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La Chine sous l’objectif d’un réalisateur oscarisé

2021-09-02 10:53:00 Source:La Chine au présent Auteur:ZHOU LIN
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 L’affiche et des clichés du documentaire A Long Cherished Dream de Malcolm Clarke

 

Le documentaire en quatre épisodes A Long Cherished Dream, de Malcolm Clarke, réalisateur anglais réputé et détenteur de deux Oscars, a été mis en ligne à la mi-juillet. Il raconte la vie quotidienne de gens du commun pour montrer la voie chinoise de l’édification in extenso d’une société de moyenne aisance.

 

Le village de Xiaoganxi, relevant du district de Yiliang, près de la ville de Zhaotong (Yunnan), se trouve dans les monts Wumeng, à la frontière de trois provinces : le Yunnan, le Guizhou et le Sichuan. C’était l’un des endroits les plus pauvres de Chine.

 

L’aspiration à une vie meilleure

 

Chang Kaiyong est secrétaire de la cellule du Parti communiste chinois (PCC) et cadre de la lutte contre la pauvreté de Xiaoganxi. Amoureux de son village, il s’adonne corps et âme au travail malgré un bas salaire (plus de 2 000 yuans par mois). Il dépense la moitié de son salaire en frais de carburant pour se rendre d’une famille à l’autre, dans le cadre du déplacement de plus de 200 foyers vers des endroits plus accueillants et de la rénovation de plus de 100 maisons délabrées. Jour et nuit, il conduit sur les sentiers de montagne boueux. En une occasion, une coulée de boue a bloqué son chemin, il a donc dû rester dans sa voiture pendant plusieurs jours.

 

Son épouse Cao Jiayan est un exemple typique de femme traditionnelle chinoise. Elle s’occupe bien de sa famille et travaille dur, supportant les privations et résistant à la fatigue. Elle soutient son mari, mais ne se plaint que d’une petite chose : « Si j’étais l’une des personnes démunies que tu aides, ce serait bien ! » En effet, à ses yeux, les pauvres du village sont les seules personnes dont son mari se soucie à tout moment.

 

Alors que Chang Kaiyong fait du porte-à-porte pour expliquer à la population les politiques de lutte contre la pauvreté, Zhang Lin, une camionneuse de 24 ans, fait la navette entre les provinces côtières du Zhejiang et du Fujian (sud-est). Elle mesure moins d’un mètre soixante et atteint à peine le bas de la fenêtre d’un camion quand elle est sur la pointe des pieds, mais elle est capable de conduire habilement un poids lourd Dongfeng long de 9,6 m. Elle est l’une des 1,26 million de camionneuses chinoises qui contribuent à l’essor économique de la Chine.

 

« Normalement, je pars de Wenzhou (Zhejiang) à presque 23 h et arrive à Quanzhou (Fujian) après huit heures et demie de route. Puis je prends du repos à Quanzhou jusqu’à environ une heure du matin et je repars », détaille Mme Zhang. Elle conduit seule dans la nuit, mais elle n’a pas peur ni ne se plaint. Sa petite carrure renferme des forces inépuisables. « Les femmes doivent œuvrer pour leur indépendance économique. Il faut prendre bien soin de soi-même avant de prendre soin de sa famille. »

 

De 2012 à 2020, plus de 10 millions de villageois ont afflué chaque année dans les villes en Chine. Wang Huaifu a pris part à cette migration. En 1994, il a été admis à l’École des arts et de l’acrobatie de Puyang (Henan), et en 2004, il est devenu acrobate professionnel dans la troupe acrobatique de Shanghai, après avoir obtenu son diplôme. « Puyang n’est qu’une ville de cinquième rang. À l’époque, mon père ne gagnait qu’un yuan par jour, alors que mes frais d’études s’élevaient à environ 15 000 yuans. Il a quasiment vendu tous ses objets de valeur pour soutenir mes études », se rappelle-t-il, avec une pointe d’amertume.

 

À présent, M. Wang est installé à Shanghai et fait partie de la classe moyenne. Son fils de cinq ans peut réciter presque 60 poèmes et parler anglais, alors que lui n’a pas pu lire quand il était petit. « Il faut dire qu’il arrive à une bonne époque », indique M. Wang, qui souhaite que son fils puisse apprécier cette vie chèrement acquise.

 

Dans la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, Deng Degeng a ouvert une grande entreprise de livraison express, Sto Express, à Yiwu. Il est à l’heure actuelle le PDG de l’entreprise, alors qu’il n’était qu’un simple habitant du village de Zixü, dans le district de Tonglu, près de la ville de Hangzhou (chef-lieu de la province). « Un jour, je travaillais dans les champs tout en écoutant la radio. Dans l’émission Les champs d’espérance, j’ai entendu que le secteur de la livraison express était très demandé en ville. C’est pourquoi j’ai décidé de me lancer dans ce secteur », explique-t-il. Dans les années 1990, il a acheté un billet de bus pour Hangzhou, n’emportant que 50 yuans avec lui. « À l’époque, je livrais à un vélo et avec un beeper. Je devais pédaler une trentaine ou une quarantaine de kilomètres chaque jour. Quand mes cuisses étaient irritées, j’étais obligé de pédaler debout plutôt qu’assis. La face interne de mes cuisses était couverte de callosités », confie M. Deng.

 

Également originaires du village de Zixü, Chen Dejun, Chen Deliang et Luo Weijuan ont saisi cette opportunité pour entrer dans le secteur de l’express. Ils sont à présent responsables de différentes divisions régionales de Sto Express.

 

 

Malcolm Clarke lors de la première de son documentaire au China International Publishing Group (CIPG), à Beijing, le 13 juillet 2021

 

Raconter des histoires réelles et émouvantes

 

« Ce que je veux raconter, ce n’est pas seulement l’histoire de la construction d’une société de moyenne aisance en Chine, mais aussi l’histoire de citoyens chinois. Ils partagent les mêmes joies et les mêmes peines que le public étranger. Ils travaillent avec persévérance à la réalisation de leurs rêves en surmontant toutes les difficultés. Ce sont leurs histoires authentiques qui reflètent la situation actuelle de la Chine », a déclaré Malcolm Clarke, lors de la première mondiale du documentaire, le 13 juillet 2021.

 

Il dit ne pas avoir compris des termes chinois tels que « moyenne aisance », « les villageois travaillent temporairement dans les villes » et « la lutte contre la pauvreté » lorsqu’il a filmé le documentaire. En réalisant ce long-métrage, son objectif n’était pas de faire la publicité des politiques chinoises ni d’apprendre aux gens à voir correctement le développement chinois, mais de présenter la vie réelle du peuple chinois. Il a pris comme exemple William Shakespeare : si ses pièces de théâtre continuent à circuler, en résistant aux siècles et en gardant leur éclat, c’est parce que les histoires qu’il a imaginées peuvent toucher les gens au plus profond de leur cœur. M. Clarke a expliqué qu’il souhaitait également capter « les moments touchant le cœur ».

 

« Ce qui touche véritablement le cœur, ce ne sont ni les politiques ni les données économiques, mais les émotions. Par exemple, les sourires et les larmes des personnages, ainsi que la nostalgie de leur région natale et de leur famille manifestent des émotions sincères qui permettent à tout le monde de comprendre leurs histoires émouvantes, peu importe le contexte culturel. Donc, ce sont les émotions réelles et sincères qui trouvent un écho parmi le public dans le monde et c’est ce que je veux transmettre avec ce documentaire », a expliqué le réalisateur.

 

En ce qui concerne le choix des personnes filmées, il a souligné qu’il fallait trouver des protagonistes qui pouvaient ouvrir leur cœur, c’est-à-dire rester authentiques devant la caméra et raconter en toute honnêteté leur vie, sans se comporter en acteurs. « En tant que réalisateur de documentaire, je dois trouver les personnages intéressants et raconter leurs histoires particulières, vivantes et même emplies de contrastes », a indiqué M. Clarke. Selon lui, la taille menue de Zhang Lin et l’imposant camion constituent un contraste frappant ; de même, la profession qu’elle exerce, dominée par les hommes, lui apporte sans doute son lot de défis, tels que des préjugés et de la discrimination. Tout cela contribue à rendre son histoire plus dramatique. Les contrastes montrent mieux la persévérance de la camionneuse.

 

Certes, il est également nécessaire de présenter le conflit dans le documentaire, sinon il ne serait pas honnête. Si tous les personnages mènent une vie heureuse et qu’ils sont toujours souriants, leurs histoires ne sont pas attirantes. « De nombreuses femmes chinoises sont réservées lorsqu’elles parlent d’elles-mêmes, mais Mme Zhang n’est pas timide. Elle est vraiment extravertie et honnête face aux difficultés et aux défis. Le malheur de la famille dont elle est issue, son mariage brisé et ses regrets envers les enfants n’ont pas changé sa bienveillance, son optimisme et son esprit de lutte acharnée », a poursuivi M. Clarke.

 

« Je suis admiratif des changements passés et en cours. Le gouvernement chinois doit être fier de ces changements », a-t-il déclaré. En tant que créateur artistique, il sait mettre en évidence des détails et des défis pour rendre les histoires plus réelles et plus dramatiques. Par exemple, de nombreux habitants de la campagne ont vu leur vie s’améliorer après avoir migré vers la ville et leurs relations interpersonnelles ont changé, mais ils rencontrent maintenant un grand problème : comment bien vivre en ville ? Ce changement n’est pas facile pour eux. Ils ont besoin du soutien des politiques systématiques de lutte contre la pauvreté et leur famille relogée doit s’adapter à un nouvel environnement. Ils doivent créer leur propre communauté, et préserver leur culture traditionnelle et leurs liens sociaux, de sorte à s’entraider dans la vie urbaine. Permettre aux migrants de bien vivre en ville revêt une grande importance dans le processus de transition de la Chine.

 

« Si une personne aspire à un avenir prometteur, elle devra voyager en Chine, où elle verra tous les Chinois travailler avec effort pour bâtir un meilleur avenir », a affirmé M. Clarke.

 

Le potentiel des gens du commun en Chine

 

« Nous avons réalisé le documentaire en partant de la région montagneuse du sud-ouest jusqu’à la région côtière de l’est de la Chine. Nous avons rencontré beaucoup de Chinois de différents milieux, mais tous avaient un point commun : ils étaient extrêmement pauvres et leur vie a changé grâce à l’édification d’une société de moyenne aisance en Chine. À travers leurs histoires, le public peut voir la magie de cet accomplissement chinois », a confié M. Clarke. De son point de vue, l’édification d’une société de moyenne aisance ne se limite pas à éradiquer la pauvreté, mais elle permet à tous les Chinois de mettre en valeur leur potentiel et de réaliser leurs rêves.

 

Vikram Channa, vice-président de Discovery, était aussi présent à la première mondiale du documentaire. Il a déclaré que de nombreux préjugés sans fondement existaient dans le monde et que les réseaux sociaux connectant les hommes au XXIe siècle avaient engendré la bipolarisation du monde. De ce fait, il est nécessaire de produire des documentaires qui reflètent une Chine réelle.

 

M. Channa a également partagé ce qu’il a découvert à l’Université normale de Beijing où il était professeur : la jeune génération chinoise, qui est bien cultivée et qui respecte les valeurs chinoises, s’agrandit rapidement, avec un esprit ouvert et inclusif. « Les jeunes Chinois sont prêts à se rapprocher du monde, ce qui mérite notre attention », a-t-il conclu. 

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