Découvrir la Suisse avec
Anne-Sophie Cosandey

( 2010-10-26 )

YAN WEIJUAN

L’impression de survoler les Alpes                                                                                      YU XIANGJUN

 

Une « visite guidée » du pavillon de la Suisse, en compagnie de sa cheffe de projet, celle que les journaux de ce pays disent être l’« âme du pavillon suisse de l’Expo de Shanghai ». Cheffe de projet au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de la Suisse, cette femme a travaillé au pavillon de la Suisse de l’Expo internationale 2008 de Saragosse (Espagne) et à celui de l’Expo universelle 2005 d’Aichi (Japon); elle a aussi travaillé pour deux Maisons de la Suisse : l’une aux JO d’hiver de Turin 2006 et l’autre aux JO d’été d’Athènes 2004.

 
LA grandeur de l’Exposition universelle de Shanghai et le nombre de ses visiteurs semblent avoir impressionné passablement Anne- Sophie Cosandey. Pour ma part, c’est sa gentillesse et son élégance qui m’ont immédiatement frappée. L’interview d’une demi-heure a plutôt ressemblé à un entretien entre deux personnes qui se connaissent.

Quand je lui ai demandé comment elle présenterait le pavillon de la Suisse en une phrase, elle a ri et m’a répondu : « Franchement, je n’ai pas encore trouvé de bonne phrase pour cette question. Il me faut au moins une heure pour y réfléchir; est-ce que je peux le faire et vous envoyer la réponse par courriel? »

Après notre interview, Mme Cosandey m’a fait visiter le pavillon de la Suisse en me présentant ses caractéristiques. Après trente minutes de visite, j’avais compris pourquoi le gouvernement de la Suisse l’avait choisie pour le poste qu’elle occupe à Shanghai : elle est douée pour la communication.

La Chine au Présent : Quelles sont les caractéristiques principales du pavillon de la Suisse?

Mme Cosandey : C’est un espace ouvert et interactif qui attire les visiteurs grâce à son architecture particulière, cylindrique et imposante.

Le thème de l’Expo est « Meilleure Ville, Meilleure Vie ». Comment interprétez-vous ce thème et comment s’harmonise-t-il avec celui du pavillon de la Suisse « Interaction entre la ville et la campagne »?

Le thème de l’Expo est très actuel, parce que des villes comme Shanghai sont en plein essor. C’est important de ne pas perdre de vue que l’être humain vit au milieu des infrastructures et des technologies. On doit justement garantir l’harmonie entre l’humain et ces technologies, sans oublier de respecter l’environnement et la nature.

En raison de ses caractéristiques géographiques, la Suisse est amenée à faire cohabiter la ville et la campagne dans un petit espace. Le thème du pavillon de la Suisse démontre aux visiteurs les différentes technologies et mesures que la Suisse a développées ces dernières années. Les quatre thèmes principaux sont la qualité de l’air, la qualité de l’eau, le transport public et la construction durable. Ces quatre thèmes sont illustrés à travers des jumelles, présentent des solutions que la Suisse a développées.

Anne-Sophie CosandeyPHOTO FOURNIE PAR ANNIE-SOPHIE COSANDEY

Comment le pavillon de la Suisse incarne-t-il son thème et celui de l’Expo?

Quand on arrive au pavillon, on n’a pas besoin d’explications, c’est assez évident. On entre dans un espace urbain, brillant et bétonné. Le visiteur emprunte la rampe, et sur cette rampe, il découvre une série d’histoires qui présentent des solutions sur les quatre thèmes. Par la suite, le visiteur entre en contact avec la population suisse : douze portraits représentent des Suisses connus et moins connus qui expriment leur rêve et ce que devrait être la Suisse du futur, comment vivre en Suisse, qu’est-ce que cela signifie d’être Suisse. Ces portraits sont placés devant un écran géant sur lequel est projeté un extrait du film the Alps qui montre l’omniprésence des montagnes. La version du film est d’ailleurs présentée au Musée de la technologie et des sciences à Shanghai. Grâce à ce film, on a l’impression de survoler les Alpes, d’être en Suisse. Pourquoi cette idée de placer les gens dans cet environnement? C’est qu’en Suisse, on voit toujours les montagnes, une caractéristique géographique du pays. La Suisse est toujours en lien avec la nature et la montagne.

Par la suite, le visiteur continue sa visite pour prendre le télésiège, un moyen de transport bien connu en Suisse. Il fait ainsi le lien entre l’espace urbain et la nature. Une fois sur le toit, c’est une oasis de calme et de verdure, avec une vue magnifique sur Shanghai, un vrai bol d’air! C’est de cette manière qu’on exprime l’intégration entre le milieu urbain et le milieu rural.

Quelles sont les attentes du pavillon de la Suisse à l’Expo de Shanghai?

Les attentes, c’est d’abord ce qu’on a voulu montrer aux visiteurs « une Suisse ouverte, contemporaine et moderne » et permettre aux Chinois de découvrir la qualité de vie en Suisse. Pour moi, ce qui est important, c’est que les visiteurs repartent d’ici avec un souvenir et une émotion qu’ils garderont dans leur cœur pour les prochaines années, qu’ils prennent conscience de ce qui se passe en Suisse et qu’ils aillent peut-être un peu au-delà de l’image pour la connaître, non seulement pour ses beaux paysages, ses chocolats et ses fromages, mais aussi une Suisse contemporaine qui fait de la recherche et qui développe des technologies.

Croyez-vous que les objectifs seront atteints, notamment en matière de fréquentation?

En matière de fréquentation, on atteint actuellement en moyenne 13 000 visiteurs par jour. Jusqu’à maintenant, on est content de ce chiffre.

Pendant les quelques semaines où le télésiège n’a pas fonctionné, nous avons accueilli quand même jusqu’à 24 000 visiteurs par jour, c’est un succès.

La Suisse est également présente dans la Zone des meilleures pratiques urbaines avec les villes de Bâle, Genève et Zurich qui présentent l’importance de l’eau pour une meilleure qualité de vie. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur cette participation?

Ces trois villes, situées aux bords de l’eau, présentent ce qu’elles ont fait pour avoir une eau assainie. Pour une ville comme Shanghai, cela a paru intéressant de montrer quelles sont les technologies que ces trois villes ont mises en place. On peut découvrir les mesures ou projets qui sont en cours dans ces trois villes pour assainir l’eau. Comme la Chine possède beaucoup de villes littorales, cela peut être un bon exemple.

Le paysage de Shanghai, vu du télésiège                                                                                YU XIANGJUN

Il me semble que les visiteurs étrangers sont peu nombreux, craignant d’avoir à faire la queue, n’est-ce pas?

J’ai fait plusieurs expositions universelles, et je dirais qu’il y a beaucoup d’étrangers à l’Expo de Shanghai : plus de public international que dans les expositions passées. L’Expo offre différents sujets, et chacun peut trouver ce qui l’intéresse. C’est aussi une manière différente de passer l’information et chacun trouve ce dont il a besoin.

À l’exposition d’Aichi, il y avait aussi des files d’attente devant certains pavillons, notamment le pavillon du Japon et celui de l’Allemagne. Mais si on fait une comparaison, l’exposition d’Aichi a accueilli 23 millions de visiteurs, trois fois moins que ce qui est prévu pour celle de Shanghai. L’Expo a motivé quelques personnes à se rendre à Shanghai, et quelqu’un qui vient en vacances à Shanghai doit bien organiser son voyage pour être en mesure de visiter les pavillons. Ce que je veux dire, c’est que nous, ici, nous recevons beaucoup de demandes d’entreprises ou de particuliers qui organisent un voyage et qui demandent un accès facilité à notre pavillon. On pourrait dire que le public international représente de 10 % à 15 % des visiteurs du pavillon de la Suisse.

Puisque vous avez participé à l’Expo de Saragosse et à celle d’Aichi, quelle différence y a-t-il entre l’Expo de Shanghai et les deux autres?

La dimension.

Pour vous, la dimension, est-ce un avantage ou un inconvénient?

C’est un peu des deux. Le site de Shanghai permet de répartir les visiteurs, il y a beaucoup d’espace à la disposition, mais on sent la masse de visiteurs qui se concentrent dans la zone Europe, qu’ils ont envie d’y voyager, parce qu’ils connaissent déjà l’Asie. La dimension du site est incroyable, je pense que seule la Chine peut organiser une exposition de cette envergure.

Il y a pourtant un décalage entre la capacité des pavillons et le nombre des visiteurs; dans les opérations quotidiennes, il est difficile de répondre à la demande de tant de visiteurs. C’est une opinion personnelle, mais je suis persuadée que c’est l’une des plus grandes expositions de l’histoire et qu’elle le restera.

Qu’est-ce qui vous impressionne le plus à l’Expo?

C’est le nombre de visiteurs : 400 000 en moyenne chaque jour, on n’est pas habitué à ça. Pour les organisateurs, c’est quand même un grand défi d’accueillir ces gens.

Et vous, quel pavillon désirez-vous visiter?

J’aimerais voir le pavillon de la Chine, et puis, celui de l’Inde, du Canada, du Japon; le pavillon de l’Arabie saoudite semble aussi très intéressant.

Pourriez-vous nous raconter une de vos journées types?

Je prends le métro à Madanglu, premier contact avec la masse de visiteurs. On passe le premier contrôle de sécurité, puis on entre dans le métro, et on arrive directement dans le parc d’exposition. C’est très pratique pour y venir. En général, je pars vers 8 h et commence à travailler à 9 h. Des gens attendent déjà devant le pavillon. Une fois dans le pavillon, il faut assurer son bon fonctionnement. Puis, il y a souvent des rendez-vous, des délégations suisses et étrangères, des discussions avec les collaborateurs, des journées nationales d’autres pays à célébrer, des rencontres avec des journalistes et beaucoup de relations avec l’extérieur. C’est comme dans une entreprise qui est mise en place pour six mois et qu’on doit faire fonctionner au quotidien. C’est un rythme soutenu, mais j’y trouve beaucoup de plaisir.

Une dernière question : pourriez-vous me raconter au moins une anecdote qui se serait produite durant votre travail?

L’un des employés qui travaillent au télésiège porte une belle barbe grise; un enfant a dit à sa maman : « Regarde maman, le Père Noël travaille au pavillon suisse! »

Voyage à Shanghai
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