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À la recherche d’un rêve vert

2025-07-03 13:57:00 Source: La Chine au présent Auteur: ZHANG HUI, membre de la rédaction
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Patrick Nijs, un ancien ambassadeur de Belgique en Chine, a choisi de s’installer en Chine après sa retraite afin de concrétiser un rêve visionnaire : bâtir un monde plus écologique. 

Patrick Nijs plante un châtaignier dans la forêt de pins de sa ferme biologique de Kabissa (Yunnan) pour promouvoir la biodiversité forestière et la durabilité écologique.

Dans les terrains escarpés de Dongchuan (Yunnan), une région surnommée le « Musée naturel des glissements de terrain », se trouve la ferme biologique Kabissa de Patrick Nijs. Rejetant les engrais synthétiques, les pesticides et les machines, l’ancien diplomate considère l’agriculture traditionnelle chinoise comme le dernier espoir de l’humanité pour sauver la planète.

M. Nijs est le seul ambassadeur européen à avoir choisi de résider définitivement en Chine après sa retraite. Sa décision, annoncée à la fin de son mandat diplomatique en 2013, repose sur une conviction profonde : « Ce qui se passe en Chine façonnera le destin du monde. » Pressentant l’ascension du pays en tant que puissance mondiale, il confie : « Je veux rester proche de cet épicentre de changements. Favoriser la compréhension entre la Chine et le reste du monde est l’une des tâches les plus urgentes de notre époque. »

Des liens avec la Chine

Né dans une famille diplomatique belge en République du Congo, Patrick Nijs a tissé un lien profond avec la nature dès son enfance. Ses escapades pieds nus dans les forêts tropicales ont forgé en lui un profond respect pour le monde sauvage, posant les bases de son engagement pour l’environnement. « J’ai eu de la chance de grandir au cœur d’une richesse naturelle exceptionnelle », se souvient-il. Témoin de l’extinction rapide des espèces due à la déforestation, il en a été profondément troublé, nourrisant un engagement pour la protection de la planète.

C’est pourtant sur les bancs de l’école secondaire en Belgique que son destin a basculé, lorsqu’il a découvert le Dao De Jing de Laozi. Ce texte fondateur de la philosophie chinoise, célébrant l’harmonie entre l’homme et la nature, a fait écho à ses expériences en Afrique et a attisé sa fascination pour la Chine.

« Ma génération s’intéresse beaucoup à la transformation de la Chine sous la direction du président Mao Zedong. Nous cherchons à comprendre ce que signifient ces grands changements pour le développement mondial », déclare-t-il à La Chine au présent.

Cette curiosité a conduit M. Nijs vers une carrière diplomatique en Chine : d’abord consul général de Belgique à Shanghai (1997-2000), puis à Hong Kong (2003-2007), et enfin ambassadeur de Belgique en Chine (2009-2013).

Interrogé sur son identité culturelle, il esquisse un sourire avant de répondre : « Je suis un citoyen du monde – une mosaïque d’influences chinoises, européennes et africaines. Mes racines s’ancrent désormais en Chine, comme celles d’un “ bouddha international ”. »

La philosophie taoïste forge la vision du monde de M. Nijs. « La pensée orientale unifie le corps, l’esprit et l’univers – les humains ne sont pas des entités séparées mais une partie vibrante de l’univers », explique-t-il. Pour lui, ce paradigme holistique offre une alternative radicale à la pensée occidentale : « La différence est profonde. Il ne s’agit pas de combattre, de conquérir ou de dominer, mais de trouver un équilibre. C’est un mélange de yin et yang, d’énergie masculine et féminine, qui est beaucoup plus doux et complet, où l’homme doit en fait trouver sa juste place dans l’univers. »

Inspiré par la philosophie orientale, M. Nijs estime qu’il faut trouver une sorte de réconciliation entre l’homme et la nature, affirmant qu’« il n’y a pas d’autre moyen si l’on veut former des personnes épanouies et en bonne santé ». Selon lui, si les gens veulent être en harmonie avec leur environnement et être heureux, la philosophie orientale détient la clé. « Le taoïsme est le moteur qui me maintient en vie et me nourrit. Et c’est pourquoi je dois retourner à la campagne dès que possible, pour être proche de la nature. »

L’ancien ambassadeur souligne également les différentes compréhensions de la liberté et les approches respectives de la gouvernance en Orient et en Occident. « Les sociétés asiatiques s’envisagent comme partie intégrante d’un tout communautaire, ressentant le besoin de le servir, tandis que les Occidentaux placent l’individu sur un piédestal », note-t-il. « Nous traversons une crise à ce sujet en Europe. Nous sommes allés trop loin avec la liberté », ajoute M. Nijs, précisant que cela a conduit au chaos social.

Patrick Nijs, alors ambassadeur de Belgique en Chine, signe un accord commercial avec le ministère chinois de l’Agriculture et des Affaires rurales en 2012, facilitant l’importation de chevaux belges primés en Chine.

Un rêve agricole chinois

La philosophie chinoise a également façonné la routine quotidienne de M. Nijs. Il se lève avec le soleil et pratique la méditation assise et debout, inspirée des enseignements du zen et du taoïsme. Il estime qu’être proche de la nature le remplit d’énergie et le relie à l’univers. Après la méditation, il s’exerce à la calligraphie, où chaque trait illustre la mentalité et la pensée chinoises.

Avant le petit-déjeuner, M. Nijs fait une promenade matinale dans sa ferme écologique d’environ deux hectares qu’il gère avec son épouse chinoise, Deng Minyan. « Nos champs ressemblent à une forêt nourricière. Ils sont composés de plusieurs couches – légumes, arbres, arbustes – tous faisant partie d’un écosystème vivant qui produit de la nourriture », décrit-il. Il consacre les premières heures du jour à observer la croissance de ses plantes, puis travaille aux champs jusqu’au soir.

Bien qu’issu d’un autre horizon, M. Nijs s’engage profondément à préserver les méthodes agricoles traditionnelles chinoises. « L’agriculture traditionnelle chinoise disparaît, et cela m’inquiète. Aujourd’hui, seuls les agriculteurs âgés détiennent encore ce savoir-faire. Leur approche, sans machines destructrices, préserve la vie du sol », note-t-il, exprimant son admiration pour, entre autres techniques, l’association de différentes plantes. « Cette biodiversité est très proche des principes modernes de la permaculture. »

M. Nijs se plaît à cultiver la terre en Chine, car pour lui, les agriculteurs chinois incarnent l’essence de l’agriculture. « J’adore les agriculteurs chinois, qui sont des gens merveilleusement simples. On n’a pas besoin de beaucoup de mots, s’asseoir ensemble suffit à créer une bonne ambiance. »

Patrick Nijs plante des courges à la ferme biologique de Kabissa, montrant son approche de l’agriculture biologique et de la gestion environnementale en milieu rural.

Une Chine verte, un monde vert

M. Nijs se préoccupe beaucoup du changement climatique et de la perte de biodiversité, qui pourraient précipiter la disparition de l’espèce humaine. Selon lui, la coopération entre la Chine et l’Europe sera essentielle pour résoudre ces deux crises. « Nous faisons face à d’immenses défis. Pourtant, aujourd’hui, les gens sont tellement distraits par la géopolitique qu’ils négligent la dégradation de nos écosystèmes mondiaux. »

Il estime que le multilatéralisme, valeur fondamentale de l’Europe, offre une voie à suivre. « Notre histoire est marquée par les ravages des guerres et les excès du colonialisme. Aujourd’hui, nous devons unir nos forces avec la Chine pour restaurer le multilatéralisme et orienter le monde dans la bonne direction. »

Pour joindre le geste à la parole, M. Nijs a fondé le Forum international Wutong-Acacia, visant à « mobiliser l’Europe et la Chine autour d’actions concrètes et innovantes pour sauver les écosystèmes de la planète. »

Le forum réunit des décideurs politiques, des experts et des chefs d’entreprise sur le mont Mogan, un sanctuaire naturel de la province du Zhejiang, afin de promouvoir l’économie circulaire. « Nous évitons les débats politiques, optant plutôt pour une résonance symbolique. Le wutong, un arbre chinois, attire et abrite le phénix, un oiseau mythique renaissant de ses cendres. C’est un emblème puissant de renouveau. L’acacia, issu de la mythologie grecque, symbolise la connaissance et la longévité. C’est une espèce pionnière, la première à faire renaître les forêts, se consumant littéralement pour régénérer l’écosystème. »

Lors de l’édition inaugurale en décembre 2023, les participants ont adopté la Déclaration du mont Mogan, affirmant : « Notre mission est de promouvoir l’innovation verte. En tant que puissance mondiale, la Chine est cruciale. Aucune solution durable n’émergera sans sa participation active. Notre ambition ? Faire converger une Chine verte avec un monde vert, condition sine qua non pour bâtir un avenir partagé viable. »

M. Nijs a salué les réalisations de la Chine en matière de développement vert, soulignant ses progrès constants dans le cadre de la civilisation écologique. « La Chine peut réaliser ses objectifs de pic des émissions et de neutralité carbone », affirme-t-il, mettant en avant les avancées du pays dans la restauration des écosystèmes, l’extension des parcs nationaux, le contrôle de la pollution et la gestion des déchets. « Partout en Chine, les efforts de tri et de recyclage sont visibles, alimentant une économie circulaire dynamique. Dans les énergies vertes et les transports, la Chine est désormais leader mondial. »

« La Chine devient l’accélérateur de la transition verte, tandis que l’Europe en reste un pionnier. Notre tâche est de coordonner les efforts entre ces deux forces », poursuit-il, soulignant l’importance de la coopération sino-européenne pour soutenir le développement durable en Afrique. « Nous devons explorer toutes les voies possibles pour unir l’Europe et la Chine – agir, innover et créer ensemble pour assurer notre survie sur cette planète. »

 

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