AVRIL 2004

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Une vieille maison tibétaine

CHEN XIAOBO

Le visage est sillonné de rides, mais il est empreint de calme.

Binada, une Tibétaine de 62 ans, laisse une impression profonde : elle travaille sans arrêt du matin au soir, en portant son petit-fils sur son dos.  Son visage est sillonné de rides, mais il est empreint de calme.

Sa famille se trouve dans le bourg de Jiantang de Shangri-la (autrefois Zhongdian) de la préfecture de Dechen (Diqing) du Yunnan. Depuis les plus de 40 ans qu’elle est mariée, Binada habite cette vieille maison, mais a dû en déménagé quelques fois, de sorte qu’elle éprouvé un vif sentiment à l’égard de cette vieille demeure. La maison est haute et vaste et de style simple. Sa structure recherchée tire bien profit des matériaux. Bien que cette maison ait subi les vicissitudes du temps, elle est connue encore à Zhongdian pour son aspect imposant. Cette maison comporte deux étages : en haut, au centre, se trouve une grande salle de près de 200 m2. C’est l’endroit où la famille se chauffe, prend les repas et accueille les hôtes. La salle est entourée par 5 -6 chambres de 20 à 50 m2. Binada en occupe une, et ses trois enfants, qui sont mariés, ont installé leur foyer dans les autres.

Maintenant, Binada et ses descendants passent une vie calme et aisée. Elle connaît très bien l’importance de la culture. Dans les années dures, Binada avait pris une décision : ses trois enfants devaient terminer leurs études secondaires. Aujourd’hui, elle place ses espoirs dans la troisième génération. Cette famille possède trois voitures, des motos, trois téléviseurs et autres appareils ménagers et électroniques comme un lecteur de vidéocassettes, une machine à laver, un aspirateur, un autocuiseur, etc. Sa fille ainée, Songliqiong, a ouvert une boutique d’objets d’usage courant et d’art à Zhongdian. Ses deux gendres font du commerce. Son fils Songwanbao, âgé de 24 ans, est guide touristique. Il a acheté une jeep, ce qui l’aide à emmener les touristes étrangers en excursion à la gorge Hutiao, située à quelques dizaines de kilomètres. L’année dernière, il s’est marié. Son épouse est une institutrice de 22 ans de l’école primaire du bourg. Sa chambre est installée tout près de la grande salle. À part la photo de mariage de grand format des nouveaux mariés, vêtus à la façon tibétaine traditionnelle, cette chambre a une touche moderne avec ses meubles et ses électroménagers : le grand lit confortable, le canapé et les fauteuils, le cinéma maison, le lecteur DVD, le buffet, ... font constraste avec la grande salle. Celle-ci, sous la lumière sombre, exhibe un gros pilier au centre, un brasero, une niche de bouddha, un plancher poli par le temps et un four à cinq buses qui crache tout le temps de la fumée...

Deux enfants de la troisième génération de Binada font leurs devoirs.

La cour de la maison est entourée par un mur haut et épais. Chaque année, on en fait l’entretien à l’aide d’une mélange de boue et d’herbe. Le mur d’enceinte a un mètre d’épaisseur et on peut y marcher. Au crépuscule,  de ce mur, on a un magnifique panorama du plateau de Dechen. La prairie offre une image simple, mais de prospérité. Les maisons en bois de style tibétain ressemblent à des points étoilés sur une image impressioniste, la fumée des cheminées de cuisine s’élève en volutes. Tout près, la voisine de Binada, également une Tibétaine, est dans la cour ; elle m’a salué de la tête en souriant, quelques boeufs marchent  lentement sur leur chemin du retour...