MAI 2004

 

Le volume de distribution du Dao De Jing vient juste après celui de la Bible en Occident
Des " pieds de trois cun " aux " beautés artificielles " : les Chinoises ont vécu deux mondes entièrement différents

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

Des « pieds de trois cun » aux « beautés artificielles » : les Chinoises ont vécu deux mondes entièrement différents

Totalement inconnue jusqu'alors, Hao Lulu s'est transformée d'un seul coup en une célébrité dans toute la Chine. Après avoir subi une dizaine d'opérations de chirurgie esthétique générale s'étendant sur une durée de 200 jours environ et qui lui ont coûté quelque 300 000 yuans, cette jeune fille de Beijing a acquis le titre de « première beauté artificielle de la Chine ». Grâce à une série d'opérations, pose d'implants mammaires, rhinoplastie, lipo-aspirations et interventions sur les paupières (la surface opérée de son corps n'est pas inférieure à celle subie par la célèbre star de la chanson américaine Michael Jackson!), Hao Lulu a subi une complète métamorphose, et ce, des pieds à la tête! Malgré les protestations qu'a suscitées le choix extrême de Hao Lulu visant à se faire belle et à affirmer ainsi sa personnalité, une « vague de beauté artificielle » déferle d'ores et déjà chez certaines femmes. Cependant, il y a moins d'une centaine d'années, les grands-mères des jeunes de la génération de Hao Lulu devaient subir une autre sorte de torture : dès leur plus tendre enfance, elles étaient obligées de se faire bander les pieds. Ainsi, une fois adultes, leurs petits orteils étant déformés, elles ne pouvaient marcher qu'en s'appuyant sur leurs gros orteils. Or, c'est justement ces malheureuses aux « pieds mignons de trois cun » qui passaient pour des femmes parfaites aux yeux des hommes de l'époque... Depuis l'avènement de la Chine nouvelle en 1949, les Chinoises, contraintes pendant plusieurs milliers d'années à ne pas mettre les pieds hors de leur foyer, ont commencé, grâce à la protection de la Constitution, à travailler dans différents secteurs d'activité du pays, ainsi qu'à jouir d'un salaire égal pour un travail égal et de la liberté du mariage. À l'heure actuelle, à peu près le tiers des fonctionnaires sont des femmes, et parmi l'ensemble des députés à l'Assemblée populaire nationale, l'institution du pouvoir suprême du pays, plus d'un cinquième sont des femmes. Passées des blue-jeans et t-shirts au rouge à lèvres, certaines Chinoises sont montées sur l'estrade de concours de beauté internationaux, d'autres se sont transformées en milliardaires, et d'autres encore font partie de la « classe montante », qui vit dans des hôtels ou immeubles de bureaux de luxe. « Par rapport à l'époque des ‘pieds de trois cun’ dominée par l'autorité du mâle, les Chinoises d'aujourd'hui vivent dans un tout autre monde », remarque M. Li Yinhe, maître de recherche à l'Académie des sciences sociales de Chine. Selon les statistiques, ces dernières années, le secteur des services de beauté, censé aider à embellir les femmes, est d'un seul coup passé à la troisième place des points chauds de la consommation, juste après le marché immobilier et le tourisme. Il n'est donc pas étonnant que, ces derniers temps, le volume des dépenses pour les soins de beauté se situe chaque année au-delà de 20 milliards de yuans. 

(Quotidien du peuple)