Accueil>Chassé-Croisé

Espagne et Chine : des ponts entre l’art et la culture

2022-01-05 18:23:00 Source:La Chine au présent Auteur:MAGDALENA ROJAS
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典
Isabel Cervera devant un champ de colza à Wuyuan (Jiangxi)

 

Isabel Cervera est arrivée à Beijing en septembre 2020 pour occuper le poste de directrice de l’Institut Cervantes de Beijing, la seule institution espagnole officielle dans la capitale chinoise proposant des cours d’espagnol pour les apprenants de différents niveaux. Dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19 qui a ravagé le monde entier, Isabel Cervera et son équipe doivent s’adapter.

 

Le berceau de nouvelles idées

 

Bien qu’Isabel Cervera ait commencé à travailler en Chine depuis plus d’un an, sa relation avec le pays remonte à bien plus loin. Dans les années 1980, elle est venue en Chine en tant qu’étudiante grâce à une bourse. Au cours de son séjour, elle s’est d’abord immergée dans l’apprentissage du chinois à l’Université de Beijing, puis a entre autres étudié la calligraphie à l’Académie centrale des beaux-arts. À cette époque, la Chine était à la croisée des chemins et des changements importants s’y produisaient, c’est pourquoi elle se souvient encore très bien de ces moments spéciaux. « Quand j’étais étudiante en Chine, les gens de ma génération avaient beaucoup d’idées d’activités culturelles qu’ils voulaient concrétiser, ils faisaient du pays un grand foyer d’expérimentation », se souvient-elle. « Tout était surprenant, intéressant et saisissant, ce qui était aussi représentatif de l’air du temps et de l’époque. »

 

Ses deux années post-doctorales à Beijing ont grandement influencé la vie de Mme Cervera. Après avoir achevé ses études, elle est revenue en Chine pour mener des recherches, organiser des expositions ou simplement voyager. Elle est ensuite devenue historienne de l’art en Espagne. En tant que professeure à l’Université autonome de Madrid, elle a consacré une grande partie de sa carrière professionnelle au monde universitaire et à la recherche, et a donné des cours tels que l’histoire de l’art d’Asie de l’Est et l’histoire de l’art chinois. Elle a également mené des recherches sur le bouddhisme, sur les échanges culturels à travers les anciennes routes commerciales et sur Turpan, une ville située dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, en Chine.

 

Le nouveau visage de l’Institut Cervantes

 

En raison de la situation particulière causée par la pandémie de COVID-19, Mme Cervera, originaire de Madrid, a commencé à tirer parti de nouveaux formats en ligne pour organiser des conférences, des expositions, des cours, des cycles de films et d’autres événements.

 

Promouvoir la langue et la culture espagnoles n’est pas une tâche aisée, surtout lorsque vous devez vous montrer à la hauteur de l’héritage légué par Inma González Puy, l’ancienne directrice de l’Institut Cervantes de Beijing, aujourd’hui à la tête de la Bibliothèque Miguel de Cervantes à Shanghai. « Inma González Puy et moi nous connaissons depuis longtemps, c’est donc un plaisir et un honneur, et cela représente un grand défi de poursuivre son œuvre », confie Mme Cervera. « Nous nous trouvons dans une période exceptionnelle de nouveaux défis, dans laquelle nous devons tout regarder d’une manière différente », poursuit-elle. « Néanmoins, notre tâche fondamentale reste la même ; nous allons simplement changer la forme. » Elle indique que ses deux principales alliées dans la poursuite de cette mission sont l’Union européenne et les ambassades d’Amérique latine à Beijing, avec lesquelles elle collabore en permanence. Outre ces entités, Mme Cervera souhaite intégrer de nouveaux acteurs dans le réseau de l’Institut Cervantes, par exemple des institutions locales, pour renforcer davantage la coopération et atteindre un public nouveau et plus étendu.

 

Même si l’espagnol a commencé à se répandre tardivement en Chine par rapport à l’anglais, il gagne en popularité à un rythme soutenu. Des sondages indiquent qu’environ 60 000 Chinois étudient l’espagnol. Cela répond, dans une large mesure, à la croissance économique des dernières décennies. « Les opportunités offertes par le pays au cours des 25 à 30 dernières années ont ouvert un monde infini de possibilités à toutes les personnes qui ont grandi et étudié pendant cette période », estime Mme Cervera. La directrice de l’Institut Cervantes de Beijing s’efforce de faire reconnaître l’espagnol non seulement comme une langue culturelle et touristique, mais aussi comme un outil et un atout professionnel. Elle juge également que l’avenir offre de nombreuses opportunités dans ce sens : « Outre les écoles de langues et les collèges, il existe tout un réseau d’universités qui créent des départements d’espagnol et qui auront besoin de bons professionnels pour occuper ces postes. »

 

Mme Cervera ne mentionne pas de projets spécifiques à venir dans les prochains mois, car la situation générale est toujours volatile et les plans pourraient changer, mais elle poursuit plusieurs objectifs généraux. « Nous allons continuer la série de conférences et d’activités intitulée ‘‘La ville comme laboratoire d’idées’’, dans laquelle nous cherchons à discuter des problèmes mondiaux avec des professionnels, d’abord d’Espagne et de Chine, puis d’autres pays comme le Mexique. »

 

Chez soi, même loin de son foyer

 

Lorsqu’Isabel Cervera a mis le pied en Chine pour la première fois, tout semblait étrange et différent. Mais au fil du temps, elle a découvert un nombre croissant de similitudes entre son pays natal et la Chine. « J’ai souvent été surprise par la quantité de choses que nos deux pays ont en commun, même si elles peuvent s’exprimer différemment ou prendre une autre apparence », déclare-t-elle. Mme Cervera pense que les deux cultures partagent des points communs en termes de valeur accordée à la famille, aux relations interpersonnelles et à la table du dîner. De ce point de vue, ce qui aurait pu sembler si lointain de prime abord est en réalité familier par essence.

 

La directrice espagnole explique que la Chine l’a aidée à élargir son horizon et l’a inspirée à travers la compréhension de nombreux concepts liés au travail, à l’esthétique, au monde artistique et à la valeur de la culture, entre autres. Les relations qu’elle a tissées prennent aussi un sens particulier au regard de son expérience avec la Chine : « Personnellement, je crois que l’élément le plus précieux de mon séjour en Chine, ce sont les personnes que j’ai rencontrées pendant toutes ces années et celles que je continuerai de rencontrer. Elles enrichissent toutes ma propre vision du monde à travers leur vie quotidienne et leur contribution professionnelle. »

 

Visiter des galeries et des musées, aller voir des sites historiques et se promener sans but dans la ville sont quelques-uns des passe-temps préférés de Mme Cervera. « Beijing est une ville immense avec des problèmes et des avantages dus à sa nature même. Ce qui anime la ville, ce sont les gens qui composent les quartiers », soutient-elle. « Il y a un fort contraste entre l’image globale de la ville et la vie quotidienne réelle au sein de chaque communauté, où l’on peut encore observer des scènes de vie attachantes dans la rue. » Mme Cervera a encore beaucoup à découvrir dans la ville et a plusieurs projets en cours, c’est pourquoi elle aspire à donner le meilleur d’elle-même pendant les années qu’il lui reste en Chine, pour créer de ponts entre la culture latino-américaine et espagnole et celle de la Chine.

 

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4