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Le charme des films et séries de sabre chinois

2021-11-08 11:49:00 Source:La Chine au présent Auteur:LIU YICUN et NIU MENGDI
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Volet important parmi les feuilletons télévisés, le genre du wuxia (communément désigné « films de sabre chinois ») est un incontournable du petit écran en Chine, qui ne s’essouffle pas au fil des décennies. Ces scénarios mettant en scène des chevaliers errants au service de leur pays et de leur peuple captivent le public et permettent aux spectateurs étrangers de découvrir un pan de la culture chinoise sur fond d’arts martiaux.

 

Le wuxia dans la mémoire des temps

 

Dans les années 1950 et 1960, Jin Yong, Gu Long, Liang Yusheng et d’autres romanciers de la nouvelle école du wuxia ont connu un franc succès avec leurs histoires retraçant le destin de chevaliers solitaires et décrivant en détail leurs comportements et émotions. Forts de leur popularité, ces ouvrages ont été adaptés au cinéma et à la télévision, apportant ainsi une dimension visuelle aux combats à la fois acrobatiques et artistiques, ainsi qu’à l’attitude entre gratitude et vengeance des fils du jianghu (société parallèle à la société traditionnelle de la Chine impériale). Les films d’arts martiaux chinois ont commencé à connaître leur heure de gloire dans les années 1980. Dans The Legend of the Condor Heroes, diffusé sur la chaîne hongkongaise TVB en 1983, c’est l’acteur Felix Wong qui a interprété le rôle de Guo Jing. À l’écran, ce personnage semblait faire preuve d’une grande sagesse, rehaussée de patriotisme, de piété filiale et d’affection, au reflet du portrait de « héros » décrit dans l’œuvre original de Jin Yong. Les autres acteurs ont eux aussi incarné leur rôle à merveille, dans le respect du texte source, ce qui a valu à ce film la reconnaissance du public.

 

Dans les années 1990, bien que les films de sabre tournés dans la région chinoise de Hong Kong n’aient pu renouer avec le triomphe d’antan, un grand nombre de classiques du wuxia ont vu le jour, étant donné l’engouement des spectateurs pour ce genre. Citons par exemple les films Swordsman, basé sur le roman de Jin Yong Le Vagabond au sourire fier, Les cendres du temps réalisé par Wong Kar-wai, ou encore Histoire de fantômes chinois, L’Auberge du dragon et la série de films Il était une fois en Chine avec en vedette le personnage Wong Fei-hung que l’on doit à Tsui Hark. Différents aux niveaux de la conception esthétique et de la construction des personnages, ces productions traitent de la rivalité entre l’amour et la haine qui règnent dans le monde de ces légendaires chevaliers chinois, dont ils dévoilent la culture en insérant des symboles audiovisuels. Dans la saga Il était une fois en Chine qu’il a créée, Tsui Hark, figure emblématique de la « Nouvelle Vague hongkongaise », a su composer l’image d’un justicier défenseur des plus faibles et des plus démunis, tel un héros national dont le sort est intrinsèquement lié au destin de l’époque. Parallèlement, les films de sabre tournés dans la partie continentale de la Chine ont émergé comme une nouvelle force, avec des œuvres telles que Jiang Hu En Chou Lu (Chronique de la société jianghu) et Taiji Zongshi (Le Maître de tai-chi).

 

Depuis le XXIe siècle, les œuvres cinématographiques et télévisuels du genre wuxia n’ont cessé de se développer. Les réalisateurs et producteurs ont exploité ce thème à l’envi, en reprenant à leur façon ces scénarios que le public chinois connaît bien et adore depuis des décennies. À titre d’illustration, Ang Lee a cherché, au travers de sa caméra, à présenter une esthétique chinoise teintée de poésie dans Tigre et Dragon. Avec Hero, Zhang Yimou met en avant des valeurs selon lesquelles les intérêts globaux priment sur les intérêts personnels. Dans The Grandmaster, Wong Kar-wai invite à des sentiments de compassion vis-à-vis des hommes en proie au chaos. Quant à la saga sur Ip Man réalisée par Wilson Yip, elle a permis au public de découvrir toute la splendeur du wing chun (art martial chinois traditionnel originaire du Sud de la Chine, destiné au combat rapproché), au carrefour de la souplesse et de la fermeté. Par ailleurs, en prêtant une attention toute particulière au parcours du protagoniste Ip Man, notamment à la façon dont ce héros national assoiffé de justice s’est forgé son caractère alors qu’il vivait auprès de sa famille aimante, Wilson Yip met en évidence les forts sentiments des Chinois à l’égard de leur famille et de leur patrie.
 

 

Retour à la culture traditionnelle du wuxia

 

Les marques culturelles et les caractéristiques esthétiques chinoises présentées dans les films de sabre chinois, sans parler des scènes héroïques et des nobles idéaux portés par les chevaliers marginaux, ont influencé les Chinois de génération en génération. Des générations entières ont grandi avec les œuvres de Jin Yong. Le monde des arts martiaux, et l’esprit du wuxia, dans lesquels ils plongent ses lecteurs constituent une richesse spirituelle précieuse.

 

Depuis l’entrée dans le nouveau siècle, poussés par l’appât du gain, le cinéma et la télévision cherchent à tout prix la rapidité, et se lancent même aveuglément dans une quête de performance visuelle, au détriment de la culture traditionnelle du wuxia qui disparaît progressivement. Pour inverser la tendance, de nombreux réalisateurs s’efforcent ces dernières années de revenir aux sources de ce genre.

 

Par exemple, la série historique Nirvana in Fire, qui a été diffusé en 2015, a été encensé par la critique depuis sa sortie. En plus de l’intrigue dynamique et des prises de vue finement travaillées, l’histoire est plus prenante : c’est la croyance que la justice finira par dissiper les ténèbres ; c’est l’idée selon laquelle chacun doit se soucier des gens ordinaires, moines comme chevaliers.

 

Le remake du film The Legend of the Condor Heroes de 2017 reste non seulement fidèle au contenu de l’œuvre originale, mais reprend aussi l’allure grandiose des protagonistes avec une intrigue bien ficelée, ce qui donne en résultat un exemple ultime du « style wuxia orthodoxe ». En effet, il compatit avec la douleur du peuple traversant une époque troublée, fustige les fonctionnaires corrompus qui pullulent en ces temps de guerre et loue les héros qui luttent pour la bonne cause au péril de leur vie. Le portrait du héros dépeint dans ce long-métrage, personne extrêmement bienveillant envers les gens du peuple, se place donc au-dessus des chevaliers errants classiques.

 

La version 2021 de Demi-Gods and Semi-Devils, en plus d’aborder le sujet de la justice pour la famille et pour le pays, décrypte le bien et le mal que renferme la nature humaine, tout en suivant le destin des personnages qui se battent pour une cause perdue.

 

Dans ces productions qui prennent pour décor une société mise à mal par des guerres incessantes et une succession de troubles, en plus de la quête pour le bonheur et pour être libre de toute contrainte que mènent les personnages de la société jianghu, s’ajoute la noble ambition de porter secours au peuple. C’est là que réside le charme de la culture wuxia, et c’est de là que procède l’inspiration de nombreux réalisateurs qui n’ont de cesse de créer des œuvres cinématographiques et télévisées de sabre chinois.
 

 

À la conquête des spectateurs étrangers

 

Le monde des chevaliers redresseurs de torts décrits dans les films de sabre chinois déborde d’amour et de haine, deux émotions naturelles opposées que tous les hommes ressentent. L’« esprit » qui sous-tend le wuxia joue sur un panel d’émotions plus large, avec un certain sens des réalités. C’est pourquoi ces productions d’arts martiaux ont de solides chances de percer sur les marchés étrangers.

 

Dès 2005, les films The Legend of the Condor Heroes, Demi-Gods and Semi-Devils et The Return of the Condor Heroes réalisés par Zhang Jizhong sur la base des ouvrages de Jin Yong ont été diffusés successivement sur la chaîne de télévision payante NECO au Japon, avant de sortir en DVD, à dessein de « fidéliser » les amateurs de films de sabre chinois qui existent parmi le public japonais.

 

La série télévisée Ip Man, qui retrace l’évolution du grand maître Yip Man au fil des âges, transmet au public une énergie positive, assortie de valeurs comme la passion, le patriotisme et la détermination. En 2013, le groupe hongkongais TVB a racheté les droits de diffusion à l’étranger, ce qui a donné le coup d’envoi à la diffusion de cette série sur des chaînes de télévision étrangères bien connues, pour le plus grand plaisir du public international : Star Hub VV Drama à Singapour ; Astro Wah Lai Toi en Malaisie ; TVB-Europe au Royaume-Uni, en France, au Pays-Bas et dans d’autres pays européens ; TVB America aux États-Unis, Talentvision au Canada ; TVB Jade en Australie ou encore WTV en Nouvelle-Zélande.

 

Lorsque la série Nirvana in Fire a été diffusée sur Chunghwa TV en République de Corée en 2015, elle a enregistré un record d’audience. Plus largement, pour ce qui est des films de sabre chinois, Tigre et Dragon d’Ang Lee a remporté une pluie d’ Oscars ; Hero de Zhang Yimou a été nommé pour l’Oscar du meilleur film étranger ; et les longs-métrages chinois ont fait un triomphe au box-office sur les marchés étrangers. À l’évidence, les œuvres cinématographiques et télévisées du genre wuxia s’avèrent des canaux de diffusion majeurs pour présenter la culture et les traints saillants chinois. Elles réservent au public étranger une expérience culturelle et esthétique nouvelle et unique. De fait, les réalisateurs peuvent avoir confiance dans la possibilité de « sortir » à l’étranger leurs films et feuilletons télévisés d’arts martiaux chinois. 
 
*LIU YICUN est étudiant à l’École des arts dramatiques et cinématographiques à l’Université de la communication de Chine.
NIU MENGDI est journaliste en charge de la rubrique consacrée aux arts et à la littérature pour Guangming Daily.
 
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