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Une mosaïque de cultures

2025-11-03 13:19:00 Source: La Chine au présent Auteur: ABDILAHI ISMAIL ABDILAHI*
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L’attractivité du Xinjiang découle de sa vitalité authentique et de sa diversité culturelle. 

Un troupeau de moutons sur la prairie de Bayinbuluke dans la préfecture autonome mongole de Bayin’gholin (Xinjiang)

Le Xinjiang a toujours été présent dans mon imaginaire comme une terre que l’on évoque dans les histoires, célèbre dans les chansons et les photographies si saisissantes qu’elles semblaient irréelles. Sa beauté me semblait lointaine et presque mythique. J’ai porté pendant des années le désir d’y aller. Alors, lorsque l’occasion s’est présentée de m’y rendre pour un voyage d’étude durant une semaine, je l’ai saisie sans hésiter.

Je ne m’attendais pas à ce que le vrai Xinjiang me touche autant, qu’il réponde à toutes mes attentes, voire les dépasse. De ses paysages époustouflants à ses riches traditions culturelles, en passant par ses coutumes ancestrales et sa modernité visible, le Xinjiang séduit par son charme distinct.

Dès notre arrivée, j’ai eu l’impression que le temps s’étirait. À Bortala, ville de steppe du nord du Xinjiang qui était notre premier arrêt, la lumière du soir persistait jusque tard dans la nuit, comme si le soleil, lui aussi, hésitait à se retirer. Une heure dorée semblait durer une éternité, projetant une douce lueur sur tout. Bien que nous n’ayons rien prévu pour cette nuit-là, je ne supportais pas de rester à l’hôtel. Avec une impatience enfantine, j’ai déposé mes sacs et je me suis dirigé vers la douce lumière, portée par la musique et les rires provenant d’un parc voisin.

Là, les gens dansaient avec une grâce qui semblait à la fois maîtrisée et spontanée. Des inconnus me saluaient et me souriaient, m’entraînant dans des conversations inattendues. Un homme m’a invité chez lui, insistant sur le fait que je ne devais pas séjourner à l’hôtel. « Vous êtes notre invité », m’a-t-il dit avec une chaleur transcendant les langues. C’était ma première nuit au Xinjiang, et déjà la terre commençait à me révéler sa générosité, sa joie de vivre et son ouverture. Il est devenu mon premier ami au Xinjiang.

Une séance de lecture dans une librairie à Tacheng (Xinjiang), le 13 septembre 2025 (PHOTO : YU JIE)

À mesure que nous nous enfoncions dans la région, des paysages se dévoilaient, semblant sortis d’un rêve. Les vignobles s’étendaient en abondance, leurs fruits d’une douceur incroyable caressés par le soleil et le temps. Je me suis promené parmi les rangées de vignes et d’arbres fruitiers, savourant le travail et le soin de ceux qui les cultivaient. Une fierté discrète transparaissait dans leurs voix lorsqu’ils parlaient de leur terre, sans vantardise, mais une fierté enracinée dans un sentiment d’appartenance.

Nous avons traversé des endroits où les lacs scintillaient comme du verre et où de petits villages se nichaient dans le vaste désert et les montagnes. Un après-midi, je me suis retrouvé dans une source thermale en plein air. C’était à Zhalemute, un lieu situé dans la préfecture autonome mongole de Bortala, baigné d’un silence d’une profondeur proche du sacré. Le ciel s’étendait à l’infini et en levant les yeux à travers la vapeur montante, je me sentais momentanément suspendu entre terre et ciel, comme si les frontières entre le corps et le paysage s’étaient estompées.

C’est ce sentiment d’être porté par quelque chose de plus grand que moi qui a marqué une grande partie du voyage. Debout sur les rives du lac Sayram, le plus haut et le plus grand lac alpin du Xinjiang, je l’ai ressenti à nouveau. L’eau était incroyablement claire, les pierres au fond étaient visibles comme sous verre. Des montagnes enneigées se dressaient au loin et leur reflet se fondait dans le lac, comme si le ciel et l’eau étaient indissociables. Dans ce calme, j’ai marché au bord du lac, et à chaque pas, les petits soucis de la vie quotidienne devenaient insignifiants et s’évanouissaient.

En plus de la géographie époustouflante, le Xinjiang est aussi une mosaïque vivante de cultures, de langues et de traditions, toutes tissées ensemble dans une coexistence dynamique. Dans la prairie de Kalajun, avec une vue imprenable sur les monts Tianshan, un site classé au patrimoine naturel mondial, j’ai vu des troupeaux de chevaux paître sereinement en liberté sur les prairies qui s’étendent à l’infini. Même si j’avais très envie de monter à cheval, comme je l’avais imaginé en regardant les films d’arts martiaux chinois dans mon enfance, je suis resté un observateur silencieux, bercé doucement par le mouvement d’une calèche tirée par des chevaux, tandis que l’immensité du paysage défilait sous mes yeux. Malgré tout, quelque chose en moi galopait à leurs côtés, réveillant un vieux rêve.

Nous sommes retournés en ville dans les derniers jours, mais la magie continuait. Par la fenêtre du bus, j’ai regardé les monts Tianshan s’étendre à l’horizon, ses sommets enneigés brillant sous le soleil. Le désert de Gobi scintillait aux alentours, parsemé de robustes arbustes. De retour en ville, j’ai eu l’impression de revenir à la réalité, mais le pouls du Xinjiang était toujours là, battant plus fort et plus clairement.

Une visiteuse au Centre littéraire de Tacheng (Xinjiang), le 13 septembre 2025 (PHOTO : YU JIE)

Les rues étaient animées et bordées d’arbres en fleurs. Les boutiques regorgeaient de marchandises et les habitants portaient des costumes traditionnels aux couleurs vives et festives. Une fois de plus, l’hospitalité était présente à chaque coin de rue. Invité chez un habitant, j’ai découvert la cuisine du Xinjiang, si riche et généreuse qu’elle me paraissait cérémonielle. Je n’étais plus un touriste. J’étais un invité. J’étais un membre de la famille.

L’un des moments les plus marquants a eu lieu au Musée de la préfecture autonome kazakhe d’Ili, où des objets anciens et des documents historiques racontaient l’histoire du Xinjiang, non pas comme une frontière lointaine, mais comme une partie indissociable de l’histoire de la Chine. C’était un lieu où les cultures s’entremêlaient depuis des siècles, où la diversité ne les divisait pas, mais nourrissait quelque chose de plus grand. J’ai vu clairement que le Xinjiang n’était pas seulement magnifique. Il est vital.

De retour à Beijing, j’emportais avec moi bien plus que des photos et des souvenirs. J’en suis revenu avec le sentiment d’avoir touché quelque chose d’essentiel, qui est ancré dans l’histoire et allait de l’avant avec énergie et de promesse. Le Xinjiang est vaste, et nous n’en avons qu’effleuré la surface. Mais même cette brève rencontre a suffi à me transformer.

Ce voyage était une révélation. Au Xinjiang, j’ai découvert non seulement une terre merveilleuse, mais aussi un miroir reflétant l’humanité dans ce qu’elle a de meilleur : diversifiée, interconnectée et infiniment résiliente. Cette région a approfondi ma compréhension du pays que je considère désormais comme mon foyer. J’espère que davantage de personnes s’y aventureront, non seulement pour admirer sa beauté, mais aussi pour ressentir son « battement de cœur ».

 

*ABDILAHI ISMAIL ABDILAHI est un sinologue somalien travaillant à l’École d’études africaines de l’Université des langues étrangères de Beijing.

 

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