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Le boom de l’amitié sino-française grâce à la coopération nucléaire

2019-03-05 10:49:00 Source:La Chine au présent Auteur:HE YU
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法语词典
La centrale nucléaire de la baie de Daya
 
HE YU*

  

Il y a 55 ans, la Chine et la France ont établi des relations diplomatiques. Depuis, les deux pays avancent main dans la main et approfondissent leur collaboration dans divers domaines, notamment l’énergie nucléaire, volet majeur dans la coopération bilatérale économique et technologique. China General Nuclear Power Corporation (CGNPC) a toujours constitué la principale force motrice derrière cette coopération sino-française dans le nucléaire, coopération qui s’est continuellement approfondie depuis une trentaine d’années. En témoigne l’installation des centrales nucléaires de la baie de Daya et de Taishan, sans oublier le projet de Hinkley Point C au Royaume-Uni. Au fil de ce processus, les rapports entre les entreprises chinoises et françaises ont évolué, passant d’une « relation maître-apprenti » à un partenariat stratégique fondé sur le principe de la réciprocité. *HE YU est PDG de China General Nuclear Power Corporation (CGNPC). 

 

Une belle histoire d’amitié autour du nucléaire

 

La coopération sino-française dans le nucléaire a débuté avec la construction de la première grande centrale de la partie continentale de la Chine, à savoir la centrale nucléaire de la baie de Daya. En décembre 1978, Deng Xiaoping, architecte en chef de la réforme et de l’ouverture de la Chine, a annoncé sa décision de faire venir de France deux équipements exploités dans les centrales nucléaires de l’Hexagone, après une rencontre avec Jean-François Deniau, alors ministre français chargé du Commerce extérieur. Après plusieurs années de préparatifs, en 1982, le Conseil des affaires d’État a approuvé l’utilisation de ces technologies nucléaires françaises en vue de bâtir la centrale de la baie de Daya. À compter du 7 août 1987, CGNPC, EDF et Framatome ont coopéré sur ce projet, dont les travaux se sont achevés sept ans plus tard, le 6 mai 1994. Un événement qui a marqué l’avènement du grand programme nucléaire civil de la Chine.

 

Tout au long des travaux de la centrale nucléaire de la baie de Daya, les techniciens de CGNPC ont eu le sentiment de « retourner au primaire » et d’apprendre humblement, en tant qu’élèves, auprès de leurs professeurs français. Dans le même temps, afin de permettre à ces expatriés de travailler et de vivre en Chine dans de bonnes conditions, un « village d’experts » a été aménagé directement sur le site de construction de la centrale. Ce village abritait plus d’un millier d’experts étrangers de toutes nationalités, quoique pour la plupart Français. Le taux d’immigration en ce lieu était parmi les plus élevés sur le territoire chinois, tout juste derrière celui du quartier des ambassades à Beijing, surnommé « la petite ONU ».

 

Bien qu’à leur arrivée, les spécialistes français eussent des difficultés à discuter avec la plupart des employés locaux, ils ont pu rapidement approfondir leur compréhension de la culture chinoise, notamment en découvrant des poèmes anciens ou encore en admirant des peintures du pays. Ces supports artistiques ont servi de canaux de communication efficaces entre le personnel chinois et français affecté à la baie de Daya. D’ailleurs, par la suite, les techniciens français ont baptisé les rues au sein du « village d’experts » d’après des poètes chinois de l’antiquité. Encore aujourd’hui, l’on peut voir le long de la route ces panneaux indiquant les rues Li Bai, Du Fu ou encore Bai Juyi, qui content à chaque visiteur l’histoire de l’amitié sino-française.

 

Afin de garantir le fonctionnement sûr de la centrale nucléaire dans la baie de Daya après sa mise en service, CGNPC a missionné en France environ 110 techniciens, triés sur le volet, et j’ai eu la chance de faire partie des candidats retenus. Le groupe EDF s’est chargé d’organiser la formation des différentes catégories de salariés : il a envoyé le personnel d’exploitation sur le site de la centrale nucléaire de Gravelines (dans le nord de la France), car les dessins techniques des unités 5 et 6 de cette centrale étaient identiques aux technologies envisagées pour la centrale de la baie de Daya ; le personnel de maintenance a été accueilli dans la centrale nucléaire du Tricastin (dans le sud de la France) ; le personnel d’administration a découvert les modes de gestion en place dans différentes centrales du groupe EDF. Quant à la formation relative à l’îlot classique, elle a été dispensée au sein de la société britannique General Electric Company (GEC). Ces formations se sont déroulées sur le modèle de l’apprentissage : avec un apprenti chinois qui observe minutieusement tous les faits et gestes de son maître français, choisi en fonction du poste visé. Nous n’avions pas tous le même âge (certains avaient la vingtaine ; d’autres, la quarantaine), mais nous avions tous cette même soif de connaissances ! Au final, tous les « stagiaires » ont réussi les examens (l’écrit et l’oral) et obtenu un certificat de qualification professionnelle délivré par EDF, avant de rentrer en Chine fin novembre 1990.

 

Dès notre retour au pays, nous avons pris part à la construction de la centrale nucléaire de la baie de Daya, ce qui nous a valu le surnom de « gens en or » par nos concitoyens. J’espérais alors que nous serions de taille à jouer ce rôle central qui nous était confié dans le secteur du nucléaire chinois. Tout compte fait, nous avons véritablement été à la hauteur des attentes : en effet, pour la plupart d’entre nous, nous sommes devenus des piliers du développement de l’industrie nucléaire chinoise et parallèlement, nous avons composé une belle histoire d’amitié sino-française !

 

Aux prémices de la réforme et de l’ouverture, la centrale nucléaire de la baie de Daya, qui représentait un investissement total de quatre milliards de dollars, était à l’époque le plus gros projet de joint-venture convenu entre la Chine et un pays étranger. Initiative phare dans le cadre de la politique chinoise de réforme et d’ouverture, la construction de cette centrale avait pour mission historique d’« amorcer l’industrie nucléaire en Chine ». Dans les années 1990, à l’instar de la centrale nucléaire de la baie de Daya, CGNPC a de nouveau coopéré avec la France dans le cadre de la construction de la phase 1 de la centrale nucléaire de Ling’ao. CGNPC a profité de cette occasion pour se faire approvisionner par des firmes chinoises, afin d’encourager la fabrication nationale de certains équipements nucléaires. Ainsi, la part du matériel « made in China » utilisé pour ce projet nucléaire de Ling’ao a atteint 30 %, contre 1 % dans la centrale de la baie de Daya.

 

Coopération sur le premier EPR au monde

 

Au XXIe siècle, CGNPC et EDF ont de nouveau uni leurs forces pour mettre sur pied la centrale nucléaire de Taishan, destinée à employer la « crème » de la technologie nucléaire française, à savoir l’EPR. Ensemble, ils ont conjointement porté ce projet pour que ce réacteur de troisième génération voie le jour. Construire la centrale nucléaire de Taishan a non seulement constitué une décision importante du gouvernement chinois dans le cadre de la stratégie énergétique nationale et mais aussi a marqué un jalon dans l’histoire de la coopération énergétique sino-française.

 

Le 26 novembre 2007, CGNPC et EDF ont signé un accord de coopération relatif au projet de construction de l’EPR pour la centrale de Taishan. Les travaux à Taishan ont progressé de manière constante dès leur lancement en 2009, grâce aux efforts conjoints des diverses entreprises chinoises et françaises impliquées. Elle est même devenue la centrale nucléaire EPR à la croissance la plus rapide au monde ! Le 9 janvier 2018, au Grand Palais du Peuple à Beijing, le président chinois Xi Jinping et le président français Emmanuel Macron, alors en visite en Chine, ont conjointement dévoilé la plaque de l’unité n°1 de la centrale nucléaire de Taishan, sur laquelle il était inscrit : « Premier réacteur EPR au monde ».

 

La construction de la centrale nucléaire de Taishan, plus grand projet de coopération énergétique décidé entre la Chine et la France, revêt une signification non négligeable pour les deux pays. Premièrement, ce projet a accéléré la coopération entre la Chine et la France dans les technologies nucléaires de troisième génération. Il a non seulement favorisé dans ce secteur la R&D des nouvelles technologies, la fabrication des équipements ainsi que le développement de la chaîne industrielle, mais aussi apporté une contribution positive à l’essor du nucléaire dans le monde. Deuxièmement, à l’échelle du globe, ce projet a mis à disposition des expériences et des solutions précieuses en matière de construction d’unités du même type. Troisièmement, il a servi à CGNPC et à EDF de tremplin pour coopérer par la suite dans la construction d’autres projets d’EPR, notamment Hinkley Point C au Royaume-Uni.

 

Le 13 décembre 2018, la centrale nucléaire de Taishan n°1 a été mise en service, sous les félicitations des chefs d’État chinois et français.

 

Exploration commune des marchés tiers
 
Ces dernières années, CGNPC et EDF ont réitéré leur coopération : le 21 octobre 2015, en présence du président Xi Jinping et du premier ministre britannique David Cameron, CGNPC et EDF ont signé un contrat planifiant la construction conjointe de trois centrales nucléaires de grande envergure au Royaume-Uni ainsi que l’exploration commune des marchés tiers.

 

De nos jours, CGNPC et EDF continuent de collaborer étroitement dans l’espoir que Hualong-1 soit validé lors de la revue de conception générale (GDA pour General Design Review) menée au Royaume-Uni. Le GDA se déroule en quatre phases. Le projet vient d’entrer dans la troisième phase et pour l’heure, tous les travaux ont progressé en accord avec les plans.

 

De la centrale de la baie de Daya à celle de Taishan, en passant par les projets nucléaires au Royaume-Uni, la coopération entre CGNPC et les diverses entreprises françaises s’est avérée fructueuse, avec le soutien des gouvernements chinois et français. L’énergie nucléaire est devenue l’un des domaines où la coopération bilatérale est la plus étendue et la plus efficace, celle-ci faisant désormais partie intégrante du partenariat stratégique global entre la Chine et la France.

 

Ajoutons qu’en juin 2014, CGNPC a fondé une société énergétique européenne en France, intitulée CGN Europe Energy, qui s’engage à développer le marché européen de l’énergie éolienne et solaire à travers ses activités de R&D, d’investissement et d’exploitation. Créée il y a quelques années seulement, la société CGN Europe Energy est déjà devenue le cinquième fournisseur d’énergies propres en France, opérant non seulement dans l’Hexagone, mais aussi en Belgique, en Irlande, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Suède et au Sénégal.

 

Le 9 janvier 2018, sous les soins du président chinois Xi et de son homologue français Macron, le Conseil d’entreprises sino-français a été officiellement créé, avec CGNPC comme chef de file du côté chinois. Ce Conseil d’entreprises sino-français devrait pleinement jouer un rôle de pont et de nœud de communication entre les entreprises, comme entre les entrepreneurs des deux pays. Il promouvra encore l’approfondissement de la coopération économique et commerciale sino-française.

 

À l’avenir, CGNPC devrait répondre positivement à l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route ». Ce sera pour elle l’occasion de multiplier ses échanges avec les entreprises françaises, de rechercher de nouvelles opportunités communes ou encore d’élargir les champs de coopération. Elle pourra ainsi contribuer toujours plus à la coopération sino-française dans les dimensions économique et technologique.

 

*HE YU est PDG de China General Nuclear Power Corporation (CGNPC).
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