AOÛT  2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Le seul mensuel multilingue d'intérêt général en Chine, publié en français, anglais, espagnol, allemand, arabe et chinois.

 

 

 

L’opéra tibétain

Un spectacle d’opéra tibétain

L’opéra tibétain est connu comme a-chi lhamo (déesses sœurs) en tibétain, et il est formé d’une combinaison de modes artistiques, dont le théâtre, la danse, la musique, les arts martiaux, les masques et les costumes, qui concourrent tous à la présentation d’une histoire.

Selon la tradition, l’opéra aurait été introduit par Thangtong Gyalpo de la lignée bouddhiste Kagyu au XVe siècle. Cet homme eut l’idée de construire un pont sur chacune des rivières de la région. Pendant trois ans, il se serait creusé la tête pour trouver des façons de rassembler des fonds, mais sans succès. Puis, il découvrit que parmi ses disciples, il y avait sept sœurs charmantes, particulièrement douées pour le chant et la danse. Thangtong les rassembla donc en une troupe d’opéra et composa des spectacles simples, incluant des chants et des danses, qui racontaient des histoires illustrant les enseignements bouddhiques. La troupe voyagea un peu partout dans la région et ramassa les dons des spectateurs. C’est ainsi que serait né l’opéra tibétain dont le contenu s’est enrichi au fil des siècles. Ce n’est cependant qu’au XVIIe siècle que l’opéra serait vraiment devenu un art en soi.

Aujourd’hui, on trouve des troupes d’opéra dans toutes les régions du Tibet et de nombreuses troupes d’amateurs; les représentations sont fréquentes et souvent données en plein air, puisque l’opéra tibétain n’exige pas de scène spéciale. On considère qu’il y a quatre écoles : l’école Goinba, caractérisée par des chants sonores à la tonalité élevée et des acrobaties; l’école Gyanggar, au style ancien et solennel dérivé du lamaïsme; l’école Xangba qui présente une forte touche folklorique locale et des influences de l’école Gyanggar; l’école Gyormolung, la plus récente, dont l’approche est particulièrement moderne et créative sur les plans du chant et de la chorégraphie. On y trouve aussi de nombreux effets comiques. C’est l’école la plus développée.

Contrairement à l’opéra chinois, le maquillage est léger dans l’opéra tibétain : c’est le masque qui le caractérise davantage. L’accompagnement musical est simple, puisque deux instruments seulement sont nécessaires : tambour et cymbales. Au début du spectacle, un narrateur explique l’intrigue dans une récitation rythmée. À part cette narration, les parties récitées sont relativement rares, et les acteurs se concentrent sur les chants dont les mélodies sont particulièrement élaborées pour démontrer la vigueur du style. Les chanteurs sont souvent accompagnés d’un choeur en arrière-plan. Les mélodies sont divisées en  trois catégories : longue pour exprimer la gaieté, triste pour exprimer les regrets et courte pour la narration. Le langage est toujours très simple, bien que les intrigues soient parfois très complexes. Il existe des formes longues et courtes des opéras tibétains : certains peuvent demander quelques heures, d’autres, un ou deux jours. Toutefois, chaque présentation comporte habituellement trois parties : le prologue à l’action principale, l’histoire comme telle et l’épilogue. Huit titres d’opéra tibétain sont encore fréquemment présentés et forment le répertoire standard. L’arrivée des CD et VCD aide désormais à leur plus large diffusion.