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La coopération énergétique : se baser sur la situation réelle pour envisager l’avenir

2018-09-29 15:29:00 Source:La Chine au présent Auteur:XIA GUOHAN
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Le 8 décembre 2013, Jean-Marc Ayrault, alors premier ministre français,
visite la centrale nucléaire en construction à Taishan.
 
XIA GUOHAN*
 
Dans la Déclaration conjointe sino-française mise en avant par le président français Emmanuel Macron lors de sa visite en Chine en janvier 2018, les Articles 13 et 16 concernent plus particulièrement la coopération dans le domaine du nucléaire civil, et les synergies entre le plan français « Industrie du Futur » et le plan chinois « Fabriqué en Chine 2025 ». Il s’agit d’envisager la révolution technologique à venir, en se basant sur la situation réelle et les stratégies énergétiques des deux pays.

 

L’énergie nucléaire

 

La France est le premier pays producteur d’énergie nucléaire. Suite aux chocs pétroliers dans les années 1970, la France a décidé de développer ses propres sources d’énergie et s’est tournée vers le nucléaire civil. En 40 ans, l’énergie nucléaire est devenue la principale source d’énergie en France. En 2015, la France a produit 6,8 milliards de kWh d’électricité d’origine nucléaire. La part du nucléaire dans la production d’électricité française s’élevait alors à 76%.

 

Après l’accident de Fukushima au Japon en 2011, les manifestations anti-nucléaires se sont multipliées en Europe, et les pays ont commencé à revoir à la baisse leur plan nucléaire. La France a dû transformer sa structure énergétique. En 2015, elle a lancé une loi sur la transition énergétique, et en 2016 l’Accord de Paris. Aujourd’hui, la France met en pratique deux de ses stratégies énergétiques, à savoir favoriser les énergies renouvelables, et fermer progressivement les centrales nucléaires. Son but : en 2030, les énergies renouvelables occuperont 47 % du volume total de la production énergétique en France, avec l’énergie éolienne terrestre comme principale source énergétique, suivie par l’énergie solaire, l’énergie éolienne en mer et enfin l’énergie hydraulique. D’ici 2025, la proportion de l’énergie nucléaire devra être réduite à 50 %, ce qui implique de fermer entre 10 et 15 groupes de générateurs nucléaires. Mais en novembre 2017, le gouvernement français a repoussé la date butoire à 2035.

 

En Chine, c’est l’énergie fossile qui représente la plus grosse partie de la consommation énergétique. En 2015, la consommation d’énergie fossile (le charbon et le pétrole) représentait 80 % de la consommation énergétique totale. Bien que la Chine se soit penchée ces deux dernières années sur le développement des énergies non fossiles, celle-ci reste cependant la principale source d’énergie consommée dans ce pays. Selon le Plan d’action stratégique pour le développement énergétique 2014-2020 de Chine, l’amélioration de la structure énergétique de l’État mise en œuvre d’ici 2030 doit faire tomber la part de l’énergie fossile dans la consommation d’énergie à 68 %, et accroître celle des énergies propres, comme le gaz naturel, l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne, l’énergie nucléaire, et les énergies renouvelables, à 32 %. La part de l’énergie nucléaire devra notamment passer de 1 % (en 2015) à 5 %.

 

La coopération nucléaire entre la Chine et la France a commencé dans les années 1980. Le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) a signé en 1982 un premier contrat avec le ministère de l’Industrie nucléaire de Chine d’alors. Depuis, le contrat a été renouvelé tous les trois ans. La Chine a importé des techniques françaises et a construit les Centrales nucléaires de la Baie de Daya et de Ling Ao qui ont officiellement ouvert la coopération sino-française dans ce domaine.

 

En décembre 2009, François Fillon, alors premier ministre de la France, a effectué une visite en Chine. La France et la Chine ont publié une déclaration conjointe annonçant la construction en Chine d’usines de traitement/recyclage des combustibles usés.

 

Les groupes CGN (China General Nuclear Power Group) et EDF (Électricité de France) ont investi et construit ensemble la centrale nucléaire de Taishan qui utilise des réacteurs nucléaires EPR (European Pressurized Reactor), une technologie de troisième génération qui est aujourd’hui la plus fiable au monde. Les réacteurs EPR 1 et 2 de la centrale de Taishan seront respectivement activés en 2018 et 2019.

 

En décembre 2013, la Chine et la France ont fêté le 30e anniversaire de leur coopération nucléaire. Le premier ministre français d’alors, Jean-Marc Ayrault, s’est rendu à Taishan pour voir l’avancée du programme EPR et participer à un séminaire. Il a salué la participation d’entreprises chinoises et françaises, parmi lesquelles CGN, CNNC (China National Nuclear Corporation), EDF, et AREVA, dans la construction de la centrale nucléaire britannique de Hinkley Point.

 

En juin 2015, la Chine et la France ont signé la Déclaration commune sur l’approfondissement de la coopération sur le nucléaire civil. En novembre 2016, la CGN et le CEA ont signé un accord-cadre d’intention de coopération global, pour fixer le cadre de leur coopération en matière de conception, de traitement des accidents, d’équipement de laboratoires, de circulation du combustible nucléaire et de formation d’experts dans le cadre d’un projet de développement du nucléaire de 4e génération.

 

En novembre 2017, lors du premier Dialogue énergétique sino-français, le Bureau national de l’énergie de Chine a signé des accords de coopération pour la normalisation nucléaire avec le ministère français de la Transition écologique et solidaire et l’Association française de normalisation nucléaire.

 

En janvier 2018, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, les groupes AREVA et CGN ont signé un mémorandum d’entente pour construire un centre de traitement de déchets nucléaires d’une valeur de 10 milliards d’euro. Ils se sont engagés dans une coopération pour l’ensemble du cycle nucléaire. D’ailleurs, la France a déclaré qu’elle soutenait l’essai en Grande-Bretagne, sur le site de Bradwell B, du réacteur nucléaire de 3e génération « Hualong I » développé par la Chine.

 

Ainsi, la coopération nucléaire sino-française, qui est, avec le train à grande vitesse et l’UHV (Ultra High Vacuum), l’un des trois principaux domaines de coopération de la Chine avec l’étranger, est elle aussi entrée dans une phase de normalisation.

 

La coopération sur de nouvelles sources d’énergie

 

La Chine et la France se tournent vers l’exploitation de nouvelles énergies. La France est actuellement le deuxième pays producteur d’énergies renouvelables en Europe. Dans ce domaine, la Chine et la France, avec leurs points forts respectifs, forment un couple complémentaire.

 

En fait, la coopération sino-française sur les énergies nouvelles existe depuis longtemps. En 2008, le LIA-LES (Sino-French Laboratory for sustainable energy) a été établi à Dalian, dans la province du Liaoning. Le LIA-LES réunit six laboratoires français du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et les dix meilleurs laboratoires chinois dans le domaine. En outre, le LIA-LES est soutenu par l’Académie des Sciences de Chine et le CNRS.

 

En novembre 2016, lors du 4e Dialogue économique et financier de haut niveau entre la Chine et la France, les deux pays ont décidé de renforcer leur coopération en matière d’énergie éolienne et solaire, et de promouvoir le développement des énergies renouvelables.

 

En mai 2017, lors du 1er Forum « la Ceinture et Route » pour la coopération internationale, l’entreprise chinoise Censtar et l’entreprise française AAQIUS ont signé un accord de coopération stratégique sur l’énergie hydrogène. En janvier 2018, la Chine et la France ont encore signé une série d’accords de coopération sur les énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire et la biomasse.

 

La compétition à l’échelle internationale est très forte, et la Chine reste dans une position de faiblesse. Mais elle possède certains avantages qui devraient lui garantir une meilleure place à l’avenir.

 

Les marchés tiers

 

Dans la Déclaration conjointe sino-française, la France a affirmé qu’elle accueillait favorablement l’initiative « la Ceinture et la Route ». Contrairement à la Grande-Bretagne, la France n’a pas participé à la construction de « la Ceinture et la Route » depuis ses débuts. Mais aujourd’hui, elle souhaite y participer pour rester en jeu.

 

Pour la Chine, la France est un bon partenaire. Suite à l’accident de Fukushima au Japon, la France est devenue le premier pays producteur d’énergie nucléaire au monde. Pour la Chine, coopérer avec la France pour développer la technologie nucléaire chinoise et pour promouvoir son standard de l’énergie propre est un très bon choix.

 

En plus, grâce à leur coopération, la Chine et la France pénètrent plus facilement les marchés tiers, non seulement ceux des pays en développement qui se situent le long des itinéraires de « la Ceinture et la Route », mais aussi ceux de certains pays développés. La construction de la centrale nucléaire de Hinkley Point C en Grande-Bretagne en est un bon exemple. Le modèle « Chine + un grand pays européen », notamment l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, pour exploiter les marchés tiers, est en fait le modèle le plus efficace dans la construction de « la Ceinture et la Route ». Beaucoup de pays d’Afrique francophone manquent d’infrastructures et d’énergies propres, et la Chine et la France peuvent réaliser une coopération complémentaire dans ces pays.

 

Suite à l’adoption par les États-Unis d’une position unilatéraliste et de leur sortie de l’Accord de Paris, la coopération entre la Chine et l’UE, particulièrement entre la Chine et la France, joue une rôle majeur, notamment dans le domaine du changement climatique. De belles perspectives se dessinent pour les coopérations sino-européenne et sino-française.

 

* XIA GUOHAN est chercheur de l’Institut Charhar.

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