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L’ambassadeur
du Ghana en Chine, lors de l’exposition sur les articles
en bambou. |
YIBIN est située dans le bassin de
la province du Sichuan, au confluent des fleuves Jinsha et Min,
juste à l’endroit où ces deux fleuves se jettent dans le Yangtsé.
Quand on parle
de la ville de Yibin, la plupart des gens savent que l’histoire
de sa distillerie remonte à 3 000 ans et qu’elle est connue pour
son eau-de-vie. Mais dès l’arrivée dans cette ville, on découvre
qu’elle est vraiment baignée par le fleuve et une mer de bambou.
Grâce à son climat humide, Yibin est couverte de plantes vertes :
la superficie de la forêt de bambou atteint un million de mu
(un mu = 1 /15 hectare) alors que celle de la ville est de 3 283
km2. Le IIIe Festival de Chine sur la culture
du bambou, qui s’est terminé il y a peu, est encore le sujet de
l’heure.
Un jeune
à l’exposition des articles en bambou
« Bonjour,
soyez les bienvenus à la mer de bambou de Shunan ! »
« Bonjour,
puis-je me faire photographier avec vous ? »
Parmi les gens,
beaucoup d’élèves du primaire et du secondaire, appareil-photo
à la main, vifs et à l’aise, lançaient des invitations en anglais
aux visiteurs. Et tout de suite, quelques amis étrangers, souriants,
acceptaient leur gentille invitation.
C’est une scène
qui a eu lieu au Festival de la culture du bambou de Yibin. Les
gens de cet endroit, qui cultivent le bambou de génération en
génération, ne s’attendaient pas que tant de visiteurs puissent
venir dans cette petite ville pour le bambou.
La Chine est un
grand pays producteur de ce produit. La superficie cultivée et
la production de bambou se placent au premier rang dans le monde.
Le gouvernement chinois et l'INBAR (International
Network for Bamboo and Rattan) ont, à deux reprises, organisé
conjointement le festival de la culture du bambou. C’était la
première fois qu’on l’organisait dans l’Ouest de la Chine. L’objectif
est toujours le même : non seulement une exposition
des articles en bambou et des négociations commerciales, mais
aussi un symposium et une conférence sur l’industrie du bambou
afin de faire rayonner la culture du bambou et développer l’économie
concernée.
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Un couloir
vert dans une mer de bambou d’une zone touristique.
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À l’exposition des articles en bambou,
on a pu voir un beau jeune homme sculpter une racine de bambou.
À sa vue, beaucoup d’amis étrangers levaient le pouce en signe
d’approbation. Ce jeune homme s’appelle Wang Fangrong. Il vit
dans le district de Changning à Yibin. « Dans notre pays natal,
il y a beaucoup de bambou dans les montagnes et il pleut souvent,
dit-il. Auparavant, nous coupions le bambou et avec celui-ci
nous produisions des nattes et des bancs, mais la racine était
utilisée par les paysans comme bois à brûler. C’était bien dommage. » Ayant
écouté le bon conseil d’un professeur de l’Institut des beaux-arts,
Wang Fangrong et une dizaine de jeunes hommes de son village ont
appris la technique de la sculpture sur racines pour s’enrichir.
Wang Fangrong a été nommé chef de l’usine de sculpture sur racines
de bambou, dont les chiffres de ventes annuels
ont atteint quelque 500 000
yuans. Les objets d’art, exposés derrière lui, étaient vraiment
admirables.
Dans cette région,
ce n’est pas seulement lui qui peut gagner de l’argent avec le
bambou. Selon des renseignements, plus de 120 000 paysans de Yibin
tireraient 80 millions de yuans de l’industrie du bambou.
Le son
de la flûte de bambou durant la conférence
Depuis longtemps,
les Chinois éprouvent un attachement particulier à l’égard du
bambou. Les hommes de
lettres de toutes les époques l’appréciaient beaucoup.
Ce festival-ci
a permis aux participants de connaître encore mieux la culture
qui y est liée. Durant la grande soirée artistique qui a eu lieu,
le chant, la danse, les poèmes et la musique, toutes les représentations
abordaient le même sujet : le bambou. Lorsque des jeunes
filles, soit vêtues de vêtements confectionnés de fils de bambou,
soit portant un store de bambou ou une lanterne de bambou, soit parées de feuilles
de bambou, de boucles d’oreille et de bracelets de bambou, sont
montées sur la scène, tout le monde a applaudi. La soirée terminée,
il y avait encore des spectateurs curieux à l’arrière-scène pour
observer de plus près ces objets de bambou.
Au cours du festival,
des chercheurs du Japon, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la
Colombie et de l’Inde, ainsi que de la Chine, ont aussi donné
des séminaires.
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Défilé de
vêtements et
d’accessoires en bambou durant une soirée artistique. |
À la pause d’une conférence, le son
mélodieux de la flûte de bambou droit a retenti soudainement dans
la grande salle. Au son de cette musique, M. Wang Wei, appelé
l’« expert en instrument de musique », venu spécialement
de Beijing, est monté sur la tribune. Il a expliqué que c’était
avec un instrument de bambou qu’il venait d’interpréter ce morceau.
Wang Wei, qui a travaillé autrefois dans l’Ensemble oriental de
chants et de danses, est un passionné des instruments de musique
en bambou. Il en a fabriqué lui-même et a organisé un groupe de
musique utilisant ces instruments.
En fait, dans beaucoup
de pays du monde, on trouve aussi des instruments de musique en
bambou, mais c’est en Chine où les espèces sont les plus variées.
Le Musée du
bambou, situé dans le district de Changning à Yibin, présente
la culture chinoise du bambou. C’est le seul musée spécialisé
dans ce domaine en Chine. C’est là où l’on peut trouver divers
spécimens de bambous, de même que des objets en bambou, et connaître
l’histoire de cette culture. Les maisons, les objets de bambou
et les aliments à base de bambou montrent bien comment le bambou
est devenu étroitement lié à l’humanité pendant plusieurs millénaires, comment il a formé une culture et un esprit,
et comment il s’intègre à la vie des Chinois.
À Yibin, on entend
un mot inconnu : INBAR. Mais les gens qui s’occupent de ce
secteur le connaissent bien.
INBAR est l’acronyme
de l’Organisation internationale du bambou et du rotin. C’est
un projet de recherche sur le bambou et le rotin dans Internet,
principalement exécuté dans la région asiatique: un projet financé
par le Centre de recherche pour le développement international
(CRDI) du Canada. C’est aussi la première organisation intergouvernementale
dont le siège général se situe en Chine.
Au cours du festival,
on a souvent pu voir un étranger de grande taille qui prêtait
beaucoup d’attention à l’industrie du bambou : c’était M.
Ian R. Hunter, secrétaire général de l’INBAR. Ayant été nommé
à ce poste en 2000, il est toujours en Chine et parcourt toutes les régions
productrices de bambou. Lors de son interview, il a dit au journaliste:
« Répandre des connaissances sur le bambou et le rotin nous
fait entrevoir des perspectives de rentabilité économique satisfaisante.
Pour les paysans de la région Sud-Est de la Chine, le revenu annuel
provenant des articles de bambou atteint 15 000 dollars US par
hectare. Ces dix dernières années, le volume de l’exportation
des articles en bambou de la Chine a septuplé.
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M. Hunter
avec des enfants. |
D’après le Dr Lou Yiping,
directeur du projet de la protection de l’écologie de l’INBAR,
planter du bambou peut non seulement tirer les gens de la pauvreté,
mais aussi améliorer l’environnement écologique, car le bambou
pousse très vite. Lorsqu’une forêt de bambou est abattue, une
forêt secondaire s’établit rapidement sur le lieu d'abattage.
Puis, la racine du bambou se multiplie et se répand partout. C’est
pourquoi, ces dernières années, dans l'exécution du projet de
protection de l’écologie, la région du Nord s’efforçait de rendre
la terre à la forêt, alors que la plus
grande partie de la région du Sud, y compris Yibin, lançait
le mot d’ordre : « Rendre la terre à la forêt de bambou ».
Pour la ville de Yibin, située en amont du Yangtsé
et chargée de protéger la qualité du fleuve, la portée de cette
action est beaucoup plus importante.
Le bambou aime
l’humidité, mais craint les eaux stagnantes. Il pousse en grande
partie dans la montagne, où l’eau est abondante. Les conditions
écologiques de cette région sont très bonnes, mais le transport
n’est pas facile et l’économie est encore arriérée. Le
bambou, qui a une utilité très étendue et une période de
croissance très courte, est appelé « le bois des pauvres ».
Selon les cultivateurs de bambou, au printemps, debout dans une
forêt de bambou, on peut entendre le bruit qu’émet l’entre-nœud
de bambou lorsqu’il croît. Dans un mois, le bambou peut croître
jusqu’à dix mètres et former une futaie. D’ailleurs, le bambou
est planté, en général, devant et derrière les maisons. Il n’occupe
pas les champs. Cela en vaut bien la peine.
L’INBAR a déjà
organisé trois éditions du festival de la culture du bambou, y
compris cette dernière. Ayant recours à son influence dans le
monde, l’INBAR a invité à participer à ce festival les ambassadeurs
de douze pays en Chine et des hôtes de vingt-deux pays, ainsi
que des personnalités de Hongkong, Macao et Taiwan. Des experts
et des chercheurs ont été également invités à donner des conférences
et à procéder à des échanges.
Le bambou sert
à des usages multiples. Au printemps, les jeunes pousses peuvent
être transformées en toutes sortes d’aliments. Quelques mois plus
tard, le bambou, en tant que remplacement du bois, est abattu
et transformé en parquets ou en matériau de construction. Le bambou
de moins bonne qualité peut être non seulement utilisé dans la
fabrication du papier, mais aussi transformé en objet d’art et
en objet d’usage courant.
Le Groupe de papeterie
de Yibin, fondé en 1944, est le berceau du premier papier journal
fait mécaniquement en Chine. Actuellement, sa production annuelle
de papier atteint 130 000 tonnes, et le groupe est déjà devenu
la plus grande papeterie d’État du Sud-Ouest de la Chine.
Dans la SARL de
papeterie de Yibin, on peut voir le chemin de fer s’étendre à
perte de vue. Le train achemine quantité de bambou vers l’usine
et en sort avec de gros paquets de papier. De vieux, mais solides,
ateliers et une vaste zone industrielle illustrent bien la puissance
de cette ancienne entreprise d’État. Zhao Lin, directeur adjoint
de la société, a dit que pour protéger l’eau du Yangtsé, l’entreprise
a déjà investi et construit des installations de traitement des
eaux de niveau mondial avancé. Ayant été traitée dans un bassin
d’une capacité de traitement de 30 000 tonnes d’eaux usées par
jour, l’eau est devenue limpide et transparente.
Chaque année, l'importation
de pâte de bois destinée à la fabrication du papier coûte 5
milliards de dollars US. Si la pâte de bambou pouvait remplacer celle
de bois, le coût de revient diminuerait beaucoup et on pourrait
économiser des devises. La technique de fabrication du papier
à partir de la pâte de bambou est à maturité. À Yibin, vingt-quatre
usines de papier peuvent produire annuellement 200 000 tonnes
de pâte à papier, dont plus de la moitié est de la pâte de bambou.
Ces dernières années,
la fabrication du papier à partir de la pâte de bambou et du charbon
de bambou est devenue un nouveau secteur industriel ayant un grand
potentiel de développement. Ayant remarqué le fort potentiel du
marché des articles de bambou, tous les pays du monde, surtout
les pays en développement riches en ressources de bambou, considèrent
l’industrie du bambou comme une industrie prometteuse du XXIe
siècle et la soutiennent ardemment.
La zone urbaine
d’il y a 20 ans occupe une superficie de 3 ou 4 km2, dont l’étroit centre-ville semble un grand
bourg. Mais aujourd’hui, si l’on regarde de loin la ville de Yibin,
cachée dans la forêt de bambou, on peut voir son ancienne cité
complètement rénovée, une distillerie surgie au nord du fleuve,
et sur la rive sud de 10 000 km de long, une nouvelle cité commence
à prendre déjà forme.
Autrefois, les
gens de Yibin perdait beaucoup de temps dans les déplacements.
Il fallait sept ou huit heures pour se rendre à Chengdu et à Chongqing.
Aujourd’hui, l’autoroute de Yibin se raccorde à l’autoroute de
ces deux grandes villes. En un peu plus de deux heures, on peut
y arriver. Il y a quinze vols hebdomadaires à l’aéroport de Yibin.
Le quai nouvellement construit et la station de traitement cent
pour cent écologique des déchets… tout cela pousse la ville de
Yibin dans la vague de l’économie mondiale.