La
machinerie au service des paysans
-Visite au bureau
de la mécanisation agricole du district de Jingxian
QI JUAN
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Les champs du district de
Jingxian. |
Au
sud du pays, dans la province de l’Anhui, se trouvent les monts
Huangshan et Jiouhuashan, deux des monts les plus connus en Chine,
et à leur croisement, le district de Jingxian. C’est une région
de collines et de montagnes de peu d’altitude. Seules de petites
plaines alluviales formées au bord du fleuve Qingge constituent
la zone de production céréalière principale de ce district.
Dès
l’arrivée là-bas, on peut comprendre que si ce district est appelé
un grand district agricole, c’est que non seulement les paysans
y représentent 90 % de la population totale (360 000
habitants), mais aussi que ses ressources agricoles sont
abondantes. Mais en se rappelant le paysage qui a défilé le long
de la route pour y venir, il y a une chose qui nous a étonné.
Dans cette région, les paysans sont nombreux, c’est le moment
de la récolte, il devrait donc y avoir beaucoup de paysans dans
les champs. Eh bien, on n’y a vu que des machines, mais quasiment
pas de paysans. Seules quelques moissonneuses
récoltaient le riz. Pourquoi si peu de paysans?
Apprivoiser
la machinerie agricole
Dans
la campagne chinoise, le paysan a toujours eu recours à un mode
de culture traditionnel. La production agricole dépendait de la
force humaine et des bestiaux ; peut-être est-ce à cause
de la population nombreuse, surtout dans les régions où la densité
démographique est forte et où la terre est rare. Peu de gens pouvaient
donc s’imaginer qu’il faudrait remplacer l’homme et les bestiaux
par la machine pour alléger l’effort demandé par les travaux agricoles
et élever l’efficacité du travail. Dans ce contexte, l’utilisation
et la généralisation des machines agricoles ont rencontré de grandes
difficultés.
Wang
Xiaomin, directeur du Bureau de
la mécanisation agricole du district de Jingxian a raconté
cette histoire à notre journaliste.
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Démonstration sur
l'utilisation de la machinerie agricole. |
L’année dernière, au moment des semailles, le technicien du
bureau est allé, avec une machine agricole, au district de Zhexi
pour donner une démonstration aux paysans. Ne croyant pas en cette
nouvelle machine, aucun paysan ne voulait la laisser circuler
dans ses propres champs à des fins de démonstration. Grâce à la
persuasion patiente du technicien et des cadres du village, il
y a eu finalement un paysan qui s’est montré d’accord. Mais une
fois que la machine a commencé à fonctionner, les yeux des paysans
soupçonneux se sont écarquillés. Avec le semoir, on pouvait finir
rapidement le travail qui nécessitait en général une journée entière.
Tout le monde s’est rué vers la machine et a demandé à l’utiliser
en premier. Les paysans ont reçu chaleureusement le technicien,
lui offrant cigarettes et thé qu’ils avaient apportés de chez
eux. Résultat : à l’aide des techniciens du Bureau de la
mécanisation agricole, les paysans ont achevé les semailles de
riz en peu de temps et avec moins d’efforts.
Pour généraliser la mécanisation agricole, ce bureau a fondé spécialement une zone exemplaire de
culture du riz. Dans la zone, on voit des rangs d’arbres, des
canaux d’eau reliés les uns avec les autres, une route bien construite
jusqu’aux champs. Un paysan, responsable de cette zone, a expliqué :
« Cette route a été construite spécialement pour la machinerie.
S’il n’y avait pas de route, nous ne pourrions pas l’utiliser.
Autrefois, nous avions besoin de deux personnes pour cultiver
un ou deux mu (un mu= 1/15 hectare), mais aujourd’hui,
nous avons la machinerie. Une personne peut cultiver 20 mu.
Les champs sont tous cultivés et récoltés par l’équipe de la mécanisation
agricole du village. Le main-d’œuvre excédentaire a du temps libre
pour s’occuper des activités agricoles auxiliaires. La machinerie
agricole du district nous a apporté beaucoup d’aide. » Le
gouvernement du district accorde beaucoup d’attention à cette
zone exemplaire. Sun Xiaofu, secrétaire du Parti du district est
venu souvent aux champs pour s’informer du besoin des paysans
et résoudre les problèmes avec eux.
L’expérience
d’un vieux cultivateur de la montagne
Pour
interviewer ce cultivateur, notre voiture a pris une route de
montagne. Les ruisseaux y étaient limpides, les bambous verdoyants
et l’air pur. Après bien des difficultés, nous sommes parvenus
à rencontrer cet homme, à mi-chemin de la montagne, à 500 m d’altitude.
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On est en train d'examiner
et de réparer des machines agricoles avant la saison
des grands travaux. |
Dans
la cour de son habitation, il nous a raconté sa vie : «
Nous cultivons le riz et le thé. Nous avions jadis un vieux buffle
sur qui nous comptions beaucoup pour les travaux des champs. Tous
les membres de ma famille peinaient à l’année longue dans les
champs pour ne gagner finalement que 500 yuans environ. À l’époque,
nous étions tellement pauvres qu’à part un lit, nous ne possédions que quelques chaises et une table. Les frais
de scolarité de nos enfants n’étaient pas très élevés, quelques
dizaines de yuans seulement, mais nous n’arrivions pas à réunir
cette somme d’argent. Ces dernières années, les gens du district
ont déployé des efforts pour vulgariser les connaissances en mécanisation
agricole et cela nous a radicalement sauvé de la situation d’antan.
Les techniciens enseignaient de porte en porte la manière d’utiliser
les machines agricoles. Aujourd’hui, les membres de ma
famille sont totalement libérés des travaux des champs.
Rien que ma femme et moi, nous pouvons faire cela facilement.
Les enfants sont partis entreprendre d’autres activités pour gagner
plus d’argent. Un de mes fils est actuellement au Nigéria pour
faire du commerce de machines électriques. Il gagne 700 dollars
par mois ! Nous avons donc refait notre maison et ajouté
beaucoup de nouveaux meubles. Notre vie est bien meilleure que
celle d’autrefois. »
Nous
avons remarqué qu’en dépit de l’éloignement, presque rien ne manque :
l’électricité, la télévision, la machine à laver, le four à gaz,
l’eau courante, tout y est. La vie y est devenue assez facile.
Certes, elle n’est pas encore aussi facile que celle que vivent
les gens dans la plaine, mais c’est déjà une vie dont les paysans
de la montagne n’osaient même pas rêver il y a dix ans !
«
Grâce à la mécanisation agricole, le nombre des gens travaillant
dans les champs a diminué, le rendement est meilleur. Nous allons
continuer dans cette voie pour parvenir à la modernisation scientifique
et technique. » Si nous ne l’avions pas constaté de nos propres
yeux, nous n’aurions jamais osé croire un instant que ces paroles
étaient sorties de la bouche d’un vieux paysan. Il est évident
que les paysans se sont bien rendu compte des bienfaits de la
mécanisation agricole.
En
novembre dernier, la Chine est officiellement entrée à l’OMC.
Cela signifie qu’elle va ouvrir encore davantage son marché intérieur,
que les produits agricoles étrangers à bas prix vont probablement
entrer en quantité en Chine, que l’agriculture chinoise et les
paysans chinois vont devoir supporter une certaine pression.,
parce qu’actuellement, le prix du blé, du maïs et du coton est
supérieur à celui du marché international. La solution à ce problème
est de faire baisser le prix de revient des produits agricoles.
Le gouvernement chinois a déjà décidé d’appliquer une politique
de mécanisation agricole pour élever la capacité concurrentielle
des produits agricoles chinois. Au cours de ce processus, les
bureaux de la mécanisation agricole répartis dans toute la Chine
vont apprendre aux paysans à utiliser les machines agricoles pour
qu’ils puissent, nourris de connaissances scientifiques et techniques,
participer de plain-pied à la concurrence internationale.
Le
voyage au district de Jingxian allait bientôt prendre fin. En
voyant différents types de machines agricoles à l’œuvre dans les
champs, au crépuscule, nous ne pouvions nous empêcher de penser
que cette terre recèle en son sein une immense vitalité et beaucoup
d’espoir.