Un match de football au parc sportif de Fenghuangshan (PHOTO : HAN JIE)
Le 28 juillet 2023, les XXXIe Jeux mondiaux universitaires d’été se sont ouverts à Chengdu, en Chine, et ont réuni plus de 10 000 athlètes et membres du personnel de 170 pays et régions du monde. Il s’agit de la 3e édition des Jeux organisée par la Chine.
Dans l’histoire de Chengdu, le sport a toujours été un facteur dynamique qui façonne cette ville. À l’occasion des Jeux mondiaux universitaires d’été, un événement sportif destiné aux jeunes du monde entier, les athlètes de la génération Z de Chengdu ont montré au monde la vitalité de la ville. En dehors des Jeux, sur les terrains de sport, dans les parcs et même en plein cœur de la ville, de plus en plus de jeunes se lancent dans le sport, le remettant au goût du jour. Les rues grouillent de joueurs de ping-pong, de coureurs ou de cyclistes qui s’approprient tous les espaces de la ville.
De par ses expériences, la génération Z est souvent pionnière et pilier de l’innovation et des percées en termes de culture. Cette année, de nouveaux sports de niche, ou plus alternatifs tels que le cyclisme, la pétanque, le flag football ou le parkour ont connu une croissance fulgurante au sein de la génération Z de Chengdu. Ces jeunes se consacrent aux sports, sont à l’avant-garde des nouvelles tendances sportives, et retirent une grande joie dans la socialisation et la possibilité de détente qu’offre le sport.
Ça smash au ping-pong
Le 5 juin, après une journée de travail, Dong Hui, 26 ans, et ses compagnons se sont rendus au gymnase Pioneer Badminton pour faire quelques parties de volant. À Chengdu, le sport est ancré dans le quotidien, de plus en plus de membres de la génération Z, comme Dong Hui, s’adonnent au sport, sans chercher les performances ou la compétition, le bien-être est leur priorité. Une bonne partie de badminton, un espace vert pour profiter de la liberté qu’offre le frisbee, ces jeunes gens s’ouvrent à une variété de façons de faire de l’exercice, et ils utilisent leur pratique physique quotidienne pour être en communion avec leur ville.
« C’est vraiment génial, en fait le ping-pong peut vraiment se jouer différemment ! », s’exclame Feng Tianxiang. En repensant à un tournoi de tennis de table alternatif organisé l’année dernière, le jeune pongiste de niveau national 2, est encore submergé par l’émotion. En tant que joueur chevronné, ce tournoi lui a ouvert une tout autre expérience : les raquettes étaient colorées et couvertes de graffitis créatifs, les tables étaient longues, fines, miniatures et sous d’autres formes. De plus, l’ambiance était à la rigolade, sans sérieux ni compétitivité, ce qui a vraiment rendu le tennis de table traditionnel plus cool et branché.
« On peut voir que tout le monde joue, peut-être pas de manière professionnelle, mais pour l’amour du sport. » Toto fait partie des organisateurs de l’événement. « Le ping-pong peut devenir artistique, amusant et divertissant si on laisse parler son imagination. » En 2022, elle a commencé à organiser des tournois de ping-pong nomades dans les rues, les galeries, les cafés, les bistrots, les boutiques populaires de Chengdu et même les barbecues.
Selon les statistiques, plus de 3 millions de personnes à Chengdu jouent au ping-pong tout au long de l’année, et près d’un habitant de Chengdu sur sept est passionné par ce sport. Étant originaire de Chengdu, Toto baigne dans ce jeu depuis son enfance. « J’ai toujours su que la culture de rue des jeunes de Chengdu pouvait beaucoup apporter à la discipline du tennis de table. » Aujourd’hui, les tables de ping-pong sont partout à Chengdu, dans les marchés, sous les viaducs et même dans les parcs culturels et créatifs, et de plus en plus de jeunes comme Toto se jettent à l’eau, essayant de jouer à ce jeu national avec un regard neuf.
Rongbao, mascotte des XXXIe Universiades d’été de Chengdu (PHOTO : HAN JIE)
Le murmure à l’oreille des cyclistes
À l’heure actuelle, sous le signe des Jeux mondiaux universitaires d’été de Chengdu et du concept de « sport comme mode de vie », la ville voit se créer de nouveaux espaces intégrant activités sportives et commerciales, ainsi que des zones d’expérience culturelle et sportive. Dans le Parc de la zone humide du lac Qinglong, les jeunes font des tours de lac à vélo en admirant le paysage, assistent aux concerts, jouent au frisbee sur la pelouse... Ils écument les lieux de consommation sportive, faisant du sport leur pain quotidien. Le sport est en train de changer la ville : les compétitions internationales y mettent de l’ambiance et la vitalité juvénile refait son décor.
Archétype des sports urbains, le cyclisme est un choix de prédilection. Rien qu’en 2022, les habitants de Chengdu ont pédalé au total 484 millions de kilomètres, soit l’équivalent de 12 077 tours de la terre, et la génération Z a constitué un fer de lance des cyclistes. « La vie est ennuyeuse à la base, mais en faisant du vélo, on sent le souffle du vent », déclare Tang Jian, un jeune illustrateur. Le cyclisme lui procure non seulement le plaisir de savourer la vitesse et les sensations fortes, mais aussi des occasions de rencontrer des compagnons de route.
C’est en faisant du vélo qu’un certain nombre de jeunes aiment redécouvrir Chengdu, traversant les artères comme les ruelles, une manière propre à eux de réinventer le lien et le liant avec la ville. Quand la nuit tombe et les réverbères s’allument, Wang Yu, rentré du travail, se change en tenue de sport, endosse son sac, enjambe son vélo bleu Tiffany et entame sa promenade nocturne. Il aime sillonner les ruelles de la ville, parce que « vous entendrez le bruit des ustensiles de cuisine provenant des ménages, et la vague rumeur de leurs conversations et rires, tout cela compose une symphonie urbaine qui flotte dans une bonne odeur culinaire ».
La finale de la Ligue nationale de frisbee de Chine 2022-2023 (PHOTO : HAN JIE)
Les épicuriens du sport
Les sports extrêmes « hardcore » tels que le parkour et le saut extrême permettent de sortir de l’ornière quotidienne et de faire un saut dans l’exploration des confins de l’impossible. Le parkour, avec l’idée qu’on s’en fait de « voler par-dessus les toits et les murs », se répand chez un certain nombre de jeunes à Chengdu. Ce sport est apparu à la fin du XXe siècle et a été l’un des sports de rue les plus courants en Europe. Xu Chongjia, 28 ans, le pratique depuis 13 ans, se trouvant parmi les premiers traceurs dans le sud-ouest du pays. Pour lui, le parkour est un art du déplacement, dans lequel « on interagit avec différents environnements, comme réalisant une création artistique aux possibilités infinies ».
La ville de Chengdu est entourée de nombreuses montagnes qui n’ont rien à envier à la région alpine. Xu Chongjia et ses amis arpentent les sommets qui émergent des mers de nuages bouillonnants, sprintent et font des sauts périlleux dans les prairies à perte de vue. Ils découvrent des paysages naturels en « parkourant » ; tracent vers d’autres horizons au Tibet, au Qinghai, au Yunnan ou au Xinjiang ; communiquent avec différents nouveaux environnements ; se lancent dans une exploration de soi et une quête de la liberté. Pour Xu Chongjia, ce sport lui a permis de devenir une meilleure version de lui-même et de développer une soif insatiable d’explorer le monde. Il a toujours voulu briser les clichés sur le parkour, qui « ne consiste pas simplement à enjamber des toits ou à faire des sauts périlleux, mais a son utilité pratique et offre des perspectives d’avenir », et que « tous ceux pourvus de compétences de base en activité physique peuvent pratiquer sans aucune contrainte ». Il se trouve que certaines personnes souffrant de dépression ont rétabli la communication avec leur corps et le monde extérieur grâce à ce sport, qui a rallumé la flamme de la vie en eux. D’autres, initialement peu confiantes, parviennent à effectuer l’impossible salto arrière au bout de quelques entraînements.
Des enfants sur une aire de jeux à Chengdu (PHOTO : HAN JIE)
L’inclusivité de Chengdu a fait de la ville un terrain propice au développement de ce sport. D’après les constats de Xu Chongjia, Chengdu compte actuellement près de 1 000 amateurs assidus de parkour, qui sont principalement de la génération post-95. Ils parkourent la ville de la même façon qu’ils parcourent leur vie, ils vont de l’avant.
Au cœur des nouvelles tendances culturelles en Chine, Chengdu promeut la diversification des activités sportives, et les épicuriens du sport y courent les rues. Les sports urbains permettent aux jeunes de voguer dans un autre univers et de retrouver l’énergie pour la vie. Le dynamisme de ces activités de niche à Chengdu représente l’inclusivité et l’originalité de la ville, ainsi que son goût de la mode et son esprit novateur, et reflète un nouvel élan dans sa marche vers une « ville des compétitions internationales ».
*LI SHANSHAN est journaliste à Chengdu Culture.