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L'envol de la tradition

2024-05-21 16:52:00 Source: La Chine au présent Auteur: XU YING, membre de la rédaction
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La réplique du cerf-volant à l’image du Roi Singe dans le film Cerf-Volant du Bout du Monde (PHOTO FOURNIE PAR LÜ TIEZHI)

Dans le film Cerf-Volant du Bout du Monde, un cerf-volant qui s’est envolé depuis la Chine atterrit sur un grand arbre à Montmartre et suscite la fascination des enfants. Ce film, qui est le premier long-métrage pour enfants produit conjointement par la Chine et la France il y a plus de 60 ans, raconte l’histoire de Pierrot et de sa sœur Nicole. Ces derniers entreprennent un voyage extraordinaire de Paris à Beijing, guidés par un cerf-volant chinois à l’image du Roi Singe, un personnage légendaire du roman classique La Pérégrination vers l’Ouest. Ce cerf-volant, qui symbolise un pont d’amitié entre la Chine et la France, est le fruit du travail d’artisans de la célèbre école Jin-Ma.

La Chine, berceau du cerf-volant, possède une histoire riche de plus de 2 500 ans dans ce domaine. Sous les dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1911), des cerfs-volants d’une extrême sophistication, tant en termes de décoration que de structure, ont été produits à Beijing. Le style de l’école Jin-Ma est l’un des plus présents dans la capitale. « Jin » fait référence au célèbre artisan de cerfs-volants Jin Fuzhong, et « Ma » désigne Ma Jin, un peintre chinois spécialisé dans les oiseaux et les fleurs. Ensemble, ils ont créé cette école à la fin de la dynastie Qing.

Lü Tiezhi, vivant dans un hutong du vieux Beijing, est héritier de la 3e génération de l’école Jin-Ma. Depuis de nombreuses années, il se consacre à la création artistique, s’efforçant de perpétuer les techniques de fabrication des cerfs-volants. Son objectif est de les faire voler dans un ciel toujours plus vaste.

La passion et la motivation

Initialement utilisé à des fins militaires, le cerf-volant est devenu un objet de loisirs sous la dynastie Tang (618-907), incarnant une sagesse ancestrale et une imagination empreinte de romantisme.

M. Lü, né en 1956 et grandi dans une cour carrée de Beijing, se souvient avec nostalgie : « Quand j’étais petit, j’attendais avec impatience la veille du Nouvel An chinois, car je pouvais acheter un cerf-volant avec les enveloppes rouges que j’avais reçues ». Il a toujours été passionné par l’artisanat traditionnel, en particulier les cerfs-volants.

En 1984, alors photographe, il a rencontré Guan Baoxiang, héritier de la 2e génération de l’école Jin-Ma. Cette rencontre lui a permis de découvrir une grande variété de cerfs-volants qui l’ont profondément émerveillé. « Je n’avais jamais vu de cerfs-volants aussi beaux et vivants », confie-t-il, incapable de dissimuler son admiration. « Beaucoup de ces cerfs-volants fascinants sont l’œuvre originale de M. Guan, ils sont uniques et magnifiques ! »

Épris de passion, M. Lü était résolu à devenir apprenti de l’école Jin-Ma. Malgré un refus initial poli de la part de M. Guan, qui lui avait expliqué que « ce travail est trop fatigant et difficile », il ne s’est pas découragé. Grâce à sa sincérité et à une année de persévérance, il a finalement réussi à être reçu par M. Guan. Il a commencé par apprendre à fendre le bambou en bâtonnets, se perfectionnant progressivement. Influencé par les membres de sa famille, pour la plupart cinéastes, il a développé une compréhension et une perception exceptionnelles de la beauté, jetant ainsi des bases solides pour la transmission des techniques de fabrication des cerfs-volants.

La transmission et l’innovation

L’école Jin-Ma, particulièrement célèbre à Beijing, doit sa renommée à la fusion harmonieuse des talents de ses deux fondateurs. Cette synergie a permis de donner naissance à des cerfs-volants non seulement robustes et performants en vol, mais également dotés de couleurs raffinées et de motifs vivants.

L’école Jin-Ma a la particularité de savoir puiser de l’inspiration dans différents styles. Cependant, M. Lü admet que ses premières tentatives d’innovation n’ont pas toujours été appréciées par son maître. Ce dernier lui a fait comprendre qu’il fallait innover sur la base d’observations approfondies et d’exercices suffisants. Inspiré par les propos de son maître, M. Lü s’est efforcé de s’inspirer des contes populaires et des légendes pour créer des œuvres à thèmes variés. Il a ainsi conçu un cerf-volant plat à l’image d’un masque de l’opéra de Pékin et un cerf-volant tridimensionnel en forme de dragon. « J’espère fabriquer des cerfs-volants à la fois utiles, captivants et porteurs de culture », souligne-t-il.

En plus de son travail quotidien de conception et de fabrication, M. Lü a introduit les cerfs-volants dans les salles de classe. « Pour les enfants, le cerf-volant est avant tout un amusement », dit-il, exprimant son souhait que davantage de jeunes et adolescents puissent comprendre la culture du cerf-volant et connaître les savoir-faire traditionnels par le biais de ses cours. « Cette année est l’Année du Dragon, j’ai conçu de nouveaux cerfs-volants en forme de dragon et les ai apportés en classe. Les élèves pouvaient colorier les têtes du dragon, leur permettant ainsi de découvrir les couleurs traditionnelles de la Chine et de comprendre la signification du dragon dans la culture chinoise », explique-t-il.

La transmission du savoir-faire lui tient également à cœur. En 2014, son fils a commencé à apprendre les techniques de fabrication, devenant héritier de la 4e génération de l’école Jin-Ma. Le père et le fils ont travaillé ensemble pour reproduire le cerf-volant à l’image du Roi Singe co-créé par M. Jin et M. Guan dans les années 1950. La réplique a été exposée à la Soirée d’amitié et d’échanges entre les jeunes français et chinois tenue en février à Beijing. « Nous, les quatre générations d’héritiers, avons pu contribuer à l’amitié sino-française », dit-il en souriant.

Lü Tiezhi présente les cerfs-volants aux jeunes français à la Soirée d’amitié et d’échanges entre les jeunes français et chinois, à Beijing.

Un pont de communication

Au début des années 1990, M. Lü a suivi son maître dans une foire d’artisanat traditionnel qui se tenait à l’hôtel Grande Muraille à Beijing. Il y présentait des cerfs-volants aux voyageurs étrangers. Cette expérience l’a profondément marqué : « Tous les cerfs-volants que j’avais apportés ce jour-là ont été vendus, et le prix était assez élevé ». Au-delà des revenus significatifs qu’il a pu en tirer, il a réalisé que la diffusion de la culture des cerfs-volants auprès d’un plus grand public contribuait à étendre l’influence du patrimoine culturel immatériel chinois. Depuis lors, la promotion des échanges culturels à travers les cerfs-volants est devenue pour lui une mission constante.

En 1998, M. Lü s’est rendu à Hawaï pour présenter pour la première fois la culture chinoise du cerf-volant à l’étranger. Par la suite, les élèves à qui il avait enseigné lui ont écrit, exprimant leur espoir de pouvoir un jour venir en Chine pour faire voler des cerfs-volants avec lui. En 2000, il a séjourné à Los Angeles pendant 10 mois pour promouvoir les échanges culturels autour du cerf-volant. En dialoguant avec des étrangers, il a constaté que beaucoup étaient désireux d’apprendre la longue histoire et la riche culture de la Chine, mais qu’ils en savaient peu et avaient parfois certains préjugés et incompréhensions. Il a alors pris conscience de ses responsabilités. « Je pense que nous ne mettons pas suffisamment en avant notre riche culture traditionnelle, et les cerfs-volants peuvent servir de pont pour favoriser la communication entre les différentes cultures », affirme-t-il.

En 2013, les cerfs-volants de M. Lü ont été présentés au siège de l’UNESCO à Paris, dans le cadre d’une exposition visant à mettre en valeur l’art du papier et à préserver et transmettre les objets en papier. De plus, il a été invité à donner des cours dans les Instituts Confucius de nombreux pays tels que l’Italie et la Pologne. Il y a enseigné aux étudiants locaux les techniques de fabrication des cerfs-volants, les astuces pour les faire voler, ou encore la calligraphie, le papier découpé, la sculpture de sceaux ainsi que la peinture, offrant aux étrangers une expérience inédite pour découvrir la culture chinoise. À ce jour, les cerfs-volants de M. Lü ont voyagé dans 26 pays et régions du monde. Les échanges culturels autour des cerfs-volants lui ont permis d’élargir ses horizons et de trouver de nouvelles inspirations. « C’est en réalité un apprentissage mutuel », conclut-il.  

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