Longyang, la cité de l’orchidée de la Chine de l’Ouest
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bibliothèque Heshun, actuellement la plus grande bibliothèque
de village en Chine. |
Longyang de Baoshan, appelée autrefois
Yongchang, est une des régions ayant été exploitées le plus tôt
au Yunnan. Située entre deux montagnes que traverse l’impétueux
fleuve Lancang, cette région a une superficie de 50 000 km2
et abrite 840 000 habitants de treize ethnies minoritaires,
dont les Lisu, Yi, Bai, Dai. Ses ressources touristiques sont abondantes,
les voyageurs la considèrent comme un véritable Shangri-la.
Aller
au quartier des fleurs
À la XIIe édition de
la foire de l’orchidée de Chine, tenue en février dernier au Sichuan,
les visiteurs ont pris intérêt à l’orchidée de Longyang, surtout
à une orchidée appelée Huangguandie
(papillon à couronne impériale). D’après un certain monsieur Zhou
qui connaît bien l’origine de l’orchidée : « cette fleur
pousse à Longyang depuis toujours et le quartier des fleurs Duanyang
remonte au règne de l’empereur Xianfeng des Qing, il y a plus de
300 ans. À cette époque-là, Baoshan a subi les affres de la guerre
et le feu l’a rasée complètement. Après ces calamités, la peste
commença à se propager. La région sinistrée eut un besoin urgent
de médicaments. C’était le cinquième mois lunaire, au moment de
la fête traditionnelle Duanyang, et les fleurs et les herbes médicinales
affluaient sur le marché. Les habitants allèrent acheter des médicaments
pour lutter contre les épidémies et traiter les malades, ce qui
forma la foire « Quartier des herbes médicinales ». Maintenant,
ce marché se perpétue sous le nom de Quartier des fleurs Duanyang.
Comme Baoshan jouit d’une température douce et de précipitations
en quantité suffisante, la croissance des orchidées y est favorisée.
Ces fleurs de toutes sortes de couleurs exhalent un parfum agréable
dans les vallées du mont Gaoligong.
D’après les dires, chaque année,
des commerçants de Taiwan et du Japon achètent des pousses d’orchidée
de Longyang. Un homme d’affaires taïwanais explique : « L’orchidée
est très exigeante concernant les conditions de température, d’humidité
et de qualité du sol. L’environnement de Longyang s’adapte bien
à la culture de cette fleur. L’orchidée de Longyang est bien connue
et précieuse, un pied d’orchidée peut coûter jusqu’à 100 000 dollars
US.
À la suite de l’urbanisation accélérée,
le quartier des fleurs Duanyang s’élargit d’année en année. Grâce
aux propositions du gouvernement, le quartier traditionnel des fleurs
se développe en une marché regroupant l’exposition, la vente, les
échanges techniques et économiques, voire même les activités culturelles
et artistiques.
Mener
une vie agréable à Shuizai
En contraste avec l’animation du
Quartier des fleurs de Longyang, le calme règne sur le village Shuizai
( village d’eau), un village montagneux existant depuis longtemps
à Longyang. C’est un ancien relais.
De Baoshan, vers l’ouest, le majestueux
mont Gaoligong ressemble à une main gigantesque qui sépare Longyang
et Dengcong. Il y a un millénaire, les commerçants et les caravanes
traversaient déjà ces hautes montagnes de plus de 4 000 m,
en suivant un sentier en zigzag pour faire l’aller-retour entre
ces deux lieux. C’était le dernier tronçon de l’ancienne route Chama
(du thé et des chevaux) sur le territoire chinois. Aujourd’hui,
les pierres du chemin présentent la patine du temps. Quand on marche
dans cet ancien sentier, il nous semble entendre le tintement des
clochettes des chevaux des caravanes dont la réputation a traversé
le temps et l’espace.
Ce sentier est étroit, un cheval
y passe à peine à certains endroits. Les arbres flanquent la route
et sur les versants, des grottes artificielles ont été creusées
çà et là. Ces grottes sont juste assez grandes pour une personne
et servaient d’abri aux caravaniers. Une fois rendu au sommet, si
on porte son regard au loin, les montagnes ondulent, les monts semblent
entassés les uns sur les autres, quel paysage inspirant! La fumée
des cuisines s’élève de temps à autre des maisons maçonnées en pierre
ou en terre.
J’ai rendu visite à une famille
de cinq personnes. Un vieillard fumait en se chauffant au soleil
dans la cour et un homme d’âge adulte donnait à manger à un cheval.
Une jeune femme portant un bébé sur son dos m’a parlé de la famille
de son mari qui habite ici depuis le règne de l’empereur Chongzhen
des Ming (1368-1644). Bien que sa maison remonte à plus de 300 ans,
elle est toujours habitable, car on la dit très confortable :
il y fait chaud en hiver et frais en été. La famille a signé un
contrat forfaitaire sur une forêt de bambous. Dans les montagnes,
l’éducation des enfants est un problème. Mais dans cette région
qui porte intérêt à l’enseignement, les enfants d’âge scolaire peuvent
fréquenter l’école. Un enfant de cette famille fait ses études dans
une école primaire située à 2 km de la maison.
Maintenant, il n’y a que les explorateurs
qui prennent encore cette ancienne route, mais le sentier dégage
une ambiance historique : les nombreux échanges commerciaux
qui y ont eu lieu entre la Chine et des pays d’Asie du Sud ont laissé
leurs empreintes.
L’ancien
embarcadère Lanjin
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L’ancien
embarcadère Lanjin évoque le charme d’autrefois. |
Une fois passé un village d’eau,
je suis arrivé à l’embarcadère Lanjin, un ancien site qui était
animé il y a plus de deux millénaires. Avant la mise en service
de la route Sidiwei, pour aller de l’intérieur du pays à Baoshan,
il fallait passer par ce fameux embarcadère. À Longyang, les monts
sont omniprésents et deux pics majestueux se dressent : le
mont Bonan et le mont Loumiao ; deux rivières au cours impétueux
y coulent. Les nombreux récifs, les hauts-fonds dangereux, la crue
et la décrue de l’eau selon les saisons rendent la navigation difficile.
Depuis des millénaires, les riverains ont installé quantité de ponts
ou ouvert des embarcadères. L’embarcadère Lanjin est celui qui a
la plus longue histoire.
En 1421, à l’embarcadère, on a installé
un pont de chaînes de quelques centaines de mètres, composé de 18
grosses chaînes. Il est appelé le pont Jihong (l’arc-en-ciel après
la pluie), en raison de sa forme. Ce pont avait plus de 500 ans,
lorsqu’il a été démoli par la grande crue de 1996. Aujourd’hui,
il ne reste que deux piles qui ressemblent à deux lions gardant
les deux rives de la rivière; à une dizaine de mètres, on a construit
un nouveau pont de chaînes de même style et de la même longueur,
de sorte que les habitants peuvent traverser la rivière comme autrefois.
Ainsi, l’ancien embarcadère Lanjin présente toujours son charme
d’autrefois et permet d’évoquer l’histoire des communications à
cet endroit.
Les
gravures rupestres Moya
Les gravures rupestres Moya sont
imposantes. Elles ont été réalisées sur une paroi rocheuse, à l’ouest
du pont de chaînes dans le village Shuizai. Sur cette paroi, on
voit des inscriptions et des dédicaces de fonctionnaires et de généraux
des temps anciens. Ces gravures sont des notes importantes qui présentent
l’évolution historique de l’ancien embarcadère Lanjin et du pont
Jihong.
L’envergure des gravures et leur
localisation périlleuse étonnent tous les visiteurs. Les inscriptions
et les dédicaces sont rangées de haut en bas d’un rocher surplombant
un précipice. Ces dédicaces poétiques sont composées en différents
caractères : certains mesurent deux mètres, d’autres sont petits
comme la paume d’une main. Les styles calligraphiques sont variés :
zhuanshu, lishu
(écriture des scribes), kaishu (écriture normale, carrée et régulière)
et caoshu, et les traits
et les points évoquent un style fougueux et ouvert qui permet de
bien sentir toutes les vicissitudes historiques. Les contenus des
inscriptions touchent différents thèmes : dédicaces pour le
pont, l’embarcadère, le précipice accidenté, la place forte; il
y a aussi des poèmes pour qualifier certaines vues pittoresques.
La gravure la plus ancienne aurait été effectuée durant la dynastie
des Ming (1368-1644), il y a plus de 400 ans, et la plus récente
il y a plus d’un demi-siècle.
Parmi une trentaine de gravures,
dont 28 sont bien conservées, on peut en distinguer lisiblement
trois sortes : des dédicaces, des poèmes et des sentences parallèles.
Ces gravures présentent une grande valeur pour connaître l’évolution
historique de l’ancien embarcadère Lanjin. Celui-ci, ainsi que le
pont Jihong et les gravures rupestres Moya, sont des unités du patrimoine
sous protection d’échelon provincial, et les gens de Longyang sont
fiers de ces vestiges qui sont non seulement des trésors de l’histoire,
de la littérature et de la calligraphie, mais aussi des sites touristiques
pittoresques.
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