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De nouvelles attentes pour la coopération sino-franco-suisse en histoire

2021-12-01 14:54:00 Source:La Chine au présent Auteur:DUANMU MEI
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L’édition 2010 de l’Université d’automne sino-franco-suisse en histoire débute à Shanghai en présence du consul général de France Thierry Mathou (c.)

 

Le 24 septembre 2021, la réunion par vidéoconférence entre Paris et Shanghai baptisée « L’Histoire et le Temps 2 : vivre le temps et le temps de vivre » a conclu en douceur la 16e édition de l’Université d’automne sino-franco-suisse en histoire. Créée en 2004 par la Société chinoise d’études de l’histoire de France, cette université se tient régulièrement à Shanghai ou à Hangzhou. Cette édition était la première qui tenait à la fois en ligne et hors ligne.

 

Maurice Aymard et Étienne Bourdon, célèbres historiens français, ainsi que Li Hongtu, professeur à l’Université Fudan de Shanghai, ont chacun prononcé une intervention lors de la vidéoconférence, rencontrant plus de 200 enseignants et élèves par écran interposé. Ils ont convenu de poursuivre les discussions en 2022.

 

Paris-Beijing : un projet innovant

 

Au mois de juin 2002, alors que j’étudiais à Paris et que j’étais vice-présidente de la Société chinoise d’études de l’histoire de France, j’étais en recherche d’un projet de coopération sino-française en histoire.

 

À cette époque-là, j’ai échangé à plusieurs occasions mon point de vue concernant la coopération et le mode d’interaction efficace avec Jean-Claude Thivolle, qui était responsable du département Asie-Europe de la Fondation Maison des sciences de l’homme (FMSH) à Paris. Il connaissait bien la Chine du fait qu’il avait assumé les fonctions d’attaché culturel de l’ambassade de France en Chine. Il a proposé de créer un séminaire d’été, une idée sans précédent pour les deux pays et qui vise à promouvoir en Chine l’étude de l’histoire de France, à renforcer les échanges entre les historiens chinois et français, ainsi qu’à former de jeunes historiens.

 

Maurice Aymard, à l’époque directeur de la FMSH, chercheur à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et secrétaire général du Conseil international de la philosophie et des sciences humaines (de 1998 à 2014), appréciait beaucoup ce projet innovant. Il a décidé sans la moindre hésitation d’écrire une lettre à l’Institut d’histoire mondiale de l’Académie des sciences sociales de Chine, dont relève la Société chinoise d’études de l’histoire de France, pour suggérer la mise en place de ce programme de coopération sino-française par la Société chinoise d’études de l’histoire de France en collaboration avec les départements français concernés et des établissements d’enseignement supérieur locaux.

 

Le Programme de coopération du séminaire d’été d’histoire sino-française (ci-après dénommé le Programme de coopération) a ainsi vu le jour à Paris. Bien connu à Beijing, il a été le premier pas vers notre objectif de « renforcer la coopération internationale et de cultiver la jeune génération ».
 
Les participants à l’édition 2017 de l’Université d’automne sino-franco-suisse en histoire

 

Shanghai-Hangzhou : de multiples actions

 

Rapidement, la Société chinoise d’études de l’histoire de France et l’École normale supérieure de l’Est de la Chine (située à Shanghai), où se trouve son secrétariat, sont parvenues à un accord pour mettre en œuvre le Programme de coopération, en collaborant avec l’Université du Zhejiang (située à Hangzhou). Dans le même temps, ce programme a été baptisé Université d’automne franco-chinoise en histoire (ci-après dénommé Université d’automne) jusqu’à la participation de l’Université de Fribourg (Suisse) en 2007. Les cours commencent chaque année au mois de septembre.

 

L’Université d’automne espère tirer parti de la force des historiens français (et européens) pour cultiver conjointement une nouvelle génération d’historiens chinois ayant une perspective internationale. Par conséquent, les étudiants en master, les doctorants ainsi que les jeunes enseignants qui étudient l’histoire européenne constituent les principaux objets de formation.

 

Une semaine par an, quatre à sept enseignants français (européens) sont invités à donner des conférences aux étudiants et à échanger des idées avec les enseignants chinois. Ayant choisi le français comme langue d’enseignement et de communication, l’Université d’automne fait partie des rares coopérations internationales en Chine à insister sur l’utilisation de la langue française.

 

Depuis 2004, environ 150 chercheurs européens en sciences humaines et sociales (venant principalement de France, mais aussi de Suisse, d’Italie, de Russie, d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, etc.) ont été invités à Shanghai et à Hangzhou pour dialoguer avec des professeurs et étudiants chinois.

 

Les seize dernières éditions de l’Université d’automne ont attaché de l’importance à la variété de contenu et à l’enseignement interdisciplinaire (histoire, sciences politiques, anthropologie, sociologie, relations internationales, sinologie, littérature, etc.), permettant à plus de 1 000 participants venant des quatre coins du pays de discuter avec des chercheurs européens. Par ailleurs, en dehors de Shanghai et Hangzhou, plus de 300 étudiants ont bénéficié de l’enseignement itinérant des spécialistes européens, dans des villes telles que Jinhua, Huzhou, Nanjing et Guangzhou, et une dizaine de personnes sont allées en France pour étudier par le biais de cette plateforme.

 

Considérée comme un programme de coopération internationale très réussi, l’Université d’automne a attiré quantité d’experts français renommés qui sont devenus des appuis académiques. Citons, entre autres, Maurice Aymard, Christophe Charle, Robert Frank, Christian Topalov, Mireille Corbier, Jean-François Sirinelli, Anne Cheng et Marianne Bastid-Bruguière. Leurs cours embrassent de nombreux domaines, tels que les études urbaines, l’histoire des intellectuels, la théorie historique, la sinologie française, la construction européenne, ainsi que l’Europe et la Chine dans l’histoire globale.

 

Ce programme est largement soutenu par les institutions académiques chinoises et françaises. L’Institut d’histoire du monde relevant de l’Académie des sciences sociales de Chine, l’École normale supérieure de l’Est de la Chine, l’Université du Zhejiang, la Fondation Maison des sciences de l’homme, l’École des hautes études en sciences sociales, l’Université Paris I et l’Université Paris IV ont tous apporté leur soutien en matière d’enseignement ou de financement. L’ambassade de France en Chine et le consulat général de France à Shanghai, qui ont fourni un financement partiel, sont également une garantie importante pour le développement du programme.

 

Chine-Europe : aller de l’avant

 

Le 6 octobre 2003, les Années croisées Chine-France ont été inaugurées à Paris. En septembre de la même année, à l’invitation conjointe de l’Institut d’histoire de la Révolution française relevant de l’Université de Paris et du Musée de la Révolution française, la Société chinoise d’études de l’histoire de France a envoyé une délégation (composée de six historiens venant de Beijing, Shanghai et Hangzhou) en France pour deux semaines d’échanges académiques. C’était la première fois qu’elle effectuait une visite de groupe en France depuis sa création en 1978.

 

Nous avons fait un rapport à l’Institut d’histoire de la Révolution française, présentant la situation passée et actuelle de l’enseignement et de la recherche sur l’histoire de la Révolution française en Chine, et montrant le manuel d’histoire du collège de Shanghai. Jean-Clément Martin, alors directeur de l’Institut, a expliqué qu’il n’avait jamais imaginé que la Chine attachât autant d’importance à l’enseignement lié à l’histoire de France.

 

Ensuite, nous sommes allés à Vizille, près de Grenoble, pour un séminaire bilatéral avec une douzaine d’experts français dans le Musée de la Révolution française. Il s’agissait d’un dialogue direct sans précédent organisé sur le territoire français, dans lequel des historiens chinois et français ont échangé sur la Révolution française.

 

Les nouvelles méthodes et les nouveaux résultats de nos collègues français dans le domaine de la recherche sur la Révolution française ont considérablement élargi nos horizons. Pour la Société chinoise de l’histoire de France, cette « sortie » a été synonyme de nouveau départ sur la scène académique internationale au XXIe siècle en héritant de la tradition académique de ses prédécesseurs.

 

Au mois de janvier 2010, l’Université d’automne sino-franco-suisse en histoire a publié son premier recueil d’articles académiques Temps croisés, en chinois et en français (son deuxième volet baptisé Espaces croisés a été publié à Shanghai en 2013). Un mois plus tard, le 4e Salon du livre des sciences sociales organisé par la FMSH s’est ouvert à Paris, avec une grande cérémonie pour la publication de cet ouvrage.

 

Lors du salon, nous avons participé à des tables rondes et à une série de dialogues. En outre, nous avons été invités par des établissements pour des activités d’échanges, entre autres l’Université Paris IV, l’Université de Cergy-Pontoise (aujourd’hui CY Cergy Paris Université) et l’École des hautes études en sciences sociales. Ce qui mérite d’être noté, c’est que nous avons passé une joyeuse veillée du Nouvel An chinois dans un bâtiment du XIXe siècle près du Louvre, entourés des attentions sincères de nos collègues français.

 

Ensuite, nous nous sommes rendus à l’Université de Fribourg en Suisse, et trois de nos chercheurs ont fait des rapports spéciaux autour du thème « La Chine dans les années 1980 », présentant l’économie de marché, l’enseignement de l’histoire et les relations internationales à cette époque-là.

 

La troisième visite entre Fribourg et Paris de la délégation de la Société chinoise d’études de l’histoire de France s’est passée en 2013.

 

En plus des échanges avec des chercheurs français et suisses sur des questions historiques liées à la Chine et à l’Europe, nous avons été invités à assister aux troisièmes Journées suisses d’histoire 2013 à Fribourg (conférence triennale destinée aux historiens suisses), en participant à un séminaire baptisé « Valeurs universelles et expériences locales : la circulation des idées, des personnes et des représentations entre la Suisse et la Chine au XXe siècle ».

 

Après cette conférence, nous sommes allés à Paris pour participer à une table ronde intitulée « Production, publication, diffusion » qui est organisée par la FMSH, lors de laquelle nous avons pleinement apprécié l’importance et les résultats de la coopération entre la Chine, la France et la Suisse, et nous avons de belles attentes pour l’avenir. Le cheminement académique se poursuivra.

 

*DUANMU MEI est chercheuse à l’Institut d’histoire du monde relevant de l’Académie des sciences sociales de Chine et présidente honoraire de la Société chinoise d’études de l’histoire de France.

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