ETHNIES
DE CHINE
Les
Naxi
Regroupant
280 000 personnes, cette ethnie se distribue principalement dans
la région du Yunnan qui confine au Tibet et au Sichuan, ainsi
que dans ces deux dernières régions.
Le district autonome naxi de Lijiang est toutefois leur
principal lieu d’habitation. Les Naxi s’enorgueillissent d’une
culture particulière et bien conservée : la
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Des
Naxi vénèrent le dieu du Ciel |
culture
Dongba, dotée de caractères et d’un langage particuliers. Cette
culture traditionnelle est ainsi appelée parce qu’elle a été principalement
conservée dans la religion dongba qui remonterait à des milliers
d’années. Celle-ci aurait été formée à partir de la religion primitive
des Naxi et en intégrant des influences culturelles et religieuses
des Han et des Tibétains. Cette religion est une forme de chamanisme.
La vénération des ancêtres et de la nature constitue la caractéristique
principale. Les rituels, qui ont été préservés à travers des pictogrammes,
des écritures et des formes religieuses en sont les principaux propagateurs. Les
grands prêtres de cette religion, appelés Dongba, en sont les
principaux héritiers et officient aux funérailles, aux mariages
et autres événements importants. Le mot dongba signifie « sage
». Ces grands prêtres ont une bonne maîtrise des pictogrammes
anciens, connaissent bien les Écritures, sont doués pour le chant
et la danse, maîtrisent bien la peinture, le tissage, le modelage
de figurines ou la sculpture sur bois, la divination, et ils sont
habilités à officier aux rites religieux. Habituellement, ces
pouvoirs sont transmis de génération en génération, mais parfois
le Dongba peut chercher instruction auprès d’un maître.
Survol
historique
Selon
les registres historiques, les ancêtres des Naxi étaient étroitement
liés à une tribu appelée Maoniu Yi durant la dynastie des Han
(206 av. J.-C - 220 apr. J.-C.), Mosha Yi durant les Jin ( 265-420)
et Moxie Yi durant les Tang (618-907).
Du Xe au XIIIe siècles, des seigneurs
esclavagistes formèrent peu à peu une caste féodale. En 1278,
la dynastie des Yuan (1206-1368) établit la préfecture de Lijiang,
représentant la cour impériale dans la province du Yunnan. Durant
les Ming (1368-1644), le chef des Naxi, nommé Mude, fut nommé
chef héréditaire de Lijiang. Il exerça ainsi le contrôle sur les
Naxi et marqua le début d’une économie seigneuriale. Durant les
Qing (1644-1911), les chefs locaux héréditaires surnommés Mu commencèrent
à être remplacés par des officiels de la cour pour occuper le
poste d’administrateur local.
L’écriture
dongba et l’art
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Des
Dongba |
Les
pictogrammes naxi sont appelés Sijiulujiu en langage naxi,
ce qui signifie « marques sur le bois et la pierre ». Une personne
des Qing aurait déclaré : « Cette écriture ressemble à un
dessin, elle dessine les personnes comme des personnes, les choses
comme des choses et les personnes les considèrent comme des caractères.
» Elle décrit les divers aspects de la vie. L’on dit donc que
les gens n’ont pas besoin d’étudier pour comprendre les quelque
1 400 pictogrammes qui
sont uniques au monde. On y retrouve la beauté de l’art primitif
de l’archéen, de sorte que ces caractères forment des données
précieuses pour l’étude de l’écriture dans le monde. Les Dongba,
que l’on pourrait comparer à des chamans,
ont aussi créé et utilisé d’autres caractères appelés Geba
un type de langage syllabique.
Les
Écritures dongba forment l’encyclopédie de l’ancienne société
naxi et sont utilisées par les Dongba. C’est durant la dynastie
des Tang et des Song, il y plus d’un millénaire, que ces Écritures
furent créées. Habituellement, elles sont disposées à l’horizontale
et mesurent en général 28cmx9cm et sont reliées à gauche. Chaque
phrase ou paragraphe est séparé par une ligne verticale ou horizontale.
Ces écritures sont écrites avec une plume de bambou et une encre
fabriquée par le Dongba lui-même. Certaines sont colorées. Le
papier utilisé est fabriqué à partir de daphné odorant
qui offre un papier épais, résistant et durable. On trouve actuellement
quelque 20 000 volumes de ces Écritures qui sont gardés dans des
bibliothèques, des musées et des instituts de 20 pays et régions.
Elles couvrent une variété de sujets : philosophie, histoire,
religion, médecine, astronomie, folklore et littérature. Parmi
ces Écritures, trois sont considérées comme des épopées historiques
des Naxi. Cuomu, est l’unique danse enregistrée en pictogrammes
dans le monde.
L’art
et la littérature des Naxi sont également riches, tant au plan
de la forme que du contenu. Outre les travaux des écrivains et
des chercheurs naxi, on trouve une littérature orale abondante.
Des œuvres comme Genèse, Le Riche vole le bœuf,
Fugue amoureuse sont caractérisées par des expressions
simples et fraîches et une touche nationale. Les Naxi aiment le
chant et la danse, et ils s’y adonnent surtout durant les mariages
et les funérailles. Les chansons les plus populaires sont courtes
et descriptives, chantées à une très haute tonalité avec un rythme
enlevant. Les instruments de musique les plus courants sont les
flûtes et les instruments à vent.
L’architecture,
la sculpture et la peinture
naxi ont atteint des standards relativement élevés. Leur style
a aussi intégré les styles traditionnels han et tibétain. Dans
certains bâtiments bien conservés, des peintures murales combinent
les traits concis et harmonieux de la peinture tibétaine avec
le style taoïste et bouddhiste
des peintures de la dynastie des Tang.
Les
rituels dongba
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Des
pictogrammes dongba |
La
religion dongba est une religion qui a évolué d’une religion primitive
vers une religion plus humaine. Plus de 30 sortes de rituels en
forment l’ossature. C’est par les rituels que le contenu des Écritures
dongba, véhiculé par les pictogrammes, a été présenté et légué.
Ces rituels ont toujours entretenu un lien étroit avec la production
et la vie des ancêtres naxi, ont tenté d’harmoniser les contradictions
entre l’homme et la nature, entre l’homme et la société et ils
ont une forte touche culturelle. Les plus typiques sont la vénération
du dieu du Ciel, la vénération de l’esprit errant, la vénération
du dieu de la Nature et la vénération de Dinbashiluo. La vénération
du dieu du Ciel est la cérémonie la plus importante des Naxi.
Chaque printemps et chaque automne, chaque famille ou clan des
Naxi tient un rituel à l’endroit prévu pour vénérer le Ciel. Deux
chênes et un genièvre qui représentent le Père du Ciel,
la Mère du Ciel et l’Oncle du Ciel sont plantés au centre de la
place. Au pied de ces
arbres, on offre des sacrifices et on fait
brûler des bâtonnets d’encens. Le Dongba psalmodiera des
Écritures pour commémorer les ancêtres, les héros et la création
afin de transmettre les origines historiques, renforcer l’unité
de la nationalité et prier pour la paix et une bonne température.
Le rituel de l’esprit errant vise à libérer l’esprit d’un défunt
qui s’est suicidé ou qui est mort lors d’un désastre ou pendant
la guerre. Le rituel au dieu de la Nature vise pour sa part à
présenter des excuses à ce dernier. Au cours des temps, l’homme
a pollué, détruit les forêts, tuer des animaux et le dieu a commencé
à punir l’homme par des désastres et des maladies. On cherche
donc à faire venir les bénédictions sur l’homme. La vénération
de Dinbashiluo est une cérémonie que l’on tient à la mort d’un
Dongba. Dans sa maison, on installe un autel, on déroule une peinture et on met en place des tables d’offrandes sacrificielles.
L’atmosphère de la cérémonie est empreinte d’une atmosphère grandiose.
On déroule également un tanka de 15 mètres de long et de 0,3 mètre
de large, intitulé «Voie sacrée » et illustrant l’enfer, le monde
et le Ciel. On y trouve plus de 360 personnages et dieux et plus
de 70 animaux bizarres. Cette Voie sacrée est le tanka vertical
le plus long au monde.
Us
et coutumes
Les
femmes naxi portent une tunique à manches larges accompagnée d’un
pantalon et d’une veste, resserrée à la taille par une ceinture
richement décorée. Elles portent souvent une peau de mouton en
écharpe, et sur celle-ci on trouve sept étoiles finement brodées,
de chaque côté desquelles se situent la lune et le soleil. Ceci
reflète la diligence des Naxi qui aiment à travailler tôt le matin et ne s’arrêtent que tard le soir. Elles enroulent
un turban noir sur leur tête et se parent de gros bijoux d’argent.
Les costumes des hommes ressemblent à ceux des Chinois.
La crémation est de tradition depuis les temps
anciens, mais dans certaines régions, on enterre les morts. Jusqu’au
milieu du siècle dernier, la famille monogame était courante et
à certains endroits, il y avait des familles matriarcales. Cependant,
règle générale, l’homme jouissait
d’un statut prédominant dans la famille et la femme avait
peu à dire, ne pouvant même pas hériter de la propriété familiale.
Les mariages étaient arrangés.
Parmi
les Dongbas, il n’y a
pas de niveau social, mais un niveau de connaissances et de savoir-faire,
de générations et d’habiletés. Normalement, lorsque les Naxi construisent
leur maison, lors des naissances et des décès, des fêtes ou du
Nouvel An, ils invitent le Dongba afin qu’il préside à une cérémonie.
Les fêtes traditionnelles comprennent la foire des outils de la
ferme en janvier, la fête du dieu de la Pluie en mars, la foire
du mulet et du cheval en juillet.
Aujourd’hui,
les Naxi vivent surtout d’agriculture et ils sont particulièrement
fiers du chef-lieu de leur préfecture autonome : Lijiang,
qui est maintenant une ville du patrimoine culturel mondial de
l’UNESCO.