Accueil>Chassé-Croisé

Eric Allen : des livres, de la musique et de la nostalgie

2021-03-02 16:41:00 Source:La Chine au présent Auteur:DENG DI
【Fermer】 【Imprimer】 GrandMoyenPetit
法语词典

Eric Allen

 

« J’aime ma vie en Chine. Beijing est ma ville chinoise préférée. Elle est tellement développée, et les gens que je rencontre ici sont gentils et hospitaliers », explique Eric Allen, un conseiller linguistique auprès de New World Press, une maison d’édition chinoise basée à Beijing qui publie notamment des ouvrages en anglais présentant la culture, l’histoire et les systèmes sociaux de la Chine.

 

Une vie en musique

 

Originaire de Muncie, dans l’État de l’Indiana, M. Allen a terminé ses études universitaires dans une faculté de droit à Bloomington (Indiana), puis a travaillé dans plusieurs petites villes américaines, notamment Norman (Oklahoma), Champaign (Illinois) et Ithaca (New York) avant de s’installer finalement à New York, la ville de ses rêves depuis l’enfance. Il avait un emploi à Manhattan pour une maison d’édition juridique et enseignait la rédaction juridique dans une université locale. Désireux d’élargir ses horizons et ayant soif d’exotisme, il a décidé de quitter Big Apple où il travaillait depuis plus d’une décennie et de voyager à l’étranger. La Chine figurait sur sa liste. « Je connaissais des Chinois et la culture et la cuisine chinoise à New York », note-t-il. Pour mieux comprendre la Chine, il s’y est rendu à quatre reprises, entre 2008 et 2012, avant de s’installer à Beijing en 2012.

 

« J’ai voyagé pendant quelques années, et comme j’ai apprécié mon séjour en Chine, je me suis installé à Beijing. Vivant en Chine depuis près de 10 ans, tout m’étonne toujours ici, en particulier les trains à grande vitesse, qui sont très sûrs et rapides. Nous n’avons pas cela aux États-Unis. Il y a de grandes réussites en Chine dans de nombreux domaines, en particulier dans les infrastructures », remarque-t-il pour décrire sa vie en Chine. Il aime Beijing, avec son atmosphère traditionnelle unique, mais aussi son côté abrasif, notamment dans les hutong (dédale de rues anciennes), mais c’est exactement ce qui le séduit et donne le sentiment de se sentir chez soi.

 

M. Allen adore la musique. Fuyant l’agitation de Manhattan qui lui laissait peu de temps pour s’adonner à la musique, il peut plus facilement rencontrer des musiciens à Beijing. Il est auteur-compositeur, et a formé son propre groupe, Eric Allen Woodshed, qui donne des représentations dans des petites salles de concert dans le quartier de Gulou, quartier traditionnel réputé et riche en activités culturelles. Au cours de ses huit dernières années, il a coopéré avec beaucoup de musiciens chinois pour donner de nombreuses représentations.

 

La scène musicale chinoise a atteint un certain degré de maturité. M. Allen a une prédilection pour la musique des minorités ethniques chinoises, comme la musique ouïgoure, tibétaine et mongole (de Mongolie Intérieure). « J’écoutais des chants bouddhistes quand j’habitais à New York. À cette époque, je faisais de la méditation bouddhiste. Il existe plusieurs exemples de cette sous-culture à New York, des activités qui promeuvent la spiritualité orientale. Les gens y voient une alternative paisible à leur vie quotidienne trépidante », dit-il.

 

À New York, les chants bouddhistes chinois l’aidaient à trouver la sérénité, tandis que maintenant, le côté traditionnel et les rythmes entraînants de la musique de ces minorités ethniques jouent un rôle important dans sa vie.

 

Une chanson en l’honneur d’un correspondant de guerre

 

En travaillant pour New World Press, M. Allen a lu trois biographies de Fang Dazeng : Treasuring Fang Dazeng: A War Correspondent’s Stories (2018), Fang Dazeng: Lost and Rediscovered (2019) et Fang Dazeng: Disappearance and Reappearance (2019). Il a été tellement impressionné qu’il en a écrit une chanson intitulée She Waits qui figure dans son nouvel album.

 

Fang Dazeng était un photographe et correspondant de guerre chinois, qui a disparu après l’Incident du pont Lugou, également connu sous le nom d’Incident du pont Marco Polo, une bataille qui marque le début de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise en Chine le 7 juillet 1937. Après sa disparition à 25 ans, sa mère n’a jamais perdu espoir et a attendu son retour pendant 32 ans, jusqu’à son décès en 1969.

 

Né dans une famille aisée, Fang Dazeng est allé à l’université à Beijing et aurait pu choisir la sécurité pour gagner sa vie. Ses sentiments à l’égard de la patrie et de ses compatriotes, sa capacité à faire parler ses photographies et l’amour profond de sa mère ont touché M. Allen. Un jour d’octobre 2019, lors d’un spectacle qu’il donnait à Beijing, il a joué She Waits de manière impromptue, les paroles et la musique lui venant naturellement. Il a conservé une vidéo de sa représentation. « La mère de Fang Dazeng devait savoir qu’il ne reviendrait probablement jamais, mais elle a continué à l’attendre. Quelqu’un m’a demandé si cette chanson était liée à mon expérience. Je n’y avais pas pensé jusqu’à ce qu’on me le demande. Ma mère était le contraire. Elle est partie quand j’avais deux ans et n’est jamais revenue. C’est peut-être la raison pour laquelle cela a tant retenu mon attention. La sœur cadette de Fang Dazeng attendait également son retour, et elles ont conservé et protégé les 837 films négatifs qu’il avait laissés à Beijing, ce qui était dangereux à ce moment-là. Elles ont surmonté en silence de nombreuses difficultés pour les protéger. Ces photographies sont maintenant conservées au Musée national de Chine, à Beijing », explique-t-il.

 

Dans la vidéo de She Waits, Fang Dazeng semble apparaître en filigrane. La chanson commence avec une scène étrange et floue d’un jeune homme, et l’intensité s’accroît à mesure qu’elle progresse. En composant la musique, M. Allen a fait en sorte que la mélodie soit le reflet de l’histoire. Pendant la représentation, il joue deux morceaux à la guitare pour ajouter plus d’intensité émotionnelle. Fidèle à son titre, She Waits donne une profonde perspective psychologique à l’amour entre une mère et son fils pour créer une ambiance mélancolique, tout en narrant la destinée d’un jeune homme.

 

Tout comme Fang Dazeng n’a jamais eu la chance de revoir les siens, M. Allen a lui aussi connu des tragédies. Aux États-Unis, les personnes et les choses les plus importantes dans sa vie ont progressivement disparu avec le décès de son père et la destruction de la maison de sa sœur lors des feux en Californie durant l’automne 2018, l’année la plus triste de sa vie. L’incendie a emporté de nombreux souvenirs de famille. « Si vous écoutez et lisez les paroles de mon nouvel album “Eric Allen”, vous verrez et entendrez beaucoup de mots liés à la maison et à la perte. Ma ville natale est toujours là. C’est dans l’Indiana. Mais, pour un homme de mon âge, ce qui est parti ne reviendra jamais », conclut M. Allen.

Partager:

Copyright © 1998 - 2016

今日中国杂志版权所有 | 京ICP备10041721号-4

京ICP备10041721号-4