Dégustation de vin dans la zone consacrée à l’Arménie à la 6e CIIE (PHOTO : YU JIE) 

La 6e édition de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE) était aussi importante que sa première en 2018 : c’était la première édition après la pandémie de COVID-19 qui a ramené les participants en présentiel à Shanghai. Du 5 au 10 novembre, le Centre national des expositions et des congrès a accueilli les représentants de 154 pays, régions et organisations internationales. Cette édition a marqué un retour à la normale, avec un nouveau record de 289 entreprises du classement Global Fortune 500 et leaders du secteur, ainsi que plus de 3 400 exposants et 410 000 visiteurs professionnels inscrits à l’événement. Selon le Bureau de la CIIE, environ 200 entreprises se sont engagées à participer pendant les six années consécutives, et quelque 400 entreprises sont revenues après une interruption de deux ans ou plus.

La particularité de l’édition 2023 s’est inscrite dans un contexte historique très difficile et plein d’événements majeurs : les conflits en Ukraine et dans la bande de Gaza, la montée et l’expansion des BRICS, les tensions persistantes entre la Chine et les États-Unis, la reprise lente et inégale de l’économie mondiale, entre autres. Tous les acteurs de la scène mondiale ont eu plus d’une raison de profiter de la CIIE de cette année, puisque la Chine continue d’exporter beaucoup plus qu’elle n’importe.

Roberto Carlos Argueta prépare du café sur le stand du Honduras, un des pays invités d'honneur de la 6e CIIE. (PHOTO : YU JIE) 

Implications commerciales et politiques

L’édition 2023 a été une bonne occasion de surmonter la méfiance envers la Chine et d’appeler à davantage d’efforts pour stabiliser les relations et les remettre sur la voie d’un développement sain, stable et mutuel. Le signal le plus important dans cette direction a été envoyé par la Chambre de commerce américaine à Shanghai, qui a coorganisé avec le département américain de l’Agriculture le pavillon américain de l’alimentation et de l’agriculture, marquant la première participation officielle des États-Unis à cette exposition depuis sa première édition. C’était aussi la première fois que des agences gouvernementales américaines dirigeaient des délégations à l’événement.

Selon des experts en commerce, cette décision est l’un des derniers signes en date d’une amélioration des relations sino-américaines, dans un contexte d’intensification des échanges officiels et commerciaux, et elle pourrait ouvrir la voie à davantage d’engagements malgré la volonté de découplage de certains hommes politiques américains. Le pavillon présentait des produits et des technologies agricoles des États américains de Californie, d’Idaho et de Géorgie. Edward Xie, directeur pour la Chine du Conseil pour l’exportation de la volaille et des œufs des États-Unis, explique que la Chine est devenue le plus grand marché pour les exportations américaines de poulet en termes de valeur, avec plus de 1,2 milliard de dollars en 2022. Sur les neuf premiers mois de cette année, la Chine a importé 200 000 tonnes de produits à base de volaille en provenance des États-Unis, pour un montant de 650 millions de dollars.

« Nous espérons que, grâce à notre toute première participation à la CIIE, davantage de consommateurs chinois sauront que la volaille américaine est sûre et saine, et qu’elle favorise le développement et l’expansion du commerce de la volaille entre la Chine et les États-Unis », déclare M. Xie. D’autres entreprises américaines, dont le fabricant de puces Micron, ont aussi participé à la CIIE, soulignant ainsi leur détermination à s’accrocher au marché chinois en dépit du blocus technologique contre la Chine mis en place par le gouvernement américain.

Le deuxième signe le plus significatif de l’importance de la CIIE 2023 était la présence du Premier ministre australien Anthony Albanese. Il s’agissait de la première visite en Chine d’un dirigeant australien en sept ans, après une impasse diplomatique qui a débuté en 2020 lorsque la Chine a imposé des restrictions commerciales à un grand nombre d’exportations australiennes. Le mois dernier, les deux pays ont conclu un accord marquant la fin des droits de douane sur le vin, l’un des produits les plus touchés par les restrictions commerciales chinoises. Cette résolution, selon la partie australienne, rapporterait environ 773,6 millions de dollars au pays. La visite de M. Albanese est largement considérée comme un pas en avant dans les efforts déployés par les deux parties pour stabiliser leurs relations après des années de tensions économiques.

Chiffres et nouveaux arrivants

Plus de 400 nouveaux produits, technologies et services ont été présentés dans les six zones d’exposition de la CIIE : produits alimentaires et agricoles, industrie intelligente et technologies de l’information, équipements médicaux et produits de santé, biens de consommation, commerce des services et automobiles.

Selon Sheng Qiuping, vice-ministre chinois du Commerce, par rapport aux éditions précédentes, la section de la CIIE 2023 consacrée aux solutions à faible émission de carbone, à l’intelligence artificielle et d’autres technologies de pointe, ainsi qu’aux biens de consommation, a vu sa taille augmenter de 30 %. Parmi les participants figuraient les 15 plus grandes marques automobiles du monde, les 10 plus grandes entreprises d’électricité industrielle, les 10 plus grandes sociétés d’appareils médicaux, 3 géants de l’exploitation minière, 4 grands négociants en céréales et 5 grandes compagnies maritimes. Quelque 1 500 PME ont également présenté leurs produits lors de l’événement. Selon l’Agence de presse Xinhua, parmi les 69 pays participants, 16 faisaient partie des pays les moins avancés du monde. La CIIE vise à favoriser l’entrée de produits spécialisés locaux de ces pays sur le marché chinois en fournissant des stands gratuits, des subventions et des politiques fiscales préférentielles. Le nombre de participants et la surface d’exposition de 367 000 m2 ont aussi atteint un niveau record.

Plus de 1 500 entreprises des pays et régions partenaires de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) se sont inscrites à l’événement de cette année : sur les 72 pavillons nationaux qui ont été exposés à la CIIE, 64 provenaient de pays partenaires de l’ICR. Parmi eux, le Honduras, qui est devenu partenaire de l’ICR en juin, a envoyé une délégation de haut niveau à l’événement pour sa première participation. Les dix autres pays qui ont participé pour la première fois à l’événement étaient Bahreïn, la République centrafricaine, le Commonwealth de la Dominique, la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, Oman, la Sierra Leone, le Togo et le Zimbabwe. La Singapore Business Federation, qui représente 29 000 entreprises singapouriennes, a conduit cette année une délégation de 56 entreprises à la CIIE et 22 y ont participé pour la première fois.

L’année dernière, les entreprises chinoises ont exprimé leur intention d’acheter des biens et services d’une valeur de 73,5 milliards de dollars auprès d’exposants étrangers, soit une augmentation de 4 % par rapport à 2021. Les cinq éditions précédentes de la CIIE ont donné lieu à des accords de principe d’une valeur d’environ 350 milliards de dollars, selon le ministère chinois du Commerce.

Stand du Mali à la 6e CIIE(PHOTO : YU JIE) 

*ELISA TIRABASSI est journaliste correspondante en Chine pour la Radio-Télévision Suisse en langue italienne.