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La Chine vue par l’ambassadeur du Bélarus en Chine

2019-11-02 17:52:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU LIN
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L’ambassadeur du Bélarus en Chine Kiryl Rudy vit dans ce pays d’Orient depuis huit ans. Cet homme né dans les années 1970 excelle dans divers domaines : titulaire d’un doctorat en économie, il a non seulement exercé en tant que professeur d’université, mais possède en plus une riche expérience en tant que diplomate.

 

Des contacts étroits avec la Chine
 
Les premiers contacts étroits que Kiryl Rudy a établis avec des Chinois remontent à l’année 1992. À ce moment-là, il était encore au lycée et avait eu l’occasion de se rendre aux États-Unis dans le cadre d’un programme d’échanges d’un mois. Au cours de cette période, il était logé chez une famille chinoise.

 

« C’était la toute première fois que j’étais exposé à la culture chinoise, mais je dois dire que ces Chinois au cœur bienveillant m’ont laissé une très bonne impression. C’était également la première fois que je découvrais la société américaine à travers les yeux d’une famille chinoise. Un angle tout à fait unique et intéressant », raconte Kiryl Rudy, qui garde un doux souvenir de cette expérience, quoique courte.

 

De 2007 à 2012, il a occupé le poste de conseiller commercial à l’Ambassade du Bélarus en Chine. Par la suite, il a travaillé pour la branche bélarusse de la société chinoise Huawei comme directeur général adjoint et a assumé la fonction de conseiller économique du président bélarusse Alexandre Loukachenko. De par ses activités professionnelles, il s’est constitué un large réseau dans les milieux politique et commercial, tout en accumulant une vaste expérience dans le travail diplomatique auprès de la Chine.

 

« Pendant ces années, la Chine s’est développée très rapidement, assimilant activement les points forts des autres pays du monde », se rappelle-t-il. Parallèlement, de plus en plus d’étrangers venaient en Chine, et d’ailleurs, il n’était pas rare de voir des Chinois prendre les étrangers en photo dans la rue. Tout cela était nouveau pour lui.

 

En 2016, Kiryl Rudy a été nommé ambassadeur du Bélarus en Chine. Il est donc revenu en Chine avec sa famille pour s’y installer. « La première fois que nous étions venus en Chine, notre seul objectif était de découvrir des choses nouvelles. Mais la deuxième fois, nous avions pris la sage décision de nous y établir pour que nos enfants apprennent le chinois, indique Kiryl Rudy. Il faut noter que la langue chinoise est aujourd’hui assez répandue dans le monde entier et que son influence internationale augmente de jour en jour, notamment grâce aux projets de construction des entreprises chinoises répartis aux quatre coins de la planète. De ce fait, une personne qui parle le mandarin peut facilement trouver un emploi, tant en Chine qu’à l’étranger. Ainsi, pour permettre à mes enfants de mieux apprendre cette langue, nous avons décidé de vivre en Chine. Ils peuvent ainsi communiquer avec les Chinois, apprendre à comprendre leur culture et se faire des amis originaires d’un autre pays que le leur. » Depuis 2016, son fils aîné Anton fréquente l’école internationale de Fangcaodi à Beijing, où les élèves sont majoritairement des enfants de Chinois revenus de l’étranger. Ces trois dernières années, il a progressé à pas de géant en chinois.

 

« Au sein de cette école, mon fils a la chance d’être en contact avec nombre d’enfants chinois ayant vécu un peu partout dans le monde. Cet environnement contribue à son éducation aux valeurs internationales, ce qui est vraiment important à nos yeux. Nous sommes satisfaits de cette école à l’esprit ouvert et à la pédagogie ludique », poursuit Kiryl Rudy.

 

Kiryl Rudy se souvient que la première fois, sa famille et lui avaient séjourné précisément cinq ans et trois mois en Chine. Cette fois-ci, ils comptent bien rester plus longtemps. « Trois années se sont écoulées pour l’instant, mais nous envisageons de demeurer plus longtemps dans ce pays, peut-être pour toujours », confie Kiryl Rudy.
 

 

Ses impressions sur le pays

 

Au cours de ses huit ans passés en Chine, Kiryl Rudy a exploré de nombreuses villes chinoises. « Aujourd’hui, je ne peux énumérer que les villes chinoises que je n’ai pas encore visitées », dit-il en plaisantant.

 

Et quelle que soit la ville qu’il découvre, il lui trouve toujours du charme. « Le Bélarus est un pays loin du littoral, très plat. Le plus haut sommet du pays avoisine 300 m seulement ! Nous brûlons donc d’envie de voir des imposantes montagnes, des océans impétueux et des immenses ponts. Prenons donc l’exemple de Chongqing, une ville chinoise célèbre pour ses ponts et ses montagnes. Elle réserve un paysage totalement différent de celui du Bélarus. Et il existe en Chine bien d’autres endroits qui valent le détour, comme la ville de Zhangjiajie dans la province du Hunan ou encore les lacs dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang. En Chine, chaque ville et chaque province ont leur propre beauté et connaissent un grand essor », souligne-t-il.

 

Ce qui a le plus marqué Kiryl Rudy au cours de ces dernières années, c’est justement la rapidité avec laquelle la Chine se développe. « À mes yeux, la Chine se transforme à vitesse grand V. Des changements surviennent chaque mois, voire chaque semaine. Lorsque je quitte une ville pendant un temps, tout me semble différent à mon retour. »

 

Le deuxième élément qui fascine Kiryl Rudy, c’est que tout est possible en Chine. « Je me souviens encore du slogan pour les Jeux olympiques de Beijing qui ont eu lieu en 2008 : “Tout est possible”. Il reflète la mentalité des Chinois qui ont confiance en eux, notamment grâce aux fabuleux résultats obtenus par leur pays en matière de développement et de prospérité », explique Kiryl Rudy.

 

Troisième impression de Kiryl Rudy sur la Chine : l’état d’esprit des Chinois a changé. Ils sont désormais plus francs. « Auparavant, nous trouvions les Chinois discrets. Ils avaient l’habitude de s’exprimer de manière détournée pour ne pas laisser transparaître leurs émotions. Mais seulement dix ans plus tard, ils sont devenus plus directs. Ils n’hésitent plus à exposer leurs points de vue, ce qui facilite la compréhension pour nous. Cette nouvelle habitude de communication a brisé certaines barrières culturelles et nous permet de nouer des liens plus étroits avec les Chinois. »

 

Un pont reliant l’Asie et l’Europe

 

En tant que conseiller économique du président du Bélarus et diplomate envoyé en Chine, Kiryl Rudy a accompagné à plusieurs reprises Alexandre Loukachenko dans une série d’activités diplomatiques visant à faire progresser les relations sino-bélarusses. Il se souvient de ces moments historiques comme si c’était hier.

 

Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Bélarus le 20 janvier 1992, les relations bilatérales ont connu un essor sans précédent. En juillet 2013, le président Loukachenko a effectué une visite d’État en Chine, lors de laquelle il a signé de pair avec le chef d’État chinois une déclaration commune annonçant l’établissement d’un partenariat stratégique global entre les deux pays. Le président Loukachenko s’est de nouveau rendu en Chine en septembre 2016. Cette fois-ci, les deux parties ont décidé de créer un partenariat stratégique global fondé par la confiance mutuelle et la coopération gagnant-gagnant. À l’heure actuelle, la Chine représente le troisième plus grand partenaire commercial du Bélarus et aussi son premier partenaire commercial en Asie.

 

D’après Kiryl Rudy, c’est un grand honneur de pouvoir participer à toutes ces activités importantes et il se réjouit des résultats fructueux obtenus dans les relations sino-bélarusses. « Il y a deux ans, notre président est allé à Beijing pour prendre part à la première édition du Forum de ‘‘la Ceinture et la Route’’ pour la coopération internationale et il a été chaleureusement accueilli par le président chinois Xi Jinping. Cette année, il a encore participé à la deuxième édition de ce forum, en marge duquel il a tenu un entretien avec le président Xi Jinping. Leur rencontre a permis de renforcer les relations bilatérales et de promouvoir davantage la coopération », assure Kiryl Rudy, qui déclare avoir été surpris du nombre prodigieux de chefs d’État ayant répondu présent au forum. « Le Bélarus a participé deux fois au Forum de ‘‘la Ceinture et la Route’’ pour la coopération internationale, preuve de notre amitié de longue date avec le gouvernement chinois et de notre ferme soutien à l’égard de cette initiative chinoise », poursuit-il.

 

Le parc industriel sino-bélarusse Great Stone est un projet phare dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route ». Il constitue un pont important sur la ceinture économique de la Route de la Soie, qui permet de relier l’Asie et l’Europe. Ce projet, récemment approuvé, s’apprête à devenir la première zone économique spéciale du Bélarus.

 

« Nous avons été témoin de l’évolution qu’a suivie ce parc industriel : ce projet politique à l’origine a pris de l’ampleur pour s’ériger en projet commercial. Plus grand parc industriel construit par la Chine à l’étranger, ce dernier garantit des avantages fiscaux très intéressants aux entreprises qui s’y installent. Pour le moment, 55 entreprises, dont des firmes étrangères venues des États-Unis, de la Russie, d’Israël et de l’Union européenne, sont enregistrées au sein de ce parc industriel et ont déjà commencé leurs activités », affirme Kiryl Rudy. Et d’ajouter : « Nous nous efforçons de faire connaître ce parc industriel sino-bélarusse dans le monde entier. Récemment, nous étions en déplacement à Tokyo avec le ministre chinois du Commerce pour participer à des activités de promotion. Le parc industriel Great Stone constitue non seulement un pont reliant l’Asie et l’Europe, mais aussi un pont pour la coopération entre la Chine et le Bélarus. Il est ouvert à tous et c’est pourquoi la quasi-totalité des grands pays du monde ont établi une de leurs entreprises emblématiques dans ce parc industriel. »

 

Un grand potentiel de coopération entre la Chine et le Bélarus

 

L’amitié entre la Chine et le Bélarus remonte à très longtemps. « Les résultats politiques atteints par les deux pays ont jeté une base solide pour leur coopération dans les domaines commercial, éducatif et touristique », atteste Kiryl Rudy.

 

L’année 2018 a été désignée l’Année du tourisme Chine-Bélarus. À cette occasion, les deux pays sont convenus de mettre en œuvre l’exemption mutuelle de visa. « L’année dernière, sur la période d’août à décembre, le nombre de touristes chinois au Bélarus a augmenté de 40 %. Et cette année, pendant les trois jours de congés nationaux début mai, en célébration de la Fête internationale des travailleurs, un grand nombre de Chinois ont décidé de passer leurs vacances au Bélarus. Certains groupes de voyageurs chinois pouvaient compter plus de 2 000 personnes ! », indique Kiryl Rudy avec enthousiasme. « Nous invitons les touristes chinois à venir profiter de notre belle nature, de nos lacs et de nos forêts, de notre air pur ainsi que de l’hospitalité de notre peuple. »

 

L’éducation est un autre domaine dans lequel la Chine et le Bélarus entretiennent de nombreux échanges. 2019 marque l’Année de l’éducation Chine-Bélarus. Actuellement, plus de 2 000 jeunes chinois étudient au Bélarus, et plus de 400 jeunes bélarusses font leurs études en Chine. Notons également qu’il existe trois instituts Confucius au Bélarus. « Nous promouvons activement la coopération dans l’enseignement. La Chine a établi des instituts Confucius au Bélarus et parallèlement, nous avons fondé une dizaine de centres culturels en Chine destinés à faire connaître le Bélarus aux étudiants chinois et à leurs parents », explique Kiryl Rudy.

 

« Cette année, le Bélarus et la Chine ont signé un accord de reconnaissance mutuelle des diplômes. Cela signifie que si vous obtenez un diplôme universitaire en Chine, vous pouvez continuer vos études au Bélarus. Même le doctorat chinois est légalement reconnu par notre pays », poursuit-il.

 

De l’avis de ce docteur en économie, la Chine est un pays offrant un nombre illimité d’opportunités commerciales. « Le Bélarus compte environ dix millions d’habitants, soit moins que la population recensée dans beaucoup de villes chinoises. À l’heure où l’économie croît rapidement, je pense que le marché chinois affiche un grand potentiel. Je suis ravi de voir que de plus en plus de Chinois sont sortis de la pauvreté. Désormais, ils devraient progressivement augmenter leur consommation de lait et de viande. Le Bélarus est réputé pour ses produits laitiers et récemment, il est devenu l’une des quatre grandes sources d’importation de ces produits vers la Chine. De plus, nos viandes de bœuf et volaille sont aptes à répondre à l’énorme demande du marché chinois », ajoute-t-il.

 

« Le gouvernement chinois et le Parti communiste chinois représentent le peuple chinois. Aujourd’hui, les citoyens chinois perçoivent des revenus plus élevés et mènent une vie plus heureuse. La Chine est devenue plus ouverte et plus diversifiée », commente Kiryl Rudy, admiratif des réussites de la Chine sur le plan du développement. Il a observé que de plus en plus de Chinois habitent dans les grandes villes sous l’effet de l’urbanisation galopante et que les différences culturelles s’estompent. « Le Bélarus est aussi un pays à revenus intermédiaires. Nous avons également des grandes villes. Nos jeunes peuvent trouver des valeurs communes lors de leurs déplacements en Chine et d’autres affinités favorisant la compréhension mutuelle », estime-t-il.

 

Concernant les valeurs communes de la Chine et du Bélarus, Kiryl Rudy déclare que leurs peuples sont très amicaux, mais bien entendu, les deux pays présentent tout de même des différences. « Le Bélarus est un petit pays, alors que la Chine est un grand pays. La Chine possède une longue histoire et ses propres objectifs de développement à long terme. Ainsi devons-nous travailler avec elle pour concilier ses objectifs de développement à long terme avec nos objectifs de développement à court terme. Telle est la tâche à laquelle nous nous consacrons aujourd’hui. Les diplomates et les dirigeants d’État s’efforcent de transformer ces différences en avantages mutuels, afin de construire une communauté de destin, comme l’a préconisé la Chine », conclut-il. 
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