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La diplomatie chinoise promeut une communauté de destin pour l’humanité

2021-04-29 15:55:00 Source:La Chine au présent Auteur:EVANDRO MENEZES DE CARVALHO
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Le 10 novembre 2020 à Shanghai, dans la zone d’exposition consacrée au commerce des services de la 3e Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE), l’entreprise minière brésilienne VALE conclut un accord avec un groupe sidérurgique chinois.

 

Cette année, la Chine célébrera le centenaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC). En amont des commémorations, de nombreux analystes internationaux commencent déjà à débattre de la nouvelle politique étrangère chinoise et de l’impact qu’elle exercera sur l’ordre international. Deux facteurs motivent ces délibérations. Premier facteur (et le plus important) : la prévision selon laquelle l’économie chinoise passera devant l’économie américaine avant 2030. Deuxième facteur : le rôle clé qu’a joué la diplomatie chinoise dans la lutte contre l’épidémie. La Chine a aidé plus d’une centaine de pays à mettre en œuvre des actions de prévention, de contrôle et de vaccination pour faire obstacle au COVID-19, tandis que l’intervention des États-Unis face à la pandémie a laissé à désirer. Mais les discussions ne portent pas sur les profils de leadership dans le monde, mais sur le modèle de gouvernance mondiale pour l’avenir.

 

Dans le domaine des relations internationales et dans les études sur le droit international, les théories européennes et américaines prédominent. Si nous continuons suivant ce schéma, le monde ne parviendra pas à repenser l’organisation des relations internationales en dépit du contexte actuel de transformation globale, où la Chine assume un rôle sans précédent dans son histoire, de même que dans l’histoire de l’humanité.

 

Je présume qu’au XXIe siècle, l’on ne résoudra aucun défi majeur pour l’humanité sans la participation active de la Chine. Pour pouvoir relever les enjeux liés à l’environnement, aux crises financières, à la sécurité internationale et à la santé publique mondiale, par exemple, nous aurons impérativement besoin de la contribution chinoise. Si nous sommes d’accord avec cette hypothèse, alors il apparaît nécessaire de comprendre la Chine et d’entretenir un dialogue constant avec elle. Mais quels sont donc les obstacles qui empêchent ces interactions ? À vrai dire, nous en savons peu sur les façons chinoises de penser, de coopérer et de résoudre les conflits, et de fait, nous ne voyons pas comment cette approche et cette sagesse chinoises, reflétées au quotidien dans les pratiques diplomatiques du pays, pourraient faire émerger une nouvelle norme en matière de diplomatie et de relations internationales.

 

Le système international contemporain a été structuré autour d’une vision occidentale du monde, suite à l’expansion et à la colonisation européennes sur pratiquement tous les continents du monde, auxquelles s’ajoutent les deux guerres mondiales qui ont éclaté avec l’Europe au centre. Par la suite, la guerre froide a déplacé le centre de gravité hors du continent européen. Toutefois, la victoire des États-Unis sur l’ancienne Union des Républiques socialistes soviétiques s’est traduite par l’affirmation de l’héritage occidental, en toute chose. Si plusieurs aspects positifs de cet héritage ont été repris par la diplomatie américaine, il subsiste des points préoccupants (comme le recours à la force pour défendre leurs intérêts nationaux), faisant parfois fi du droit international. En 2019, le président américain de l’époque, Donald Trump, a confié à l’ancien président Jimmy Carter être soucieux du fait que « la Chine prenne de l’avance sur nous ». Après avoir rappelé à M. Trump que les États-Unis n’ont connu que 16 années de paix au cours de leurs 242 ans d’histoire, M. Carter a déclaré que « la Chine n’a pas gaspillé un seul centime dans la guerre ».

 

Si nous examinons cette déclaration de Jimmy Carter à travers le prisme de l’histoire, la question suivante nous vient : pourquoi la guerre n’est pas une partie intrinsèque de la politique étrangère chinoise ? Il semblerait qu’il en soit ainsi depuis le temps des dynasties. Mais l’on ne peut pas en dire autant des pays étrangers, dont les premières attaques perpétrées contre la Chine remontent à la dynastie des Ming, avec des effets catastrophiques sur le peuple chinois à la fin de la dynastie des Qing (XIXe siècle) et des conséquences s’étendant jusqu’aux premières décennies du XXe siècle. Ces épisodes ont laissé des cicatrices indélébiles sur la mémoire collective et la société chinoises, avec des répercussions sur l’histoire contemporaine du pays, et ce jusqu’à nos jours.
 
Une cargaison de près de 2 millions de vaccins de la société chinoise Sinovac Biotech arrive au Chili le 28 janvier 2021. Le président chilien Sebastián Piñera prononce un discours à l’aéroport international de Santiago.

 

La priorité de la Chine, c’est la préservation de sa souveraineté, qui elle dépend du maintien de l’unité nationale. Au niveau des relations extérieures, le pays garantit cette unité en défendant son intégrité territoriale ; et au niveau national, il y veille en mettant l’accent sur la stabilité sociale. L’unité nationale, l’intégrité territoriale et l’ordre social sont des objectifs interdépendants et élémentaires ciblés par le PCC dans le cadre de la gouvernance du pays. Pour cette raison, les analystes occidentaux qui croient que la Chine veut devenir une puissance hégémonique dans le monde se trompent. Ils font l’erreur de prendre comme référence les relations que l’Occident a entretenues avec les autres pays, dont la Chine justement. Peut-être redoutent-ils d’avoir enseigné à la Chine cette « diplomatie des muscles » à laquelle ils ont eu recours, parfois abusivement quand cela les arrangeait. Mais les craintes occidentales semblent ignorer les priorités actuelles de la Chine, qui devraient perdurer tout au long de ce siècle.

 

De l’année 1949, marquée par la fondation de la République populaire de Chine (RPC), jusqu’à l’année 1978, au cours de laquelle la politique de réforme et d’ouverture a été déployée, le PCC s’était fixé comme priorités d’organiser l’administration du pays et de rompre avec l’ancienne « diplomatie de l’humiliation » qui avait caractérisé jusque-là les relations étrangères de la Chine, à en juger les traités internationaux qui imposaient des conditions défavorables à son encontre. En 1955, à la Conférence de Bandung, la Chine a plaidé pour un ordre international fondé sur les Cinq principes de la coexistence pacifique, à savoir : respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, non-agression mutuelle, non-ingérence dans les affaires intérieures de l’autre, égalité et avantages réciproques, ainsi que coexistence pacifique. Elle a également soutenu le multilatéralisme et noué une amitié solide avec la grande majorité des pays en développement. Dans sa politique étrangère, la Chine a toujours pris des décisions fondées sur la stricte défense de l’intérêt national, décisions qui ont permis de sauvegarder et de favoriser le développement économique du pays. À cet effet, la Chine laisse de côté les enjeux idéologiques pour faire place à une « diplomatie des résultats » basée sur la recherche des intérêts communs dans le dialogue avec les autres pays. Il s’agit de la synthèse du pragmatisme chinois.

 

Entre 1978 et 2008, la Chine a vu son PIB passer de 367,9 milliards à 31 404,5 milliards de yuans. Cet essor économique rapide, extraordinaire même, a découlé de la politique réussie de réforme et d’ouverture, et devait s’accompagner d’une politique étrangère adéquate. En ce sens, la RPC a accru sa présence sur la scène mondiale en rejoignant une centaine d’organisations internationales. Néanmoins, l’engagement de la Chine dans le système économique international mettait l’accent sur son adaptation à un ensemble standard de normes et relations internationales élaborées dans le cadre de la « mondialisation » occidentale. L’accession de la Chine à l’OMC en 2001 a marqué un jalon dans l’intégration du pays au sein du système commercial multilatéral. Et en 2008, avec les Jeux olympiques de Beijing, on aurait dit que la Chine célébrait son acceptation par le monde occidental. Mais ce glorieux événement symbolisait également le début d’une nouvelle phase dans son histoire diplomatique.

 

De 2008 à nos jours, la politique étrangère de la Chine s’est révélée plus active et plus présente sur divers sujets. En outre, il s’agit dorénavant d’une dimension cruciale pour la croissance économique continue du pays, qui ambitionne de devenir une nation développée d’ici le milieu de ce siècle, au moment des célébrations du 100e anniversaire de la fondation de la RPC.
 
La Chine soutient fermement le libre-échange et l’ouverture des marchés.

 

Dans un discours prononcé à l’ONU en 2005, le président chinois de l’époque, Hu Jintao, a avancé l’idée de « construire un monde harmonieux de paix durable et de prospérité commune », indiquant ainsi une nouvelle perspective chinoise des relations internationales. Après tout, ce concept de « monde harmonieux » reprend des éléments de la culture traditionnelle chinoise. Mais c’est sous la direction de Xi Jinping qu’une vision grandiose en matière de politique étrangère a été formulée et traduite en action, tant au niveau politique qu’économique. Le concept clé qui en ressort appelle à « construire une communauté de destin pour l’humanité ». Selon mon interprétation, il s’agit de la version chinoise de la « mondialisation » qui, tout en encourageant le libre-échange, soutient l’idée que le commerce international doit être juste et efficace, et que les relations internationales doivent par-dessus tout respecter les différences entre les peuples. La mondialisation des années 1990 a proclamé l’uniformité des valeurs et des règles de conduite, ce qui, en réalité, a favorisé l’« occidentalisation » du monde. Mais, comme l’a indiqué Xi Jinping : « Chaque civilisation plonge sa racine dans son sol et cristallise la sagesse et les idéaux uniques d’un pays et d’une nation. Chaque civilisation a sa valeur. » La diplomatie chinoise n’a donc pas pour ambition de siniser davantage le monde, mais refuse néanmoins son occidentalisation forcée.

 

Alors, comment concrétiser ce concept dans la pratique diplomatique chinoise ? Premièrement, ce concept soutient un mode de dialogue et de coopération qui repose sur des consultations exhaustives, des contributions conjointes et des avantages partagés. Sur le front économique, il a été matérialisé sous la forme de l’initiative « la Ceinture et la Route », qui constitue le seul et unique grand projet d’intégration économique de ce XXIe siècle. Tablant sur la connectivité des pays par le biais des infrastructures, cette initiative crée les conditions nécessaires pour des échanges efficaces entre les peuples, avec des avantages uniques : plus large et plus ouvert qu’une simple zone de libre-échange (modèle d’intégration généralement privilégié par les États-Unis), ce projet s’avère également moins compliqué et laborieux que le modèle européen d’intégration économique. Enfin, au niveau politique, le concept visant à « construire une communauté de destin pour l’humanité » préconise une plus grande démocratisation du système international. De l’avis de Xi Jinping, il faudrait accroître la représentation et le droit à la parole des pays en développement. C’est une question capitale pour la garantie de la paix dans le monde, qui est subordonnée à la sauvegarde du multilatéralisme et au renforcement des organisations internationales.

 

Dans le Rapport d’activité du gouvernement qu’il a rendu lors de la quatrième session de la XIIIe Assemblée populaire nationale le 5 mars 2021, le premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré : « Nous nous emploierons à développer des partenariats mondiaux ainsi qu’à promouvoir la construction d’un nouveau type de relations internationales et d’une communauté de destin pour l’humanité. Nous poursuivrons la politique d’ouverture et de coopération, et nous continuerons d’œuvrer pour rendre le système de gouvernance mondiale plus juste et plus équitable. »

 

Pour toutes ces raisons, la diplomatie chinoise pointe vers une réforme de l’actuel système de gouvernance mondiale. Sans négliger l’existence des valeurs universelles, la Chine souligne l’importance des différences culturelles entre chaque pays et des écarts qui existent dans les modèles de gouvernance nationale. Le concept de « construire une communauté de destin pour l’humanité » est une réinterprétation de l’universalisme selon le style occidental et pourrait ouvrir une nouvelle ère de rayonnement mondial, contrastant avec un Occident de plus en plus plongé dans les ténèbres de la xénophobie, du populisme, des discours antiscientifiques, de la violence, de la division interne, du protectionnisme, de l’unilatéralisme et de la diffusion de fausses nouvelles.

 

*EVANDRO MENEZES DE CARVALHO est rédacteur en chef exécutif de l’édition brésilienne de La Chine au présent, professeur en droit international et coordinateur du Centre d’études Brésil-Chine de la FGV Direito Rio (faculté de droit de la Fondation Getulio Vargas à Rio de Janeiro).

 

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