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La Chine et l’UE doivent consolider leur partenariat stratégique global

2019-01-02 16:50:00 Source:La Chine au présent Auteur:MEN JING
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Le 11 octobre 2018, le 4e Forum international sur « la Ceinture et la Route »
et la coopération sino-européenne s’est tenu à Duisbourg en Allemagne.
 
 
MEN JING*

 

Quand on évoque le partenariat stratégique global Chine-UE, on peut penser à leurs intérêts communs dans le maintien de la paix et de la stabilité mondiales, dans la réalisation des objectifs de développement durable et dans la résolution des défis du changement climatique ; et au fait qu’elles se considèrent l’une et l’autre comme un acteur indispensable de la gouvernance mondiale. Surtout à l’heure actuelle, la Chine et l’UE doivent collaborer pour protéger l’Organisation mondiale du commerce, organisation multilatérale hautement réglementée qui risque d’être sapée par l’administration Trump. Vu que la Chine et l’UE sont toutes deux des protagonistes essentiels dans les affaires internationales, leur collaboration poursuit non seulement leurs propres intérêts, mais profite également à la communauté internationale. Certains analystes s’interrogent, toutefois, sur l’appellation de « partenariat stratégique global », qu’ils jugent flou et évasif. Rappelons que le partenariat stratégique global entre la Chine et l’UE remonte à 2003, lorsque les relations bilatérales étaient à leur apogée. Selon certains observateurs, Bruxelles et Beijing étaient alors « en lune de miel ». Cependant, une lune de miel passe toujours trop vite et quand elle est terminée, il faut revenir à la réalité. À vrai dire, la nature du partenariat Chine-UE a été compliquée, en particulier ces dernières années, et la coopétition est devenue la « nouvelle normalité » (pour reprendre l’expression chinoise) dans les relations bilatérales.

 

La Chine et l’UE sont si différentes, que l’on compare leur système politique ou leur modèle de développement économique, ou bien leur histoire ou leur culture. En résultent des divergences dans l’élaboration de leurs politiques et des difficultés à se comprendre mutuellement. Depuis 2016, année où l’UE a publié sa politique intitulée Éléments pour une nouvelle stratégie de l’UE à l’égard de la Chine, l’engagement de l’UE vis-à-vis de la Chine est devenu « pratique et pragmatique, basé sur des principes et fidèle à ses intérêts et ses valeurs ». En d’autres termes, on pourrait dire que par le passé, l’UE attachait plus d’importance à la question des normes et des valeurs et faisait davantage de compromis avec la Chine sur les plans économique et commercial, lesquels revêtaient une importance stratégique pour la croissance et l’emploi de l’UE. À présent, l’UE a intégré les valeurs dans ses politiques économiques et commerciales et se tient prête à concurrencer la Chine en adoptant de nouvelles règles contre ce qu’elle estime être les pratiques commerciales déloyales et en mettant en place un cadre pour le filtrage des investissements directs étrangers en vue de protéger ses propres intérêts.

 

Pourtant, il serait erroné de nier l’existence du partenariat stratégique entre les deux parties. Si l’on considère les trois piliers des dispositifs institutionnels Chine-UE, il est juste de dire que le premier, à savoir le dialogue stratégique, et le troisième, à savoir les échanges culturels et humains, sont en effet moins développés. En comparaison, le deuxième pilier, qui contribue au partenariat économique et commercial, est développé de manière extensive et intensive, ce qui reflète les relations fortement interdépendantes entre la Chine et l’UE. Conclusion : il ne fait aucun doute que les relations économiques et commerciales constituent la pierre angulaire du partenariat. Actuellement, l’UE est le premier partenaire commercial de la Chine, alors que la Chine est le deuxième partenaire commercial de l’UE. Leur volume commercial dépasse le milliard d’euros par jour ! Les deux parties, étroitement liées, comprennent bien l’importance de maintenir leur relation mutuellement bénéfique. En ce sens, elles sont des partenaires stratégiques. En résumé, la Chine et l’UE présentent différents niveaux de partenariat, où les relations économiques et commerciales sont dotées d’un caractère stratégique, tandis que le partenariat dans d’autres domaines est peu développé.

 

Rapprocher la Chine et l’UE ainsi que renforcer leur partenariat stratégique ne sont pas choses faciles. Au cours des 15 dernières années, elles ont noué un partenariat stratégique global et mis en place une soixantaine de dialogues à différents niveaux et couvrant un large éventail de questions. En dépit des fréquents échanges et rencontres entre les deux parties, les relations bilatérales ne se sont pas devenues plus étroites. Au contraire, ces dernières années, la concurrence dans les domaines économiques et commerciaux s’intensifie. La montée en puissance de la Chine remet en cause la « fin de l’histoire » annoncée par Francis Fukuyama et oblige le monde occidental à reconsidérer la crédibilité d’un ordre libéral mondial. Dans ce contexte de changements structurels internationaux, la Chine et l’UE sont en période de réajustement. Pour les Européens, la montée en puissance de la Chine constitue un défi considérable et il faudra du temps à l’UE pour comprendre ses conséquences et trouver des solutions.

 

La bonne nouvelle, c’est que les deux parties comprennent l’importance de la coopération dans leurs affaires intérieures et extérieures respectives. En effet, la Chine ne peut réaliser pleinement ses objectifs de développement sans le soutien de l’UE, et vice versa. Par conséquent, malgré les différences et les difficultés, elles doivent travailler main dans la main.

 

Premièrement, elles doivent renforcer leur mécanisme de dialogue, pour qu’il s’intéresse à toute l’étendue des sujets, tout en prêtant attention à la qualité des discussions via l’évaluation de celles-ci. Deuxièmement, il est nécessaire que les deux parties forment davantage d’experts sur les relations Chine-UE, qui comprennent non seulement les langues, mais aussi la culture, l’histoire, l’environnement politique et social locaux, et qui sont en mesure de faciliter efficacement la communication et les échanges bilatéraux. Troisièmement, il faut prendre davantage d’initiatives pour renforcer les contacts au niveau de la base, afin d’élargir sensiblement le dialogue entre les peuples, quels que soient les groupes sociaux. Quatrièmement, le Parlement européen et l’Assemblée populaire nationale de Chine sont appelés à jouer un rôle plus important dans l’organisation de séminaires, d’ateliers et d’événements destinés à renforcer la communication et les échanges directs. En outre, étant donné que l’UE considère les États-Unis et la Chine comme les principaux acteurs dans le monde, le Parlement européen doit envisager de créer un bureau à Beijing, comme il l’a fait à Washington.

 

*MEN JING est présidente de la Chaire Baillet Latour des relations Union européenne - Chine et directrice du Département de relations internationales et études diplomatiques de l’Union européenne du Collège d’Europe. Elle est également la fondatrice du journal en ligne EU-China Observer.

 

 

(La version anglaise de l'article est publiée pour la première fois sur China Watch. )

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