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Le roi des explosifs

2019-09-28 11:30:00 Source:La Chine au présent Auteur:DANG XIAOFEI
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DANG XIAOFEI, membre de la rédaction

 

La poudre noire est l’une des « quatre grandes inventions » de la Chine antique. C’est l’ancêtre des explosifs modernes. Pourtant, à l’époque moderne, la Chine a toujours eu du retard sur les grandes puissances occidentales en matière d’explosifs. Depuis la fondation de la République populaire de Chine, une grande importance a donc été attachée à la R&D en matière d’explosifs.

 

Wang Zeshan a toujours rêvé de pouvoir contribuer à renforcer la défense nationale de sa patrie. Membre de l’Académie d’ingénierie de Chine, il se consacre à la recherche en explosifs depuis plus de 60 ans et tente de développer la technique chinoise en matière d’explosifs pour que la Chine rattrape son retard. On le surnomme parfois le « roi des explosifs en Chine ».

 

Servir son pays

 

Wang Zeshan est né en 1935 à Jilin, dans la province du Jilin. À cette époque-là, les trois provinces du Nord-Est de la Chine (le Liaoning, le Jilin et le Heilongjiang) étaient sous la domination coloniale japonaise. Le Japon aidait Pu Yi, dernier empereur de la dynastie des Qing (1644-1911), à fonder le régime fantoche du « Mandchoukouo », et tentait d’asservir le Nord-Est de la Chine. Depuis sa plus tendre enfance, Wang Zeshan a toujours entendu son père lui dire : « Tu es Chinois, ta patrie est la Chine ! »

 

Choqué par les atrocités commises par les agresseurs japonais et marqué par les paroles de son père, Wang Zeshan s’est promis de servir son pays. Très vite, il a compris que l’indépendance nationale ne pouvait être garantie que par une forte capacité de défense.

 

Wang Zeshan a terminé ses études secondaires en 1954, peu après la Guerre de résistance contre l’agression américaine et d’aide à la Corée (1950-1953). Des centaines de milliers de volontaires chinois se sont battus et ont finalement remporté cette guerre malgré de piètres équipements et au prix d’énormes sacrifices. Wang Zeshan a été profondément touché par cette guerre et il s’est rendu compte que le renouveau national nécessitait une armée plus puissante. Au moment de passer le concours national d’entrée aux universités, il a donc choisi de s’inscrire au Collège d’ingénierie militaire de Harbin (aujourd’hui l’Institut d’ingénierie militaire de l’Armée populaire de libération), et a choisi de se spécialiser dans les explosifs, une discipline rarement choisie par les étudiants.

 

La recherche en explosifs est un domaine de recherche très spécifique et présentant des risques élevés, mais ce n’en est pas moins un domaine essentiel. Au moment de la fondation de la fondation de la République populaire de Chine, la recherche et la production d’explosifs en Chine enregistraient un retard important et s’appuyaient principalement sur l’aide de l’Union soviétique. Mais suite à la rupture de la coopération avec l’Union soviétique, la Chine a perdu de nombreux experts et ses recherches en matière d’explosifs ont connu un fort ralentissement.

 

Wang Zeshan venait alors de terminer ses études universitaires et d’entrer dans la vie active. Loin de le décourager, le départ des experts étrangers a plutôt raffermi sa volonté, persuadé que de toute façon, « l’imitation a ses limites ».
 

 

Trois problèmes

 

Dans les années 1980, avec l’assouplissement de la situation internationale et l’amélioration du voisinage de la Chine, la communauté internationale a été confrontée au problème épineux du traitement des restes d’explosifs. En 1985, Wang Zeshan et son groupe ont engagé des recherches sur la réutilisation en toute sécurité des restes d’explosifs.

 

Pour résoudre ce problème, Wang Zeshan a effectué de nombreux déplacements sur les terrains d’essai d’instituts de recherche et de sociétés liés à l’industrie des armes dans différentes provinces telles que le Liaoning, la Mongolie intérieure et le Qinghai. Grâce à de nombreux essais réalisés pendant toute une décennie, son groupe a mis au point une technique pour transformer les restes d’explosifs qui leur a valu le premier prix du Prix national du progrès scientifique et technologique. Par la suite, en 1990, il a commencé à se pencher sur le problème des matériaux énergétiques à basse température.

 

En effet, les explosifs sont particulièrement sensibles à la température extérieure. Il y a donc un grand écart de performance d’émission pour un même type d’explosif en fonction de la région et du climat. Cette variation des performances est un enjeu qui préoccupe l’industrie mondiale des munitions depuis un siècle.

 

Wang Zeshan a donc réalisé une série d’expériences, d’abord à températures variables, ensuite dans des environnements extrêmes, par exemple dans la ligue d’Alxa en Mongolie intérieure et dans la province du Qinghai. En hiver, dans la ligue d’Alxa, la température peut atteindre -40o C, et le vent mêlé de sable et de poussière peut entraîner un dysfonctionnement de la caméra destinée à enregistrer les essais. Au cours de ces expériences, Wang Zeshan restait donc sur le terrain toute la journée, et passait la soirée à vérifier attentivement les données obtenues.

 

Après cinq ans de recherches minutieuses, Wang Zeshan a mis au point la technique de charge propulsive à basse sensibilité de température. Il a découvert de nouveaux matériaux permettant de limiter les effets de la température. Ainsi, la sensibilité de température de la pression intérieure des armes est réduite d’une fourchette allant de 15 % à 30 % à moins de 3 %, et la puissance de lancement de l’artillerie connaît une augmentation de plus de 15 %. Pour cette découverte, Wang Zeshan, alors âgé de 61 ans, a remporté en 1996 le premier prix du Prix national pour l’innovation technologique.

 

Désormais reconnu dans son milieu, Wang Zeshan a décidé de ne pas prendre sa retraite et de continuer ses recherches. Il s’est intéressé à la charge modulaire de relation identique qui a une applicabilité universelle.

 

L’artillerie nécessite différents modules de charge pour combattre différentes cibles, son utilisation requiert donc un certain temps. Jusque-là, des scientifiques britanniques, américains, allemands, français et italiens avaient coopéré pour mener des recherches dans ce domaine sans parvenir à des résultats.

 

Après 20 ans de recherches laborieuses, Wang Zeshan a finalement découvert une technique permettant d’augmenter de plus de 20 % la portée de tir de l’artillerie et de diminuer de plus de 25 % la surcharge de lancement maximale. En plus d’améliorer globalement les performances balistiques, cette technique permet de réduire les flammes, les émanations et les gaz nocifs générés par la combustion de la poudre. À l’heure actuelle, en Chine, elle est largement utilisée dans la production de divers types d’armes et d’équipements.

 

En 2017, Wang Zeshan, âgé de 82 ans, a remporté le Grand Prix national de recherche scientifique et technologique.

 

Le secret de la réussite

 

Wang Zeshan n’a jamais fait de pause dans ses recherches. Il explique : « Mon secret, c’est de me laisser guider par la science, plus précisément, par l’esprit scientifique, l’attitude scientifique et la méthode scientifique. »

 

Pour lui, en matière de recherche, il est nécessaire d’adopter une démarche scientifique. Il faut chercher sans cesse à progresser et à se dépasser. L’attitude scientifique réside dans la persévérance. Dans le domaine de la recherche scientifique, il n’y a pas de place pour l’opportunisme ni pour les simples intérêts économiques.

 

La longue carrière de Wang Zeshan lui a appris à réfléchir et à résoudre les problèmes en suivant une méthode scientifique basée sur l’expérience. D’après lui, les expérimentations et la pratique sont essentielles pour se forger ses propres idées. On ne peut pas se contenter de suivre la voie des autres.

 

Wang Zeshan chérit le temps. Il semble infatigable. En général, il se couche à 21 h 30 et se lève à 2 h ou 3 h du matin. « Il se passe trop de choses pendant la journée. La tranquillité de l’aube est propice à la réflexion », raconte M. Wang.

 

Aujourd’hui, en raison de sa renommée, il est de plus en plus sollicité par des institutions de recherche scientifique et il a l’impression d’avoir de moins en moins de temps. Les questions liées aux explosifs continuent de l’obséder. « La recherche sur les explosifs fait partie de ma vie. Depuis toujours, tout mon travail est focalisé là-dessus. » À 84 ans, ce travailleur acharné est toujours prêt à résoudre de nouveaux problèmes avec son groupe. 
 
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