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Richard Sears, l’Américain amoureux des caractères chinois

2021-06-03 10:44:00 Source:La Chine au présent Auteur:LI QING
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法语词典

Richard Sears fait de la calligraphie chez lui à Nanjing. 

 

Né en 1950, Richard Sears a grandi dans une petite bourgade de l’Oregon (État américain bordant l’océan Pacifique). Il avait dix ans quand il a vu pour la première fois un Chinois, une rencontre marquante. En 1972, il a acheté un aller simple pour Taiwan afin d’apprendre le mandarin. La même année, en février, Richard Nixon s’était rendu en Chine pendant une semaine, effectuant la première visite d’un chef d’État américain en République populaire de Chine. Cet événement a ouvert la voie de la normalisation des relations bilatérales. « Quand il m’est venu à l’esprit que 7 % des personnes dans le monde utilisent l’anglais tandis que 20 % parlent chinois, j’ai décidé d’apprendre cette langue », souligne le septuagénaire qui réside maintenant à Nanjing (province du Jiangsu).

 

Un long apprentissage

 

Ainsi débuta son histoire avec le chinois et la Chine. Près de cinq décennies plus tard, cet ancien ingénieur en informatique de la Silicon Valley est devenu une célébrité sur Internet en se faisant le chantre de la culture chinoise. « La chose la plus importante dans la vie est d’avoir une passion et d’aller jusqu’au bout. Cela signifie généralement qu’il faut prendre un risque », affirme M. Sears.

 

L’écriture chinoise est selon lui un miracle dans l’histoire de l’humanité, car c’est l’écriture la plus ancienne qui est encore utilisée de nos jours. Il a commencé à s’y initier à l’âge de 22 ans et s’il a progressé dans la lecture et l’oral, il lui a fallu attendre la quarantaine avant de pouvoir écrire dans cette langue.

 

Quand il a commencé à apprendre les caractères, leur structure compliquée lui semblait trop difficile à retenir, car il ne voyait aucun lien entre les idéogrammes et leur signification. Étudiant leur évolution, du pictogramme original à l’écriture simplifiée moderne, M. Sears a vite été fasciné par l’histoire qui se cache derrière chaque caractère. « Lorsque vous les comparez, vous commencez à avoir des indices sur leur origine », note-t-il.

 

En lisant un livre en anglais basé sur le Shuo Wen Jie Zi, premier dictionnaire chinois existant datant de la dynastie des Han orientaux (25-220), il a découvert des inexactitudes et a décidé d’effectuer des recherches approfondies. « Vous n’arrêtez jamais de poser des questions. Et vous allez toujours plus loin », remarque-t-il.
 

 

Un million de caractères

 

En 1994, M. Sears a été victime d’une crise cardiaque, qui l’a forcé à remettre son existence en question. « Si je savais que je n’avais que 24 heures à vivre, que ferais-je ? Tout ce que je pourrais faire, c’est d’appeler mes amis et leur dire au revoir. Mais s’il me restait un an ? J’ai alors eu l’idée de numériser le Shuo Wen Jie Zi. »

 

Il a donc commencé à créer une base de données numérique sur les écritures chinoises archaïques et l’écriture ossécaille (âgée de plus de 3 000 ans, celle-ci regroupe les premiers caractères chinois découverts à ce jour et est considérée comme l’un des plus anciens systèmes d’écriture au monde). Il lui a fallu sept ans pour scanner les caractères des ouvrages anciens et finalement, en 2002, il a lancé le site Web hanziyuan.net. Ce site gratuit en anglais présente les origines de l’écriture chinoise et donne la prononciation de mots courants en langue commune et en certains dialectes comme le cantonais. On y trouve près d’un million de caractères. D’abord confidentiel, ce site a vu le nombre de ses visiteurs grimper à 600 000 par jour en 2011 quand un blogueur l’a recommandé sur Weibo, alors que M. Sears était aux États-Unis. Celui que l’on surnomme « Oncle Hanzi » en Chine pour son amour des caractères chinois (les hanzi) est devenu une célébrité du jour au lendemain. Le site est maintenant continuellement mis à jour. M. Sears le finance et reçoit parfois des dons.

 

Pour rendre plus ludique l’apprentissage des caractères, il a collaboré avec shiwangme.com, une société basée à Nanjing spécialisée dans la réalité augmentée, pour promouvoir un pack de 108 cartes. Lorsqu’on scanne une carte, elle prend vie et raconte l’évolution d’un caractère de son origine à nos jours. M. Sears fait également des vidéos sur le site de partage Bilibili. Depuis octobre dernier, il en a mis 29 en ligne, dans lesquelles il se met en scène. Il a déjà plus de 120 000 abonnés et la vidéo la plus populaire a été visionnée près de 2,4 millions de fois.

 

La vie à Nanjing

 

Le 23 décembre 2020, il a reçu un cadeau de Noël spécial : un permis de séjour permanent, lui évitant les formalités répétitives de demande de visa. Il est désormais libre d’entrer et de sortir du territoire chinois à sa guise.

 

M. Sears a visité Nanjing pour la première fois en 2000, alors que presque aucun bâtiment ne dépassait deux étages. De nombreux changements sont évidemment survenus depuis. Mais, confie-t-il, c’est toujours un endroit très agréable : « Nous avons une très belle région avec des jardins et des parcs, où je peux me promener avec mes chiens. »

 

*LI QING est journaliste à Beijing Information.

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