CHINAHOY

1-June-2017

Un architecte chinois œuvre pour la renaissance urbaine

 

En 2013, Wu Chen présente à des architectes étrangers le plan de revitalisation de Dashila'r.

 

AN XINZHU, membre de la rédaction

 

Wu Chen, architecte urbaniste de Chine et spécialiste de la protection de la vieille ville, est l'auteur de nombreux projets urbains en Chine, notamment, la construction du Zun de Chine – plus haute tour de Beijing –, la protection de la physionomie de la vieille ville de Beijing, la conception des gares de quatrième génération, ainsi que d'autres travaux qui laissent ou laisseront des marques profondes dans l'histoire architecturale de Chine.

 

Pékinois de souche, Wu Chen est parti étudier au Royaume-Uni en 1995. Il est le premier architecte de la partie continentale de la Chine à avoir reçu des titres professionnels internationaux très prestigieux tels que « Chartered Builder » et « Chartered Construction Manager ». Rentré au pays en tant qu'expert invité dans le cadre du programme « Mille talents », il est architecte en chef à l'Institut de conception architecturale de Beijing.

 

Un retour au pays animé par le rêve de la renaissance urbaine

 

« Les activités des gens sont déterminantes pour la vie urbaine, mais de nombreuses villes chinoises n'en avaient pas conscience durant la période de développement rapide », dit Wu Chen. En Europe, on est assez prudent en matière de planification urbaine et plutôt strict en ce qui concerne la protection de la ville. Au contraire, en Chine dans les années 2000, les grandes villes se sont aveuglément dotées de constructions sculpturales et colossales, de sorte que Beijing s'est réduit à n'être plus qu'un terrain d'essai pour les architectes étrangers. Wu Chen a publié des articles pour critiquer ce phénomène et a décidé de rentrer dans son pays pour construire des bâtiments de style chinois. Durant son séjour à Londres, il a participé à la conception de nombreux grands projets, tels que les nouveaux bureaux du siège du ministère britannique de l'Intérieur. Il a observé les transformations que les vieilles villes anglaises ont connues au XXIe siècle : une fois les grandes usines à l'abandon, les ateliers et les vieux bâtiments ont été transformés et revalorisés plutôt que de devenir des déchets urbains. Le concept de « renaissance urbaine » proposé au Royaume-Uni dans les années 80 a beaucoup influencé Wu Chen qui a vu dans l'histoire de l'évolution de la ville de Londres l'importance de l'héritage culturel d'une ville. Selon lui, la renaissance urbaine et la Renaissance historique ont des points communs parce qu'elles recherchent toutes deux le syncrétisme parfait entre le monde spirituel et le monde matériel. Cette idée a façonné dans un certain degré sa réflexion sur la conception architecturale et l'urbanisme après son retour au pays.

 

Nostalgique, Wu Chen a mis en pratique ses idées de renaissance urbaine à Beijing. Depuis 2001, il a été le promoteur actif du recours à l'innovation technologique dans le domaine de la conception urbaine pour les travaux de construction. En 2002, il a proposé la « théorie de renaissance urbaine chinoise » qui propose une interprétation et une résolution des nouveaux problèmes qui surviennent dans le développement urbain contemporain.

 

Donner au charme traditionnel un souffle de modernité

 

Depuis une dizaine d'années, Wu Chen et son équipe se sont lancés dans la recherche et la conception urbaine pour la vieille ville de Beijing, qui couvre les principaux quartiers historiques et culturels, entre autres, l'axe du Nord, Dashila'r, le temple Baita, Shichahai, Nanluoguxiang, la zone est de Qianmen, etc.

 

Wu Chen s'en tient toujours au principe de « protection active, création globale, renaissance complète », afin de maintenir et rétablir le style et les caractéristiques traditionnels, de faire perdurer l'héritage historique, et de promouvoir le développement sain et durable de la capitale.

 

Nanluoguxiang est l'un des plus vieux quartiers de Beijing, mais aussi une rue très marquée par la culture du Beijing d'antan. Malheureusement, ces dernières années, pour attirer plus de touristes, des commerçants ont bâti des constructions de façon arbitraire et illégale. Wu Chen et son équipe ont nourri une longue réflexion sur la façon de redonner à la rue sa physionomie d'autrefois. Ils ont récemment élaboré les Règles sur la gestion et le contrôle du style du quartier Nanluoguxiang, premiers critères locaux de Beijing sur la protection de la vieille ville, comprenant des plans détaillés sur la transformation de chaque cour, la taille des fenêtres ou même le style général du quartier.

 

Pour Dashila'r, la tâche s'avère particulièrement compliquée. En effet, ce centre commercial de la vieille ville situé à 200 mètres de la place Tian'anmen est un lieu touristique de Beijing. Mais depuis l'an 2000, avec l'émergence des zones commerciales modernes voisines, cette zone ancienne connaît un véritable déclin.

 

Pour revitaliser le vieux Dashila'r, Wu Chen et son équipe se sont consacrés pendant une dizaine d'années à l'élaboration d'un plan qui comprend une dizaine de révisions. Ils ont soigneusement mesuré et évalué chaque maison et chaque pilier. Dashila'r a été reconnu comme un quartier qui fusionne le passé et le futur. Le style des hutong, caractéristique du Beijing d'antan, a été remis en valeur afin de ressortir parmi les bâtiments modernes.

 

En 2010, le plan de conception de l'équipe de Wu Chen s'est démarqué parmi quelques 80 plans dont beaucoup ont été réalisés par des cabinets d'architecture et de conception de renommée internationale et a été choisi par adjudication pour la construction du Zun de Chine. Avec ses 528 m de hauteur, le Zun de Chine est la plus haute tour de bureaux à Beijing et se situe dans la zone centrale du CBD (central business district) du 3e périphérique est de Beijing. Il est aussi le plus haut bâtiment du monde dans une zone sismique de 8 degrés. Le Zun de Chine, baptisé par Wu Chen lui-même, évoque la forme d'un vase cérémonial éponyme utilisé dans l'Antiquité chinoise.

 

« Notre génération verra émerger dans le milieu de l'urbanisme des jeunes talents qui obtiendront une reconnaissance internationale. »

 

« Je suis très heureux d'avoir été sélectionné pour le programme des "Mille talents". Depuis mon retour au pays, je bénéficie d'un environnement de création très détendu, ce que j'apprécie beaucoup en tant qu'architecte. » De par son développement rapide, la Chine est une plate-forme idéale où Wu Chen peut exprimer ses talents. En 2015, le Centre de recherches techniques sur la conception et la renaissance urbaines de Beijing a été créé et Wu Chen en a pris la direction. Il s'agit du premier centre de ce genre dans une ville à l'échelle provinciale. Wu Chen se dit architecte, concepteur, mais aussi chercheur d'une ville ; il espère que ses œuvres resteront étroitement liées au développement et au changement rapides de la Chine.

 

La Chine possède le premier réseau de voies ferrées à grande vitesse ouvertes au trafic et en cours de construction au monde. Les gares et les nœuds de communication s'avèrent de plus en plus importants. Wu Chen a conçu successivement sept gares de lignes à grande vitesse, notamment celles de Guangzhou, Nanjing et Qingdao, tout en proposant le concept « d'intégration de la gare et la ville » pour les gares de quatrième génération, une conception urbaine qui vise à faire de la gare le noyau de l'espace de développement urbain.

 

La renaissance du patrimoine industriel passe par la réexploitation des friches industrielles (brownfields) et leur transformation économique. Avant les JO de Beijing en 2008, la Société sidérurgique de la capitale avait déjà entrepris de se déplacer vers la province du Hebei. Depuis 2009, Wu Chen et son équipe ont commencé à travailler sur la conception urbaine globale de l'ancien site de la Société, qui est l'un des plus grands projets de rénovation des zones industrielles de Chine. Conformément à la conception de Wu Chen et son équipe, le Comité d'organisation des Jeux olympiques d'hiver s'est installé sur ce site qui devrait devenir un modèle de transformation des zones industrielles dans le monde.

 

En 2016, Wu Chen a fait des analyses et simulations systématiques et quantitatives des problèmes urbains à travers des modèles mathématiques. Et ces modèles précis ont été utilisés pour la première fois dans la construction du sous-centre de la capitale à Tongzhou. Ce sous-centre de Beijing, visant à décongestionner la ville en déplaçant les fonctions non liées à son statut de capitale et à réajuster le cadre spatial de Beijing, fournit de nouvelles idées et des réalisations concrètes dans le cadre de la planification du développement coordonné Beijing-Tianjin-Hebei.

 

« La vieille ville de Beijing fait face à une opportunité historique de renaissance culturelle globale. » Selon Wu Chen, la construction du sous-centre de la capitale et la planification de la nouvelle zone Xiong'an sont des projets qui offrent aux architectes et aux professionnels du secteur un bel espace de création. « Notre génération verra probablement s'affirmer des architectes qui obtiendront une reconnaissance internationale », a déclaré Wu Chen, confiant.

 

 

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