FÉVRIER 2002

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 

Une tasse de thé Yongxihuoqing de Taohuatan ?

LI MENG

Le lac Taohuatan, une nappe d’eau étendue.

Le district de Jingxian, au pied du pittoresque mont Huangshan, dans le sud de la province de l’Anhui, s’étend sur une superficie de plus de 2000 km2. À 40 km à l’ouest de ce district, se trouve le bourg de Taohuatan, avec sa centaine de maisons décorées aux motifs de dragons et de phénix. On y trouve aussi le plus ancien foyer de l’Association des compatriotes de Chine et un temple baptisé par les spécialistes « le premier temple en Chine ». Mais cette-fois-ci, le voyage que j’y ai fait ne concernait pas tant la visite de cet édifice antique, que la rencontre des gens qui ont créé la fameuse marque de thé vert Yongxihuoqing de Taohuatan.

L’histoire du thé Yongxihuoqing

D’après les registres historiques, la production du thé du district de Jingxian remonte très tôt. Le thé Yongxihuoqing serait apparu il y a 500 ans,  à l’époque où des nouvelles sortes de thé apparaissaient sans cesse. À ce moment,  c’était l’abondance des récoltes de thé à l’intérieur du pays, et pour occuper le marché du thé, les fermes de thé cherchaient par tous les moyens à se faire remarquer par leur originalité et à créer une bonne marque. Au cours des années du règne Sunzhi (1644-1662) de la dynastie des Qing (1644-1911), à Yongxi, dans le district de Jingxian, les paysans ont imité les méthodes de fabrication du thé du district voisin, et  ils ont créé le thé Yongxihuoqing, caractérisé par sa forme particulière et sa qualité supérieure. À cette époque, on appelait le traitement du thé Huiqing, Huiqing étant prononcé pour Huoqing dans cette zone. En ajoutant l’appellation du lieu, on a donc appelé ce thé « le thé Yongxihuoqing ».

La cueillette et le traitement du thé ne sont pas faciles. Seuls les théiers dont les feuilles ressemblent à celles du saule sont convenables. La saison de récolte est limitée à la période du 5 au 20 avril, et aux jours sans pluie. Il faut cueillir les jeunes pousses des feuilles des théiers plantés sur le versant en direction opposée du soleil. Une fois sélectionnées, ces jeunes pousses sont étendues sur des vans tressés de lanières de bambou et on les fait sécher à l’ombre pendant six heures au maximum.

Le traitement du thé Yongxihuoqing s’effectue toujours à la main. Les diverses étapes, comme déposer les feuilles dans la marmite, sécher les feuilles pour obtenir la forme désirée, se font toutes à la main sous des températures différentes. Cette manipulation dure plus de 20 heures. Chaque année, on fabrique seulement une vingtaine de kilos de thé Yongxihuoqing hors classe.

Un des bourgs près du lac Taohuatan conserve toujours son ancienne architecture.

Dans l’histoire, au règne de l’empereur Xianfeng (1851-1862) des Qing, la production de ce fameux thé connut son apogée. Cependant, ce thé ne servait que les cultivateurs. On ne connaissait pas sa valeur, de sorte que la production diminua et fut même sur le point de s’éteindre. Pour reprendre cette production, il aura fallu attendre jusqu’en 1955, au moment où le traitement de ce thé a recommencé dans le district de Jingxian. En 1982, le thé Yongxihuoqing a été apprécié par le ministère du Commerce comme un des célèbres thés chinois et a gagné la médaille de bronze à la première foire de l’alimentation de Chine. Aujourd’hui, ce thé se décline en une dizaine d’espèces diverses et est exporté vers les marchés internationaux.

Un thé apprécié des gens

Le district de Jingxian se trouve dans une zone vallonnée qui jouit d’un climat doux et humide. Son sol mou et fertile favorise la culture du thé. Ding Zhehua vit depuis sa tendre enfance dans ce pays du thé. Ses parents ne sont pas des cultivateurs de thé, mais il a grandi dans un environnement de culture du thé, ce qui l’a influencé profondément et lui a permis de décider de bien utiliser ces ressources vertes. C’est ainsi qu’il a créé la SARL de l’alimentation verte de Taohuatan.

Ce qui permet à M. Ding d’avoir le souvenir tout frais de certaines choses, ce ne sont pas les difficultés qu’il a éprouvées au début de l’établissement de la société, mais les échecs qu’il a essuyés après que la société eut bien marché pendant des années. Au fur et mesure de l’amélioration de la vie du peuple chinois, les consommateurs ne se satisfaisaient plus des quelques sortes de thé existantes et se sont désintéressés de ces produits. La concurrence acharnée du marché a fait que sa société avait accumulé un stock élevé, une quantité considérable de thé n’a pu être écoulée, les nouveaux produits en cours d’essai n’étaient pas prêts pour la production…. À cette époque, M. Ding était bien occupé,  il n’avait même pas quelques minutes pour prendre quelques gorgées de thé dans l’atelier de traitement. Il devait, d’une part, faire des enquêtes de marché, analyser les besoins des consommateurs de thé pour accélérer l’exploitation des sortes en demande, et, d’autre part, chercher des zones convenables pour planter les nouveaux théiers. Dans la saison de la récolte du thé, qui s’échelonne en mars et avril, il logeait à la base de production du thé. Tout le monde dit que les feuilles de thé sont le fruit de la sueur des cultivateurs et des efforts de M. Ding!

La société a finalement réussi à surmonter le plus difficile. Elle s’est développée d’un petit atelier à une entreprise importante de production de thé du district de Jingxian. La société possède maintenant une plantation de thé de 10 000 mu (un mu= 1 /15 hectare) qui peut produire un thé haut de gamme. À 500 m d’altitude, sur le versant du mont Huangshan, la plantation de thé est entourée par les monts et couverte par les nuages. Sous l’ombrage des arbres et des bambous, des ruisseaux coulent paisiblement. Cette particularité topographique permet à la société de cultiver un thé sans pollution. Par conséquent, le centre de développement de l’alimentation verte de Chine lui a accordé le permis d’utiliser l’appellation « aliment vert ».

Aujourd’hui, la société exploite une dizaine de marques, telles que le thé vert Yongxihuoqing, le thé Dingxilanxiang, le thé Aimingcaijian, etc. Parmi ces thés haut de gamme, le thé vert Yongxihuoqing s’adapte bien aux habitudes de consommation des gens du Nord ; c’est ainsi que la société a décidé d’ouvrir le marché à Beijing, voire même de s’orienter vers le marché international avec cette marque.

Déguster le thé chez le cultivateur

Série de produits de marque Taohuatan dont le thé Yongxihuoqing est le plus important.

À Jingxian, il y a plus de 10 000 familles qui s’occupent de la culture du thé, soit le tiers de la population de ce district. Autrefois, pour la production, chaque famille avait ses propres méthodes de traiter le thé. Les problèmes de faible envergure, de fonds insuffisants, de techniques rudimentaires et de conservation rendaient la commercialisation du thé difficile. Les cultivateurs se plaignaient sans cesse.

Aujourd’hui, dans la plantation de thé, les cultivateurs sont bien occupés, mais ils ne se soucient plus de la vente. La SARL de l’alimentation verte de Taohuatan envoie chaque année des gens chez les cultivateurs pour les conseiller sur la culture et le traitement. Comme le thé est conforme aux normes, la société l’achète.

Une cultivatrice m’a dit : «  Ma famille s’occupe de thé depuis une dizaine de générations, mais c’est ma génération qui est la plus riche. Autrefois, nous devions porter les paniers à thé à la palanche et parcourir un peu plus d’une dizaine de li (un li = ½ km) dans la montagne pour se rendre au chef-lieu du district vendre le thé porte à porte. L’argent gagné ne couvrait  même pas les dépenses. Pour vivre, nous devions élever des porcs et des canards. Après la mise en application de la politique de réforme et d’ouverture, l’économie s’est développée rapidement, le nombre des acheteurs a augmenté, mais nous manquions de renseignements et ne trouvions pas de débouchés, les thés de bonne qualité ne pouvaient être vendus. La société que le directeur Ding a établie nous a sauvés. Grâce à elle, en deux ans, la plupart des cultivateurs se sont enrichis. Voir que le thé traité de nos mains est bien demandé, nous remplit d’aise. »

Pour m’accueillir, cette dame m’a fait du thé nouveau. Elle a mis quelques perles de thé Yongxihuoqing dans une tasse, versé un jet d’eau de source bouillante dessus ; un  arôme agréable s’est exhalé tout de suite, les perles se sont ouvertes, comme des bourgeons qui s’épanouiraient, et l’eau est devenue vert clair, tout en gardant sa transparence. J’en ai pris une gorgée et l’ai trouvé un peu amer, mais d’une senteur fraîche et douce. C’est un thé extraordinaire qui « doit se trouver seulement au Paradis » et « qu’on prend rarement dans le monde des humains »  En dégustant ce thé, je jetais un œil autour de moi. Les nouveaux meubles et le téléviseur en couleurs m’ont permis de mieux comprendre l’importance de la société pour les cultivateurs.

Au cours de l’interview avec M. Ding, j’ai remarqué que son regard se tournait souvent vers la plantation. Il est très attaché à son thé. J’espère sincèrement que cette société pourra ouvrir dès que possible le marché international et que le thé vert de Jingxian exhalera son arôme dans le monde entier.