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Mongolie intérieure : L’écologie et la production agricole vont de pair

2021-10-08 15:36:00 Source:La Chine au présent Auteur:LU RUCAI
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Habitant du village de Huangzhangzi à Chifeng (Mongolie intérieure), Lin Shufa cultive du millet en recourant à une machine agricole moderne, le 17 mai 2021.

 

« Par rapport aux émissions industrielles, les gens ne prêtent que peu d’attention aux émissions de CO2 dans la production agricole. Mais elles sont en fait très élevées, en particulier dans la production d’engrais et de pesticides. » Lin Kuocheng, directeur du projet de Mongolie intérieure pour The Nature Conservancy (l’une des plus grandes ONG internationales dans la protection de l’environnement, TNC), coopère avec les autorités locales pour développer des projets climatiquement intelligents pour des exploitations agricoles et d’élevage de haute qualité donnant la priorité à la protection de l’écosystème, avec une orientation vers le développement vert.

 

Une transition réussie

 

Le village de Xigou, dans la bannière gauche de Bairin en Mongolie intérieure, est l’un des sites sélectionnés pour le projet. Il ne compte que 316 foyers. Pour reverdir et donner aux agriculteurs et aux éleveurs un écosystème propice, l’État pratique la reforestation des terres agricoles depuis 2015, explique Wu Chunlin, secrétaire de la cellule du Parti pour le village. Des entreprises spécialisées dans le verdissement restaurent la végétation, et les villageois qui se retirent des terres arables peuvent obtenir des subventions forestières. Le village dispose encore de 8 000 mu (1 mu = 1/15 ha) de terres arables, soit près de 5 mu par habitant, consacrées principalement au maïs et au sorgho.

 

Avant de coopérer avec TNC, les villageois maintenaient les cultures ancestrales et comptaient sur le ciel pour assurer leur subsistance. L’introduction de l’irrigation a favorisé l’agriculture de décrue durant les semailles de printemps et la saison sèche. La zone est aride ou semi-aride avec un ensoleillement suffisant, et 70 % des précipitations annuelles sont concentrées de juillet à septembre. En 2017, M. Lin a été nommé responsable du projet de TNC pour la modernisation complète de ce village extrêmement pauvre et a apporté des méthodes agricoles complètement différentes.
 
Vue panoramique sur le bassin de la rivière Laoha, dans le district de Ningcheng à Chifeng, le 2 mai 2021 
 
« Nous voulons développer une agriculture climatiquement intelligente grâce à des solutions fondées sur la nature (NbS), et en même temps résoudre les problèmes d’écologie et augmenter les revenus des villageois », précise M. Lin, ce qui signifie, selon la définition de l’Union internationale pour la conservation de la nature, « d’agir pour répondre de manière efficace et adaptative aux défis sociaux par la protection, la gestion durable et la restauration des écosystèmes naturels ou artificiels, et pour apporter des avantages au bien-être humain et à la biodiversité ». S’appuyant sur l’introduction et l’orientation des ressources mondiales et des technologies de pointe de TNC, ils ont mis en place des projets pilotes dans la région, avec notamment l’ajustement de la structure du secteur agricole et de l’élevage, la restauration des forêts et des prairies, la gestion écologique des rivières, la protection et la restauration des zones humides, ainsi que des conseils et une formation techniques en matière d’agriculture et d’élevage. À Xigou, ils ont dû persuader les villageois de changer leurs méthodes d’origine et d’adopter le double sillon avec paillis complet pour une plantation centralisée et continue. Le paillis sur les terres cultivées permet en effet de stocker les précipitations naturelles sous terre pour éviter leur évaporation. Dans le même temps, la construction de barrages de contrôle dans les ravines capables de retenir l’eau et les sols permet non seulement de conserver l’eau, mais aussi de protéger les terres cultivées.

 

Les méthodes agricoles traditionnelles ont entraîné une dégradation continue des terres et contraint les agriculteurs à continuer d’étendre la surface agricole pour obtenir des rendements suffisants. Le projet de TNC consiste donc à explorer l’agriculture sèche écologique et respectueuse de l’environnement grâce à la restauration des fonctions écologiques des sites ainsi protégés : tel est concrètement la nature du projet pilote de M. Lin et de son équipe à Xigou. Ils tirent pleinement parti des spécificités climatiques consistant en une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit et un ensoleillement suffisant, ne comptant que sur les précipitations naturelles pour l’agriculture sèche, évitant autant que possible les herbicides et les pesticides, réduisant les intrants dans le processus de production agricole, améliorant la qualité des produits et les rendements pour augmenter la valeur de la production, pour accroître davantage le revenu des agriculteurs.

 

Les résultats de l’expérience ont satisfait les villageois. « Les revenus ont augmenté d’environ 500 yuans par mu », selon M. Wu. Ce résultat a facilité la mise en place du projet la deuxième année. En 2020, les terres de Xigou utilisant les nouvelles méthodes sont passées de 400 mu à plus de 5 000 mu, soit plus de la moitié des terres arables du village. Xigou a également montré l’exemple aux villages voisins, qui l’ont déjà rejoint le projet, même sans les fonds. M. Lin en conclut qu’il souhaite que le projet prenne de l’ampleur et que les petites surfaces aient un rendement plus élevé que les grandes surfaces à l’origine, afin que la production agricole puisse bénéficier et résulter de la restauration écologique.
 

 

Interdiction du pâturage

 

À une soixantaine de kilomètres au sud de Xigou, se trouve Taohai, un village pastoral typique dans lequel un projet spécifique a été mis en place.

 

En cette saison où la végétation resplendit, on ne voit ni ovins ni bovins en raison de l’interdiction de pâturage. Difficile d’imaginer que les sols ont été gravement touchés par l’érosion due au surpâturage. En janvier 2019, avec le soutien de TNC et des autorités, la coopérative professionnelle agricole et d’élevage de Longgao a été créée dans le but d’augmenter le revenu des éleveurs avec moins d’investissements pour faire office de projet de démonstration et convaincre les éleveurs. Avec l’interdiction du pâturage, si le problème de l’alimentation du bétail ne peut être résolu, le projet devient insoutenable pour ces villageois qui dépendent de l’élevage traditionnel pour leur subsistance, même si l’écologie en profite.

 

Dans « l’usine d’herbage frais » de la coopérative, Wan Fu, le responsable de la coopérative, montre le processus de fabrication : les graines d’avoine, d’orge et de blé pour l’alimentation animale sont traitées dans une serre spécialement conçue pour les cultiver et les convertir en semis avec de l’eau. En y ajoutant du fourrage, on en fait des aliments transformés pour les moutons et les vaches. « Cette méthode a permis de réduire les coûts d’élevage. On peut économiser environ 180 yuans par mouton sur une période de croissance d’environ trois mois », affirme Wan Fu, un berger mongol typique, qui précise que par rapport à la mise en pâture, on peut économiser aussi de la main-d’œuvre. Les avantages de ce nouveau type d’élevage étant visibles, le nombre d’adhérents à la coopérative est passé de sept au début à plus d’une trentaine. « Cela va certainement augmenter à l’avenir », prévoit Wan Fu, estimant que ce changement n’a pas été facile à réaliser pour les gens qui pâturent depuis des générations.

 

« Pour de nombreux villageois, si leurs revenus n’augmentaient pas, ils ne s’intéresseraient pas au changement climatique, un problème qui ne semble pas avoir grand-chose à voir avec leur vie. Par conséquent, les autorités, les villageois et nos ONG doivent prêter attention aux besoins à différents niveaux. Par exemple, les agriculteurs s’occupent de la production, les organisations comme TNC, de la construction écologique, et les autorités, de la combinaison de l’écologie et de la production », dit M. Lin. Qu’il s’agisse de Xigou ou de Taohai, nous devons faire progressivement comprendre aux populations que l’amélioration de l’environnement écologique va de pair avec la production agricole et l’élevage.
 

 

Les efforts de tous

 

Dans ce projet multipartite, il existe également un partenaire commercial important, la société China Three Gorges Corporation (CTG), qui garantit dans une certaine mesure la durabilité des fonds.

 

« Depuis 2003, cela fait 18 ans que CTG aide la bannière gauche de Bairin avec un investissement cumulé de près de 200 millions de yuans. Notre coopération avec TNC en Mongolie intérieure a commencé en 2017 », dit Zhang Yan, représentante de CTG au poste de chef-adjoint de la bannière. Entre 2019 et 2021, CTG et TNC ont investi conjointement 3 millions de yuans chaque année dans des projets de modernisation complets pour des villages très pauvres comme Xigou, pour acheter du matériel, notamment des semoirs avec couverture complète en films en plastique, des machines de cueillette de films et des films, ainsi que pour payer la main-d’œuvre dans le fonctionnement de projets.

 

« Même si nous fournissons également une partie des fonds, il s’agit davantage d’un soutien intellectuel car la bonne marche du projet bénéficie du soutien financier de CTG », remarque M. Lin, ajoutant que l’expérience qui en a été tirée, c’est qu’au début, si on ne peut pas demander aux exploitants qui ont des revenus faibles de contribuer financièrement, ils peuvent néanmoins fournir les terres et leur travail. Par conséquent, lors de la première année de fonctionnement du projet, les villageois participants peuvent recevoir gratuitement du paillis et d’autres matériaux de production, et à partir de la deuxième année, échanger leur main-d’œuvre et du fumier de bétail contre du paillis. Ainsi, sans rien débourser, la prise de risque est infime. C’est ainsi que le projet a été conçu début 2019. « Si les nouvelles méthodes sont adoptées, il n’y aura pas de récolte et les agriculteurs recevront une subvention de 400 yuans par mu », précise M. Lin, ce qui permet de dissiper les inquiétudes des villageois et de lancer le projet lentement mais sûrement.

 

M. Lin travaille à la bannière gauche de Bairin depuis plus de trois ans et espère en faire un site de démonstration national pour une agriculture climatiquement intelligente. En Mongolie intérieure, TNC mène des actions de restauration écologique et d’assistance communautaire depuis plus de dix ans, et le projet de la bannière gauche de Bairin a manifestement commencé à porter ses fruits.

 

Il faudra aussi résoudre le problème du recyclage et de l’élimination sans danger du paillis résiduel pour les semis. L’installation de stations d’épuration et l’utilisation de paillis biodégradable sont déjà en discussion avec les villageois. Peu importe la méthode choisie, c’est déjà à l’ordre du jour. Pour les villageois ordinaires, le changement est également visible : il y a quelques années, ils ne savaient même pas ce qu’était le paillis, mais maintenant ils en parlent à leur aise et se sentent concernés par le changement climatique.

 

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