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Gu Jiaqing, le son dans le sang

2020-09-03 14:31:00 Source:La Chine au présent Auteur:YAN XUE
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En janvier 2019, lors des Motion Picture Sound Editors Awards, Gu Jiaqing (1re à dr.) est nominée pour son travail de cheffe opératrice du son dans le film Crush.

 

C’est après avoir écouté une présentation d’une minute du système Dolby Atmos à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) que Gu Jiaqing a trouvé sa voie. « J’ai ressenti pour la première fois la beauté de l’art sonore », a-t-elle confié en parlant de cette expérience. « J’avais enfin trouvé un métier qui combine parfaitement mes talents et mes centres d’intérêt : ingénieure du son. »

 

Gu Jiaqing, 26 ans, est originaire de Ningbo (Zhejiang). Diplômée en ingénierie du son de la Faculté de la musique et des techniques de son à l’Université de la communication de Chine en 2015, elle est partie deux ans plus tard faire une maîtrise en production cinématographique à l’université de Californie du Sud. En tant que cheffe opératrice du son, elle a participé à la production de nombreux longs métrages, notamment Last Three Days aux États-Unis et To Us, From Us en Chine. Gu Jiaqing a également été conceptrice sonore de plusieurs courts métrages indépendants tels que Love & Loss, Spring Bloom et Crush.

 

En 2020, Gu Jiaqing a été cheffe opératrice de son dans le long métrage Voodoo Macbeth coproduit par Warner Bros. À la tête d’une équipe, elle a terminé la production sonore du film, et en quatre mois, effectué la post-production sonore avant que le film ne soit enfin diffusé en Dolby Atmos au cinéma. « La conception sonore des films consiste à se servir des effets sonores pour raconter des histoires hors de l’image. » C’est ainsi que Gu Jiaqing parle de son métier.

 

Une vocation précoce

 

À la fin de sa troisième année, Gu Jiaqing a participé à un échange universitaire à UCLA. Elle a vécu une expérience, ce qui a eu un impact décisif pour sa vie professionnelle. Lors d’une séance au cinéma, elle a assisté à une courte présentation du système Dolby Atmos. Installée au meilleur endroit possible, elle a ressenti en elle pour la première fois un bouillonnement. Elle s’est alors aperçue de l’importance de la conception sonore d’un film, qui avec l’image, raconte l’autre moitié d’une histoire. « Si l’image doit présenter l’histoire sur un écran en deux dimensions, la conception sonore doit compléter cette histoire pour en faire une expérience en trois dimensions. Ce qui m’importe le plus, c’est de me servir du son pour façonner l’image des personnages et faire ressortir leurs sentiments dans les œuvres de cinéma et de télévision. »

 

Beaucoup pensent que la prise de son se fait sur le lieu de tournage, alors que le son est presque toujours traité, remplacé et complété, avant d’être ajouté plus tard. Pour Gu Jiaqing, l’ingénieur du son doit tout concevoir en fonction des personnages et du scénario, de l’aboiement d’un chien en arrière-fond à la voix de synthèse. « Pour moi, l’évocation du son et son aspect incertain laissent une marge énorme pour la mise en forme, ce qui donne aux créateurs plus d’espace pour l’imagination », a noté Gu Jiaqing pour expliquer le côté créatif de son métier.

 

Tous les détails comptent

 

En devenant cheffe opératrice du son pour le film Voodoo Macbeth, Gu Jiaqing est entrée dans la cour des grands. « Entre le moment où on m’a confié le projet et la fin de la post-production sonore, quatre mois se sont écoulés. En discutant la première fois avec le producteur du film, j’ai finalement opté pour le Dolby Atmos. »

 

Voodoo Macbeth est un  long métrage historique et les effets sonores ne prennent pas une place aussi prépondérante que dans les films de science-fiction ou d’action. C’est l’arrière-fond sonore qui compte. La plupart des voix doivent être réenregistrées plus tard. Pour des raisons de budget, il n’y avait pas beaucoup de figurants lors de la prise de vue. Il a donc fallu compléter l’image par des effets spéciaux à un stade ultérieur, et le son a grandement donné au film son caractère spécifique. Lors de la production, les voix en

 

arrière-plan ont été enregistrées en 10 jours. Les voix de manifestants lors de la Grande Dépression des années 1930, les réactions dans un théâtre, l’ambiance dans un bar, dans un restaurant et dans la rue à cette époque ont été réalisées en rassemblant 50 figurants dans un hangar. « Une grande partie de ce film se déroule dans un théâtre. Nous avons imaginé beaucoup de dialogues entre les acteurs en répétition et le personnel en train de parler, et nous les avons enregistrés et placés en arrière-fond sonore pour créer une scène théâtrale animée dans les années 1930. Nous avons aussi invité des acteurs parlant diverses langues pour enregistrer ces dialogues afin de créer une scène où des immigrants de tous horizons sont réunis à New York dans les années 1930. Si vous ne recherchez pas les effets tridimensionnels, vous n’êtes pas obligé de le faire. Bien sûr, le film s’en trouvera appauvri », a souligné Gu Jiaqing.

Il a de plus été nécessaire d’incorporer des effets sonores correspondant aux bruits des rues, des bureaux et des appartements. Pour cette raison, Gu Jiaqing et son équipe ont effectué des recherches approfondies, notamment sur les modèles de véhicules, sur le tramway de New York, les pays d’origine des immigrants ainsi que sur la langue populaire dans les années 1930. «  Le bruit de la circulation dans cette rue est composé de plusieurs couches de vent, de véhicules qui roulent et de klaxons. Cela prend beaucoup plus de temps que les films modernes. Si vous ne peaufinez pas tous les détails, tout cela ne sert à rien. Mais je crois que le peaufinage minutieux de chaque détail contribue à la réussite du film », a-t-elle remarqué.

 

Lors du mixage en Dolby Atmos, Gu Jiaqing et son équipe ont rencontré divers problèmes techniques. Ce système nécessite en effet 24 images pour la production audiovisuelle lors du mixage, contre 23,98 images initialement lors de la prise de vue et du montage. Il a donc été nécessaire d’effectuer la conversion du taux d’échantillonnage de l’ensemble du projet de production sonore de 23,98 à 24 images avant le mixage final. Après avoir comparé différentes méthodes de conversion, et afin de livrer le projet dans les temps, Gu Jiaqing a finalement adopté une conversion de taux d’échantillonnage grâce à Protools (système logiciel de poste de travail produit par Digidesign). « À ce moment-là, j’étais très inquiète pour la synchronisation du son et de l’image. J’ai regardé plusieurs fois ce film de près de deux heures avec soin pour vérifier s’il n’y avait pas de problèmes. Comme c’est du Dolby Atmos, on ne peut pas vérifier sur un poste de travail ordinaire. C’est seulement trois jours avant la sortie, dans un cinéma certifié Dolby Atmos, que j’ai pu écouter le résultat final, et que j’ai pu être rassurée », a dit Gu Jiaqing, rappelant que l’attention portée à chaque détail, telle avait été son aspiration initiale dans ce métier.

 

Le documentaire, une conception du son différente

 

Gu Jiaqing a aussi exercé ses talents dans la conception sonore de nombreux documentaires. « Je pense que par rapport aux longs métrages, et bien que les documentaires racontent souvent les événements d’un point de vue objectif, ils incorporent en fait beaucoup des idées du réalisateur durant la production. » Le principal critère que Gu Jiaqing applique dans son travail, c’est de restituer l’authenticité dans le documentaire. C’est une tâche difficile, car comme elle le remarque, « si le public remarque le son, cela signifie que vous n’avez pas bien fait votre travail ».

 

Dans la production du documentaire américain Love & Loss, l’équipe de Gu Jiaqing a enregistré l’histoire de deux femmes handicapées à la recherche de l’amour. L’une d’elles est une jeune infirmière qui a perdu ses mains et ses pieds dans un accident. Il y a une scène dans laquelle on la voit manger, se maquiller, effectuer des tâches ménagères et aller se coucher. Le réalisateur a voulu montrer la solitude derrière sa façade forte. Gu Jiaqing a utilisé le chant des oiseaux et des grillons sauvages en arrière-fond sonore pour montrer cette solitude intérieure. « Le son aide souvent le réalisateur à transmettre certains messages. La plupart du temps, la conception sonore d’un documentaire doit être très naturelle, ce qui est mieux que rien. »

 

Le travail de Gu Jiaqing a été sélectionné au Festival du film documentaire Canada Big Sky, aux Oscars étudiants, au Festival du court-métrage de Los Angeles, aux Oscars chinois du film documentaire et au Festival international du film documentaire de Guangzhou. En tant que cheffe opératrice de son, elle a été nominée à deux reprises aux Motion Picture Sound Editors Awards en 2018 et 2019.

 

Gu Jiaqing estime que le 7e art va connaître des bouleversements. « Après l’épidémie de COVID-19, je pense que le milieu du cinéma devra introduire des réformes. La production cinématographique virtuelle deviendra progressivement la norme », a-t-elle précisé, disant que le virtuel laissait un plus grand espace de création et permettait de réduire le coût des prises de vue. Gu Jiaqing se tournera désormais vers ce nouveau mode d’expression afin d’apporter sa touche personnelle.

 

*YAN XUE est journaliste de CCTV. 

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