Les familles de l’Expo
( 2010-06-29 )

ZHANG MAN et GONG HAN

Pour apprivoiser l’anonymat des grandes villes, quoi de mieux que de faire l’expérience d’un séjour dans une famille? L’Expo de Shanghai y a pensé et offre un réseau de familles bien préparées à accueillir ceux qui veulent vivre à la shanghaïenne.

Wu Guoxiang montre sa chambre d’invités rénovée : nouvel ameublement et papier peint raffiné.

POUR les visiteurs étrangers, en plus de faire la visite des pavillons et de profiter des multiples attractions de l’Expo, loger dans une famille d’accueil constitue sans doute un moyen particulier d’être proche de l’Expo et de vivre la vie des Shang-haïens.

Un des moyens ayant été mis en œuvre pour combler le manque de logements temporaires durant l’événement, les familles de l’Expo se distinguent des hôtels familiaux. Ce sont des familles de classe moyenne qui ont été sélectionnées par une commission désignée. Leur offre d’hébergement est temporaire et à but non lucratif, et elles doivent avoir le sens de l’organisation.

Les familles de l’Expo sont principalement réparties dans les arrondissements de Zhabei, Jing’an, Luwan et Huangpu. Suivant le concept que « chaque famille a sa particularité », les 500 familles sélectionnées respectent non seulement des exigences matérielles, mais disposent aussi de caractéristiques distinctives.

L’ameublement en bois de rose de la demeure de Wu Guoxiang

Wu Guoxiang : « La langue ne constitue pas un problème. »

Originaire de Shaoxing (province du Zhejiang), Wu Guoxiang est très éprise de Yueju, l’opéra de Shaoxing. Pour accueillir les visiteurs étrangers chez elle, cette dame a préparé des costumes de scène et des disques de spectacle de Yueju, nourrissant l’espoir que les visiteurs étrangers auront l’occasion d’apprécier cet opéra qui reflète la riche culture du Sud du Yangtsé et d’en faire personnellement l’expérience.

La famille de Wu Guoxiang est parmi les premières à avoir posé sa candidature comme famille de l’Expo dans le quartier résidentiel d’Aijianxin. En vertu des exigences du quartier, la famille qui s’inscrit doit avoir une chambre disposant de toilettes indépendantes. Cela ne constitue pas un problème pour Wu Guoxiang, car son fils et sa belle-fille travaillent tous les deux à l’étranger, et la chambre avec toilettes indépendantes est toujours libre. Elle se demande comment elle peut rendre plus confortable cette maison habitée depuis une dizaine d’années et faire se sentir chez eux les visiteurs étrangers.

Après en avoir parlé à son mari, Mme Wu a décidé de rafraîchir la décoration de la maison, et ses travaux se sont finalement terminés tout juste un mois avant l’ouverture de l’Expo. Le vieux couple a également vidé la chambre d’enfant de leur petit-fils pour accommoder les visiteurs accompagnés de leurs enfants.

Pour des personnes âgées sans aucune connaissance d’une langue étrangère, la barrière linguistique est souvent l’obstacle le plus difficile à surmonter lors de l’accueil. Wu Guoxiang a profité du retour de l’étranger de son petit-fils pour apprendre un peu d’anglais, et elle travaille d’arrache-pied à ses cours d’anglais organisés dans le Village de l’Expo fondé par 17 familles du quartier qui avaient été sélectionnées comme famille d’accueil. Mais avec l’arrivée des premiers visiteurs étrangers qui ont fait l’essai de l’hébergement dans une famille, Wu Guoxiang a vite découvert que « la langue ne constitue pas un problème; il suffit de les recevoir avec sincérité. »

En septembre 2009, onze voyageurs provenant de l’Espagne, de la Côte d’Ivoire, du Soudan et du Japon ont été reçus comme hôtes d’essai chez des familles de l’Expo. Un jeune Japonais a logé chez Wu Guoxiang. Malgré l’obstacle de la langue, le jeune homme n’a pas rencontré de problèmes majeurs pour communiquer avec ce couple âgé. Il a même invité deux amis à venir chez Wu Guoxiang pour y boire en toute convivialité. Après l’expérience d’un tel accueil, Mme Wu se sent pleine de confiance pour la durée complète de l’Expo.

Les chaussures à tête de tigre confectionnées par Liu Keying, 82 ans.

Cheng Shuchu : « L’essentiel est d’offrir une ambiance familiale. »

En ce qui concerne le Village de l’Expo, son chef, Cheng Shuchu, est reconnu pour les efforts qu’il y a fournis. Peu après la création du village, M. Cheng a élaboré les « Règlements du village » et rédigé la liste des « Recommandations pour la réception des hôtes étrangers ».

Il explique que, dès la création du village, ils ont organisé des formations ciblant les faiblesses de la communauté. Par exemple, la formation à l’anglais oral s’étale sur deux périodes, et une troisième suivra bientôt. Les professeurs sont des bénévoles qui enseignent des conversations quotidiennes simples.

En dehors de cela, il existe également des formations à l’art culinaire, à la décoration intérieure ainsi que sur la manière de réagir à des problèmes de sécurité personnelle.

Afin d’enregistrer tout ce qui se passe dans le Village de l’Expo, M. Cheng a même lancé un mensuel qui s’intitule Bulletin des affaires villageoises. Comptant déjà trois éditions à ce jour, ce mensuel publie des photos et des actualités détaillées et de source sûre.

Dernièrement, pour mieux représenter la particularité de chaque famille participante, une nouvelle idée est venue au chef de village : faire des panneaux et les installer ensuite dans une petite salle de conférence ou dans les maisons, pour qu’à l’arrivée des visiteurs étrangers, ceux-ci puissent découvrir la particularité de la famille chez qui ils logent. « Il ne s’agit pas de faire un étalage artistique, mais d’offrir une ambiance familiale », confirme M. Cheng.

Pour mieux accueillir leurs hôtes, M. Cheng et sa femme leur cèdent volontiers la grande chambre en s’accommodant d’une petite. En outre, ils ont spécialement acheté un nouvel ameublement.

Le couple Cheng

Gu Shiren : « J’espère qu’ils vivront dans notre famille un mode de vie chinois le plus authentique et le plus simple possible. »

En entrant dans la maison familiale de Gu Shiren, on remarque une scène de vie typiquement chinoise. M. Gu et sa femme sont très aimables; quant à leur petit-fils, Alexandre, un beau métis de dix ans, il accepte timidement de nous rencontrer après maints encouragements de sa grand-mère. Et l’aide familiale, qui s’occupe principalement d’Alexandre, s’affaire dans la cuisine.

Tout comme le dit M. Gu : « Notre famille est parmi les plus ordinaires», mais l’ambiance familiale chinoise constitue peut-être l’attrait principal de cette famille de l’Expo.

D’une superficie minimale, leur maison est propre, simple et élégante. La vieille bibliothèque remplie de livres dans le salon ou les peintures chinoises au mur donnent une ambiance intellectuelle à cette famille simple.

Selon M. Gu, ce qui l’a poussé à être une famille de l’Expo, c’est qu’à travers l’Expo de Shanghai 2010, il veut faire connaître la Chine au plus grand nombre possible de gens qui s’y intéressent.

À la question du journaliste sur les préparatifs qu’ils ont faits, M. Gu déclare que sa femme et lui se plaisent à accueillir des amis étrangers, mais d’une façon naturelle.

« Nous nettoierons les chambres jusqu’à ce qu’elles brillent de propreté, et nous préparerons des mets locaux de Shanghai si les visiteurs le désirent. Bref, nous les recevrons de la même façon que nous recevons des amis chinois. J’espère qu’ils vivront dans notre famille un mode de vie chinois le plus authentique et le plus simple possible. »

Grand-mère Liu : des chaussures à tête de tigre écologiques

Les Gu offrent un habitat propre et confortable à leurs invités. PHOTOS : LI YUE

Mme Liu Keying, 82 ans, est particulièrement habile à confectionner des chaussures à tête de tigre, un type de chaussures pour enfants confectionnées selon une tradition artisanale. Elles sont faites en matières souples et ont la capacité de conserver la chaleur, ce qui convient surtout aux bébés de quelques mois. En outre, elles évoquent le bonheur et le plaisir, comme pour souhaiter aux bébés qui les portent de rester sains et saufs.

Pour cette grand-mère, ces petites chaussures conservent des souvenirs de l’enfance qu’elle a passée au Sud du Yangtsé. Elles lui rappellent qu’avant d’arriver à Shanghai, à 18 ans, elle vivait toujours à Changzhou (Jiangsu), une ville d’eau. Durant son enfance, elle voyait souvent sa mère et sa soeur confectionner des chaussures à tête de tigre, et peu à peu, elle a appris aussi à en faire.

Par la suite, durant ses loisirs, elle confectionnait à la main des chaussures au motif de tête de tigre et les offrait à son entourage. Pendant toutes ces années, parmi ceux qui ont porté des chaussures qu’elle a faites, elle compte non seulement ses enfants et ses petits-enfants, mais aussi plusieurs générations d’enfants de ses proches et de ses amis.

En raison de son âge avancé, Mme Liu a de plus en plus de difficulté à confectionner des chaussures. Elle ne s’y met que par beau temps, assise dans le salon, et le processus de travail est intermittent. Malgré toutes ces contraintes, ayant réussi à confectionner une trentaine de paires de ces chaussures, les unes plus mignonnes que les autres et d’une riche diversité de couleurs, elle réserve ces petits bijoux d’artisanat aux visiteurs étrangers qui logeront chez elle.

Ce qui est intéressant, c’est que bien avant la diffusion du principe de « zéro carbone », Mme Liu mettait déjà elle-même en pratique ce concept : toutes les matières premières pour ces chaussures proviennent de rebuts, tels que vieilles couvertures ou doublures en soie de boîtes d’emballage. Par conséquent, en observant attentivement les chaussures, on y trouve parfois des empreintes de marques qui, loin d’altérer la beauté de ces chaussures traditionnelles, leur ajoutent un caractère écologique.

Voyage à Shanghai
Infos de service
    Mascotte