Accueil>Éditions spéciales>APN&CCPPC Sessions 2020>Opinions

COVID-19 : quels impacts sur le commerce extérieur et l’investissement

2020-04-29 17:36:00 Source:La Chine au présent Auteur:LI CHUNDING et ZHANG HANWEN
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

Le 18 mars 2020, le terminal d’import-export du fleuve Yangtsé du port de Tongling (Anhui)

 

Selon de récentes données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), au 30 mars 2020, le COVID-19 avait déjà infecté plus de 200 pays dans le monde, avec plus de 600 000 cas confirmés hors de Chine. Cette pandémie mondiale, en plus de menacer la santé publique et la sécurité des populations, frappe durement l’économie mondiale et le commerce international, mis face à de nouveaux défis. Fatalement, le commerce extérieur et l’investissement étranger en Chine en subissent, eux aussi, les répercussions.

 

D’après les statistiques du ministère chinois du Commerce, sur la période janvier-février 2020, côté commerce extérieur, la valeur cumulée des importations et exportations atteignait 4 120 milliards de yuans (-9,6 %), les exportations représentant 2 040 milliards (-15,9 %) et les importations représentant 2 080 milliards (-2,4 %) dans ce total. Côté investissement étranger, sur cette même période, la Chine a réellement utilisé 134,4 milliards de yuans d’investissements étrangers, soit une baisse de 8,6 % en glissement annuel ; la valeur de ces investissements au mois de février n’était que de 46,83 milliards, soit un recul de 25,6 % par rapport à la même période l’année dernière.

 

L’impact sur le commerce extérieur

 

Le commerce extérieur chinois a ressenti l’impact de l’épidémie à plusieurs égards. Tout d’abord, l’épidémie a porté atteinte à la capacité d’approvisionnement des sociétés d’exportation, avec essentiellement quatre enjeux. Premièrement, la dure reprise de la production. En raison du COVID-19, des restrictions de déplacement et de rassemblement ont été mises en place, ce qui a contraint les entreprises à limiter voire interrompre la production. Dans ce contexte, certaines entreprises n’ont pas pu, au pic de l’épidémie en Chine, honorer ou livrer dans les délais certaines commandes passées à l’étranger. Deuxièmement, la rupture des chaînes d’approvisionnement en amont et en aval de la production. Si le ravitaillement en matières premières et en intrants intermédiaires est insuffisant, le secteur de la production ne peut pas fonctionner normalement. C’est pourquoi le choc exogène de l’épidémie a provoqué l’interruption à court terme de l’approvisionnement des fabricants. Cette épidémie, dont la propagation explose sur notre planète, risque d’entraîner davantage de perturbations dans les chaînes d’approvisionnement. Troisièmement, la chute de la compétitivité de l’offre, en raison de la hausse des coûts de production. L’épidémie a fait flamber les coûts de production dans toutes les branches, ce qui risque de faire perdre aux exportateurs chinois leur compétitivité-prix, et par voie de conséquence, leur part sur le marché d’exportation. Quatrièmement, la hausse des coûts de financement, découlant des difficultés financières des entreprises exportatrices. Face à l’épidémie, les sociétés d’exportation n’ont pas pu recouvrer leurs dettes et créances en temps opportun, ce qui naturellement fait apparaître des carences dans la chaîne des capitaux.

 

En outre, l’épidémie a entraîné une baisse de la demande intérieure et extérieure, tout en transformant sa structure. Il est probable que la demande en Chine et à l’étranger diminue. Certains produits sont plus affectés que d’autres, mais globalement, du fait de l’épidémie, la demande affiche une tendance à la baisse pour la plupart des marchandises, à l’exception des denrées alimentaires et des articles pour se prémunir contre l’épidémie (dont la demande s’est envolée). Et la baisse de la demande étrangère mettra à mal les exportateurs chinois. Par ailleurs, une restructuration de la demande a eu lieu. En cette période de pandémie, la demande en aliments sains et en produits d’hygiène pour éviter toute contamination a connu un essor ; les exigences sanitaires et écologiques applicables aux marchandises ont été durcies ; la demande en produits Internet est montée d’un cran. Ainsi, progressivement, des changements sont apparus dans la structure de la demande, ce qui a poussé les entreprises à revoir leurs formats d’exportation. L’épidémie a fait baisser le revenu des ménages, et ce pouvoir d’achat amoindri réduira encore la demande en biens d’exportation.

 

Enfin, l’épidémie a eu pour effet de faire augmenter le coût des échanges commerciaux et de dresser de nouvelles barrières commerciales. Essentiellement, trois grands facteurs l’expliquent. Premièrement, les délais et frais associés à la logistique, au stockage, à l’inspection et à la quarantaine ainsi qu’au dédouanement ont crû. Deuxièmement, les risques de retards et défauts de paiement, tout comme les incertitudes à ce propos, se sont intensifiés. Troisièmement, les contrôles aux frontières, tout comme le protectionnisme, se sont accentués. L’OMS a qualifié le COVID-19 d’« urgence de santé publique de portée internationale » le 28 janvier. Par la suite, afin de prévenir et de contrôler l’épidémie, plus de 130 pays (dont les États-Unis, le Japon, la Russie et la République de Corée) ont introduit des mesures de contrôle des entrées/sorties, appliquées notamment au niveau des ports, des compagnies aériennes et des services de visas. Dans le secteur agroalimentaire, de nombreux pays ont également instauré des interdictions d’importation au motif du risque de propagation du COVID-19. En outre, le protectionnisme s’installe sans peine dans ce contexte de croissance économique affaiblie, car sous prétexte de se protéger du nouveau coronavirus, certains États érigent des obstacles aux échanges commerciaux.
 

 

L’impact sur l’investissement étranger en Chine
 
L’impact de l’épidémie sur l’investissement étranger se constate à plusieurs niveaux. D’abord, la baisse de la demande et les restrictions de circulation résultant de l’épidémie ont eu une incidence sur l’utilisation des investissements étrangers. Sous le choc de l’épidémie, il semblerait que la plupart des activités économiques soient partiellement suspendues, de telle sorte que la demande des consommateurs a fortement diminué et que la structure de la consommation a évolué. Les secteurs de la restauration, du divertissement, du transport, de la logistique et d’autres encore tournent à moindre régime ou sont carrément à l’arrêt. Que ce soit pour les entreprises nationales ou pour les entreprises étrangères, le coût qu’implique un processus de « sortie des frontières » augmente. Les entreprises étrangères hésiteront alors à investir en Chine dans les secteurs frappés par l’épidémie, ce qui augmentera l’incertitude côté investissement. Bien que la propagation mondiale du COVID-19 contribue dans une certaine mesure à attirer les investissements étrangers en Chine, là où la situation épidémique est stabilisée, de manière générale, l’acquisition d’investissements étrangers sera entravée en raison de la détérioration de l’environnement économique à l’extérieur, la pression ressentie sur la chaîne des capitaux, ainsi que le recul de la demande mondiale.

 

En outre, la fragmentation des chaînes industrielles et d’approvisionnement a influé sur la captation des investissements étrangers. La Chine est un grand pays manufacturier. Sous la menace de l’épidémie, certaines entreprises ont dû cesser la production, ce qui a perturbé à court terme l’offre en amont des chaînes de production et d’approvisionnement. En conséquence, l’investissement étranger dans les industries connexes ne peut pas progresser normalement. Dans le même temps, les fabricants de produits finaux en aval du maillon des pièces détachées ont dû interrompre leur activité, ce qui a signé la fin des opérations d’investissement. La volonté accrue des multinationales de réduire leurs coûts au temps de l’épidémie et l’accroissement des coûts d’approvisionnement en produits intermédiaires, couplés à l’offre insuffisante et à la hausse des prix des produits en amont et en aval, auront un impact sur les activités d’investissement et freineront l’entrée des capitaux étrangers. Par ailleurs, les lacunes dans les chaînes industrielles et d’approvisionnement peuvent bien vite conduire au déplacement de la chaîne de valeur, se caractérisant par le retrait et transfert des capitaux étrangers vers d’autres régions, au grand dam de la Chine.

 

Parallèlement, l’épidémie a secoué les marchés financiers mondiaux et ralenti subséquemment l’arrivée des investissements étrangers sur le territoire chinois. En raison des effets de l’épidémie sur l’économie réelle, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse et depuis février, les bourses mondiales se « cassent la figure ». Les actions américaines et européennes, ainsi que les indices des Bourses de Shanghai et de Shenzhen, sont entrés dans une sombre période de hauts et bas. L’instabilité et la tendance à la baisse des marchés des capitaux augmenteront le risque de change et les autres risques financiers planant sur l’investissement extérieur, et les incertitudes qui en découlent desservent l’investissement étranger en Chine. Bien sûr, la plongée des marchés financiers et le manque de vitalité de l’économie réelle ont incité pas mal d’autres pays à adopter des politiques monétaires d’assouplissement quantitatif. Par exemple, la Réserve fédérale américaine a lancé le 16 mars un certain nombre de politiques prévoyant la baisse des taux d’intérêt et un assouplissement quantitatif. Il est probable que ces politiques favorisent à un certain degré l’entrée des capitaux étrangers en Chine.
 

 

Des mesures d’aide et de protection indispensables

 

À l’heure où le COVID-19 s’étend partout dans le monde, on s’attend à une baisse et une contraction du commerce et des investissements directs étrangers à l’échelle mondiale en 2020.

 

Afin de réduire les pertes causées par la propagation de l’épidémie, il est indispensable de prendre des mesures d’aide et de protection proportionnées. Premièrement, il faut encourager une réponse mondiale coordonnée, pour combattre et contrôler conjointement l’épidémie. Un contrôle rapide et efficace de l’épidémie est essentiel pour diminuer l’impact. Deuxièmement, il faut soutenir les entreprises de commerce extérieur et l’investissement étranger pour les aider à reprendre la production de manière ordonnée. C’est justement ce que le gouvernement chinois est en train de faire. Troisièmement, il faut optimiser l’environnement matériel et logiciel pour contribuer au commerce extérieur et attirer les investissements étrangers. Il convient de continuer à explorer les marchés, nouveaux et existants. Il y a lieu de parfaire l’environnement commercial et d’offrir un éventail de services professionnels pour l’investissement étranger. Il est nécessaire de mettre en application des lois et réglementations afférentes, tout en sauvegardant les droits et intérêts des entreprises à capitaux étrangers. Quatrièmement, il faut trouver des méthodes innovantes pour stimuler la promotion des investissements. Via des moyens comme les discussions en ligne, visioconférences et signatures électroniques, il convient d’intégrer les ressources pour la captation des investissements en recourant à diverses plates-formes d’investissement, afin d’accroître la communication et la promotion autour de l’environnement d’investissement et des projets de coopération. Cinquièmement, il faut renforcer les services de prévention du COVID-19 dédiés au commerce extérieur et aux entreprises à capitaux étrangers. Il y a nécessité d’aider le commerce extérieur et les entreprises à financement étranger à affronter les risques et difficultés soulevés par l’épidémie. Il convient notamment d’établir une plate-forme juridique, pour proposer des services de conseil aux entreprises et répondre à leurs préoccupations juridiques en lien avec l’épidémie.

 

Malgré l’impact exogène inévitable du COVID-19, la Chine possède des avantages concurrentiels à divers points de vue : stabilité et compétitivité économiques, infrastructures, ressources humaines, industrie, politiques de soutien et environnement commercial. Couplés à son gigantesque marché et à son économie ne cessant de progresser, ces atouts constituent des forces endogènes aptes à promouvoir le développement du commerce extérieur et l’attraction des investissements étrangers.

 

À long terme, le commerce extérieur de la Chine continuera de suivre sa tendance positive ; la tendance à la hausse des investissements étrangers entrants en Chine et l’environnement connexe ne changeront pas ; et la chaîne industrielle ne se déplacera pas en raison de la situation épidémique. Le commerce extérieur et l’investissement étranger en Chine continueront également de gagner en ampleur et de hausser en niveau au fil de l’ouverture continue de la Chine et de la restructuration économique. Ce faisant, ils continueront de promouvoir la croissance durable de l’économie chinoise à long terme.

 

*LI CHUNDING est directeur de l’Institut de recherche en économie internationale et professeur de la Faculté d’économie et de gestion relevant de l’Université agronomique de Chine.  

ZHANG HANWEN est doctorant à l’Institut de recherche en économie internationale relevant de l’Université agronomique de Chine.

 

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4