GONG HAN

La ville du futur, c’est dès aujourd’hui qu’on peut la découvrir à l’Expo universelle, grâce aux efforts déployés par un grand nombre de villes de partout dans le monde.

AVEC son thème portant sur la ville, l’Expo de Shanghai est la première à avoir offert aux villes l’opportunité d’y participer de manière indépendante. Située sur la rive sud de la rivière Huangpu, la Zone des meilleures pratiques urbaines constitue l’une des plus grandes attractions, alors qu’elle n’occupe pourtant que 3 % du Parc de l’Expo. Les exemples qui y sont présentés correspondent au thème de « Meilleure Ville, Meilleure Vie »; parallèlement, ils expliquent ce concept en soulevant la question du type de ville qui permettra une vie meilleure.

Les meilleures pratiques urbaines dans le monde

C’est dès mai 2007 que l’Expo de Shanghai a commencé à s’adresser au monde entier pour solliciter des exemples à présenter dans la Zone. Finalement, parmi une centaine d’exemples intéressants, 80 se sont distingués. Ils se sont installés les uns après les autres dans la Zone à titre de modèles des concepts urbains de l’avenir.

La partie principale de cette Zone est une reproduction d’un quartier multifonction : vie urbaine, travail, détente, transports, etc. Afin d’orienter les villes vers un développement durable, la Zone offre des exemples représentatifs des meilleures pratiques urbaines dans le monde; elle présente aussi les solutions que les villes ont apportées aux problèmes de vie ou d’environnement qu’elles ont connus.

La plupart de ces villes jouissent d’une renommée mondiale depuis des années et font l’objet de la fierté de leurs habitants pour avoir fourni plus de commodités, préservé un environnement urbain respectueux de l’environnement et permis un développement urbain de haute efficacité et durable.

Les exemples de telles pratiques urbaines idéales sont légion :

– Brême (Allemagne) propose le covoiturage comme moyen de partage des facilités de transports; cela diminue le nombre de voitures sur la route et réduit efficacement la pression sur les voies de circulation. Dans cette ville, on a aussi travaillé à transformer l’énergie éolienne en électricité pour les véhicules.

– Au siège général tout neuf du journal Il Sole 24 ore de Milan (Italie), l’utilisation de nouveaux matériaux et de technologies perfectionnées fait ouvrir et fermer automatiquement les fenêtres, tel un store qui s’enroule, et ces fenêtres peuvent collecter l’énergie.

– Dans l’intention de constituer un système d’éclairage urbain qui soit écologique, la région Rhône-Alpes (France) a tiré parti de matériaux spéciaux pour réguler la température et la luminosité à l’intérieur d’une pièce.

– Quant à Liverpool (Angleterre), elle a eu recours à la coopération avec des groupes privés et des organisations commerciales dans la protection et la mise en valeur du patrimoine historique.

Chercher des solutions aux problèmes urbains communs

La ville symbolise le passage de l’être humain vers la maturité et la civilisation. Pourtant, l’essor rapide de l’urbanisation suscite également une série de pro-blèmes sociaux qui s’aggravent avec le temps. Est-il possible, dans la Zone des meilleures pratiques urbaines, de trouver des solutions aux problèmes communs rencontrés au cours de l’urbanisation?

À Odense, la troisième plus grande ville du Danemark, le projet « Renaissance des vélos » est susceptible de sensibiliser d’autres villes. Dans les années 1970, alors que de nombreuses villes se passionnaient pour les voitures privées et délaissaient les vélos comme moyen de transport, le gouvernement municipal d’Odense a entamé l’aménagement de pistes cyclables. La ville est maintenant équipée d’un réseau de plus de 550 km de ces pistes.

Le soutien des autorités municipales à ce projet mérite particulièrement d’être souligné. Citons, entre autres : les pages Web interactives offrant des guides sur les itinéraires pour vélos; le soin apporté au fait d’avoir des voies bien nivelées pour assurer la sécurité de la circulation; la priorité accordée aux vélos aux carrefours; ainsi que les fontaines d’eau potable et les stations de gonflage de pneus le long des pistes. Grâce à ces mesures, le nombre et la proportion des utilisateurs de vélo comme moyen de transport ont considérablement augmenté, alors que les accidents de la circulation impliquant des vélos ont sensiblement chuté. Plus globalement, les résultats auxquels on s’attendait se sont réalisés; ils vont de la diminution des émissions des gaz d’échappement à l’amélioration de la santé publique en passant par l’amélioration de l’environnement urbain.

Dans le sud de Londres se trouve la communauté écologique Beddington Zero Energy Development (BedZED); c’est elle qui a inspiré le bâtiment à consommation zéro de carbone du site de l’Expo. La pratique d’économiser l’énergie de ce bâtiment a atteint un niveau presque inimaginable. D’une part, afin de diminuer les émissions de CO2, on a réduit le plus possible l’utilisation des sources d’énergie à partir du charbon, du pétrole et du gaz naturel; et d’autre part, pour assurer l’autosuffisance du bâtiment en énergie et son recyclage, on a profité autant que possible de la bioénergie ainsi que des énergies solaire, éolienne et géothermique.

« Ville habitable, urbanisation durable, protection et utilisation du patrimoine historique, ainsi qu’innovation technologique de l’environnement construit », voilà les quatre domaines dans lesquels se répartissent les exemples des meilleures pratiques urbaines.

La ville du futur sur l’emplacement d’une ancienne usine

Pour de nombreuses villes, à l’origine, les meilleures pratiques n’étaient qu’un essai. Exemple : la maison en bambou est en fait une innovation tentée par le gouvernement municipal de Madrid pour ses HLM.

Depuis une décennie, le gouvernement municipal de cette ville a procédé à la construction de logements sociaux; en fait, c’est le projet ayant la plus grande envergure en Europe. Au cours de cette construction, des énergies renouvelables, des nouveaux matériaux de protection de l’environnement, des techniques environnementales avancées et des techniques de construction efficaces ont été largement utilisés, faisant ainsi de la capitale de l’Espagne un centre d’essai particulièrement innovateur de construction de logments sociaux.

Couvrant une superficie de 600 m2, l’ensemble de la maison en bambou grandeur nature (2 900 m2 de surface bâtie) est enveloppé d’une couche de bambou qui peut non seulement contrôler l’intensité de la lumière, mais aussi servir d’écran pour isoler du froid de l’hiver, de la chaleur de l’été, du bruit et des regards. Dans la construction de la reproduction à Shanghai, on a tenu compte des différences climatiques entre Shanghai et Madrid et on a procédé à des modifications minimes : au lieu de compter simplement sur le soleil comme la maison originale (émissions zéro), celle de Shanghai s’appuie sur l’énergie solaire et électrique.

Le bâtiment de Madrid inclut égale-ment l’arbre bioclimatique, aussi une sorte de HLM. En forme d’arbre et de diamètre irrégulier, cet édifice est couvert de plantes vertes à l’extérieur, et à son sommet, des panneaux captent l’énergie solaire afin d’en assurer l’autoapprovisionnement énergétique. Les plantes rampantes aident à diminuer la température sous l’arbre de 8 à 10 °C et participent aussi à l’absorption du CO2; elles aident ainsi à la purification de l’air.

Des éléments comme la nature humaine, l’écologie, les sciences et techniques, ainsi que la nécessité de tenir compte des conditions locales, ont contribué aux grands succès de ces deux édifices modèles qui ont remporté plusieurs grands prix internationaux d’architecture. À l’Expo de Shanghai, à titre de modèles éprouvés par la pratique, ces édifices prouvent qu’une ville a la possibilité de transformer des logements sociaux, d’utiliser des énergies renouvelables et d’avoir un développement durable.

Le plus intéressant est que la Zone des meilleures pratiques urbaines est elle-même un test ou une pratique dans le cadre du développement durable d’une ville.

La plus grande partie de cette Zone se trouve sur le site original de la centrale électrique Nanshi, bâtie en 1897. Autrefois grave source de pollution, cette usine a été transformée en un site d’exposition présentant l’orientation du développement des villes du futur. La zone abonde maintenant en nouveaux matériaux et est dotée de technologies de pointe. La tour météorologique de 165 m qui se trouve à côté du site était à l’origine la grande cheminée (élevée en 1985) de la centrale électrique.

Derrière ces contrastes frappants se cache une certaine métamorphose : le développement et la gestion d’une ville passent par l’expérimentation, la pratique et l’application généralisée. Ce processus nécessite de laisser émerger les idées, d’échanger sur celles-ci et de les diffuser. C’est ce que l’Expo de Shanghai a pu accomplir et ce que la Zone des meilleures pratiques urbaines doit accomplir. Tout comme l’indique Mme Anna Kajumulo Tibajuka, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’habitat, on doit espérer que la Zone devienne un réservoir de connaissances pour que les visiteurs, les villes participantes et les organisateurs puissent partager leurs expériences et pour que la Zone joue un rôle important permettant de réaliser une urbanisation durable et d’atteindre l’objectif de « Meilleure Ville, Meilleure Vie ».