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Les constructeurs automobiles allemands sur le marché chinois

2019-08-02 15:34:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU LIN
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Une chaîne de montage de moteurs de petites cylindrées. Pour la première fois dans son histoire, le constructeur allemand BMW a concédé le droit à une entreprise hors de son réseau, la firme chinoise Mianyang Xinchen Power Machinery Co., Ltd., d’assembler des moteurs de marque BMW.
 
 
ZHOU LIN, membre de la rédaction

 

Le 15 mai 2018, le Centre de recherche et développement (R&D) BMW Chine a officiellement ouvert ses portes dans l’arrondissement Shunyi à Beijing. Parmi les centres de R&D de la marque BMW répartis dans cinq pays (Allemagne, États-Unis, Japon, Corée du Sud, Chine) et dans 13 villes du monde, il se classe deuxième au regard de sa superficie et de son importance, juste derrière celui bâti en Allemagne et loin devant celui basé dans la Silicon Valley aux États-Unis.

 

À l’occasion du Forum de haut niveau sur le développement de la Chine 2019 qui s’est tenu en mars de cette année, les patrons des trois grands constructeurs automobiles allemands, à savoir Volkswagen, Mercedes-Benz et BMW, ont reconnu les efforts de la Chine en matière d’élargissement de l’ouverture. Soulignant la nécessité de mener une coopération gagnant-gagnant pour le développement futur de leurs affaires dans ce pays, ils ont exprimé leur intention d’accroître leurs investissements en Chine et d’intensifier la coopération.

 

« L’industrie automobile est l’illustration parfaite du développement rapide qu’a suivi l’économie chinoise. Partant de zéro dans ce secteur, la Chine a progressé en peu de temps jusqu’à devenir le premier marché automobile au monde. Pour de nombreuses entreprises internationales opérant dans cette filière, Daimler ne faisant pas exception, la Chine est devenue le marché le plus important sur la planète », a fait savoir Dieter Zetsche, alors président du Conseil d’administration de Daimler AG et PDG mondial du groupe Mercedes-Benz. Il a ajouté : « Aucun marché au monde n’est capable d’évoluer aussi rapidement que la Chine vers l’électrification, le passage au numérique, la connexion réseau et la conduite autonome. Au vu de son avance dans ces aspects technologiques, la Chine a toutes les chances de devenir le nouveau moteur essentiel à l’industrie automobile mondiale. »

 

À l’avenir, l’industrie automobile mondiale devrait connaître une révolution caractérisée par l’électrification, l’intelligence, la connexion réseau et le partage. Dans ce contexte, les multinationales du secteur de l’automobile, avec en tête le trio allemand susmentionné, accélèrent actuellement leurs investissements en Chine dans les domaines connexes, dans l’espoir de conserver durablement une longueur d’avance sur leurs concurrents.

 

Comme l’a expliqué Harald Krüger, président du groupe BMW : « L’économie chinoise est entrée dans une "nouvelle normalité", où coexistent défis et opportunités. À mon sens, la coopération est vitale pour les multinationales qui veulent croître de concert avec la Chine. »

 

Des investissements en R&D pour créer une base d’innovation mondiale
 
« Au fil du temps, la Chine a pris de plus en plus d’importance aux yeux de Daimler. Aujourd’hui, cette région est cruciale pour notre développement futur », a précisé Dieter Zetsche, qui a même qualifié la Chine de « deuxième berceau » de Mercedes-Benz.

 

Le marché chinois est tout aussi décisif pour les autres grands constructeurs automobiles allemands. En 2018, sur les 10,83 millions de véhicules neufs vendus par le groupe Volkswagen à l’échelle mondiale, 4,2 millions étaient destinés à des consommateurs chinois. La Chine constitue également le plus grand marché unique du globe pour BMW et Mercedes. D’ailleurs, le volume des ventes de Mercedes-Benz en Chine dépasse même le cumul des chiffres enregistrés aux États-Unis et en Allemagne.

 

Daimler, BMW et Volkswagen, en plus d’approfondir continuellement leur stratégie d’intégration régionale en Chine, augmentent sans cesse leurs investissements en capital et en R&D sur le marché chinois. Ils envisagent en particulier de développer le filon des véhicules à énergies nouvelles en Chine.

 

Selon Hubertus Troska, membre du Conseil d’administration de Daimler AG et responsable des affaires pour la région Grande Chine, Daimler continuera à approfondir ses relations avec ses partenaires locaux, notamment dans le cadre de son investissement conjoint avec le groupe BAIC dans les véhicules électriques et les batteries de traction « Made in China » qui sont assemblés dans l’usine Beijing Benz. Outre le nouveau SUV 100 % électrique Mercedes EQC, qui débarquera en Chine fin 2019, d’autres véhicules alimentés par de nouvelles ressources énergétiques feront leur apparition sur le marché chinois.

 

Récemment, BMW a annoncé que d’ici 2020, le premier modèle 100 % électrique de la marque BMW, la BMW iX3, sera produit en Chine et exporté vers d’autres pays du monde. Un fait qui démontre que désormais, BMW ne voit plus la Chine comme un simple marché de consommation, mais comme une base d’innovation.

 

En 2018, le budget R&D du groupe BMW a atteint 6,89 milliards d’euros, un montant en hausse de 12,8 % par rapport à l’année précédente. Il faut dire que les centres de R&D du groupe, disposés de manière stratégique sur le territoire chinois (à Shenyang, Beijing et Shanghai), constituent aujourd’hui une force majeure pour l’innovation de BMW en Chine. Parmi eux, le centre de technologie de Shanghai se concentre principalement sur les technologies innovantes et les applications numériques ; le centre de R&D de Beijing se charge des tâches de planification, telles que la formulation de stratégies et l’élaboration d’études sur l’intégration régionale ; quant au centre de R&D de Shenyang, il s’occupe du développement des véhicules à énergies nouvelles, effectuant le contrôle qualité des modèles fabriqués en série et apportant un soutien à la production locale.

 

De la même façon, Volkswagen prête une vive attention à la R&D en Chine. D’après Herbert Diess, PDG du groupe Volkswagen, Volkswagen va y investir plus de quatre milliards d’euros sur l’année 2019 dans les technologies innovantes, la mobilité électrique et la R&D de nouveaux produits. En outre, Volks-wagen prévoit de lancer en Chine plus de 30 modèles de véhicules à énergies nouvelles au cours des deux prochaines années. En 2020, la Plate-forme modulaire électrique (MEB) de Volkswagen sera mise en production localement, en préparation à la production massive de véhicules électriques en Chine.
 
Une borne de recharge pour véhicules électriques BMW, à Beijing

 

Une coopération pour croître de concert avec la Chine

 

Au dernier sommet du G20 à Osaka, le président chinois Xi Jinping a prononcé un discours liminaire intitulé Travailler ensemble et combiner nos efforts pour construire une économie mondiale de haute qualité, prenant l’engagement d’accélérer l’avènement d’un nouveau cycle d’ouverture et de s’employer à réaliser un développement de haute qualité. Le 30 juin, la Commission nationale du développement et de la réforme ainsi que le ministère chinois du Commerce ont présenté trois règlements : Mesures spéciales de gestion sur l’accès des investissements étrangers au marché (Liste négative, édition 2019), Mesures spéciales de gestion sur l’accès des investissements étrangers aux zones de libre-échange (Liste négative, édition 2019) et Catalogue des industries prioritaires en matière d’investissement étranger (édition 2019). Tout en maintenant la continuité et la stabilité des politiques déjà en vigueur en matière d’investissement étranger, ces règlements vont plus loin en promouvant l’investissement étranger notamment dans l’agriculture moderne, la fabrication de pointe, les hautes technologies, la préservation des ressources naturelles et énergétiques ainsi que les services modernes, ce qui permettra parallèlement d’optimiser la configuration industrielle interrégionale.

 

Un fonctionnaire en poste à la Commission nationale du développement et de la réforme nous a présenté les principaux points clés de l’édition 2019 du Catalogue des industries prioritaires en matière d’investissement étranger. Premièrement, le nombre de domaines dans lesquels l’investissement étranger est préconisé a considérablement augmenté. Deuxièmement, il encourage les investisseurs étrangers à contribuer au développement de haute qualité de l’industrie manufacturière. D’ailleurs, plus de 80 % des articles ajoutés ou révisés dans ce catalogue national portent sur cette industrie, appelant les investisseurs étrangers à s’orienter davantage vers la fabrication haut de gamme, la fabrication intelligente et la fabrication écologique. Troisièmement, il invite les investisseurs étrangers à se tourner vers le secteur des services productifs, tels que les services techniques, avec l’insertion d’articles concernant l’intelligence artificielle, la production propre, la capture du CO2 et l’économie circulaire. Quatrièmement, il soutient le transfert industriel aux niveaux des secteurs captant les investissements étrangers dans les régions du centre et de l’ouest de la Chine. Citons parmi eux la fabrication haut de gamme, l’intelligence artificielle et les nouvelles énergies, qui sont devenus des secteurs prisés des investisseurs étrangers en raison de leurs perspectives de développement prometteuses.

 

Des opportunités futures avec les géants chinois de l’Internet

 

Afin de saisir les opportunités futures de la Chine, les trois grands constructeurs automobiles allemands, ont commencé dès 2018 à coopérer avec les trois géants chinois de l’Internet (Baidu, Alibaba et Tencent). Prenons l’exemple du groupe BMW. Il a rejoint la plate-forme Apollo de Baidu pour développer la coopération en matière de conduite autonome, il a construit un système de service de mobilité intelligente en collaboration avec Tencent et il prévoit d’intégrer l’assistant vocal intelligent d’Alibaba, AliGenie, à ses véhicules.

 

« Dans le domaine de la connectivité intelligente, il me semble que la Chine est à la pointe du développement technologique. Par ailleurs, la conduite autonome est un secteur cher au cœur de la Chine, qui espère tout particulièrement mener des coopérations en la matière sur une plate-forme ouverte afin d’accélérer le développement des technologies associées. Dans le domaine de la mobilité partagée, les progrès de la Chine sont remarquables. L’une des plus grandes firmes internationales opérant dans ce secteur est d’ailleurs née sur le territoire chinois. Et ne parlons même pas des véhicules à énergies nouvelles, dont la Chine a toujours vivement encouragé le développement », a analysé Dieter Zetsche.

 

Harald Krüger, quant à lui, estime que le processus d’électrification activement promu par le gouvernement chinois a favorisé la transformation de l’industrie automobile mondiale. De son point de vue, la Chine a toujours été à l’avant-garde de nouvelles technologies telles que la reconnaissance vocale, la conduite autonome et en matière de sécurité, tout en se positionnant en leader de l’intelligence artificielle. Pour le groupe BMW, la Chine, jusque-là considérée comme un marché stratégique, est en train de s’ériger en un centre mondial de création de valeur, abritant le plus grand vivier de talents au monde.

 

Herbert Diess a commenté : « Nous avons beaucoup à apprendre des entreprises chinoises, si rapides et efficaces quand il s’agit d’appliquer les innovations technologiques. Les startups et les fournisseurs de services mobiles font aussi preuve d’une extraordinaire flexibilité et d’une grande créativité. »

 

Ainsi, les patrons de ces trois constructeurs automobiles allemands sont unanimes : la Chine se classe au premier rang mondial en matière de développement de véhicules à énergies nouvelles. Par ailleurs, à certains égards, la Chine est le pays le plus avancé au monde dans les technologies Internet grâce à son esprit inventif et sa capacité à innover.

 

Le 2 juillet 2019, à l’occasion du Congrès mondial sur les véhicules à énergies alternatives (WNEVC) qui a eu lieu à Boao (province de Hainan), le Consensus de Boao a été publié. Dans cet accord, les signataires s’engagent à investir des efforts pour que l’industrie automobile mondiale amorce un tournant en tablant sur l’électrique, avec l’objectif que les véhicules à énergies nouvelles représentent 50 % du marché mondial d’ici 2035.

 

Klaus Fröhlich, responsable de la R&D au sein du groupe BMW, a affirmé lors de ce congrès que la Chine sera le pays qui établira, avant tout le monde, de véritables villes intelligentes. Et d’ajouter que les objectifs stratégiques du groupe BMW s’accordent bien avec la vision que la Chine a du développement, surtout à propos des véhicules à énergies nouvelles et des véhicules connectés intelligents. Il a également souligné l’importance que revêt la Chine pour le groupe BMW, précisant qu’à l’heure actuelle, un cinquième des véhicules BMW vendus dans le monde sont assemblés en Chine, une proportion qui devrait encore augmenter à l’avenir. En outre, les centres de R&D du groupe BMW implantés en Chine sont aujourd’hui ceux affichant la croissance la plus rapide.

 

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