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La Chine doit investir en France plus et mieux

2018-12-04 13:53:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHANG HUI
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Le 6 novembre 2018, M. Didier Guillaume, ministre français de l’Agriculture,
prononce un discours lors de la réunion de promotion « Choisir la France ! » durant la CIIE.
 
 
ZHANG HUI, membre de la rédaction
 

Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, la stratégie de développement de la France est portée par le volontarisme de l’État et des milieux d’affaires, caractérisée par l’approfondissement de la coopération avec la Chine à la fois sur le sol national et dans une dimension européenne renouvelée. Le slogan incarné par Emmanuel Macron, « France is back », en réponse au French bashing des médias anglo-saxons, s’adresse à tous les investisseurs étrangers. Parmi eux, la France concentre son attention sur les investisseurs chinois.

 

Bienvenue aux investissements chinois

 

Comme tous les pays européens depuis la crise de 2008, la France a conscience que les investissements chinois sont synonymes de croissance économique et d’opportunités partagées. Le président de Business France, Pascal Cagni a affirmé : « On attend plus d’investisseurs chinois en France. On a compris qu’avoir des entreprises étrangères sur le sol national est essentiel. Moins de 1 % des entreprises sont étrangères mais elles représentent près de 11 % des emplois, près de 21 % des dépenses de R&D et enfin 1 dollar sur 3 est exporté. On invite nos amis chinois à la création de richesses nationales sur notre territoire, car on considère qu’à partir de notre territoire, ils vont pouvoir commercer et tirer parti des Routes de la Soie. »

 

Ce climat de confiance repose sur une relation d’amitié sincère. La France est le haut lieu de la sinologie en Occident, avec la création de la première chaire permanente de chinois en 1843 à l’École des langues orientales vivantes, elle est la première destination touristique des Chinois, 2,3 millions de touristes chinois ont rapporté un peu plus de 4 milliards d’euros en 2017, elle est aussi la première terre d’accueil de la communauté chinoise d’Europe, évaluée à 600 000 personnes. Emmanuel Macron a d’ailleurs rappelé cette profondeur des liens entre la France et la Chine lors de son passage à Beijing le 10 janvier 2018 : « Il n’y a pas que les sujets d’immédiateté, la diplomatie ou les sujets économiques. Il y a des histoires culturelles profondes enfouies dans nos imaginaires, qui continuent de dialoguer et que nous devons encore renforcer. »

 

Dans une Europe en proie à la montée de tous les nationalismes et du protectionnisme depuis le Brexit du 26 juin 2016 et l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini en Italie, la France est devenue un espace de stabilité qui profite d’un nouveau souffle entrepreneurial. Il est porté par des jeunes de 18 à 25 ans qui aspirent à créer leur propre entreprise et qui représentent 54 % des entrepreneurs, alors que six ans auparavant, ils ne représentaient que 10 %. Et pourtant, Pascal Cagni déplore le manque d’attractivité de la France auprès des investisseurs chinois : « Les États-Unis sont le premier investisseur en France devant l’Allemagne. Mais la Chine est à moins de 8 % de tous nos investissements. […]. La Chine n’est que le 7e investisseur en France. Or l’économie chinoise et américaine sont pratiquement à égalité. Il faut donc combler cet écart en termes de flux. »

 

Sur le terrain, les chiffres avancés par Pascal Cagni sont édifiants : les entreprises chinoises en France représentent 6 milliards d’euros de stock d’investissement et emploient 31 000 personnes, alors que les entreprises françaises en Chine ont un stock d’investissement de 19 milliards d’euros et emploient plus de 600 000 personnes. De ce point de vue, la culture des milieux d’affaires français fait qu’ils attendent une plus grande participation de la Chine dans leur économie. Le stock d’investissement de la Chine dans le monde reste en effet très marginal, pas plus de 10 % de son PIB, alors que le total de ces stocks pour la France représente 50 % de son PIB.

 

La France, une « start-up nation » en devenir

 

Le nouvel esprit français repose sur un écosystème financier et économique innovant, dont le principal objectif est de développer son propre modèle de « start-up nation » avec la création d’événements autour de la Frenchtech et d’incubateurs : Vivatech, Station F. Grâce à la nouvelle politique de guichet unique, un entrepreneur chinois qui choisit la France peut désormais créer son entreprise en trois jours et demi alors qu’il lui en faudrait quatre ou cinq en Allemagne et au Royaume-Uni.

 

Les savoir-faire où la France excelle sont particulièrement ouverts à la Chine : la recherche et le développement (première destination avec 125 investissements mondiaux), les plates-formes logistiques (concentration de 18 % de tous les projets en Europe) et l’industrie manufacturière (un projet sur cinq vient en France et non en Allemagne). Pascal Cagni souligne avec force ce paradoxe : « La Chine ignore totalement la R&D et ignore trop la logistique. Il faut donc que les Chinois viennent en France car l’e-commerce va passer, en Europe, de 8 % à plus de 15 % dans les trois années à venir. Et donc pour l’e-commerce, avoir des plates-formes logistiques bien positionnées est essentiel. » De fait, la qualité des investissements chinois actuels porte davantage sur les sièges sociaux internationaux et moins sur les atouts économiques concrets de la France. Or il est temps d’en saisir les opportunités. Elles sont fondées sur une politique fiscale incitative, des talents scientifiques compétitifs et des infrastructures complètes qui font de la France une passerelle vers les 400 millions d’Africains et une porte d’entrée vers les 500 millions d’Européens.

 

Les relations économiques du XXIe siècle entre la France et la Chine restent à innover. Mais le rôle de la France en tant que plate-forme du hub européen commence à se dessiner clairement dans l’industrie du financement de l’entreprenariat. Le fonds d’investissement franco-chinois Cathay Capital est désormais reconnu par Bpifrance et China Development Bank comme un acteur essentiel pour développer le secteur des PME grâce à sa capacité à attirer des investisseurs institutionnels français, chinois et internationaux. Au sein de Station F et dans la région de Shanghai, la société franco-chinoise Ouicréa s’est spécialisée dans la recherche et l’accompagnement de projets de start-up, un domaine où la France a la capacité de briller avec la création nette de 500 000 entreprises par an et plus de 10 000 start-up, ce qui la classe au second rang européen selon Pascal Cagni. Enfin la banque Société Générale participe au financement de projets chinois en Afrique. Ces exemples montrent le rôle particulier que la France veut jouer en Europe dans les transactions commerciales et financières en favorisant l’internationalisation du renminbi (RMB). Selon Pascal Cagni, Paris s’est substitué, depuis 2017, à Londres et devance Berlin avec une levée de capital plus importante.

 

Le président de Business France insiste d’ailleurs sur le fait que les savoir-faire technologiques globaux n’ont pas de frontière pourvu que la coopération soit équilibrée et réciproque.  

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