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Les montagnes pauvres font peau neuve

2023-09-08 10:27:00 Source:La Chine au présent Auteur:YE KAI
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Une végétation luxuriante recouvre Zhongyuan, un village de montagne dans le bourg de Shihui. (Photo : Dou Yi) 

«Si vous voulez que vos enfants apprennent à affronter la vie, emmenez-les voir Youyang, Xiushan, Qianjiang et Wulong au cœur des montagnes du sud-est de Chongqing », disaient souvent les personnes âgées de Chongqing.

L’isolement et la pauvreté étaient autrefois des étiquettes dont le sud-est de Chongqing ne pouvait pas se défaire. Dans les années 1980, le documentaire Le cri des montagnes pauvres reflétait fidèlement les conditions de vie des habitants de cette région, qui, vêtus de haillons, vivaient dans des grottes ou des cabanes, avec peu de nourriture et d’eau potable, ainsi qu’un manque d’accès aux soins médicaux. Ce documentaire a fait avancer la lutte contre la pauvreté de la Chine. Au cours de l’étape décisive de cette lutte, les infrastructures du sud-est de Chongqing ont fait un bond qualitatif, et la pauvreté absolue a été éliminée. Aujourd’hui, dans le contexte de la revitalisation rurale, la région s’est engagée dans une nouvelle voie de développement.

 

Un entrepôt du centre de traitement du commerce électronique de Xiushan (Photo : Ye Kai) 

Xiushan : l’essor de l’e-commerce

Dans un atelier du Centre de traitement d’e-commerce de Wulingshan, dans le district de Xiushan, Chen Qiongzhen place méthodiquement des sachets d’assaisonnement pour des brochettes de poulet épicé qui sont transportés sur un tapis roulant dans des boîtes d’emballage. Les produits seront vendus à la fois dans la région et en ligne, atteignant ainsi des milliers de foyers à travers le pays.

Xiushan se trouve à plus de 420 km du centre-ville de Chongqing, contigu au Hunan, au Hubei et au Guizhou. Sa situation géographique entravait beaucoup son développement. Cependant, situé sur la plus grande plaine au centre des montagnes de Wuling, le district avait un grand potentiel pour devenir un centre logistique.

Il y a plus de dix ans, alors que le commerce électronique était sen plein essor dans tout le pays, le gouvernement du district a construit le Parc logistique moderne de Xiushan axé sur l’« e-commerce + logistique ». Le développement de l’e-commerce se traduit par l’augmentation des commandes, et plus il y a de commandes, plus les coûts logistiques diminuent. La logistique à faible coût stimule l’e-commerce et les secteurs connexes.

À l’heure actuelle, Xiushan possède le seul centre de livraison dans la région des montagnes de Wuling, ce qui permet d’économiser chaque année des centaines de millions de yuans de coûts logistiques pour la vente des produits agricoles locaux. Le prix de revient et l’efficacité de la livraison express de ce centre sont très compétitifs dans l’ouest de la Chine.

Yang Qiu, directeur général de l’entreprise Xiushan Qifei, s’émeut au souvenir de ces changements : « Auparavant, nous payions 10 yuans pour un colis express premier prix, mais aujourd’hui seulement 1,6 yuan. De plus, aujourd’hui, un colis express à destination de Guangzhou arrive le lendemain de l’expédition, sans passer par Chongqing. »

Les avantages logistiques de Xiushan attirent les entreprises liées à l’e-commerce. « Après notre implantation dans le district de Xiushan, notre réseau de livraison peut couvrir un rayon de 300 km par autoroute, donc les dizaines de districts dans les montagnes de Wuling », explique Tao Qinghe, directeur général de l’entreprise d’agroalimentaire Xiushan Funong.

L’essor de l’e-commerce, de la logistique et des secteurs concernés a créé un grand nombre d’emplois pour les habitants locaux. Depuis son entrée dans la vie active en 2016, Chen Qiongzhen touche un revenu mensuel de plus de 3 000 yuans. En plus, l’entreprise lui a payé cinq types d’assurance (l’assurance vieillesse, l’assurance maladie, l’assurance chômage, l’assurance accident du travail et l’assurance maternité), pour résoudre ses soucis. La famille de Mme Chen mène une vie qui s’améliore de jour en jour, en s’éloignant de plus en plus de la pauvreté.

 

Jiao Jintao conduit sur une route de montagne du village de Zhongyuan, le 9 juin 2023. (Photo : Ye Kai) 

Youyang : la création de marque

Situé à 41 km du district de Youyang, le village de Hejiayan est connu comme « terre du riz tributaire ». En effet, il bénéficie de conditions idéales pour la culture du riz. Des archives historiques montrent qu’au début du XVe siècle, Zhu Di (1360-1424), empereur de la dynastie Ming (1368-1644), a goûté le riz et n’a pas tari d’éloges à son sujet. Le village a alors commencé à envoyer du riz au palais impérial en guise de tribut. Après plus de 200 ans de développement, Hejiayan possède de magnifiques rizières en terrasse pour la culture du riz.

Il y a plus de dix ans, le riz de Hejiayan ne pouvait être vendu en raison du manque de transport et d’autres problèmes logistiques, ce qui a contraint presque tous les jeunes hommes du village à partir à la recherche d’un emploi. En conséquence, plus de 40 % des terres du village étaient abandonnées, Hejiayan avait ainsi sombré dans la pauvreté extrême.

Le retournement de situation s’est produit en 2013, lorsqu’une base de démonstration de riziculture a été construite dans le village sous l’égide de la coopérative villageoise, qui distribue les semences, prodigue des conseils sur la culture et achète le riz. La marque de riz du village, Huatian Gongmi, s’est progressivement fait connaître. Aujourd’hui, le riz se vend 24 yuans le kilo, soit un bond considérable par rapport aux 2 yuans du début.

Afin de populariser la marque, le village a lancé en 2022 le projet baptisé « riz en nuage » : 9 298 internautes ont financé des rizières pour devenir des « fermiers en nuage », au prix de 9,9 yuans par mètre carré. Ils peuvent observer la croissance du riz qu’ils financent en direct et s’initier à l’agriculture. Lorsque le riz est récolté, ils reçoivent une partie du riz transformé.

Le « riz en nuage », qui concerne 6,7 ha de rizières, a généré un total de 660 000 yuans, dont 300 000 yuans sont directement distribués aux agriculteurs participants, et 200 000 yuans ont été déposés dans le fonds commun de placement du village pour les primes de fin d’année. He Yili, villageois de Hejiayan, possède 0,33 ha de champs. Auparavant, son revenu annuel n’était que de 10 000 yuans, puis il a rejoint le projet et, l’année dernière, la prime s’est élevée à elle seule à 15 000 yuans.

En mars 2023, le district de Youyang a envisagé de faire des produits locaux, tels que le thé à l’huile et le riz, des industries phares. Le 12 juin, le village de Hejiayan a étendu la superficie des rizières destinées au projet de « riz en nuage », ce qui permettra d’augmenter les revenus.

Wulong : le tourisme rural

Une odeur alléchante s’échappe du restaurant de Yao Tingrun, dans le village de Wenfeng, dans l’arrondissement de Wulong, tandis que saucisses, bœuf et légumes grésillent sur le barbecue.

Le village de Wenfeng se situe à une altitude de plus de 1 100 m. Cependant, à cause des mauvaises conditions de transport, ce village a été coupé du développement et la culture du maïs et des pommes de terre était le principal moyen de subsistance des habitants.

« Autrefois, il nous fallait plus de trois heures en voiture pour se rendre dans notre village depuis la zone urbaine du district. Lorsqu’il pleuvait, la boue sur le chemin mélangée aux excréments d’animaux collait aux semelles des chaussures, la puanteur était insupportable et les routes difficilement praticables. Personne n’aurait cru qu’il soit possible de développer le tourisme ici », raconte Luo Yuanfa, habitant du village de Wenfeng.

Le tournant s’est produit en 2018, lorsque l’arrondissement de Wulong a lancé un projet visant à développer le village grâce au tourisme. Pour construire une série d’auberges haut de gamme et transformer les ressources en actifs, 44 ménages sont devenus partenaires en partageant les droits de gestion de leurs terres et maisons pour dix ans. Par ailleurs, le canton de Houping a fait améliorer les conditions de transport, alors maintenant, le village est à 70 minutes en voiture du centre de l’arrondissement. Le village, autrefois déserté et appauvri au milieu des montagnes, est soudain devenu populaire.

Le projet donne aux villageois une part des bénéfices ainsi qu’une prime. Ainsi, les ressources naturelles ont été transformées en actifs et les agriculteurs sont devenus des actionnaires. Yao Tingrun a bénéficié d’une formation organisée par la municipalité visant à réduire la pauvreté, et a appris à faire des barbecues. Armé de ses nouvelles compétences, il a ouvert un restaurant qui lui a rapporté 40 000 yuans pendant le congé de la Fête nationale de l’année dernière. Luo Yuanfa gère une auberge rurale de sept chambres, et le revenu annuel de sa famille a dépassé les 200 000 yuans.

En outre, il y a plusieurs installations annexes, telles qu’une salle d’exposition de la culture folklorique, un cinéma et un centre culturel dans le village. La restauration à elle seule rapporte plus d’un million de yuans chaque année et stimule les ventes de produits agricoles dans les régions environnantes. À l’avenir, le sud-est de Chongqing se concentrera sur le développement intégré des industries primaires, secondaires et tertiaires, sur le développement des entreprises rurales et sur la promotion d’une agriculture de qualité. L’objectif étant de construire une zone rurale vivable et prospère.

 

Le site du village miao de Tianchi, dans le canton de Houping (Chongqing)(Photo : Ye Kai) 

Qianjiang : le relogement

Au début de l’été, le village de Zhongyuan, dans l’arrondissement de Qianjiang, est pittoresque. Les routes serpentent au milieu d’une abondance d’arbres et les maisons traditionnelles sur pilotis de l’ethnie tujia se distinguent. Jiao Jintao est sur la route de montagne, il klaxonne pour saluer ses voisins. Bien qu’il ait emprunté cette route d’innombrables fois, elle lui rappelle encore le passé.

« J’habitais au sommet de la montagne, même la moto ne pouvait pas y accéder, et encore moins la voiture », se souvient M. Jiao. En 2008, l’arrondissement a lancé une campagne de relogement. Les villageois ont reçu des logements dans des zones plus basses et plus accessibles, équipées d’eau courante, d’électricité et de vraies routes, et ont eu un accès beaucoup plus facile à l’emploi, à l’enseignement et aux soins médicaux. C’était le cas de la famille de Jiao Jintao.

Après le changement, il est devenu plus facile pour Jiao Jintao d’aller travailler en dehors de la région. En 2020, il a choisi de retourner dans son village natal avec un peu de capital et de l’expérience, pour s’occuper de ses parents âgés et ouvrir son entreprise potagère. Il doit son autonomie à son activité qui lui rapporte un bénéfice net de plus de 100 000 yuans par an, après avoir payé la terre qu’il loue ainsi que les salaires de cinq employés.

Comme M. Jiao, plusieurs villageois qui étaient partis pour travailler sont revenus et devenus exploitants agricoles. Des légumes locaux comme le chou, le potiron et le piment sont vendus dans une zone urbaine située à 20 km, ce qui permet à une cinquantaine de personnes de gagner leur vie. Pour les personnes relogées comme M. Jiao, quitter leur terre natale ne signifie pas rompre les liens avec elle, mais se préparer pour un grand retour.

 

 *YE KAI est journaliste à China.org.cn. 

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