banderoles ou les panneaux publicitaires dressés partout dans la ville. Seulement, par cela, on peut sentir la conception culturelle propagée à Athènes.

Après plus de 100 ans de voyage dans le monde, les jeux Olympiques modernes sont retournés à Athènes, leur lieu de naissance, et ils sont déjà inévitablement empreints de marques commerciales. Mais les Grecs se sont efforcés de laver la couleur commerciale sur la torche olympique. Ils cherchaient activement le point équilibre entre la tradition olympique et l’intérêt commercial. Pour diminuer le plus possible l’odeur commerciale, le comité d’organisation des jeux Olympiques d’Athènes a choisi l’organisation des jeux par le gouvernement.

L’histoire olympique a enregistré des cas où le gouvernement de certains pays a gagné de l’argent à travers les jeux. Les jeux de Séoul en 1988 sont un exemple. Peut-être Athènes avait-elle l’intention d’organiser des jeux purement culturels, mais dans la situation actuelle où le coût d’organisation est devenu de plus en plus élevé, cette ville a perdu de l’argent.

Les jeux Olympiques d’Athènes se sont efforcés de créer un environnement commercial « purifié », le nombre de sponsors, tellement modeste, a créé un nouveau record dans l’histoire des jeux Olympiques depuis ces dernières années. Selon la tradition, les panneaux publicitaires sur la place des compétitions sont toujours les meilleurs moyens pour remercier les partenaires, mais sur les lieux des compétitions des 28e jeux Olympiques, on voyait seulement des panneaux de logo et des mots d’ordre des jeux Olympiques.

Ce serait impossible de faire la publicité à l’extérieur des palais des sports, même si les entreprises voulaient payer. Pour organiser les JO non commerciaux, la méthode du comité d’organisation des jeux Olympiques d’Athènes donne lieu à des réflexions. Avant l’ouverture des jeux, on a enlevé plus de dix mille panneaux publicitaires dans la ville pour éliminer la « pollution visuelle ».

D’après M. Fang Fuqian, professeur d’une école, « Organiser les JO en se conformant à son esprit revêt une signification importante, mais du point de vue économique, l’organisation non commerciale n’est pas une méthode intelligente. »

Du Wei, directeur adjoint de l’association de la recherche sur l’économie des jeux Olympiques de Beijing, a ainsi estimé les actions d’Athènes : « Chaque pays, chaque ville a sa propre conception. L’organisation non commerciale et purifiée est la conception d’Athènes. Pourtant l’histoire n’est pas la réalité. En plus de faire valoir l’esprit sportif, les JO sont inévitablement entrés dans une époque commerciale. Au lieu de refuser le commerce, les JO d’aujourd’hui doivent chercher un point de jonction entre les jeux et le commerce. Bien qu’on ne gagne pas d’argent aux JO d’Athènes, on a réussi à trouver le moyen d’économiser de l’argent. Transformer le vieil aéroport en palais de basket-ball et en palais d’escrime est un brillant exploit. Le retardement du temps d’achèvement des travaux de construction des palais de sports peut économiser les frais de l’entretien. Les habitants de la ville d’Athènes ont été mobilisés pour louer leur maison aux touristes, ce qui a résolu le problème de l’insuffisance des lits des hôtels et a aussi rapporté des revenus aux habitants.

Beijing : Qui peut gagner de l’argent ?

Le 1er septembre 2003, dans une cérémonie, Jacques Rogge, président du Comité international olympique et Liu Qi, président du comité d’organisation des JO de Beijing, secrétaire du comité du Parti de la ville et membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois, ont conjointement ouvert la serrure dorée en forme de monnaie chinoise ancienne, ce qui symbolise l’ouverture de la porte du marché des JO de Beijing. L’ouverture de cette porte aux entreprises internationales signifie le commencement de la guerre commerciale des JO.

L’odorat de l’entreprise est toujours très fin. En fait, lorsque la nouvelle de la réussite de la candidature de l’organisation des JO venait d’être annoncée, certaines entreprises se sont mises en action. Jusqu’à maintenant, certains projets d’immobiliers profitent de cette occasion pour élever le prix de l’immobilier.

Peu après la fin des JO d’Athènes, l’entreprise de Yangzhou qui a été chargée de produire 2 millions de mascottes des JO, a visé déjà le marché des jeux de Beijing. Actuellement, elle est en train de faire des préparatifs pour obtenir le bulletin de commande.

Il est tout à fait normal que les entreprises gagnent de l’argent, mais les individus ne veulent pas non plus perdre de l’argent. Lorsqu’on demande à Kong Li, étudiant de l’école normale supérieure du Shaanxi, si les jeux de Beijing devront gagner de l’argent ou non, il n’hésite pas à répondre : « Oui, bien sûr, il faut gagner de l’argent. Plus on gagne, plus c’est un succès. »

Il y a des gens qui veulent faire du commerce. Un jeune homme compte faire la présentation de la fabrication des baguettes artisanales et les vendre aux touristes étrangers sur place. « C’est faire coup double, on fait valoir la culture culinaire chinoise tout en gagnant de l’argent », a-t-il dit.

Quelle est l’attitude du gouvernement à cet égard ? Le montant global de l’investissement dans les JO de 2008 atteindra 1 500 milliards de yuans, dont la plupart proviennent du gouvernement. C’est un investissement énorme. Il faut absolument penser aux rémunérations. Le jour de l’obtention de la candidature de l’organisation des JO de 2008, on comptait faire de ces jeux les meilleurs jeux. Finalement la raison l’emporte sur la vanité. Lorsque le JO d’Athènes étaient en train de se dérouler, Beijing a déjà commencé le mouvement pour amincir l’envergure des travaux des palais de sports. En plus du stade en forme de nid d’oiseau qui a été le premier à subir cet amincissement, presque tous les travaux doivent être revus.

Organiser les jeux avec économie est déjà devenu un principe directeur pour les JO de Beijing. Selon les informations actuelles, le coût de construction du stade « nid d’oiseau » est descendu de 4,2 milliards de yuans à 2 milliards de yuans. On estime que le projet d’amincissement pourra économiser un milliard de yuans. Mais le projet final sera arrêté au mois de mai de l’année prochaine. Ce projet consiste essentiellement à réduire l’envergure des travaux et à changer la structure architecturale.
Le contenu principal de ces mesures de réajustement comprend trois points : premièrement, tout en assurant la qualité des travaux, il faut en faire baisser le coût au maximum; deuxièmement, il faut augmenter le taux d’utilisation des ressources actuelles ; troisièmement, il faut remettre à plus tard la date de l’achèvement des travaux de certains palais de sports aux fins de diminuer le coût de construction. La date de la finition prévue pour la fin de 2006 sera remise en 2007.

Tout en profitant de l’expérience d’Athènes, Beijing ne néglige pas de gagner de l’argent. En 1999, Beijing a proposé que les recettes budgétaires des JO atteindront 1,625 milliard de dollars américains. « Vu l’enthousiasme de l’investissement des entreprises chinoises et étrangères sur le marché olympique, ce budget est encore prudent. À ce moment-là les recettes réelles seront beaucoup supérieures, » a exprimé Hein Verbruggen, président de la commission de la coordination des 29e jeux Olympiques relevant du CIO.

Selon les dires de Jacques Rogge, président du CIO en février, désormais les pays organisateurs des J.O. obtiendront une plus large part des recettes de télédiffusion du CIO. La Chine, en 2008, recevra environ 240 millions USD de gains de télédiffusion, avec une augmentation de 30 millions USD par rapport aux Jeux d’Athènes.

Le secteur tertiaire prend une place prédominante parmi les industries concernées par les J.O. Les experts estiment que les Chinois y gagneront 3 billions de yuans de profits, dont une moitié viendra du secteur tertiaire. En ce qui concerne les services qu’exigeront les Jeux, il reste encore beaucoup à faire pour la ville de Beijing. D’où la nécessité impérative de former du personnel compétent du secteur. Par ailleurs, les Jeux de Beijing attireront beaucoup d’investissements étrangers, qui se dirigeront principalement vers la nouvelle industrie que sont les services.

Du slogan soulignant l’« excellence » des XXIXe Jeux à celui qui exige l’« économie », il y a un changement considérable, digne d’attention et de commentaires. S’y voit le pragmatisme des Chinois. Selon Liu Qi, président du Comité d’organisation pour les jeux Olympiques de Beijing (COJOB), « l’économie ne veut pas dire que le niveau des travaux de préparation s’abaisse », « le principe d’économie et la qualité des Jeux ne sont pas contradictoires ». La dimunition des frais de construction du stade « nid d’oiseau » susmentionné n’affectera pas la qualité de sa conception de style exceptionnel. Bref, les Chinois espèrent tirer le plus de bénéfices que possible de cet engagement financier. 

Les gains des jeux Olympiques depuis 1984

Les J.O. de Los Angeles en 1984 : 250 000 000 USD

Les J.O. de Séoul en 1988 : 300 000 000 USD (record de gains des J.O. gouvernementaux)

Les J.O. de Barcelone en 1992 : 5 000 000 USD

Les J.O. d’Atlanta en 1996 : 10 000 000 USD

Les J.O. de Sydney en 2000 : 1 756 000 000 USD

Les J.O. d’Athènes de 2004, au lieu d’avoir des profits, ont connu des pertes. On n’a pas encore évalué le montant de celles-ci.

 

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Plus d’efforts, plus de médailles d’or

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