En 1851, la lumière a inondé Londres
( 2010-04-29 )

ZHANG MAN

L’organisation de la première exposition universelle a connu son lot de problèmes, mais aussi un franc succès. Aperçu de cet événement historique.

À la Grande Exposition (Great Exhibition of the Works of Industry of all Nations) de Londres

UN matin de 1851, quand la lumière du soleil s’est diffusée par les fenêtres en arc du Palais de Cristal, ce bâtiment a achevé sa mission historique.

C’est le 1er mai 1851 que la Grande Exposition (Great Exhibition of the Works of Industry of all Nations) de Londres a ouvert ses portes. Ce jour-là, la reine Victoria a noté dans son journal : « Il pleuvait quand nous sommes partis ce matin, mais quand nous sommes arrivés au Palais de Cristal, il faisait soleil. La lumière du soleil éclairait tout le bâtiment de l’Exposition et tous les drapeaux des pays participants. À l’entrée, il y avait des palmiers et des fleurs. Dans le couloir, les hôtes étaient assis et agitaient leur sifflet en guise de salutation [...] Ce sont des impressions inoubliables. »

Étant donné le vif succès remporté par cette Grande Exposition, le Bureau international des expositions (BIE) l’a nommée Ire Exposition universelle.

La zone réservée à la Chine   CFP 

Une fête internationale reflétant une « bonne époque »

En fait, avant la Grande Exposition de Londres, certains pays occidentaux avaient déjà organisé une exposition industrielle au niveau national, dont l’Allemagne (Munich), la Belgique (Gand), l’Espagne (Madrid) et la Russie (Saint-Pétersbourg). Pour les pays européens, la période du milieu du XIXe siècle jusqu’au début du XXe siècle a été une bonne époque : ils connaissaient alors une grande révolution industrielle. C’est dans ce contexte que les foires nationales, petites ou moyennes, ont été remplacées par une grande exposition industrielle.

L’exposition industrielle était déjà devenue un événement important dans la vie des Français depuis 1819. Deux pays puissants au XIXe siècle, la France et la Grande-Bretagne étaient en vive concurrence. Dans le domaine de l’exposition industrielle, ces deux pays ont aussi rivalisé pour la première place.

En Angleterre, l’époux de la reine Victoria, le prince Albert de Saxe- Cobourg-Gotha, s’intéressait beaucoup à l’organisation d’expositions industrielles. Après être devenu président de la Royal Society of Arts, il en a organisé deux, celles de 1847 et 1848. Cette dernière a attiré plus de 70 000 visiteurs et a donc été considérée comme un succès colossal. Le prince a alors commencé à avoir confiance dans le succès d’une telle exposition et il a ainsi eu l’idée d’orchestrer une exposition internationale.

En 1849, des membres de la Royal Society of Arts avaient aussi eu l’intention d’organiser une exposition de plus grande envergure, et c’est alors que le prince a dévoilé son idée. Tout comme son mari, la reine Victoria croyait au potentiel d’un tel événement, mais beaucoup de gens pensaient qu’en organiser une présenterait de grosses difficultés. Le 30 juin 1849, au palais de Buckingham, on a donc tenu une conférence pour discuter de l’organisation d’une exposition internationale. Ce fut une conférence d’une grande importance.

Le Palais de Cristal

La Royal Commission a été établie à la fin de 1849 et a été désignée responsable de la construction du bâtiment de la Grande Exposition. Une difficulté de taille a cependant surgi peu de temps après : les architectes de Grande-Bretagne ne pouvaient fournir à temps le plan du bâtiment qui devait être prêt dans les 18 mois. De plus, les promoteurs de la protection de l’environnement s’opposaient à la construction d’un bâtiment dans Hyde Park. Ce n’est donc qu’en juin 1850 que le prince Albert a pu arrêter un plan de construction; il a pu le faire parce que Joseph Paxton, l’architecte et paysager de la cour royale, a présenté un plan.

Au début, certains membres de la Royal Commission n’avaient pas confiance dans cet homme; or, il a réussi à leur fournir un plan de construction dans un court délai. En fait, l’architecte travaillait déjà depuis un certain temps sur le design d’une serre en verre et en acier pour la cour royale, et il trouvait que ce type de design correspondait également aux exigences du bâtiment pour la Grande Exposition : bon marché, beau et facile à construire. Cette énorme construction en verre, acier et bois est devenue le symbole de la Ire Exposition universelle et a constitué un jalon historique pour ce type d’exposition.

La lumière du Palais de Cristal

Le jour de l’inauguration de la Grande Exposition, plus de 500 000 personnes se sont rendues dans Hyde Park. Un journal britannique a publié ce jour-là une caricature qui montrait que la plus grosse ville industrielle, Manchester, était vide, alors que Londres était bondée de gens, grâce à la Grande Exposition.

Le Palais de Cristal s’étend sur une superficie de 92 000 m2. Vingt-cinq pays et une vingtaine de colonies y ont présenté leurs produits. Cette exposition a reçu plus de six millions de visiteurs, le cinquième de la population de la Grande-Bretagne à ce moment-là.

La zone des machines était la plus importante. On y présentait, entre autres, une machine à vapeur pesant 31,5 tonnes et le plus gros orgue de l’époque. Cette exposition a couvert presque tous les progrès économiques et scientifiques enregistrés en Europe depuis le début de la révolution industrielle. Il y avait aussi des produits du secteur des arts comme des vêtements exotiques et des parures, de même que des produits en bronze très finement gravés. Dans la zone réservée à la Chine, il y avait notamment des lanternes, des porcelaines et de la soie.

Dans la salle d’exposition des États-Unis, les nouveaux produits rivalisaient d’intérêt avec ceux présentés par les pays européens. En plus des machines agricoles, on pouvait admirer un télégraphe, un revolver et beaucoup d’autres nouveautés, notamment sur le plan technique.

Le philosophe Karl Marx était à Londres cette année-là. Après avoir visité la salle d’exposition des États-Unis, il a pleinement pris conscience que le centre de l’économie mondiale s’était déplacé. Dans une lettre à son ami, le philosophe Friedrich Engels, il a mentionné les succès des États-Unis lors de cette exposition.

Au bout du compte, les succès de la Grande Exposition de Londres n’ont pas été seulement ceux d’un pays ou d’une nation, mais le résultat de la création et de la civilisation de toute l’humanité.

 

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